Roses and Ruins
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 (anya) the room is on fire as she's fixing her hair

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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

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MessageSujet: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 7 Avr - 19:40


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A N Y E L I S

« J’EN PEUX PLUS DE TA PUTAIN DE MUSIQUE DE DÉCÉRÉBRÉ » la voix de Mari couvre à peine les notes agressives et dissonantes qui viennent d’exploser des enceintes. Vendredi soir, 22h13, l’appartement 34C de Jägargatan comptait déjà une trentaine de personnes. La jeune femme poussa sans ménagement Karl de sa chaise devant le bureau, lui qui gardait jalousement le contrôle de la playlist depuis le début de la soirée. Le morceau électro s’arrêta brutalement, le silence assourdissant faisant émerger quelques grognements de contestation aux quatre coins de la pièce. « Indie/Brit Rock, ah bah voilà! » elle balance nonchalamment et un peu trop fort, sa tempérance habituelle entamée par les nombreuses bières déjà bues. Sans crier gare, les premières notes de Reptilia des Strokes viennent saturer l’air du salon, provoquant quelques exclamations réjouies. Mari lève les bras en direction du plafond, comme si ses prières avaient été écoutées et adresse à Elis un regard entendu, à l’autre bout de la pièce. Affalé dans un des fauteuil, il ne peut pas s’empêcher de lâcher un petit rire : Mari ivre était la meilleure version de Mari, et la soirée ne faisait que commencer.

Il pose sa bouteille vide sur la petite table basse qui croulait déjà remplie sous les cadavres de verre, et rassemble tout son courage pour se lever et rejoindre le frigo. I said, please don't slow me down if I'm going too fast! L’ambiance est bon enfant, tout le monde semble heureux de voir la semaine se terminer enfin. Il n’avait pas fallu à beaucoup de temps à Karl pour convaincre tout le monde d’organiser quelque chose à l’appartement, ce soir : tous avaient un grand besoin de décompresser. Elis se force un peu à maintenir un sourire sur son visage, alors qu’il slalome entre les invités. You're in a strange part of our town - Il salue Tomas et sa nouvelle petite copine qui viennent d’arriver ; se laisse embarquer dans une étreinte alcoolisée par Anselm ; fait glisser sa main dans le bas du dos et sur la hanche de Lana qui est en grande discussion avec une amie, l’air de rien. Yeah, the night's not over, you're not trying hard enough! Il atteint enfin le frigo, ouvre une nouvelle bière, la porte sans tarder à ses lèvres et un soupire d’aise lui échappe après la première gorgée glacée et amer. Il observe sa bande d’amis comme un souverain contemplerait son royaume prospère ; avec le sentiment du devoir accompli. Les discussions sont animées, le frigo est plein à craquer et Mari a réussi à convaincre une partenaire de danser avec elle sur les notes énervées de guitare électrique. Le sourire feint se fait un peu plus sincère, même s’il ne s’adresse à personne en particulier. Our lives are changing lanes, you ran me off the road! C’est décidé, pas d’apitoiement ce soir. La semaine avait été éprouvante, il avait besoin de se changer les idées. Elis s’avance vers le canapé, s’installe entre deux filles et entreprend de faire la connaissance d’une d’entre elles, sous le regard suspicieux d’Ulla, qui ne le connait que trop bien.

* * *

22h58. Mari s’exclame depuis le balcon : « Wombaaaats! » alors que Let’s Dance to Joy Division débute à plein volume. Toute l’attention d’Elis est tourné vers la jeune fille — il a appris entre-temps qu’elle s’appelait Agnes, une information qu’il maintenait à la surface de sa mémoire, et qui menace à tout moment de s’évaporer. Elle parle depuis plusieurs minutes de ses difficultés à trouver un AirBnB pour ses prochaines vacances à Berlin — ou Prague? Il n’en avait pas grand-chose à foutre. Il ne la quitte pourtant pas des yeux et se contente de répondre des banalités quand elle attendait une réaction de sa part, le volume sonore comme prétexte pour avoir leur visages à quelques centimètres l’un de l’autre. Alors qu’elle commence à lui parler de ses quartiers préférés de Barcelone, il repère une tâche bleue ciel dans un coin de son champ de vision. Solveig passe le seuil de la porte, une bouteille de vin dans chaque main, jetant un coup d’oeil derrière elle, dans l’entrebâillement de la porte. Il la regarde avec appréhension poser son butin et accrocher son manteau azur sur le porte-manteaux, un peu surpris de la voir ce soir dans son appartement, soudain tendu. Il tente distraitement de reporter son attention sur la brune face à lui qui commence à battre des cils et s’approche de son oreille. Mais il n’entend pas. Il n’écoute plus. Un poids vient se loger au creux de son estomac. Anya vient de passer le seuil de la porte, à son tour. Il sent des doigts étrangers passer dans ses cheveux, tourne son visage vers Agnes sans toutefois pouvoir détacher son regard de l’entrée. Elle était partie comme une voleuse mardi, et elle se tenait à présent dans son salon, arborant son putain d’air détaché habituel. Qu’est-ce qu’elle venait foutre ici?


Dernière édition par Elis Jakobsson le Mar 23 Avr - 20:51, édité 2 fois
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Anya Larsen
Anya Larsen

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Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 7 Avr - 20:13


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A N Y E L I S


 « Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. » La moue qu’affiche Anya n’a rien de surjouée. L’idée de Solveig est étrange bien que sincère : se rendre à une des fêtes d’Elis et de ses colocataires n’est pas quelque chose dont elles ont l’habitude, ou du moins c’est ce qu’Anya croyait jusque là. Elle n’ose pas demander si Solveig en est à présent une habituée, comment ils se sont rencontrés et s’ils sont devenus amis. Les réponses à ces questions l’angoissent et l’énervent plus que les questions mêmes, et elle s’est promis de faire un effort - pour son amie, au moins, à qui elle rend la vie difficile depuis son retour, ou peut-être depuis des années. Elles n’ont guère trouver le temps de se voir, avec le travail de la brune et le manque de sociabilité de la blonde, si bien qu’Anya ne résiste pas longtemps devant l’air peiné de Solveig.  « Bon, d’accord. Mais je ne te promets pas de rester. » À vrai dire elle envisage déjà de s’enfuir au bout d’un quart d’heure, prétextant un mal de tête ou un appel de sa mère pour fuir la colocation dont elle ne connaît que les noms et les rumeurs. Elle ne se doute pas qu’Elis a dû coucher avec au moins une des filles, si ce n’est toutes, et que l’ambiance doit y être particulière, délétère, légère, quelque chose qui a tendance à la mettre mal à l’aise, qu’elle ne sait pas bien faire. Elle n’est pas bonne, dans ce genre de fêtes, ne sait pas vraiment comment parler normalement sans séduire ou gronder. Anya préfère les clubs, les grands clubs où l’on se perd et où on ne connaît personne. Là où il n’y a pas Elis pour la regarder, où il n’y a pas d’autres filles sur ses genoux, sous sons bras, enroulées autour de lui.

Elle se prépare pourtant, lorsqu’elle et Solveig se séparent un moment. Elle se prépare soigneusement, mais pas trop, souligne ses paupières d’un trait noir incisif, ourle ses lèvres d’un peu de rose, rien de plus. Elle s’agite et s’active pour ne pas penser, pour oublier ce qu’il s’est passé mardi, la façon dont elle s’est comportée. Pour oublier ce qu’ils ont dit, ce qu’elle a promis, à sa manière, et qu’il n’a peut-être pas compris. Elle a envie de le voir, pourtant - elle n’a fait qu’y penser, ces derniers jours, se complaisant dans cette langueur étrange, écrivant un mot puis un autre, déchirant ceux qu’elle trouvait indignes, mauvais ou, à l’inverse, trop révélateurs. Elle ne glisse pourtant rien dans les poches de sa robe, après l’avoir enfilé, ni dans celle de son manteau qui dévoile deux longues jambes gainées de noir. Elle sera certainement aussi sombre que Solveig sera lumineuse, comme toujours, comme il en va ainsi depuis des années et la comparaison ne la gêne plus vraiment - Anya a fini par accepter qu’elle ne serait jamais son amie, qu’elle n’aurait jamais sa douceur, son sourire, son attrait. La blessure, au bout de vingt-six ans, se fait un peu moins lancinante, au moins pour une soirée.

* * *

C’est enfumé et la musique, les cris, les rires les accueillent comme si de rien n’était. Solveig navigue avec une aisance qu’Anya ne lui reconnaît pas et reste là, plantée dans l’encadrement de la porte. Du coin de l’oeil, elle voit son ami retirer son manteau, l’accrocher, saluer à droite à gauche. Le reste de son attention est ailleurs. Elis est assis là, roi de la soirée, une fille de chaque côté, l’une glissant ses doigts dans la chevelure brune qu’elle n’a jamais ne serait-ce qu’effleuré. Cette vision réveille sa colère et, au lieu de se jeter sur le premier venu, Anya se détourne, ferme la porte et retire son manteau. Il ne suffit que d’un instant pour que Solveig attrape sa main froide et l’attire au centre d’un petit cercle qui requiert subitement toute son attention. Je vous présente Anya, mais certains la connaissent, non ? Mais si, Vic, on était à l’école ensemble ! Perplexe, elle observe Solveig, si joyeuse et si simple à la fois : quand est-elle devenue si populaire ? Quand lui a-t-elle pris cette place, ajoutant au titre de « Reine du Lycée » un sourire et de la chaleur, en lieu et place de ses airs glacés ?

On lui sert un verre puis un autre, on lui pose des questions. Anya répond, parfois, ou se défile d’une pirouette sarcastique dont elle a le secret. Ses yeux glissent, se rattrapent au mobilier et glissent à nouveau jusqu’au canapé où Elis se tient, parfaitement entouré. Elle aimerait être scandaleuse, faire quelque chose d’horrible, comme avant. Être ignoble sans regrets ni remords, du moins pas de ceux qu’on a sur l’instant. Mais le temps passe et on s’impose dans son champ de vision et, bientôt, la musique et les rires et les cris se mélangent et l’air se fait rare dans la pièce enfumée. Une heure est passée, peut-être, quand Anya trouve le chemin de la chambre du fond. Elle tâtonne, dans la semi-obscurité, repousse légèrement la porte pour un semblant d’intimité et ouvre grand la fenêtre. L’air glacé lui tire un soupire : elle ne saurait dire ce qui l’a réellement fatigué, des amabilités ou de la proximité d’Elis avec une autre. Dans un geste d’humeur, elle allume une cigarette et fait claquer son vieux briquet.


