Roses and Ruins
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

Partagez
 

 damn good coffee and cherry pie. (juniper)

Aller en bas 
AuteurMessage
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyDim 20 Jan - 12:50


"Damn good coffee and cherry pie."
Juniper Anderson + Annika Bergman

Du bureau paternel émane la mélodie d'un morceau de musique classique, entrecoupé des interventions du journaliste commentant les œuvres. Un peu plus loin dans la maison, Madame Bergman braille au téléphone, lancée dans un infini soliloque - ou du moins, c'est ainsi qu'Annika le perçoit - en faisant au passage craquer les lattes du plancher de ses allers-retours incessants entre les différentes pièces. Installée sur le canapé, Annika tente désespérément de lire un ouvrage local centenaire, mais l'écriture en gotlandais et le vacarme ambiant n'aident pas à la concentration. Elle lève les yeux au ciel, marmonne des injures et protestations (personne ne l'entend, trop occupés à vaquer à leurs occupations), et claque son livre dans un lourd soupir. Loin du sanctuaire qui lui a été promis par Sigrid, la grande demeure Bergman revêt des allures de cauchemar, où Annika passe des journées longues et inactives quand elle ne donne pas de cours. Elle ne sait jamais où s'installer pour travailler tant le passage est incessant, et elle se retrouve contrainte à préparer ses cours sur la table de la cuisine, la coiffeuse dans sa chambre ou le canapé.

Rapide coup d'oeil vers l'extérieur. La neige semble s'être interrompue. Lasse de tomber, elle a préféré laisser place à une timide éclaircie. Annika décide de le voir comme un signe : il est temps de quitter le domicile familial pour un passage à la librairie anglophone, l'une des rares distractions qu'elle a réussi à trouver à Visby. D'abord, parce que les ouvrages que l'on y trouve présentent des qualités qu'elle ne pourrait retrouver ailleurs ici. Ensuite, parce qu'elle est tenue par une américaine, et que ça rappelle à Annika qu'il y a une vie en dehors de cette ville, ça lui rappelle la capitale, on peut parler d'autre chose que des pluies verglaçantes, de la mauvaise pêche du jour et de l'été qui arrive, et elle en a besoin, de cette échappatoire. Enfin, le thé au citron y est incomparable.
Sans prévenir personne – une mauvaise habitude, d'après sa mère – Annika monte dans la voiture de son père (il n'en aura pas besoin, enfermé dans son bureau pour encore deux bonnes heures) et se dirige vers le port.

Elle pousse la porte d'Austen & Co, et déjà les odeurs de cannelle et de vieux livres lui ravissent le cœur. L'endroit est vide, à l'exception des piles d'ouvrages et de la libraire, Juniper (lui demander, un jour, l'origine de son prénom singulier). Annika se dirige vers elle immédiatement, sourire au bord des lèvres ; elle est ravie de retrouver ce havre de paix. « Salut Juniper ! Dieu merci la librairie est ouverte, je désespérais. Je vais finir par installer mon bureau ici. » lâche-t-elle comme une plaisanterie, même si l'idée va commencer à s'implanter dans son esprit de manière plus sérieuse. Là, au milieu des rayonnages de livres et en compagnie de cette presque inconnue, elle se sent apaisée. « Comment vas-tu ?  Du monde, aujourd'hui ? » Elle balance en prenant place sur l'un des fauteuils dépareillés.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyDim 20 Jan - 21:57

Le ciel est lourd, comme souvent en ce moment, mais Juniper n’en est jamais dérangée. Elle s’est habituée au climat de Visby avec une rapidité dont elle ne se savait pas capable. Arrosée par le soleil depuis l’enfance, elle avait longtemps cru ne pouvoir vivre que dans des contrées sèches, où l’été craquèle les sols et vous fait rêver d’une brume glacée, de vagues, de lacs bien frais. Certains diront que c’est la nouveauté, mais Juniper n’est plus vraiment nouvelle, la libraire non plus. Si la ville lui réserve encore quelques surprises, et que la neige elle-même l’a obligée à stocker un peu plus de bois pour la cheminée, il lui semble aujourd’hui faire partie des murs - et des remparts. La langue lui échappe encore et il n’est pas rare que June fasse des fautes, demande conseil, complète ses cours par l’aide de quelque application, livre ou logiciel, mais le reste… Le reste est un foyer, une maison en construction, quelques amis, des habitués. Un chat, qui vient se promener dans son salon et qui repart après avoir voler un poisson. L’oiseau qui vient, le matin, se poser sur sa fenêtre. La douceur du soleil qui tombe sur le plancher de la librairie, après le déjeuner, en début d’après-midi. Des détails qui rendent la vie plus douce, plus jolie qu’aux États-Unis, plus jolie qu’à New-York ou San Francisco ou Anchorage. June sait qu’il ne s’agit que d’un changement de perception, que tout est dans son oeil et seulement là.