Dernière édition par Anya Larsen le Lun 22 Avr - 20:31, édité 1 fois
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 7 Avr - 22:40


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A N Y E L I S

« Une autre fois. » Elle s’était enfuie sans se retourner, l’abandonnant au milieu des ruines St Clemens avec un « une autre fois ». Elle avait rompu leur contact — fugace, léger, presque imperceptible — avec cette violence qui lui ressemblait. Il savait qu’Anya avait eu peur, que tout était aller trop vite, trop tôt, quand bien même cela faisait vingt ans qu’ils se connaissaient. Il savait que l’autre issue était bien trop effrayante. Il savait, et pourtant il lui en avait voulu plus que jamais auparavant. Ce mardi soir-là, il était rentré à l’auberge énervé, impatient, déçu, agressif, frustré. La toute petite part de lui qui était soulagée — minuscule, dissimulée quelque part sous son égo — avait été dévorée par la rancoeur, submergée par l’humiliation d’avoir une fois de plus été la marionnette d’Anya. Elle avait joué sa main comme à son habitude, et il avait été idiot de croire que cette fois là, ce serait différent ; que cette fois-là, elle ne bluffait pas. « Toi tu m’as manqué putain. » Il voulait récupérer ses mots, regrettait d’avoir baissé sa garde.

Le reste de sa semaine avait été un brouillard nébuleux, l’humeur du jeune homme oscillant entre l’aigreur et la confusion. Les jours qui suivirent leurs retrouvailles, Elis ne cessa pas de penser à elle. Le jour, il réfléchissait à la meilleure manière de l’atteindre, griffonnant des messages incendiaires sur des coins de flyers pour des expéditions en mer, attablé au petit bureau de la réception ; tous finissaient à la poubelle. La nuit, la vision de sa nuque découverte sous ses cheveux blonds et de sa peau tiède sous le bout de ses doigts le maintenait éveillé. Son esprit repassait la scène en boucle et en boucle, rembobinant, ralentissant, accélérant, son imagination remplissant les blancs, complétant les silences, terminant leur entrevue de mille autres façons. Au petit matin, Elis avait la tête saturée de l’image d’Anya. S’en devenait obsessionnel. Il fallait que ça cesse. Le vendredi matin, lorsque Karl avait proposé d’organiser une fête le soir-même, Elis n’y avait rien vu d’autre qu’un moyen de sortir Anya de sa tête. Si la soirée de mardi avait révélé quelque chose, c’était qu’il fallait qu’il se sèvre de cette fille, une bonne fois pour toute.

Mais il avait fallu qu’elle contrarie ses plans, évidemment. Elle se tient dans l’entrée, indifférente, comme à son habitude dans ce type de situation. C’est la première fois qu’Anya met les pieds à la coloc ; sa silhouette longiligne à côté du vieux guéridon de Lana est anachronique, invraisemblable. Les vieux réflexes refont surface bien assez vite : il était ici chez lui, en terrain connu, en terrain conquis. Il avait l’avantage, et il n’allait pas se gêner pour qu’elle s’en rende compte. Elle s’applique à ne pas croiser son regard, mais il sait qu’elle l’a vu. Entre deux oeillades, il dit balance quelque chose de visiblement hilarant à Agnes, puisque celle-ci s’esclaffe en posant sa main sur sa cuisse. Solveig prend son amie par le bras et l’entraine vers des grappes d’invités, dans un coin de la pièce qui échappe à sa surveillance. Il meurt d’envie d’échanger de place avec la jeune femme sur le canapé, pour ne pas perdre une miette de ce que fait Anya, pour savoir avec qui elle discute, qui elle rencontre, qui elle retrouve. Il s’abstient, et son petit manège sur le canapé continue. Plusieurs fois, il repose sa bière sur la table, se tourne vers un ami pour lui lancer une remarque bien sentie ; tous les prétextes sont bons pour s’assurer qu’Anya est toujours là, tout prêt. Les minutes passent sur le canapé, les échangent se chargent de sous-entendus, les regards effeuillent. Elis joue ses cartes les unes derrière les autres, chuchote quelques paroles dans le cou de la jeune fille, récolte une main à quelques centimètre de son entrejambe, et le voilà suspendu à la bouche d’Agnes, Anya plein la tête. Le baiser est  languissant, joueur : Elis y met l’application de celui qui sait être observé — ou qui espère l’être. Un cri à l’autre bout du salon interrompu l’échange langoureux : un invité vient de faire basculer une petite table sur laquelle reposait de nombreuses bouteilles vides, causant un fracas monstrueux. Le jeune homme profite du moment de confusion dans la pièce pour chercher Anya du regard. Il a juste le temps de voir sa tête blonde disparaitre dans le couloir qui mène aux chambres.


Il avait eu comme un pressentiment.


Son dos vient percuter la porte fermée de sa chambre alors que la brune l’embrasse avec impatience. Les miettes de pudeur qu’il leur restait sur le canapé s’étaient envolées à l’instant où ils avaient trouvé refuge dans l’obscurité du couloir, à l’abri des regards. Elle agrippe ses cheveux, il a glissé ses mains sous son chemisier depuis un moment déjà. D’un coup de coude, il abaisse la poignée de porte ; celle-ci s’ouvre brusquement, les déséquilibrant momentanément. Sa chambre est plongée dans le noir, et l’espace d’une seconde, il est déçu. Alors qu’il a les doigts sur la boucle de sa ceinture et qu’elle défait les derniers boutons de son haut, il la voit. Là, appuyée sur l’allège de la fenêtre, le bout incandescent de sa cigarette se détachant dans le rectangle de nuit noire. Anya a tourné la tête vers eux, vers lui, et leurs regards se trouvent. Il regrette instantanément ce qu’il est en train de faire. Tout se passe très vite. Agnes est en soutien-gorge à présent ; elle cherche à nouveau sa bouche, il répond à son baiser comme par réflexe sans quitter la blonde des yeux, comme pétrifié. Elle entreprend d’enlever son pull à Elis, se heurte à sa résistance, cherche son regard, le trouve, le suit, tourne la tête et découvre à son tour la présence d’Anya. Agnes sursaute, porte une main à sa poitrine dénudée : peut-être sous l’effet de la stupeur, ou peut-être par pudeur. Le moment de flottement semble durer une éternité. Elis regarde Anya avec défiance, et aussi avec une pointe d’appréhension. Agnes rompt le silence en attrapant son haut sur le lit défait et adresse un regard inquisiteur à l’homme. Il éclaircit finalement sa voix et lâche d’une voix rauque : « Anya, Agnes. Agnes, Anya. » Il réalise seulement la similitude entre les deux prénoms. La brune fronde les sourcils mais il ne le voit pas, trop préoccupé par la réaction d’Anya. « Qu’est-ce que tu fous là? » il assène, sur le ton le plus désabusé dont il est capable.
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyLun 8 Avr - 12:56


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A N Y E L I S



Elle aurait dû le savoir. Le sentir, le prédire, peu importe, le savoir était plus important. Les choses fonctionnaient ainsi depuis des années et elle n’aurait pas dû en être surprise. Ne pas hausser les sourcils lorsque la porte s’est entrouverte et que deux corps sont entrés dans la chambre. Elle n’aurait pas dû non plus se sentir blessée en reconnaissant Elis - même dans le noir le plus complet, elle aurait pu reconnaître son profil, le bruit de sa respiration, peut-être même le frottement de sa peau contre celle d’une autre. Tout cela était ridiculement prévisible, jusqu’à sa présence à elle, dans la chambre inconnue, un instant plus tôt, dont l’odeur si particulière, par-dessus l’air froid et le tabac brûlant, aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Anya est surprise, pourtant, elle hausse les sourcils, et la blessure, béante, est la même que les fois précédentes. Plus vive, peut-être, pus vilaine, aussi. Elle ne comprend pas pourquoi elle s’était attendue à autre chose - après tout, elle ne s’était pas vraiment comportée différemment, s’était enfuie au premier contact, avait mis entre eux la largeur de l’île, de leurs quartiers, distance insignifiante par rapport aux années passées, mais étonnamment plus grande maintenant qu’elle avait osé franchir le pas.

Et en plus il la regarde. Alors que ses mains s’affairent sur les vêtements et qu’une autre clame sa bouche, il la regarde. Elle n’est pas sûre de ce qu’elle lit dans les yeux d’Elis : on y trouve du défi, comme souvent, comme toujours, et puis autre chose, une émotion pour laquelle elle n’a pas de mots, pas de définitions. Est-ce qu’il savait, lui ? Est-ce qu’il se doutait qu’elle était là ? L’a-t-il suivi pour lui mettre sa conquête sous le nez, pour se venger de l’autre soir, de tous les autres soirs y compris ? La colère s’enflamme brusquement, brasier que l’on tisonne un peu trop fort, se nourrissant de la douleur comme de brindilles bien sèches. Le visage d’Anya, passée la première surprise, la première douleur, se ferme et elle tire sur sa cigarette tout en les regardant se chercher dans le noir. Elle ne va pas les aider, ni leur rendre la tâche plus facile. C’est ce qu’il cherchait, n’est-ce pas ? D’un geste désinvolte, Anya tend la main, allume la petite lampe de bureau près de la fenêtre et laisse la lumière crue dévoiler la scène.  «  Anya, Agnes. Agnes, Anya. » La blonde ne bouge pas, pas tout de suite, posant la fesse contre l’encadrement de la fenêtre, les jambes négligemment croisée. Elle détaille la pauvre fille, buste nu, de son regard glacé - elle n’y est pour rien, dans toute cette histoire, mais Anya ne peut s’empêcher de la détester. Franchement. Viscéralement.

 « Qu’est-ce que tu fous là ? » Elle n’a pas envie de répondre à la question, n’a pas envie d’admettre qu’elle avait besoin de calme, qu’elle espérait peut-être qu’à un moment donné il viendrait la trouver et qu’ils pourraient reprendre leur conversation. Alors Anya ne répond pas et écrase sa cigarette sur la surface la plus proche.  « Il se souvient de ton prénom, c’est presque miraculeux. Tu peux être sûre qu’il aura oublié demain matin. » Lentement, calculant le moindre de ses mouvements, tentant d’y insuffler un calme qui ne peut flouer qu’un étranger, Anya se redresser, lisse le bas de sa robe, observe Agnes puis Elis. Son regard s’attarde, se voulant dénué de tout ce qui pouvait s’y trouver encore mardi soir. Elle crève d’envie pourtant de franchir la distance, de prendre la place d’Agnes, de la virer sans ménagement et de fermer la porte derrière elle. Sa fierté en dit autrement, pourtant, dit tout haut qu’elle n’est pas n’importe qui, qu’elle ne prendra pas la place de n’importe quelle fille, qu’elle vaut mieux que ça, qu’elle veut plus que ça.

 « C’est rassurant, de voir que rien n’a changé. » Elle retrouve enfin son venim, celui qui goutte de chaque mot tandis qu’elle s’éloigne enfin de la fenêtre, passe entre Agnes et lui sans vitesse ni délicatesse, se retenant d’asséner à l’inconnue un remarque cinglante - elle n’y est pour rien, elle n’y est pour rien, elle n’y est pour rien, qu’elle se répète. Ses yeux se concentre sur Elis, tandis qu’elle passe, qu’elle l’effleure, qu’elle le haït profondément, à cet instant ; qu’elle lui en veut comme elle lui en a rarement voulu. Une autre fois, est-ce sa faute ? Est-ce qu’elle a provoqué ça ? Aurait-elle dû être plus claire, ne pas imaginer qu’il pouvait comprendre au-delà des mots ? Anya ne sait plus quoi penser tandis qu’elle tourne enfin le dos à la scène, attrape la veste qu’elle avait oublié avoir abandonné près de l’entrée. Elle l’enfile, pose la main sur la poignée, un sourire étirant ses lèvres, teinté d’une admiration ironique qu’elle adresse, dans un dernier regard à Elis.  « Bien joué. » L’envie d’hurler, de le gifler la prend mais elle se contente de sortir, de claquer la porte sans même le vouloir, de traverser le couloir sans être sûre de ce qu’elle veut faire. Boire un verre, peut-être, et puis un autre, et peut-être même encore un autre ensuite. Puis se tirer, rentrer, prendre une douche chaude et dormir, essayer de dormir, d’oublier, de tirer un trait sur cette histoire, d’ignorer la boule qui se forme dans son ventre, dans sa gorge, et toute la colère qui l’accompagne.