« Annika ! Je suis contente de te voir ! » June se lève de la chaise qu’elle occupe derrière sa petite caisse qui ressemble plutôt à un bureau auquel on aurait ajouté une vitrine remplie de pâtisserie. Elle contourne le meuble et vient prendre son amie - qui n’est qu’une connaissance, ou du moins une-connaissance-et-un-peu-plus-que-ça - dans ses bras en une étreinte accueillante, bien à elle. Ce n’est pas un geste qu’elle partage avec tout le monde, mais tout le monde n’est pas Annika et Juniper l’apprécie tout particulièrement. Son caractère pimenté, comme elle aime le qualifier, la fait beaucoup rire et June ne s’ennuie jamais lorsque la jeune professeure se décide à lui rendre visite. « Tu sais que tu es la bienvenue. Je peux même mettre ton nom sur une des tables, si tu veux. Plus tard je pourrais même ajouter ici a travaillé Annika Bergman, illustre professeure de… De quoi déjà ? » La plaisanterie lui échappe avec un sourire, un de ces étirements des lèvres, juste du coin, que l’on semble voir un peu plus souvent sur le visage de Juniper ces derniers mois.

« Oh tout va bien comme tous les jours ! C’est plutôt calme aujourd’hui, je pense que c’est la neige. Je pense que je n’en ai jamais vu autant de toute ma vie. » Elle oublie presque les quelques semaines qu’elle a passé en Alaska, mais ce n’était pas l’hiver et il ne faisait pas si froid. « Un thé citron ? J’ai aussi reçu un thé noir aux épices qui vraiment délicieux. » En attendant sa réponse, June met l’eau à chauffer et tire de la pile une assiette aussi dépareillée que les fauteuils. Il ne lui faut qu’un instant pour prendre, dans la vitrine, un baklava croustillant qu’elle a fait cuir le matin-même et pour le déposer sur la table près d’Annika. « Tu me diras ce que tu en penses ? J’avais jamais fait de baklava et j’ai rajouté un peu de fleur d’oranger… » L’eau se met à bouillonner et Juniper retourne à son petit poste de travail d’où elle peut voir toute la salle - la si confortable et petite salle qui lui sert de salon de thé -, ramassant sur son chemin un trombone égaré et un bouton qui n’appartient à personne. « Et toi, alors ? Comment vas-tu ? Le travail avance ? »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMar 22 Jan - 10:53

Une chose qu'il faut savoir sur Annika : elle n'est pas tactile. Aussi, les embrassades de Juniper la surprenaient au départ, mettant ça sur le compte de son origine américaine et d'une culture bien différente de la mesure et de la pudeur bien suédoises. Pourtant, elle a fini à se faire à ces effusions, et même à apprécier cette manière naturelle qu'a June de la saluer. Ça en viendrait presque à lui sembler évident, quand il y a encore quelques semaines, un contact physique autre qu'une poignée de mains aurait été inenvisageable. C'est dire le début d'amitié qui les unit désormais : elle n'a jamais été nommée, mais c'est ainsi qu'elle s'est ancrée chez Annika, pourtant farouche quant à ses attachements.

« Tu sais que tu es la bienvenue. Je peux même mettre ton nom sur une des tables, si tu veux. Plus tard je pourrais même ajouter ici a travaillé Annika Bergman, illustre professeure de… De quoi déjà ? » Un rire vient se dessiner sur le visage d'Annika, qui ne regrette décidément pas sa venue ici. La libraire était bien plus agréable que les parents Bergman, vaquant - bruyamment - à leurs occupations. Elle lui annonce l'offre de thés du jour avec son enthousiasme habituel. « Va pour le thé aux épices ! Et je suis sûre que ton baklava sera parfait. » Annika savoure autant l'atmosphère que la simplicité des échanges avec June, rare à Visby ces temps-ci. Entre les altercations avec Aron et la présence quotidienne de sa sœur, un peu d'abandon et de naturel lui font un bien considérable. Ici, elle peut se laisser aller à un véritable apaisement. Parfois, elle est même tentée de se confier un peu plus à June, et puis se ravise - encore cette pesante habitude de discrétion. « En plus, je meurs de faim. » Comme tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, ces derniers jours. A l'approche du premier rendez-vous gynécologique - le fameux troisième mois -, l'impact de l'événement à venir sur son corps se fait plus important et son appétit semble ne cesser de croître.

« Et toi, alors ? Comment vas-tu ? Le travail avance ? » l'interroge June, la sortant immédiatement de ses pensées. Annika lève les yeux au ciel, l'air de dire si seulement. « C'est... compliqué. » Il faut dire que ces derniers temps, le travail - pour des raisons évidentes - n'est pas la première de ses préoccupations. « Les étudiants m'épuisent, je n'ai pas suffisamment d'heures de cours pour avoir un bureau à l'université... » Annonce-t-elle en haussant les sourcils, avant de poursuivre. « un mal pour un bien, ça me permet de venir plus souvent ici ! » Annika lui adresse un sourire, en l'observant s'agiter, préparer le thé et les pâtisseries, et lui envie un peu son cadre de travail. « Alors, qu'est-ce que tu as reçu de beau comme bouquins, ces derniers temps ? » demande Annika, en amoureuse des belles lettres.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptySam 26 Jan - 21:27

 « Et un thé aux épices, un. Je ne te l’ai pas dit mais tu sais que tu es rayonnante, en ce moment ? Un peu comme si tu avais pris le soleil, si tu vois ce que je veux dire.  » Elle secoue les doigts, incapable d’expliquer plus clairement son impression. Juniper s’affaire sans penser un instant à la première fois qu’elle a pris Annika dans ses bras. À vrai dire, elle n’est pas sûre de se souvenir du jour exact, du pourquoi du comment, de la première étreinte pour lui dire bonjour, pour la saluer, comme June l’a toujours fait avec ses amis. Elle n’est pas non plus sûre d’avoir déjà pris quelqu’un d’autre dans ses bras, sur cette île - ah si, Joanne, évidemment, mais elle préfère lui prendre le bras quand elles se promènent. Elle est comme ça, Juniper, un geste pour chacun, un mouvement choisi, délibéré, la première fois, qui se change en habitude, en petit « entre nous » presque intime. Elle ne se connaissent pas tellement, pourtant, avec Annika. Elles se sont rencontrées quelques mois auparavant, quand la jolie blonde est entrée dans sa librairie pour acheter son premier livre, dont elles se sont mises à parler pendant de longues minutes avant que l’enseignante ne s’assoit et ne boive son premier thé, déguste sa première pâtisserie. Une série de première fois comme on en fait plus : uniques mais normales, presque habituelles, perdues dans le flot des fois suivantes, des nouvelles découvertes, des moments à venir.

Juniper laisse échapper un rire à l’annonce de la jeune femme, ajoutant sur l’assiette, en plus du baklava, quelques pestais douceurs à grignoter - des biscuits, tous petits, qu’elle a cuisiné pour glisser avec les cafés, ainsi que quelques toffees ramenés de sa dernière escapade à la capitale. « On va essayer de remédier à cela. J’en ai cuisiné pour toute une armée, de toute manière. » Parce qu’elle prévoit toujours trop large, Juniper, de peur que les clients finissent par ne pas avoir assez - alors qu’ils ont en général l’occasion d’emporter quelques restes à la maison pour le goûter. Tout en écoutant, la libraire verse l’eau sur le thé, mélange un peu et le laisse infuser, le portant jusqu’à la table d’Annika. Il lui suffit de jeter un coup d’oeil pour esquisser un nouveau sourire : son air exaspéré est plus qu’amusant pour June qui ne voit que les étudiants peu intéressés par le pub et la bière. « Tu devrais tout plaquer et venir travailler avec moi ! » La blague n’est pas nouvelle, entre elles, et il n’est pas rare que Juniper propose à sa cliente de s’associer, de se serrer derrière la petite caisse et de se faufiler entre les rayonnages. Ce n’est pas la première fois, non, bien qu’elle n’ait pas les moyens de la payer ni même d’envisager prendre des employés. « Tu sais que je ne suis jamais allée à l’université ? Mais j’aimerais bien me glisser dans un de tes cours pour t’écouter, je suis sûre que ce serait passionnant. »

Juniper n’a aucune honte à avouer ne pas avoir fait d’études, ne pas avoir de grands diplômes ni même de grandes ambitions. L’université ne l’a jamais tenté, et le reste non plus - bien qu’elle comprenne l’attrait du monde académique et tout ce que l’on peut y trouver. Ce n’était tout simplement pas fait pour elle, comme bien des choses qu’elle n’a découvert que bien trop tard. « Oh j’ai un roman qui pourrait te plaire… Le mur invisible, de Marlen Hauschofer. Je suis en train de le lire donc je ne peux pas vraiment t’en parler mais je suis certaine que ça te parlera. J’ai aussi reçu Un été sans les hommes de Siri Husvedt, enfin. » Après avoir déposé l’assiette de pâtisseries près du thé, Juniper farfouille dans les colis qui attendent encore près de la caisse, ceux qu’elle n’a pas eu le temps de ranger car elle lit tous les résumés et toutes les premières pages. Après un instant, elle tire les deux romans avec un « ah ! » triomphant et les pose sur la table d’Annika.
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMer 6 Fév - 11:49

Annika observe la libraire se mouvoir, légère et volubile, parfaitement au fait de l'espace qui l'entoure. Elle semble presque danser un ballet, tant ses mouvements sont calculés : elle évolue avec délicatesse, minutieuse, exécutant les gestes du quotidien. La librairie, pourtant toute récente, semble déjà rencontrer un beau succès au sein de la communauté de Visby, et Juniper n'y est certainement pas pour rien. Ce n'était pourtant pas gagné : rares sont les étrangers sur cette île, davantage encore les américaines ouvrant des librairies anglophones dans un pays où le suédois est la langue officielle. C'est l'ambiance qui séduit avant tout ; la douceur qui se dégage de la petite boutique, aux étoffes soyeuses et colorées, et à l'air chargé du parfum des thés qui infusent.

« Je ne te l’ai pas dit mais tu sais que tu es rayonnante, en ce moment ? Un peu comme si tu avais pris le soleil, si tu vois ce que je veux dire. » Annika sourit, tentée d'attribuer son rayonnement nouveau à la grossesse, mais se gardant bien de l'exprimer. Elle hausse les épaules, et lâche, sarcastique – et non sans ironie pour qui connaît son désamour pour la ville qui l'a vue grandir : « L'effet Visby, sûrement. »

Ecoutant sa complainte de professeure dépassée par les comportements de ses étudiants, June lui réitère l'invitation à s'associer à elle, en plaisantant. Elle balance ça en riant, mais avec une facilité qui donnerait presque envie de la suivre. Comme ça, sur un coup de tête. Le sujet revient régulièrement entre les deux jeunes femmes, qui s'en amusent sans vraiment le prendre au sérieux. Si l'idée est tentante, la vérité de leurs situations – physique pour l'une, financière pour l'autre – rend le tout bien moins facile qu'il n'y paraît. Mais le rêve reste bien présent, évocation rassurante quant à un avenir fictif. Annika sourit : « Je ne supporterai pas les clients comme tu le fais. Je ne sais même pas comment tu me supportes », lâche-t-elle en riant, saisissant par la même la tasse disposée devant elle, encore fumante.