Dernière édition par Anya Larsen le Lun 22 Avr - 20:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyMar 9 Avr - 22:01

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A N Y E L I S
L’attaque a atteint sa cible et pourtant Elis n’en tire pas la satisfaction espérée. Le regard d’Anya est froid, fixe, perçant ; pour qui ne la connaissait pas, ça aurait pu passer pour de l’indifférence, du mépris, même. Mais lui a passé trop de temps à l’observer ; il connaissait et reconnaissait chaque fluctuation d’humeur, chaque mouvement de ses traits. Son haussement de sourcil arrogant, son menton relevé dédaigneux et la commissure de ses lèvres railleuse étaient tous imprimés dans sa mémoire au fer blanc depuis de bien longtemps. Il ne l’aurait jamais admit, mais Elis tirait une certaine fierté de savoir décrypter Anya, l’imperturbable et l’inaccessible ; il se confortait dans l’idée qu’il était capable de remarquer ce que d’autres ne voyaient pas, levant discrètement les yeux aux ciels lorsqu’il observait, de loin, les avances frontales d’un homme être accueillies avec un sourire pincé et un regard condescendant d’Anya. Débutant. Ces deux-là n’avait jamais échangé ne serait-ce qu’un baiser mais ils partageaient une intimité étrange, un peu cassée, rafistolée, tout à la fois élimée et renforcée par de nombreuses années passées à se chercher et à se pousser dans leurs retranchements. Elis protégeait jalousement cette intimité-là, comme il gardait chaque mots de la jeune femme précieusement, à l’abri des regards.

Elle le dévisageait à peine, tirant nonchalamment sur sa cigarette comme si la situation était des plus ordinaires. Ses yeux ne mentaient pas, pourtant : il voyait dans ses iris obscurcies la rancoeur et quelque chose qui ressemblait à de la déception, une déception attendue. Ce n’était pas la première fois qu’Elis lisait ces choses-là sur le visage d’Anya ; un sentiment désagréable lui confirmait toutefois que les choses étaient différentes, qu’il était allé trop loin, que quelque chose s’était brisé. Ses muscles sont tendus, le temps semble suspendu quelques secondes, il en oublierait presque la présence d’Agnes à ses côtés. Son coeur, son cerveau et son corps lui envoient toutes sortes de signaux contradictoires et paradoxaux : une victoire au goût de défaite, un contentement amer. La culpabilité commence à s’immiscer en lui comme un poison dont il essaie de résister les effets coûte que coûte. Tu crois que ma vie va s’arrêter parce que t’es revenue à Visby, putain? Que la terre va s’arrêter de tourner? Que je vais devoir t’attendre, encore et encore? Attendre que tu veuilles bien de moi, « une autre fois » peut-être? Les invectives mesquines fusent dans son esprit, comme autant de justifications puériles et désespérées, mais sa mâchoire reste scellée.

Elle écrase ça cigarette sur le coin de son bureau, s’assurant de laisser une marque. Contre toutes attentes, ses premières paroles ne sont pas dirigées contre lui. « Il se souvient de ton prénom, c’est presque miraculeux. Tu peux être sûre qu’il aura oublié demain matin. » Agnes répond d’un petit claquement de langue impatient : elle sait pourquoi elle a accepté de venir dans la chambre de ce type, et ce n’était certainement pas pour se faire humilier par une inconnue. Elis encaisse le coup sans broncher : il sait qu’elle est capable de bien pires horreurs. Il décroche enfin son regard d’Anya pour croiser celui de la brune, inquisiteur. La situation lui échappe, il le sent. Il réalise soudain que c’est la première fois qu’Anya est dans sa chambre ; la présence d’Agnes lui semble tout à coup intrusive, superflu, étouffante. Il ne peut pas être le seul à y avoir pensé, Anya l’a forcément réalisé aussi. Du coin de l’oeil, il voit son lit défait, n’arrive pas à s’empêcher d’imaginer la blonde dans ses draps. Cette pensée furtive est bien vite chassée lorsqu’Anya ajoute, venimeuse : « C’est rassurant, de voir que rien n’a changé. » Il accueille la remarque avec stoïcisme, mais cette pique-là l’atteint d’avantage : elle vient mettre du sel dans les plaies vieilles de plusieurs années. Il serre les dents pour s’assurer que le fond de sa pensée ne franchira pas le seuil de ses lèvres. La faute à qui si rien n’a changé, hein?

Anya entreprend de rejoindre la porte, forçant l’autre jeune femme à s’écarter d’un demi-pas. Elle frôle Elis sans lui laisser la possibilité de fuir son oeillade ; elle irradie d’une colère noire, sourde. Il baisse les yeux vers elle pour soutenir son regard, pris au piège. « Bien joué. » Elle disparait dans le couloir et vlan, la porte claque. Agnes lâche un soupire exaspéré dans le noir, laisse passer quelques secondes — Elis reste figé, la tête toujours tournée vers la porte, un poids sur l’estomac. En quelques mouvements, la jeune femme enfile son chemiser et sort à son tour de la chambre sans se retourner.



Dans le salon, les conversations vont toujours bon train. Il n’a du s’éclipser qu’une poignée de minutes et les invités ne semblent pas avoir remarqué son absence. Alors qu’il émerge du couloir, réajustant son pull et oubliant ses cheveux en bataille, il explore la pièce d’un mouvement de tête. Sa gorge est nouée, ses épaules crispées. Il cherche désespérément Anya du regard, tout en espérant qu’elle soit déjà partie. Il voulait la confronter, mais n’était pas sûr de pouvoir supporter une nouvelle fois ce regard, son regard, sur lui. Là, dans un coin de la pièce, il voit ses cheveux blonds, puis son dos, puis son bras qui sert un verre de vodka. Il avance avant d’avoir le temps d’hésiter, se plante derrière elle. Tout ça avait un air de déjà-vu, mais c’était le seul moyen de lui dire ce qu’il voulait qu’elle entende, sans avoir à soutenir son regard. De sa gorge serrée émerge une voix éraillée, mais offensive : « De quel droit t’es énervée, là? » Il attrape le verre qu’elle vient de se servir, le tire à lui sans le porter à sa bouche, juste pour s’assurer qu’il a toute l’attention d’Anya.


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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyJeu 11 Avr - 18:19

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 « Énervée ? J’ai l’air énervé ? » Sa réponse est ridicule, puérile, et Anya le sait. Elle prend un instant pourtant avant de se retourner, pour se composer un air distant, froid, glacé. Elis vient de lui voler son verre et c’était tout ce qui lui offrait encore la patience d’attendre Solveig - au moins pour lui dire qu’elle allait s’en aller. Ne pouvant décemment pas lui tourner éternellement le dos, elle se retour au bout de quelques secondes et croise les bras sur sa poitrine.  « J’suis pas énervée. » Elle s’enfonce, c’est certain - ses doigts tapotent un rythme à contre-temps et ses pieds ne semblent pas vouloir s’arrêter de bouger tandis qu'elle piétine discrètement, s’appuie contre la table et se redresse. Ses mains la démange d’une gifle, de quelque chose de violent, mais elle n’en fera rien. Évitant d’abord de poser ses yeux sur Elis, elle observe la foule brièvement, les gens qui dansent, qui parlent, qui s’embrassent dans un coin, pressés contre un mur. Elle aperçoit la fameuse Agnes un peu plus loin, et finit par revenir à Elis, là, juste devant elle. Il est trop près, mais cette fois c’est sa colère qui prend le pas, l’envie de le pousser, de le malmener - et peut-être de le ramener, aussi, dans la chambre aux draps défaits et à l’odeur singulière. Elle aurait dû savoir, qu’il s’agissait de sa chambre, qu’elle finirait dans sa chambre, qu’elle s’y réfugierait sans même savoir à qui l’endroit appartenait. Que la chose se retournerait contre elle.

 « C’est mon verre », dit-elle en tendant la main et en récupérant ce qui lui appartient. Ses doigts, qui semblent toujours froids, effleurent ceux d’Elis, brûlants. Le contact est le même que mardi soir, près des ruines, furtif, électrisant, grisant même s’il ne s’agit que d’un rien, d’une toute petite chose insignifiante. Les doigts d’Anya se crispent autour du verre et elle en boit une gorgée, puis une autre, le vidant de deux traits, coup sur coup, avant de le reposer sur la table. La lâcheté et la peur la font boire - elle n’est pas sûre de pouvoir l’affronter sobre, ou de pouvoir l’affronter tout court. Il y a trop de gens autour d’eux mais le bruit leur procure une sorte d’intimité, de discrétion rendant la scène moins sérieuse, moins intimidante. Ou peut-être est-ce les verres qu’elle a avalé avant toute cette histoire.

 « T’as raison, de toute façon. » Les mots dévalent la pente, avalanche inattendue, tandis qu’Anya hausse les épaules, un air savamment détaché au visage. L’envie d’un autre verre lui démange les doigts et la gorge - non pas qu’elle aime particulièrement le goût de la vodka, ni même du whisky qui se tient à côté, non, c’est l’ivresse qui lui fait envie, l’oubli, l’absence.  « Ça fait des années que je te fais le même coup, que je me tape tous tes potes, et ce soir je débarque… » La phrase reste en suspens, ne sachant pas vraiment où aller, où se terminer. Qu’essaie-t-elle de dire ? Évidemment, elle cherche à le blesser, à se venger, à raviver quelques désagréables images - ce n’est pas censé être douloureux pour elle, pas là, pas maintenant. Sentant la chaleur lui monter au visage, Anya passe une main sur son front, dégage ses cheveux avec agacement, laisse ses yeux papillonner, hyperactifs, malaisés, avant de revenir à Elis et son stupide visage.  « Je l’ai cherché, j’imagine. C’est ce que tu voulais me dire, non ? » Le rôle de la victime ne lui va pas, ne lui convient pas, Anya est incapable de l’incarner : il y a trop de colère derrière ses mots, tournée tantôt vers Elis, tantôt vers elle-même. Elle se sent piégée, enfermée, coincée entre la table et le corps qu’elle veut toucher sans jamais oser, qu’elle veut ramener dans la chambre, pousser sur le lit défait, déshabiller, garder contre elle.

L’atmosphère est étouffante, ou peut-être est-ce l’angoisse et l’énervement qui lui sert les tempes et la gorge. Elle voudrait se retourner et l’ignorer, lui tourner le dos ; partir comme elle l’a souvent fait, avec quelqu’un d’autre sous le bras, quelqu’un d’autre pour oublier. Agnes apparaît dans son champ de vision et Anya se racle la gorge, désespérément sèche.  « Elle est là-bas - Agnes. Va battre des cils et tu pourras certainement la récupérer. » C’est bas et perfide, profondément jaloux, ça se sent, ça se voit. Elle voudrait dire qu’elle a compris la leçon, qu’elle ne reviendra pas, ne lui écrire pas, ne cherchera pas à le vois. Qu’elle oubliera vingt ans à s’écrire et à se faire souffrir, qu’elle passera outre l’envie de le voir, qu’elle s’intéressera à quelqu’un d’autre, qu’elle repartira peut-être. Elle aimerait lui dire que de toute façon il n’est rien, ou pas grand chose, qu’il ne représente qu’un souvenir, quelque chose qu’on a laissé derrière et à laquelle on pense quand on a le mal du pays. Anya aimerait pouvoir mentir mais elle n’a jamais été très douée pour ça, pour tisser des mensonges entiers, des histoires aux mailles serrées. Elis la devine quand elle se trahit d’un coup d’oeil furtif, d’une mimique agacée.  « Laisse-moi passer. » Je vais partir. Il faut que je parte. C’est terminé, non ?


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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 14 Avr - 16:33

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« J’suis pas énervée. » L’agacement bouillonne en elle et commence à déborder : son regard est fuyant, ses pieds ne parviennent pas à s’ancrer au sol et ses doigts sont sont crispés. Oh si, tu l’es. Le point de rupture est tout proche, celui où elle se laissera submerger par sa rage et sa frustration, lui collera une gifle, le clouera au mur, lui fera regretter d’être né. La tension est telle que le moindre geste peut se transformer en accès de violence, il le sait. Elis a envie de tester la limite encore un peu, rien qu’un tout petit peu, rendu téméraire par un sentiment d’urgence nouveau. Quelque chose doit se passer, là, ce soir. Ce n’est pas pour rien qu’il a — plus ou moins consciemment — décidé d’être idiot et plus indélicat que d’habitude : il veut la faire sortir de ses gonds, la faire perdre pied, la faire lâcher prise une bonne fois pour toute ; qu’il se passe quelque chose, enfin, ou qu’ils s’oublient pour le restant de leurs jours.

Il la regarde se débattre avec elle-même — plus qu’elle ne se débat avec lui, en réalité. Elle attrape son verre ; il le retient une fraction de seconde, juste assez pour sentir les doigts glacés d’Anya contre sa peau, puis cède. Il la regarde avaler ses gorgées de vodka, résolue. L’alcool laisse une trace brillante sur ses lèvres, et là, il se dit que ça tiendrait à bien peu de chose, d’en terminer avec tout ça. Il fixe sa bouche, s’imagine approcher de son visage si près que leurs nez se frôleraient ; il prendrait son visage dans ses mains pour s’assurer que cette fois, elle ne puisse pas se dérober, et il ne quitterait pas ses yeux avant d’avoir trouvé sa bouche. Et ils seraient seuls au milieu de cette pièce étouffante, enveloppés dans la fumée de cigarette et les notes planantes de pop psychédélique. Ca ne tiendrait probablement qu’à quelques centimètres et une dose supplémentaire de courage — peut-être qu’il n’avait pas encore assez bu, après tout. Il suffirait aussi de pas grand chose pour briser en mille morceaux leur étrange relation, déjà bancale et un peu fissurée, sans retour possible. Il suffirait d’un air de dégoût — celui même qu’il l’a déjà vu balancer à plusieurs hommes venus tenter leur chance auprès d’elle ; une gifle, peut-être. Après des années à accepter tout et son contraire d’Anya, serait-il seulement en mesure de reconnaitre un adieu ferme et définitif, un vrai?

« Je l’ai cherché, j’imagine. » Elle le tire de ses considération, s’arrachant à la contemplation de sa bouche pour retrouver ses yeux agités, son air tempétueux. Elle cherche une issue ; quelque part, quelque chose, quelqu’un qui lui permettrait d’échapper à cette situation et à l’emprise d’Elis. Son corps à lui ne bouge pas d’un millimètre, faisant toujours barrage, mais son visage se détourne en repensant à la scène dans la chambre avec aigreur. Elle continue, corrosive : « Elle est là-bas - Agnes. Va battre des cils et tu pourras certainement la récupérer. » Il la regarde à nouveau, mauvais, sans chercher à cacher son indifférence totale quant à la localisation d’Agnes. Impatient, il soupire avec agacement, se refusant d’honorer cette remarque misérable d’une réponse. Il sait ce qu’elle attend de lui. C’est pas elle que je veux, et tu le sais très bien. Le simple fait d’articuler ces paroles dans son esprit l’effraie, alors qu’il est là, à la merci de ses iris bleues. L’espace d’un instant, il considère la laisser en plan, tourner les talons et rejoindre Agnes, las. Il ne lui faut pas une seconde pour renoncer à cette stratégie minable, réalisant que la brune ne l’accueillerait sans doute pas à bras ouverts ; et bien plus important : il était sûr qu’Anya ne lui pardonnerait jamais un coup pareil. « Laisse-moi passer. » Un grognement de frustration reste bloqué dans sa gorge. Il attrape la bouteille de Whisky derrière Anya, avançant de quelques centimètres vers elle, la forçant à reculer contre la table. « Non. » Il porte le goulot de la bouteille à sa bouche, englouti une gorgée du liquide ambré et la repose lourdement sur la table. « J’te laisse pas t’enfuir. » Il avance son front vers celui d’Anya, baisse les yeux sur elle en espérant que le courage liquide fasse son effet, chacun de ses muscles tendus, comme s’il évoluait sur un fil. « Pas cette fois. » Il la toise, sent sa respiration saccadée à quelques centimètres de son visage. Deux funambules obstinés qui dépendent l’un de l’autre pour maintenir leur équilibre précaire. Elle n’a plus la possibilité de reculer ; elle fulmine, le regard noir. Il ne la quitte pas des yeux, attendant de savoir si elle cédera à l’appel du vide avant lui.


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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyMar 16 Avr - 9:28

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C’est une mauvaise idée. Et puis c’est dangereux. Ça va certainement mal tourner. Tu ne devrais pas faire ça. Vous ne devriez même pas y penser. Pendant des années, cette voix, cette horrible voix dans sa tête n’a cessé de répéter les mêmes phrases, de la mettre en garde, de lui assurer que tout cela n’était qu’un mauvais jeu, une terrible idée. Anya sait d’où vient la voix, la même qui lui fait dire des choses horribles, qui la fait réagir violemment, qui lui donne souvent envie de partir, de s’enfuir. La voix a les mêmes intonations que la sienne, mais elle est plus vicieuse, plus sournoise, souvent - beaucoup plus mauvaise et terrifiée et trouillarde. Ce n'est pas vraiment sa conscience, mais plutôt sa peur, un ego étrange fait de défenses colossales qu’elle n’a jamais vraiment su désamorcer, qu’elle commence seulement à déconstruire, pierre par pierre - et dans lesquelles Elis rentre tête la première, chargeant aujourd’hui comme mille hommes. Anya sent les choses trembler, s’effriter, prêtes à s’écrouler - ce qu’ils connaissaient, sur le point de disparaître. Alors, pour une fois, sa conscience semble se taire et lui laisser les rênes, ou peut-être est-elle trop surprise par sa proximité, une nouvelle fois. Peut-être est-ce son corps, si près du sien qui l’empêche de penser. La façon dont il regarde ses lèvres comme s’il était sur le point de la dévorer, de l’avaler toute entière, ou peut-être de l’engueuler entre deux baisers. Deux fois en une semaine, qu’ils se retrouvent presque collés, presque jetés dans la fosse aux lions. C’est beaucoup, après vingt ans de regards en coin et de mots glissés dans les cahiers.

 « J’te laisse pas t’enfuir. Pas cette fois. » Les mots de l’autre soir résonnent, une autre fois, une fuite et une promesse, les deux en même temps. Anya ne peut pas se dérober : Elis ne lui pardonnera pas. Elle sent qu’il ne resterait plus rien, après ce soir, comme s’ils en avaient tous les deux assez, qu’ils devaient être fixés sur le pourquoi, le comment et le peut-être. La bouteille a fait un drôle de bruit sur la table, comme s’il l’avait posé un peu trop fort, et Anya se demande s’il est trop tard pour lui en réclamer une gorgée. Elle sent le bois contre l’arrière de ses cuisses, y pose les mains à défaut d’avoir un autre endroit où les poser - un endroit bien identifier là, juste sous ses yeux, un endroit encore couvert par un pull qu’une autre a failli toucher, effleurer, s’approprier ce soir. Non. C’est la première fois qu’il ne plie pas, la première fois aussi qu’ils se mettent là, face à face, confrontés comme ils ont soigneusement évité de le faire toute cette année. C’était plus simple, les bouts de papier ?, a-t-elle envie de lui demander, de rire de leurs conneries, de leurs peurs, de ses peurs à elle, de leurs tentatives, de leurs stratégies. Elle a envie de rire et peut-être un peu de pleurer, de colère et de frustration, une boule dans la gorge qu’elle a du mal à déloger.

Elis est si près qu’elle sent sa chaleur irradier à travers ses vêtements. Anya n’aurait qu’à se redresser pour poser son front contre le sien, fermer les yeux un instant. Une alternative tentante, rassurante, plus intime que leur étrange intimité partagée jusque là - un peu bancale, un peu tordue. Mais il y a autre chose ; autre chose qu’elle attend, dont elle a envie, qu’elle a imaginé pendant des années. Autre chose qu’elle n’a plus vraiment envie de laisser en suspend - plus envie du tout même. Sa main droite quitte la table, s’arrête dans les airs, comme hésitante, avant que le bout de ses doigts ne se posent sur pull qu’il a remis un peu de travers. Anya quitte le regard auquel elle vient de s’accrocher sans le remarquer, regarder les doigts sur les mailles, la poitrine se lever. Elis qui respire - elle sent le souffle s’écraser sur ses joues, danger les mèches qui tombent sur ses tempes. Ça l’énerve de ne pas pouvoir résister, de se sentir si faible face à lui, s’il s’agit de faiblesse - le mot est mal choisi.

Ses yeux remontent le long du torse, passe sur la gorge, la pomme d’Adam qui monte et descend quand Elis déglutit, la mâchoire, précise, taillée, puis les lèvres. Les lèvres, le nez, les yeux sombres, les cheveux décoiffés, désordonné, un fouillis qu’elle aurait aimé créer de ses mains. Anya traverse la distance avant même de l’avoir décidé, se hisse et se redresse alors que ses doigts se referme sur le pull en un poing décidé. Il n’y a pas de délicatesse, quand sa bouche rencontre la sienne, pas tout de suite, pas pour le moment. C’est l’urgence, qu’elle ressent, l’urgence et l’envie dévorante qui ne semble plus pouvoir être contrôlée. Il y a bientôt une autre main, une main qui glisse sur la peau, autour du cou, les doigts qui se glissent dans les cheveux, qui rapprochent. Un corps qui en rencontre un autre et Anya sait, dans un bref instant de lucidité, qu’elle ne pourra pas se passer de sa chaleur, de son contact. Il n’y pas d’étoiles ni de papillons, juste une réalité concrète, la douceur et la rudesse de sa bouche contre la sienne, le [ï]enfin[/i] qui s’expire entre les lèvres, la chaleur, le besoin et, quelque part, le soulagement, comme une pièce que l’on remet enfin à sa place.