June poursuit, toute au bavardage. Elle évoque l'université où elle n'est jamais allée, et Annika ne peut retenir un « oh, » surpris, avant de poursuivre : « tu n'en as jamais eu envie ? » Toute académicienne qu'elle est, l'idée qu'une personne comme Juniper, férue de littérature, n'ait pas reçu d'instruction universitaire la surprend. Pour Annika, l'amour des livres lui est venu des études (ou bien l'inverse), et il lui est difficile d'imaginer les choses autrement. « Hé bien au vu de l'assiduité de mes étudiants, crois-moi, tu n'as pas envie d'assister à mes cours. Parler de vieux bouquins poussiéreux, tu comprends... » affirme-t-elle, accompagnant ses propos d'un rire léger.

En face d'Annika, confortablement installée, la chorégraphie bien orchestrée de Juniper se poursuit. La voilà qui fouille dans un carton, énonçant, un à un, les titres des derniers ouvrages reçus. Annika commente, provocatrice : « Un été sans les hommes... ça, ça me parle. » Elle pense à Aron et leur dernière altercation, mais aussi à Sven, bientôt père qui s'ignore. Annika saisit les deux ouvrages, découvrant leur quatrième de couverture et se plongeant dans la lecture des résumés. « Merci ! Je peux te les prendre ? Ça n'en fera que deux de plus sur mon énorme pile de livres de chevet, après tout. » Elle soupire, amusée, avant de déguster une première gorgée de son thé. Réaction immédiate. « Il est excellent, ce thé. Tu es une perle. » affirme-t-elle avec un sourire, avant de poursuivre. « Maintenant, sers-toi un thé et viens t'asseoir. Tu as bien mérité une pause après toute cette agitation, non ? » Annika désigne le fauteuil vide à ses côtés du regard, tentant de convaincre sa presque-amie de se laisser aller à un peu de détente.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyJeu 7 Fév - 18:32

June est habitué à ce que l’on regarde, bien qu’elle ne s’y soit jamais vraiment fait - aux regards des autres, pense-t-elle précisément. Dans la librairie, elle est l’objet mouvement, l’onde qui ne semble jamais vraiment cessé de se mouvoir. Elle s’assoit pourtant, parfois, pour lire ou faire ses comptes, pour compléter son inventaire, pour travailler à son suédois. L’image ne semble pourtant jamais vraiment s’imprimer : quand on pense à Juniper - et quand elle pense à elle-même, parfois -, on la voit qui s’affaire, qui tend une part de gâteau à la malicieuse Madame Lindberg ; on la voit qui parle, qui donne des conseils et qui revient sur une critique qu’elle a lu la veille au soir ; on la voit, enfin, qui range les livres soigneusement, avec une forme de tendresse que l’on ne voit que chez ceux qui les aiment réellement.

Juniper ne peut s’empêcher de rire devant l’air si sarcastique d’Annika. Elles ne s’entendront jamais vraiment sur ce point, du moins pas pour le moment : si Annika est revenue, forcée, sur l’île de son enfance, Juniper y a trouvé une nouvelle vie, une nouvelle maison. La libraire secoue la tête avec un sourire : « Tu vas rire mais le premier jour où je suis arrivée, l’année dernière, j’ai réussi à prendre un coup de soleil ! Mon coeur d’américaine n’arrivait pas à s’en remettre. » Elle aime grossir le trait, Juniper, se faire passer, parfois, pour ce qu’elle n’est pas - soit cette fille venue de loin avec des clichés plein la tête, en ayant elle-même bien d’autres à revendre. On ne peut pas ignorer le décalage qui existe entre la jeune libraire et les suédois pure souche, ces êtres si particuliers, cousus dans la retenue et la politesse et qui, pourtant, la laisse approcher et les étreindre au bout d’un moment - mais elle oublie aussi d’où elle vient, quand elle rentre chez elle, et si des choses lui manquent, des gens, plus exactement, son pays n’est plus vraiment le sien.

« On peut s’arranger là-dessus, tu sais. Je me charge de la clientèle et tu ranges les livres. Bon, on risque de se rentrer dedans de temps en temps… » La blague est jolie, un peu dorée, très tentante. Juniper n’avait jamais envisagé ouvrir une librairie et encore moins prendre une associée mais, si elle devait travailler avec quelqu’un, elle apprécierait que ce soit Annika. Ses connaissances, son caractère, son regard bien à elle apporteraient à l’endroit quelque chose de plus, mais ce n’est qu’une idée, une belle idée, encore fumée. Il y a bien des choses entre son apparition et sa réalisation : l’argent, notamment, la place, aussi. « Non, ce n’est pas quelque chose qui me tentait vraiment. Et ce n’était pas vraiment dans mon éducation non plus. À la fin du lycée, j’ai commencé à travailler à droite à gauche et… Me voilà. » Leurs univers ne pourraient pas être plus différents, mais est-ce vraiment un problème ? Juniper n’a jamais eu honte de son manque d’éducation, aux yeux de certains, et n’est pas gênée d’en discuter avec Annika. « Ils ne savent pas ce qu’ils loupent et ce qu’ils ont sous les yeux. C’est tout. » Et, malgré le sourire qu’elle affiche, Juniper est parfaitement sincère.

« Oh, oui, vas-y, je les ai déjà lus en douce. Je pense que j’en ai un ou deux autres dans les cartons. » Juniper dépose le thé et le reste sur la table, s’affairant avec naturel et habitude. « Il faudra que tu me donnes ton avis, quand tu les auras lu. Je pense mettre des petits mots sur mes livres coups de coeur ou ceux des clients… » Prise de court par le compliment, Juniper en rit avant de remercier la jeune femme : « J’arrive, laisse-moi un instant. » Et ce ne sont que deux ou trois minutes qui s’écoulent avant que Juniper ne s’assoit avec un soupir de contentement, une tasse fumante entre les mains - elle ne semble plus être sensible à la chaleur des mugs dépareillés qu’elle entasse un peu partout. « Je ne pensais pas être fatiguée, mais une fois que tu t’arrêtes… Alors, que me racontes-tu de beau dans les potins de Visby ? »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMer 13 Fév - 14:31

Un oiseau virevoltant, allant d'un côté à l'autre de librairie sans interruption - ou un papillon, ne sachant décidément pas où se poser ; voilà les images qui traversent l'esprit d'Annika alors qu'elle observe Juniper, que la comparaison naturelle aurait certainement réjouie. En cela encore, les deux jeunes femmes s'opposent : l'une est citadine et tient résolument à se tenir éloignée de tout ce qui s'approche du mot campagne, quand l'autre a quitté les Etats-Unis pour se mettre au vert suédois, avec sa petite maisonnette qu'elle retape. Annika n'y a encore jamais mis les pieds, trop occupée et, il faut l'avouer, manquant d'enthousiasme à l'idée d'aller s'aventurer sur le plat pays. Bien sûr, elle connaît ces endroits et les a visités à de nombreuses reprises étant enfant : mais la rupture n'a fait que se marquer un peu plus depuis son séjour à la capitale, et il lui semble aujourd'hui presque inconcevable de retrouver ces paysages apaisés, loin du rythme effréné de Stockholm.

« On peut s’arranger là-dessus, tu sais. Je me charge de la clientèle et tu ranges les livres. Bon, on risque de se rentrer dedans de temps en temps… » lui lance Juniper, sourire aux lèvres, et Annika a presque envie d'y croire. Après tout, elle est partie pour passer quelques temps à Visby... Autant occuper ces longs mois en compagnie de June, qui est loin d'être la pire personne avec laquelle s'associer. Elles se ressemblent autant qu'elles sont différentes, ces deux trentenaires, au virage de leurs vies : un déménagement pour l'une, un enfant pour l'autre. Les chemins tous tracés qui peu à peu, se déforment, prennent des détours imprévus, loin de l'autoroute évidente et facile d'une trajectoire toute tracée. « Me tente pas... Si tu me trouves un coin pour me cacher des clients insistants, alors je veux bien y réfléchir ! » Réplique Annika avec un rire, certaine de garder l'idée en tête ; après tout, elle fait déjà partie des habitués de la librairie, pourquoi ne pas y passer un peu plus de temps ? « J'ai peu d'heures de cours, alors si parfois tu as besoin d'un petit coup de main... Enfin, tu n'hésites pas, quoi. » Ajoute-t-elle timidement, pour une fois - fait exceptionnel - peu assurée de sa proposition.

June évoque son passé, et c'est un fait suffisamment rare pour qu'Annika le remarque. Entre elles, la question n'a jamais été clairement soulevée, et c'est seulement pas des allusions de l'une et de l'autre qu'elles apprennent à se connaître ; pas plus qu'aujourd'hui ça n'a été une nécessité pour elles. « Tu as fait quoi, comme jobs ? Si c'est pas indiscret. Finalement, je suis jamais vraiment sortie de l'université, alors... j'imagine que je t'admire un peu. » Elle sourit, sincèrement intéressée, avant que Juniper ne vienne la rejoindre sur les fauteuils colorés, elle aussi une tasse à la main. La chaleur de la librairie emplit l'air, et Annika se dit qu'elle pourrait passer des journées entières à y flâner.