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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 21 Avr - 12:46

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Anya pose ses doigts sur son torse avec prudence et Elis la regarde le détailler, électrisé par l’attente. Il voit sur son visage qu’elle tergiverse, qu’elle-même ne sait pas de quoi les prochaines secondes seront faites. Ça lui donne le vertige, un vertige délicieux qu’il aimerait faire durer quelques instants encore ; tant qu’il dure, tout est possible. Tant qu’il dure, il n’a pas à imaginer la douleur de se faire repousser par Anya, une énième mais ultime fois. Il suit les traits de son visage du regard, animé d’un sentiment de fin du monde : il sait que bientôt, rien ne sera plus comme avant, et il veut être sûr de se souvenir de tout. L’adrénaline écarte le brouillard alcoolisé de son esprit, affute chacun de ses sens, et le moment de flottement semble durer, encore et encore. Elle referme son poing autour des mailles de son pull avec fermeté, alors que les yeux d’Elis se fraient un chemin — peut-être pour la dernière fois — dans le creux de son cou. Il attend de ressentir la pression contre sa poitrine qui l’éloignera une bonne fois pour toute d’Anya, la force violente qui le fera reculer et qui lui permettra de fuir. Il voit déjà sa silhouette traverser son salon, la porte d’entrée claquer derrière elle.

C’est à cet instant qu’elle le tire vers lui. Malgré l’anticipation, l’instant lui échappe : il n’a même pas le temps de réaliser ce qui est en train de se produire  — Anya a elle-même décidé de lâcher prise une nano-seconde plus tôt, c’est évident. La bouche de la jeune femme vient trouver la sienne avec hargne, comme si elle voulait lui faire payer sa propre décision de céder.

Dans la pièce, les notes psychédéliques continuent leur balai planant, s’insinuant entre les conversations de fin de soirée, les sourires fatigués, les regards languissants, les rires las. Personne ne remarque ce qui est en train de se passer dans un coin du salon ; personne pour être témoin du cataclysme qui s’opère sous leur yeux, entre Anya et Elis, à présent seuls au monde.

Alors que la bouche de la blonde s’écrase contre la sienne, une vague de chaleur vient tout à la fois détendre chacun de ses muscles — tel un athlète qui viendrait de franchir la ligne d’arrivée — puis tendre tout son corps. La surprise, toute relative, laisse place à un contentement qui ne dure qu’une fraction de seconde, juste assez pour qu’il esquisse un sourire contre les lèvres d’Anya. Il s’était imaginé de nombreuses fois ce qui se passerait, si elle et lui finissaient par se trouver. Les images de leurs vingt années de relations en dent de scie n’arrivèrent pourtant jamais — les sourires retenus, les cheveux tirés, les oeillades à la dérobée, les messages griffonnés sur des coins de pages et abandonnés dans une poche de manteau, les regards contrariés, les messages tempétueux effacés à la hâte du téléphone avant d’être envoyés… l’absence. C’est l’absence, le manque, la distance qui s’emparent de son esprit à cet instant précis : toutes les fois où il l’a vu être avec un autre garçon, puis un autre homme ; toutes les fois où il a embrassé une autre en pensant à elle ; toutes les fois où il l’a désiré à l’autre bout de la pièce ; toutes ces fois lui reviennent comme une seule et même émotion alors qu’il cherche sa langue avec empressement. Les pensées disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues, laissant tout ses instincts prendre le dessus. Ses mains viennent d’abord attraper le visage d’Anya, comme pour s’assurer que rien ne puisse rompre ce contact prématurément. Il aurait aimé pouvoir savourer ces quelques secondes, après tellement d’années, se laisser le temps, leur laisser le temps pour savourer et faire durer. Mais ces deux-là sont sanguins, obstinés, impatients, colériques, et bien plus enclins à l’avidité que la parcimonie. Elis la dévorerait toute entière s’il pouvait.

Elle l’attire à lui alors qu’il se penche sur elle, les déséquilibrant tous les deux. Elis pose hâtivement une de ses mains sur la table derrière Anya pour les stabiliser, retenant le dos de la jeune femme avec l’autre. Il se sent fiévreux et le baiser est chaotique, impatient, presque haletant. Le torse d’Elis est pressé contre la poitrine d’Anya mais c’est bien insuffisant : il y a encore beaucoup trop d’espace, trop d’air, trop de couches de vêtements. Il sait qu’il ne sera bientôt plus en mesure de former une pensée cohérente. Penchés contre la table, il laisse glisser la main qu’il a dans son dos vers le creux de ses reins, l’attire un peu plus contre lui. Avant que la machine ne s’emballe et qu’il en soit incapable, Elis rassemble les quelques miettes de sang-froid qu’il lui reste et fait un effort qui lui semble surhumain pour écarter son visage de celui d’Anya. Elle tend le cou pour retrouver sa bouche, il recule le sien. Il la toise, avec ce même air qu’il a arboré toutes ces années, quand Anya s’approchait un peu trop près de lui. Il y a de la suspicion dans ses yeux verts, comme de l’appréhension. Une espèce de gaillardise aussi, du défi certainement. Tu te fous pas de moi, là? Les jeux innocents semblent lointains. Je te le pardonnerai pas si tout ça c’est qu’une putain de blague, hein. Des réflexes d’enfants. Mais Anya et Elis ne sont plus des gamins, et il n’y a plus grand chose d’innocent entre eux.
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyMar 23 Avr - 19:15

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Personne ne semble remarquer ce qu’il se passe là, dans un coin de la pièce, contre la table-bar. On leur jette parfois un regard, quand on passe à côté, mais on ne s’attarde pas, on ne fait pas attention. Tout paraît étrangement normal et même les anciens, les habitués, ne relèvent pas qu’Elis et Anya sont en train de s’embrasser - comme s’ils l’avaient fait pendant des années, comme si tout était parfaitement, résolument normal. Mais Anya ne voit pas tout de ça, ne voit pas les gens qui passent non loin d’eux, qui se servent un verre, qui repartent sans même hausser un sourcil. Il y a Elis et il y a les mains sur son visage, brûlantes, aussi chaudes que les siennes sont froides. Il y a Elis et sa bouche qui rencontre enfin la sienne, ses lèvres qui s’entrouvrent, ce corps qui, finalement, heurte le sien, cherche un instant avant de se mouler à sa propre forme. Anya se demande un instant si ses jambes vont la trahir, si elles vont céder, sous le coup de l’émotion, de la surprise, du désir. Si elle va s’effondrer, là, poupée de chiffon, si elle va glisser entre les bras d’Elis, s’il la retiendra avant qu’elle ne s’écrase au sol. Et puis il y a sa langue contre la sienne et Anya oublie de penser, oublie les vingt années passées. Elle en oublie jusqu’à la musique, autour d’eux, bande-son vague et indistincte derrière le bourdonnement incessant dans ses oreilles, du sang dans sa tête, qui bat contre ses tempes. Elle en oublie les rires et même Solveig, la douce Solveig, qui regarde peut-être d’un oeil amusé, qui souffle un « enfin » entre deux gorgées avant de leur offrir un peu d’intimité en détournant le regard.

Tout va vite, peut-être trop vite, elle n’en est plus bien sûre. La main d’Elis est dans son dos et bientôt, il n’y a plus que ça pour la stabiliser. Elle manque de basculer, sent la table contre ses jambes, la main glisser dans son dos, l’autre corps se presser un peu plus, un peu mieux, contre le sien. La sensation est étrangement satisfaisante. Enfin, enfin, enfin, ça tourne en boucle dans sa tête, entre deux vagues de chaleur, deux nuages de vapeur qui brouillent le paysage, annihilant toute pensée. Elis. Pour une fois, il est à elle, avec elle, contre elle, entre ses bras, entre ses mains, pas celles d’une autre, pas celle de Mari, ni d’Agnes, non, ses mains à elle. Des mains qui ont envie d’aller plus loin, qui chercher la peau, sur la nuque, qui se resserrent sur les cheveux bruns. Des doigts qui déferaient les mailles, s’ils le pouvaient, pour passer outre, oubliant que, quelques instants plus tôt, c’était une autre femme qui était en train de l’embrasser, de le déshabiller. La colère recule, recule et recule encore, ne laissant à sa place qu’une brûlure au fer blanc qui remonte de son ventre jusqu’à la racine de ses cheveux.

Brusquement, tout s’arrête. Les lèvres d’Elis ne sont plus contre les siennes et, bien que son corps soit encore pressé contre le sien, il y a un manque, instantané. Un trou béant, une envie de plus, d’encore et Anya ne peut s’empêcher de suivre le mouvement - de suivre ses lèvres, espérant les attraper à nouveau, l’empêcher de parler peut-être. Elle ouvre les yeux comme on tire une balle, vivement, en ayant un peu peur, aussi, qu’il ne change d’avis et qu’il ne s’en aille. Mais il ne parle pas. Elis ne parle pas et se contente de la regarder, les sourcils à peine froncés et une question au visage. Anya secoue la tête, comme un réflexe, comme si elle savait, si elle entendait la question derrière le silence.  « J’en ai marre, Elis. » Elle murmure sans même s’en rendre compte, parle tout bas sans lâcher sa prise sur sa nuque, sur son pull, sur le corps qu’elle attend depuis vingt ans.  « J’en ai marre des jeux, et des conneries, de mes conneries. » C’est vague et précis à la fois, comme un tout que l’on met dans un sachet, des souvenirs que l’on remue - les dérobades, les coups d’oeil échangés, les fuites et les engueulades. Gênée, Anya baisse un instant les yeux, soupire, revient à son regard.  « J’en ai marre d’avoir tout le temps peur. » De tout, de rien, de l’incertain, de l’avenir, des souvenirs, mais surtout de toi. Elle voudrait ajouter qu’elle ne sait pas ce qu’il va se passer, ce qui pourrait arriver ; qu’elle n’est pas parfaite, qu’elle aura certainement peur, qu’elle sera désagréable et cinglante et jalouse. Et puis elle réalise qu’elle ne sait pas ce qu’il veut, ce qui les attend, ce qu’il y a au-delà de ce soir, de cette instant-là, et la peur revient un instant lui tordre le ventre. Au lieu de s’enfuir comme elle l’a fait tant de fois, Anya lâche-prise : les doigts qui tenaient encore le pull se relâchent, engourdis, et le bras, doucement, rejoint l’autre autour du cou d’Elis. C’est presque tendre, presque intime comme ils ne l’ont pas encore été - un ancrage silencieux quand elle sent qu’elle a trop parler pour le bruit qui les entoure, pour cet instant précisément. Alors Anya attend.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyMar 23 Avr - 23:14

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Elle le regarde par en-dessous, dévoilant subitement ses yeux inquiets derrière d’épais cils noirs, lui offrant sa gorge alors qu’elle cherche à s’accrocher quelques secondes de plus à ses lèvres. Il lui faut toute l’énergie du monde, et bien plus encore, pour ne pas disparaitre dans son cou, là, tout de suite. Glisser ses doigts entre ses cheveux, sombrer vers son épaule, se perdre dans sa nuque, chercher son menton pour finalement trouver sa bouche, enfin, à nouveau, encore. Il expire avec rudesse, impétueux, parce que c’est la seule issue qu’a trouvé tout cet excès, toute cette chaleur qu’il refuse avec difficulté à Anya — du moins pour l’instant.