« Je ne pensais pas être fatiguée, mais une fois que tu t’arrêtes… Alors, que me racontes-tu de beau dans les potins de Visby ? » La liste se dessine dans son esprit, claire, nette, et terriblement longue. Des anecdotes, elle en a déjà accumulées quelques unes depuis son retour, toutes d'une amplitude différente, bien sûr. Annika s'exclame : « Olala, si tu savais. Ça ne s'arrête jamais ici, les potins, tu sais. » Elle fait mine de réfléchir quelques instants, avant de poursuivre. « Tu es allée à la fête du nouvel an ? Tellement de gens là-bas que je n'avais pas encore revus... Un vrai bonheur de devoir annoncer son retour à tout Visby. » Ajoute-t-elle, maniant l'ironie comme une seconde nature. « Et toi ? Tu rencontres un peu de monde ? » Annika lui adresse un sourire, ne doutant pas que Juniper a déjà fait la connaissance de la moité de la ville, tant sa bonne humeur semble contagieuse.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyLun 18 Fév - 20:48

Avoir Annika dans la librairie lui donner l’impression d’y accueillir un petit soleil. Ses cheveux blonds et son air radieux contrastaient avec le sarcasme qu’elle laissait échapper régulièrement et qui amusait tellement Juniper. Leur énergie est différentes, leurs visages, leurs corps, leurs personnalités sont différents, et malgré cela, elles se tiennent là, amicales, ravies de se trouver en présence de l’autre. La libraire n’en demande pas plus - elle ne demande plus d’autres relations, se fiche des complexités passées, des choses qui, aux États-Unis, lui semblaient si importantes. Peut-être a-t-elle arrêté de juger. Peut-être l’ambiance est-elle vraiment différente, à Visby. Une petite voix lui souffle que c’est vrai, que tout est différent ici, et June s’en rend compte quand enfin elle s’assoit, une tasse de thé fumante entre les doigts. Elle n’aurait pas eu le temps de faire ça, à San Francisco - si elle y avait ouvert une librairie, là-bas aussi, si elle avait eu l’argent pour le faire, si les choses s’étaient passées autrement. C’est bête, d’y penser. C’est bête, qu’elle se dit Juniper, parce que tout est déjà passé, tout est déjà fini ou presque et il est impossible de revenir en arrière. Alors June sourit en observant son hôte et laisse échapper un rire quand Annika lui propose de se cacher dans un coin pour éviter les clients qui sont, à vrai dire, généralement agréables.

 « On rigole, on rigole, mais il y a un bel espace à l’étage… C’était un peu trop cher pour moi, quand je suis arrivée, et pour le moment il n’y a rien là-haut… » La jeune femme hausse les épaules, laissant l’idée flotter sans vraiment élaborer. Elle ne peut pas toujours rêver : c’est dangereux, de se laisser emporter, de faire des projets qui ne mènent à rien, que l’on ne peut pas réaliser, pour le moment du moins. June n’ose pas dire qu’elle imagine les pièces de l’étage remplies de livres, elles aussi, et d’autres tables où elle pourrait poser ses tasses de thé, organiser des réunions, peut-être des soirées, des lectures nocturnes et des évènements en tout genre. « J'ai peu d'heures de cours, alors si parfois tu as besoin d'un petit coup de main... Enfin, tu n'hésites pas, quoi. » Est-ce de la timidité que June perçoit là, derrière le sourire et la façade généralement assurée ? Elle en sourirait presque mais le sérieux et de mise et elle hoche la tête, cachant derrière sa tasse le coin de ses lèvres qui se relève discrètement.  « Tu veux venir faire un tour la semaine prochaine ? Passer quelques heures à la boutique, ranger des livres, dépoussiérer, ce genre de choses passionnantes ? » Ses sourcils se haussent sous la proposition malicieuse, mais sérieuse et Juniper jette un regard sur sa librairie.  « Ça me ferait plaisir que tu passes, pour de vrai. Tu sais que j’aime cet endroit alors si je peux partager… »

Quand Annika lui demande ce qu’elle a fait, avant Visby, avant tout ça, il lui faut bien quelques secondes pour se souvenir et elle en profite pour boire une gorgée de thé chaud.  « La liste est longue… J’ai commencé à travailler pendant mes étés de lycée : j’ai fait les saisons, dans les champs, puis j’ai été serveuse. Dans un diner, principalement. Après j’ai un peu bougé, un tas de petites villes sur la côté ouest… Je suis restais un bon moment à travailler dans un garage. Le propriétaire adorait les vieilles voitures… » La liste est encore longue et les souvenirs semblent se mélanger. Juniper sourit avec tendresse à l’évocation du vieux John et de ses Cadillac soigneusement rénovées.  « Mais parfois je regrette un peu de ne pas être allée à l’université. Je crois que c’est l’ambiance, plus que les études en soit, que j’aurais aimé connaître. » Elle n’ajoute pas que son frère et ses soeurs, eux, ont choisit une autre voix, qu’ils sont différents d’elle et différents les uns des autres.

Un éclat de rire lui échappe. Il est vrai que le retour d’Annika a dû en faire jaser plus d’un, d’après ce qu’elle lui a raconté.  « J’y suis passée, oui, mais je ne me suis pas attardée très longtemps. Tu as dû passer une soirée d’enfer. Littéralement. »  « « Et toi ? Tu rencontres un peu de monde ? »  « Les clients, ça compte ? Parce qu’au final c’est ici que je rencontre le plus de monde… Je crois que la personne que je vois le plus souvent, c’est Madame Lindberg avec son joli bonnet rose. Elle est vraiment drôle. » June joue avec sa cuillère, même s’il n’y a rien à mélanger - elle prend son temps sans sucres - et sourit au souvenir de la vieille dame toute de rose vêtue cinq jours par semaine.  « Mais je crois qu’avec le travail, je ne prends pas vraiment le temps d’être plus sociable… Il y a Aron, Leif, ma voisine Elia, Joanne… »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptySam 23 Fév - 13:53

Les idées, les envies, sont soulevées sans vraiment que les deux femmes les chassent ; l'une comme l'autre semblent trouver un certain réconfort dans la pensée que peut-être, un jour, elles partageront ensemble cet espace où les livres trônent partout où le regard se pose, et où les narines sont doucement titillées par l'odeur de cannelle et de safran. Annika est pourtant loin d'être du genre ambitieuse, et son seul projet dans la vie, jusque là, a toujours été de poursuivre dans la recherche. Mais la perspective de la naissance à venir l'influence peut-être plus qu'elle ne le voudrait ; et, quitte à travailler, autant le faire dans le cadre enchanteur de la librairie. Elle se refuse à s'aventurer davantage dans cette perspective, retenant son esprit qui, rapidement, commence à construire le projet, comme une évidence. June évoque l'espace à l'étage, vide pour le moment, mais qui pourrait aisément accueillir de nombreux projets. Annika hoche la tête, doucement, comme pour chasser les images de cette nouvelle salle où tout est à créer.

« Tu veux venir faire un tour la semaine prochaine ? Passer quelques heures à la boutique, ranger des livres, dépoussiérer, ce genre de choses passionnantes ? » Annika meurt d'envie d'accepter immédiatement, mais prend le temps de quelques gorgées de thé pour la réflexion. Elle passe, mentalement, son agenda de la semaine en revue. Hormis quelques heures de cours et un rendez-vous de suivi gynécologique, elle n'a à priori aucun impératif. Elle adresse à Juniper un sourire timide, presque gênée par cette proposition bien trop flatteuse - Annika, toujours sûre d'elle, a peur de décevoir. « Pourquoi pas, puisque tu proposes... passer du temps à trier et ranger des livres, y'a pire ! » Réplique-t-elle sur le ton de plaisanterie, mais non sans un sérieux certain. « Tu verras si tu as encore envie de travailler aves moi après ça, » elle poursuit, taquine, mais réellement inquiète : Annika n'a jamais fait l'objet de louanges pour sa capacité à travailler en équipe, au contraire. Mais entre Juniper et elle, l'équilibre est certain, tant leurs différences sont évidentes. Et travailler avec des livres, voilà une toute autre chose.

June poursuit le récit de ses expériences américaines, et Annika note, encore une fois, à quel point elles sont différentes : quand elle s'est toujours contentée de Visby, de Stockholm, et de quelques excursions dans d'autres universités d'Europe sans ressentir le besoin d'aller plus loin, son amie a voyagé, traversant les États-Unis. « Quand on y pense, c'est quand même incroyable. On a le même âge, à peu de choses près, et on a fait des choses complètement opposées. Tout ça pour se retrouver ici, à Visby ! » Conclut Annika en sirotant le thé fumant qui lui réchauffe les mains.

A l'évocation des connaissances de l'une et de l'autre, et du retour difficile d'Annika en ville, elle ne peut réprimer un sourire. « J'ai fui assez rapidement, » avoue-t-elle au sujet des festivités de la nouvelle année, où elle avait été rapidement agacée par les retrouvailles qui s'annonçaient. Et puis, June énonce les noms de toutes les personnes dont elle a fait la connaissance, et si plusieurs noms sont familiers aux oreilles d'Annika, un seul attire son attention. « Aron ? Comme Aron Strömquist ? » Dit-elle, feignant l'indifférence mais profondément intriguée.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyVen 8 Mar - 20:54

Annika est réticente et Juniper croit comprendre pourquoi. Elle était un peu pareille, avant de se lancer, pensant qu’avoir son propre endroit était un peu droit beau, un peu trop idéal. Quelque chose de trop rêvé pour y croire vraiment, pour mettre le doigt dessus, qui semble inaccessible et qui, subitement devient réel. Elle n’a pas envie d’insister, de mettre Annika mal à l’aise bien que sa proposition soit sincère. La libraire ne sait pas bien ce que la jeune femme peut ou veut faire, si son métier lui plaît réellement, si elle est prête à en partir, à fermer la porte sur cette vie-là. L’idée semble la tenter et Juniper en est ravie. Et l’image s’inscrit dans un coin de sa tête : ce n’est pas tout à fait improbable, à vrai dire. « Tu verras si tu as encore envie de travailler aves moi après ça, » June secoue la tête avec un sourire. Annika ne la connaît pas encore et ne sait pas que Juniper ne sait pas vraiment mentir. Elle est parfois capable de dissimuler la vérité, surtout lorsqu’il s’agit de détails personnels, mais elle serait incapable de lui raconter des histoires. De lui dire de venir travailler sans pouvoir la supporter ne serait pas dans sa nature.  « Tu sais quoi, tu viens, tu passes la journée, ou plus si tu as envie, et puis on verra à partir de là. Si tu me fatigues, je te jette dans le port et c’est réglé. » Juniper lui adresse un grand sourire mi-sérieux mi-taquin avant de hausser les épaules mine de rien.