Il ne sait pas où il trouve la force de suspendre cette tempête, ne serait-ce que quelques secondes. La peur doit être plus puissante que le désir, après tout. La peur de ce qui arrivera, de ce qui n’arrivera pas, de ce qu’elle est pour lui, du ridicule, d’être trop ou pas assez, de demain. Il sent les doigts d’Anya ajuster leur prise à l’arrière de son cou, propageant une onde dans toute sa colonne vertébrale, alors qu’elle laisse échapper : « J’en ai marre, Elis. J’en ai marre des jeux, et des conneries, de mes conneries. » Son ton est sérieux, sincère, mais un sourire retenu étire le coin des lèvres d’Elis  ; Il aime entendre son prénom dans sa bouche, aimerait l’entendre encore et encore. Il aimerait lui demander : et de moi? Est-ce que t’en as marre de moi? Il dévore sa bouche des yeux, trouvant dans ces quelques mots la confirmation dont il pensait avoir besoin. Ce qu’il y avait d’agressif en lui jusqu’à présent laisse peu à peu la place à une sorte d’espièglerie, de confiance. Il a envie de dire tout contre sa bouche que des jeux, il y en aura d’autres, et certainement encore plus de conneries. Ils sont Anya et Elis. Elis et Anya.  « J’en ai marre d’avoir tout le temps peur. » elle ajoute dans un souffle, faisant s’évaporer le sourire taquin sur le visage du jeune homme. Ses yeux, jusqu’ici obnubilés par le mouvement de ses lèvres rouges — dont les contours sont devenus flous, par sa faute — retrouvent les siens, et il a regarde. Il la regarde comme il l’a déjà regardé par le passé ; ce regard qu’il ne lui réservait que lorsqu’il était sûr qu’elle ne le voyait pas. Un regard qui ne joue pas, qui ne se voile pas, qui ne fait pas semblant d’être autre chose ; un regard qu’on abandonne à l’autre, en quelque sorte — mais qui jusqu’ici se heurtait aux forteresses imprenables d’Anya. Ces mots, prononcés comme une confidence dont on veut se débarrasser pour de bon, résonnent dans sa tête, dans son torse, dans le creux de son estomac. Il sait la difficulté avec laquelle Anya a fait franchir ces mots de sa bouche, toute cette résistance qui l’a toujours empêché d’être vulnérable, la même qui l’a fait fuir dans la nuit, quelques soirées plus tôt. A quelques centimètres de son visage, il la fixe, réalisant son privilège, la bouche entre-ouverte, déterminé à répondre quelque chose à la hauteur, n’importe quoi pourvu que ça veuille dire T’as pas à avoir peur ou T’inquiète pas ou Tu sais que t’as jamais vraiment eu à avoir peur, avec moi ou Chut ou Viens, suis-moi ou tout à la fois. Les mots se bouscules dans sa gorge, certains sont rassurants, tous sont désinhibés, face au vertige de ces aveux.

Il finit par laisser échapper un « Ne repars plus jamais comme ça. » éraillé. Il n’y aucune malice dans sa voix, aucune menace, aucun jeu. Lui-même ne sait pas s’il fait référence à la scène d’il y a quelques minutes, dans sa chambre ; à leur entrevue de mardi soir ; ou à ces longs mois qu’elle a passé à Stockholm, plaçant entre eux la Mer Baltique et l’absence, toujours cette foutue absence. C’est certainement le résultat de tout ces faux départs, ces opportunités ratées, ces rendez-vous loupés, ces erreurs de timing, ces départs précipités, ces retours tardifs, ces malentendus, ces faux semblants, ce manque. Elis sait juste qu’il ne veut plus avoir à se passer d’elle, pour toujours mais surtout là, maintenant. Alors que la seconde main d’Anya vient rejoindre la première derrière son cou, une assurance nouvelle naît au fond de son ventre, irrigue chacune de ses veines et tambourine dans ses oreilles. Il veut remplir sa tête du visage d’Anya, saturer chacun de ses sens de son odeur, du grain de sa peau, du bruit de sa respiration, du goût de sa bouche. Il rompt enfin ce moment suspendu, entreprend de refermer ce trou béant entre eux, retrouvant ses lèvres avec emportement. Sa main quitte finalement la table pour venir trouver l’arrière de sa cuisse, une fine couche d’élastanne faisant barrière entre ses doigts et la peau d’Anya.
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyJeu 25 Avr - 20:34

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Elis ne dit rien. C’est nouveau, entre eux, ce silence chargé d’un sourire, réchauffé par le souffle de l’autre, cette proximité sans fait qui ne s’arrête qu’au cou, à la tête - aux lèvres séparées de quelques centimètres qu’Anya voudrait grimper, traverser, effacer pour oublier ce qu’elle vient de dire. Pour ne pas avoir à attendre ne réponse qu’elle ne pensait pas espérer. Elle n’a jamais été du genre à chercher le réconfort, à attendre d’être rassurée, encore moins par un homme. C’est plus dur et plus profond, beaucoup plus compliqué : c’est un ancrage, un bloc de béton que l’on jette à la mer afin de ne plus jamais s’envoler. Ce qu’elle cherche, c’est une raison d’être courageuse, une raison de fuir qui se change en une raison de rester - ce qu’elle aurait pu trouver il y a des années, avec un peu de maturité, ce qu’elle avait sous les yeux mais qu’elle n’osait ni toucher ni réclamer. La musique continue de tourner, les rires éclatent, une bouteille explose dans un coin, mais elle ne lève pas le regard. Elle a envie de s’échapper, pourtant, de se tortiller sous ce sourire satisfait qui menacerait presque d’éclore sur ses propres lèvres, s’il n’y avait pas tout le reste. Ses entrailles qui se tordent de trouille et de désir, la chaleur émanant du corps d’Elis, les mains qu’elle voudrait ailleurs que sur ses vêtements. Cette bouche qu’elle voudrait sur la sienne, à nouveau.

Elis ne dit rien mais bientôt son regard change et Anya n’est pas sûre de savoir ce qu’elle y trouve. C’est comme l’autre soir, près des ruines, quand elle a manqué de hurler et de se jeter sur lui tout à la fois. Un regard qui dit d’accord, je suis là, un regard plus tendre que ce à quoi elle n’a jamais été habitué. Un regard qui demande de rester, qui dit les choses sans y mettre les mots, qui la terrifierait, dans d’autres circonstances. Elle ne veut pas savoir pourquoi, tout à coup, son coeur s’emballe douloureusement dans sa poitrine : il ne s’agit pas de la chamade des contes de fées, de la niaiserie des romans à l’eau de rose qui s’étalent sur les étagères du salon de sa mère. Non, c’est brusque, vif, une cavalcade, toute une ramée en marche entre ses côtes. C’est l’adrénaline qui lui monte à la tête, le frisson voyage sur sa peau ; c’est l’attente. Quelques secondes s’écoulent, presque insupportable tant son regard lui noue le ventre - et pas de la plus désagréable des manières, au contraire.

 « Ne repars plus jamais comme ça. » Comment, comme ça ? Comme l’autre soir ? Ou comme l’année dernière ? Comme il y a cinq ans, quand on s’est croisé entre deux fêtes ? Et si tu pars avec moi ? Et si on part ensemble, est-ce que ça compte ? Anya ne s’attendait pas à ses mots là. Pas à cette demande, sans colère, sans rancoeur. Ni un ordre ni un reprocher, quelque chose qui gratte le fond de la gorge, qui a fait mal, autrefois - à l’un plus qu’à l’autre, ou à l’un comme à l’autre ? Elle papillonne, un instant, bat des paupières, comme surprise, avant de comprendre que la peur joue dans les deux camps.  « D’accord. » Elle a presque envie de dire « pardon », après ça, de s’excuser pour toutes ces années de colères, de départs, de grands manqués, de loupés fantastiques, de haines décuplées puis envolées sous un regard, chassées par un petit mot glissé dans un casier, dans une poche ou dans un sac. Anya qui n’aime pas parler voudrait dire plein de choses mais Elis franchit la distance et elle oublie, au glissement de ses doigts sur son collant, ce qu’elle voulait dire.

Elle ne sait pas combien de minutes se sont écoulées quand ils mettent fin à leur échange - une simple pause, entracte et bref retour à la réalité. Elle est assise sur la table et ses jambes qui, un instant plus tôt la soutenaient encore, sont étroitement serrées autour d’Elis. Ses lèvres sont roses, teintées du rouge de sa bouche et, du pouce, Anya efface le maquillage avec un sourire discret. Agnes n’a pas fait ça ; Mari n’a pas fait ça. S’ils pouvaient s’appartenir, s’ils n’étaient pas leurs propres personnes, elle dirait qu’Elis est à elle, ce soir - elle a envie de le dire, égoïstement, de le marquer, quelque part, d’une morsure ou d’un baiser.  « Ta chambre. » Sa voix est enrouée, presque trop basse pour qu’on l’entende. Le salon lui semble tout à coup trop animé, trop éclairé, trop bruyant pour ce qu’ils ont à faire ce soir - quoi, exactement, elle n’est pas sûre de vouloir l’imaginer. Anya veut le temps et l’espace, la chaleur de son corps sous les draps, sur les draps, peu importe, elle accepterait tout ce soir, d’une simple accolade à un autre baiser fiévreux. Sans s’éloigner, elle touche terre, réajuste sa robe de travers, redresse le col d’Elis avant de l’entraîner dans la foule. Elle connaît le chemin, cette fois, et fend la masse des invités en serrant étroitement ses doigts autour des siens.
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptySam 27 Avr - 21:13

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« D’accord. » Il lui a fallu quelques secondes pour répondre à ce qui n’était ni vraiment un ordre, ni une supplique, ou peut-être un peu des deux à la fois. Le mot, court, anodin, sonne pourtant comme la conclusion de bien trop d’années de tergiversations, mets un point — ou peut-être une virgule — à ces jeux désespérés, à leurs échanges inconstants, à cet équilibre de la terreur. Elis est un sceptique, un méfiant : ce qu’ils ont et ce qu’ils sont ne durera peut-être qu’une nuit, ou même moins ; mais à cet instant précis, leurs baisers ont un goût d’absolu et tout retour en arrière semble impossible. Il a envie de lui dire de toutes manières, je ne te laisserais pas repartir, que ce regard qu’elle lui lance, là, il pourra plus jamais s’en passer, mais préfère s’emparer de sa bouche, impatient.

Ses doigts remontent à l’arrière la cuisse d’Anya, son autre main glissant contre le visage de la jeune femme et s’emmêlant dans ses cheveux blonds. Elle se hisse sur la pointe des pieds, s’éloigne de lui la fraction d’un instant pour s’assoir sur la table, et déjà il l’attire à nouveau à lui avec empressement, faisant au passage tomber une bouteille sur le sol. Le temps qu’ils ont passés à se chercher, à se désirer à quelques mètres ou à plusieurs centaines de kilomètres rend le moindre centimètre carré d’espace entre eux insupportable, à présent. Anya profite du moment de flottement pour passer un doigt sur sa bouche, qui porte probablement les marques de leur baiser désordonné et fébrile ; le geste est doux, d’une tendresse qu’il ne reconnait pas chez Anya, une tendresse qui lui monte à la tête et se répand dans sa poitrine. Alors que sa paume enveloppe le côté du visage de la jeune femme, il passe son pouce sur sa pommette, écarte une fine mèche de cheveux venu s’accrocher dans ses cils. Il sent alors Anya le piéger entre ses cuisses et la sensation est délicieuse ; il inspire profondément, tout près de son visage, pour essayer de garder les pieds sur terre. Sa main poursuit son chemin sur le collant opaque — entravant et superflu — migre sur le côté de sa cuisse, franchit le seuil formé par l’ourlet de sa robe, va se perdre sous le tissu noir, sent la chaleur de sa peau irradier sous ses doigts. Leurs bouches se retrouvent à nouveau, sans toutefois se familiariser, prendre l’habitude : chaque baiser a toujours le goût du premier.

Penché sur elle, pressé contre sa poitrine, Elis se bat avec sa propre tempête, luttant pour faire durer un moment auquel il veut, en même temps, mettre un terme. Il voudrait maintenir cet instant suspendu dans le temps, continuer à l’embrasser, là, dans la pénombre de cette fête, encore et encore et encore. Tant qu’ils restent là, rien ne peut les atteindre. Tant qu’ils restent là, dans cette anticipation savoureuse, ils n’ont pas à se préoccuper de la suite. La suite, pourtant, c’est tout ce qui l’obsède, qui prend toute la place dans son esprit, insinuant dans tous les interstices de son cerveau le visage d’Anya, la forme de ses lèvres, la chaleur de sa cuisse contre sa main, la courbe de sa poitrine sous sa robe. La situation commence à devenir inconfortable, alors qu’il réajuste sa prise sur sa bouche, hésite sous le tissu de la jupe, glissant vers l’intérieur de sa cuisse. Il faut deux tentatives à Anya pour rouvrir la bouche entre deux baisers et laisser échapper : « Ta chambre. » Il n’a pas le temps de croiser son regard pour y chercher une confirmation que déjà elle touche terre, glisse ses doigts entre les siens et l’entraine à sa suite. Tu connais le chemin.

Il ne voit pas Mari hausser un sourcil ou Solveig retenir un sourire. Il ne voit pas Karl et son air ahuri, ni Agnes qui lève les yeux au ciel, à quelques mètres de là. Ils sont seuls au milieu de cette petite foule, qu’elle fend avec détermination, tirant derrière elle Elis et son air idiot. Il la regarde l’entrainer dans le couloir comme s’il vivait tout ça de l’extérieur, comme si rien de ce qui était en train de se passer sous ses yeux n’était réel. Il ne reste que deux pas pour atteindre la porte de sa chambre — porte qu’il a heurté avec une autre fille quelques minutes plus tôt ou peut-être une demi-éternité plus tôt, sans que cela n’éveille le moindre sentiment de déjà-vu chez Elis. Tout ce qu’il était en train de vivre réveille chez lui l’excitation de l’inédit, et lorsque Anya retourne soudainement la tête vers lui, comme pour s’assurer qu’il est bien là, au bout de ses doigts brûlants, il reprend pied avec la réalité. Dans l’intimité du couloir, il s’élance dans son dos, s’assure d’être celui qui atteindra la poignée le premier, mais doit s’y reprendre à deux fois dans la précipitation. « Désolé, j’ai pas rangé. » il trouve l’esprit de glisser, joueur, alors qu’ils passent tous les deux le seuil de la pièce.

La fenêtre est restée ouverte et la chambre est chargée de l’odeur de la nuit glacée. Le froid les surprend et fait frissonner Elis alors qu’il s’empresse de refermer la porte derrière lui. Dans un mouvement, il se retourne et d’adosse à la porte, comme pour mieux apprécier la vision d’Anya au milieu de sa chambre — enfin seuls. Dans ce moment de flottement, il se demande si elle peut entendre les palpitations qui résonnent dans son thorax, dans ses tempes, dans le creux de son ventre, contre le silence assourdissant.

* * *

« Et maintenant? » il lance, d'une voix qu'il espère assurée. 14 octobre 2005, à l’anniversaire d’Ulla. La bouteille de bière — achetée avec quelques autres par un grand-frère irresponsable — a atterri sur Anya avant de terminer sa course entre Julia et Elis. Devant les exclamations d’horreur de l’assistance, le petit cercle de collégiens décide que ce sera à Elis d’accompagner la jeune fille dans le placard de l’entrée, sur lequel est punaisé un panonceau « Seven minutes in heaven » mal orthographié. L’inquiétude traverse le regard d’Anya mais laisse rapidement place à son air hautain, plus familier, alors qu’un poids vient se loger dans la gorge de l’adolescent. Dans le noir le plus complet, d’une voix aux notes chancelantes, il ose finalement rompre le silence. « Et maintenant? » Quelques secondes s’écoulent, peut-être plus. Il fait un pas vers elle, prudent, avant qu’Anya ne le repousse des deux mains et s’échappe du placard.

* * *

« Et maintenant? » La question est rhétorique ; tout son corps — bien plus que sa tête — sait très bien ce qu’il va se passer. Cette pulsion violente : s’approcher d’elle, retirer ce pull étouffant, l’aider à enlever sa robe, la pousser sur le lit, faire glisser ses collants sur ses jambes. Chacun de ses membres connait par coeur cette chorégraphie lancinante, chacun des gestes est gravé dans la mémoire de ses muscles. Pourtant, en la voyant se tenir à côté de son lit, Elis se sent abandonné de tout ses réflexes et de toutes ses certitudes.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyMer 1 Mai - 20:24

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 « Et maintenant ? » Anya n’est pas sûre de sa réponse. Se tenir dans la chambre d’Elis n’a rien à voir avec les minutes précédentes, serrés l’un contre l’autre dans une foule semi-anonyme. Il n’y a plus de bruit dans la pièce - bien qu’elle puisse entendre la musique résonner derrière la porte, tout comme les rires et les discussions, il n’y a qu’eux, dans cette chambre, eux et le froid glacial de Visby. La jeune femme déglutit, ni gênée ni mal à l’aise mais… Hésitante, peut-être. Elle sent ses lèvres encore chaudes des siennes, et la distance qui les sépare, quelques mètres à peine, lui semble presque infranchissable. Il faudrait se jeter, courir et sauter, s’élancer sans réfléchir. Anya inspire profondément, se surprenant à appréhender ce qui est sur le point d’arriver. Elle ne répond et se détourne pour fermer la fenêtre qui laissait jusqu’alors entrer le courant d’air froid. Et prend un instant pour reprendre ses esprits, les doigts posés contre la vitre glacée. Elle se souvient d’un autre moment, une autre année, une autre époque entièrement : un placard sombre où Elis a posé la même question, où l’hésitation était palpable, là aussi, l’oscillation sur un fil invisible, le peut-être, le « on y est ». Ce jour-là, Anya s’était enfouie, comme tant d’autres fois - avant, et après cette fameuse fête. L’idée ne lui traverse pas l’esprit, pourtant, à cet instant. Elle pourrait certainement partir encore une fois, mais il s’agirait de ne jamais revenir, de ne pas regarder en arrière, de tirer un trait sur vingt ans, et une soirée. Elle n’en aurait plus le coeur, ni l’envie, si bien qu’elle finit par se retourner avec un sourire, léger. Et maintenant ? Je ne sais pas.

Quelques pas seulement lui permettent de parcourir la distance. Anya s’arrête là, à quelques centimètres seulement, observant Elis adossé contre la porte. Observant ce visage qu’elle a détaillé tant de fois, quand il parlait avec une autre, qu’elle connaît par coeur et qui ne s’est jamais vraiment effacé de sa mémoire. Elle n’a jamais eu de mal à le décrire ou à le conjurer, sort personnel qu’elle se permettait dans l’intimité de son appartement, après avoir envoyé un énième mail cryptique, rempli de demi-aveux et de regrets mal formulés. Il n’a pas vraiment changé - elle reconnaît les traits du gamin à qui elle a dérobé la trousse, de l’adolescent charmeur et déjà assuré, du jeune adulte à peine majeur. Il n’a pas vraiment changé mais il est plus beau qu’avant, lui semble-t-il, ou peut-être n’osait-elle pas se l’avouer avant.

Elle ne réfléchit pas quand ses doigts glissent dans le cou d’Elis, espace à découvert entre le col de son pull et sa mâchoire. La peau est chaude et elle peut sentir, sous ses doigts, le sang battre dans ses veines. C’est presque étrange de le toucher, comme ça, loin de l’agitation de la fête, loin de la musique et des cris. Un autre contact que les baisers brûlants, que la main sous sa jupe - qu’elle glisserait pourtant à nouveau sur sa cuisse avec délice. C’est étrange et agréable tout à la fois, de pouvoir le faire sans craindre l’explosion, les représailles, l’histoire suivante. C’est étrange, enfin, de se dire qu’en vingt ans, ils n’ont jamais osé, ne se sont jamais touchés, à peine effleurés. Anya sait quelle est sa responsabilité là-dedans, mais elle n’a pas envie d’en parler ni d’évoquer les presque, les peut-être et les vrais manqués. Son regard, qui s’était perdu dans cette légère cavité à la base du cou, remonte de son menton à ses lèvres jusqu’à ses yeux. L’envie la prend subitement d’autre chose qu’elle ne saurait nommé ou admettre, pas tout de suite, pas pour le moment. Quelque chose qui ressemble à son pouce sur sa pommette, un peu plus tôt, à la caresse contre sa joue, aux doigts qui glissent, doucement, dans ses cheveux. Une autre part d’elle hurle d’envie, la pousse à la précipitation, veut retirer le pull, le pantalon et le reste - et Anya a envie de céder, de ne pas penser et d’enfer sentir la peau d’Elis contre la sienne.

Elle résiste pourtant et vient réclamer, ou offrir peut-être, quelque chose qu’elle ne pensait pas vouloir. Quelque chose dont elle pensait pouvoir se passer jusqu’à ce soir. Elle n’hésite qu’un instant avant de passer les bras autour de son torse, laissant son corps rencontrer à nouveau le sien avec une lenteur pourtant différente. C’est une étreinte, tendre, attendue, et Anya vient enfouir son visage dans le cou d’Elis, inspirant profondément l’odeur qui émane de sa peau, de son pull. Elle n’y trouve pas l’odeur d’Agnes - peut-être un peu d’alcool et de sueur, de tabac et de fumée, et puis son odeur. Elle inspire tant qu’elle le peut, difficilement dans son cou une sorte de ravissement qui n’irait pas à son éternelle colère, à son air toujours renfrogné, à ses regards glacés et ses remarques acerbes. Le bout de son nez vient courir contre les tendons et les muscles, trouvant dans cette étreinte un nouveau confort : celui d’un autre corps contre le sien, mais un corps presque connu, presque familier, un corps qu’on a attendu et peut-être, aussi, certainement, espéré.  « Et maintenant ? », demande-t-elle tout bas, quelque chose de taquin dans a voix alors que ses lèvres, puis ses dents viennent trouver la peau qu'elle vient de s'approprier.
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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyDim 5 Mai - 19:02

the room is on fire as she's fixing her hair
A N Y E L I S
Adossé à la porte, Elis replie doucement les bras dans son dos et vient placer ses mains dans le creux formé entre le bois et la cambrure de sa colonne vertébrale. Ça a toujours été instinctif, chez lui, lorsqu’il osait s’approcher d’elle ou qu’elle le frôlait d’un peu trop près : il fallait s’assurer que ses mains soient profondément ancrées dans les poches de sa veste, occupées par une cigarette ou mieux, affairées sur la peau d’une autre. Dans ces moments-là, son corps tout entier savait bien mieux que sa tête ce qu’il lui fallait — quelles protections activer, quels boucliers lever. Sa stratégie de défense avait été éprouvée et améliorée au fil des années, à force de contrariétés, de déceptions, d’humiliations mais aussi de provocations, de tentations. Aujourd’hui, les réflexes étaient encore bien là et lorsqu’Anya s’approche de lui, tout son corps se tend comme s’il était prêt — encore, toujours — à accuser le coup. Le visage de la blonde s’approche du sien et ses doigts se crispèrent dans son dos, repoussant le moment où ils rencontreront à nouveau la silhouette de la jeune femme. Il sait très bien que lorsqu’ils reprendront là où ils se sont arrêtés, quelques mètres plus loin, là-bas, dans le salon, tout s’accélérera très vite. Elis veut s’accrocher encore quelques instants à ce sentiment inconfortable et exquis d’anticipation, ce et maintenant? enivrant, ce contre-rythme troublant, cette incertitude grisante. Le calme avant la tempête.

Elis se tient là, à quelques centimètres, chaque atome de son corps résistant l’envie de se jeter sur elle ; comment ont-ils pu parvenir à se tenir à distance si longtemps? Aussi loin qu’il se souvienne, Elis a toujours été dans l’orbite d’Anya : condamné à ne jamais pouvoir l’approcher, incapable de s’en tenir éloigné. Une distance tantôt envahissante ou distendue, extrêmement fragile ou infranchissable, une distance qu’il avait pu tout à la fois maudire et chérir, ne cherchant jamais réellement à s’y soustraire. On se frottait à Anya comme on se frottait au soleil ; incapable de se détourner, il savait qu’il s’y brûlerait les ailes.

Enfin, elle le touche. Il ne la quitte pas des yeux, alors que ses doigts glacés se promène dans son cou, propageant un frémissement dans son dos, sous ses côtes et jusqu’au creux de son ventre. Tout le corps d’Anya est baigné dans le clair-obscur de la chambre et il observe les ombres danser doucement sur son visage, rien qu’un instant. Les bras de la jeune femme viennent encercler son torse, son visage venant se loger dans son cour ; l’étreinte a quelque chose d’inattendu… et pourtant. Pourtant, c’est l’étreinte de deux corps qui se sont toujours attendu, dans une familiarité toujours soupçonnée, longtemps espérée. Il y a quelque chose de parfaitement naturel dans ce geste, qui achève de faire baisser à Elis ses dernières défenses. Dans un soupir presque douloureux, il enveloppe à son tour les épaules d’Anya et vient perdre ses doigts dans ses cheveux. A l’odeur de cigarette se mêle dans le blond de ses mèches ce parfum, son parfum, celui qui aiguisait déjà ses sens lorsqu’elle traversait le couloir du lycée et qu’il faisait mine de s’afférer à son casier. Celui même qu’il avait retrouvé avec un certain soulagement, quelque jours plus tôt, à l’ombre des ruines de Visby. Il s’abandonne à la sensation délicieuse de sentir Anya dans ses bras quelques secondes, se laissant envelopper par le silence, le noir, le ravissement.

« Et maintenant? » elle lance à son tour, en le regardant par en-dessous d’une façon qui lui ferait perdre la tête. Un sourire espiègle sur le visage, elle abandonne son regard pour aller promener ses lèvres dans son cou ; il croit sentir sa langue, fugace, puis une morsure qui lui arrache une grimace et un rire sarcastique. Presque instantanément, tout s’emballe. « Maintenant, » il entame dans un souffle, difficilement, sa bouche cherchant celle d’Anya, toujours affairée vers sa mâchoire. Sa respiration s’accélère entre ses côtes, ses gestes deviennent un peu moins précis, un plus pressants. Ses mains puissantes se referment autour du visage d’Anya, ses lèvres retrouvant les siennes, alors qu’il décolle soudain son dos de la porte pour entrainer la jeune femme à son tour contre le bois peint, dans un mouvement vif, emporté. Dans ce retournement de situation, sa main redescend vers l’arrière la jambe d’Anya, glisse derrière son genoux qu’il saisit pour approcher un peu plus la cuisse d’Anya contre la sienne. Les tissus son toujours là : l’élasthanne de son collant, le coton épais de sa robe, la laine de son propre pull comme autant de remparts prêts à tomber les uns derrière les autres. La bouche d’Elis est allé se perdre sur les empiècements de peau nue du buste d’Anya ; la naissance de son cou, d’abord, puis il doit écarter le tissu pour atteindre sa clavicule et le haut de sa poitrine, avant de remonter vers son visage avec humeur. « Maintenant, » il reprend enfin, entre deux baisers, avec une sorte d’agacement amusé dans la voix, flanqué d’un sourire arrogant, « j’ai besoin que tu dégages cette robe, Larsen. » Il a dit ça à quelques centimètres de sa bouche, en levant un sourcil entendu, avec cet air qui qui voulait dire ou sinon je te te la déchire.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (anya) the room is on fire as she's fixing her hair   (anya) the room is on fire as she's fixing her hair EmptyVen 10 Mai - 21:24

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A N Y E L I S


Anya sait comment les choses vont se dérouler : elle est à peu près sûre de pouvoir prédire l’issue de leur étreinte, le sort qui sera fait au pull d’Elis et à sa propre robe ; à l’allure qu’ils auront dans quelques heures, dans quelques minutes. Elle ne veut pas penser plus loin, imaginer ce qu’il se passera au matin, ou même dans deux, trois heures, lorsqu’ils seront repus, éreintés. Elle ne veut pas imaginer que peut-être il regrettera, que peut-être il la chassera - une partie de son esprit, minuscule, ne peut s’empêcher d’imaginer le pire après vingt ans de mauvaises habitudes. D’imaginer qu’ils n’iront jamais plus loin, qu’ils ne construiront jamais rien parce qu’Elis se lassera, parce qu’elle sera horrible, parce qu’ils seront déçus. Elle sait, pourtant, que ce sont des conneries. Qu’elle ne peut pas se lasser de lui, même après vingt longues années à se torturer et à se tourner autour ; qu’elle a voulu ça depuis toujours, quoi que ce mot puisse bien vouloir impliquer. Brièvement, perdue dans son cou, inspirant cette odeur si particulière parce qu’unique, Anya se demande à quoi il ressemble, après l’amour. Si ses joues sont roses, si ses yeux plus brillants, si sa peau s’accordera avec la sienne - ça, elle le sait déjà, ou presque, parce que ses mains glissent sous le pull pour trouver la chemise et, déjà, Anya la dégage de la ceinture, cherchant du bout des doigts à toucher cette peau, mais pas trop, pas tout de suite. Et puis elle oublie lorsque les bras se referment un peu plus sur elle, lorsque les doigts se glissent contre son crâne. C’est enivrant, comme sensation, et Anya n’est pas habituée à tant de choses d’un coup.

Bientôt, les pensées sont de trop : avant qu’elle n’ait eu le temps de réagir, Anya sent les lèvres d’Elis sur sa bouche, la porte contre son dos, et ses bras, dotés d’une vie propre, se referment autour de son cou. Elle pourrait le dévorer, là, debout sur ses pieds, mais elle se contente de l’attirer contre elle, crochetant sa jambe autour de la sienne.  « Maintenant, j’ai besoin que tu dégages cette robe, Larsen. » Un sourire lui échappe - elle sait qu’elle ne pourra pas lui résister longtemps. Elle n’en a ni l’envie ni la patience. Si elle envisage un instant de retirer sa robe là, maintenant, et de la jeter en boule dans un coin de la chambre, Anya préfère repousser Elis d’un geste amusé. Trois petits claquements de langue résonnent dans la chambre, le temps d’un instant, et voilà qu’elle s’éloigne de quelques pas, s’approchant du lit, envoyant valser ses chaussures. Mine de rien mais décoiffée, les joues et les lèvres rougies, Anya s’assoit sur le bord du lit et croise ses longues jambes sur lesquelles elle s’accoude.  « Je trouve ça un peu trop facile », dit-elle en effaçant du bout des doigts les traces de rouge à lèvres qu’il - bien agréablement - étalé autour de sa bouche. Elle y sent la peau gonflée, chaude, qui en veut encore, qui ne peut déjà plus s’en passer. Il lui faut toute sa volonté pour ne pas se lever et l’embrasser à nouveau.  « Toi d’abord. »

Ont-ils le temps de jouer ? Elle n’en sait rien, mais Anya veut voir, veut regarder, se gorger de chaque détails comme s’il ne lui restait rien d’autre à retenir. Elle ne sait pas de quoi leur lendemain sera fait, ni même s’il y aura un lendemain ou un jour d’après. Alors Anya regarde et se repaît du visage d’Elis, de la couleur de sa peau, du contour des muscles qu’il dévoile en enlevant son pull, puis sa chemise. Elle s’attarde sur la nuance de ses cheveux, la couleur que prennent ses yeux quand il la regarde ; le contact de ses cuisses contre les siennes, et de sa main sur son ventre, sur son épaule, dans son cou ; de ses doigts entre les siens et de tous les endroits où ils se glissent et s’attardent. Il y a son nom sur les lèvres d’Elis, un nom qu’il n’a jamais prononcé ainsi et son souffle rapide, saccadé, contre sa peau, dans son cou, quand elle l’emprisonne entre ses bras et entre ses jambes, quand ils ne bougent plus et que le temps se met à filer tout doucement. Et puis il y a ce moment où elle ferme les yeux, où il lui vole sa cigarette, il y a un après, peut-être, inimaginable deux jours, deux heures auparavant. Un après imagine, vaguement évoqué sous le couvert de mots étranges, de mots alcoolisés, de mots choisis en pleine nuit mais qui n’ont jamais rien dévoilé. Alors Anya garde les yeux fermés, lui abandonne sa cigarette, et l’entoure une nouvelle fois de tout son corps.
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