« Quand on y pense, c'est quand même incroyable. On a le même âge, à peu de choses près, et on a fait des choses complètement opposées. Tout ça pour se retrouver ici, à Visby ! »  « J’imagine qu’il y a une question d’éducation, aussi, dans tout ça. Mes parents étaient un peu particulier et on était assez libres, quand j’étais petite. Alors rester toujours au même endroit, à faire toujours la même chose… J’ai beaucoup de mal. » Juniper porte la tasse à ses lèvres, réfléchissant à ce qu’elle vient de dire, se rendant compte de la vérité d’une simple phrase et hochant la tête pour elle seule.  « Et c’est pas forcément une qualité, même aux USA ! » Esquissant un sourire, se rappelant le nombre de fois où on lui a reproché d’ainsi bouger, tout le monde, d’être incapable de se poser vraiment. Jusqu’à Jasper, jusqu’à Rose, jusqu’à ce qu’ils se marient et qu’ils trouvent un appartement, que tou se calme. Peut-être est-ce cela, après tout, qui a précipité le reste - la fin de leur mariage, leurs ennuis, leurs disputes. Elle ne préfère pas y penser et observe son invitée avec attention.

« Aron ? Comme Aron Strömquist ? » C’est à Juniper d’être surprise alors qu’elle tente de saisir la nuance qui semble lui échapper, derrière le point d’interrogation. Elle n’en fait pas cas et dépose sa tasse sur la table.  « Celui-là même, le gérant du Black Sheep… J’imagine qu’il n’y en a qu’un. Tu le connais ? » La question est innocente, posée sans arrière-pensée, et Juniper se rend compte qu’ils se connaissent peut-être. Après tout, ce serait normal.  « Sa maison sur Gotland est vraiment pas loin de la mienne, on est voisin, d’une certaine manière. Il me donne un coup de main parfois, pour les travaux. »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyLun 11 Mar - 15:37

Annika ne peut contenir un sourire satisfait à la plaisanterie de June, qui garde un air sérieux tout en évoquant la possibilité de la jeter dans le port. Elle s'en amuse, et trouve surtout réconfort dans cet échange à la simplicité salutaire ; un moment à l'abri de ses inquiétudes et de ses considérations, un temps entièrement consacré à ce rêve partagé de travailler ensemble à la librairie. « It's a deal, then ! » Conclut Annika dans un anglais presque sans accent.

Alors, Juniper se confie quant à son histoire familiale - Annika a bien l'impression qu'il s'agit de la première fois qu'elle l'entend évoquer ses parents, avec assez peu d'entrain pour préférer ne pas insister pour en savoir plus. « Et c’est pas forcément une qualité, même aux USA ! » Si l'accent de June ne permet aucun doute, Annika a pourtant tendance à oublier les origines de sa nouvelle amie, tant elle a l'impression qu'elle a toujours fait partie du paysage, à Visby. Elle semble s'y être trouvée toute à son aise, à l'inverse d'Annika par ailleurs, pour qui l'objectif premier a été, depuis son plus jeune âge, de fuir la ville qui l'a vue grandir. « Ca ne te manque pas, les États-Unis ? » elle la questionne, toujours sur le ton de la discussion. Peut-être a-t-elle toujours eu le même ressenti vis-à-vis de son pays natal qu'Annika à l'égard de Visby, et elle ne pourrait que la comprendre. « Plus jeune, je n'avais qu'une hâte : partir d'ici ! J'aurais rêvé de vivre aux USA, d'ailleurs, mais n'importe où aurait fait l'affaire je crois. » ajoute Annika, amusée.

La conversation se tourne doucement vers Aron, qui plane décidément sur l'île comme une ombre, protégeant jalousement sa ville : même en son absence, il est mentionné. June lui demande si elle le connaît, et Annika acquiesce. « On était très proches, avant que je parte, » elle explique, hésitante à entrer davantage dans les détails. « Mais les choses se sont un peu compliquées depuis. » complète Annika, baissant les yeux en direction de la tasse qu'elle tient toujours entre les mains. Elle marque un temps de pause, ponctuée de quelques gorgées de thé chaud.Elle se retient de questionner un peu plus June quant à la nature de leur relation ; après tout, cela ne la regarde pas. « Tu lui passeras le bonjour, tiens. » Finit-elle par lâcher sur un ton faussement enjoué, ne parvenant à masquer l'entièreté du malaise qui les unit.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyVen 15 Mar - 16:05

Juniper esquisse un sourire, se retenant de proposer un high five à sa potentielle coéquipière, ou même de lui serrer la main, geste universel, compris de tous, quand une affaire est conclue ou presque. La libraire se contente de sourire et de boire son thé sagement. Elle ne sait pas si Annika acceptera réellement sa proposition : si elle viendra, pour de bon, ou si elle se contentera de venir lui dire bonjour, de temps en temps, comme toujours. L’idée, toutefois, d’avoir une partenaire, ne serait-ce que pour quelques jours, l’enchante plus que de raison.

« Ca ne te manque pas, les États-Unis ? » June ne peut s’empêcher d’hausser les sourcils et de prendre quelques instants avant de trouver la réponse appropriée. Est-ce que le pays lui manque ? Est-ce que le Colorado lui manque ? Et San Francisco, dans tout ça ? Quelques mois plus tôt, elle aurait pensé trouver, comme toute une réponse, une sorte de mal du pays très léger, une langueur, peut-être, une sorte d’absence que l’on sent surtout à l’oreille, l’absence d’accent et de soleil.  « Pas vraiment, non. Je n’étais pas venue pour rester et puis je me suis faite à l’idée. Je ne dis pas que l’adaptation n’a pas été compliquée, au début mais… Je n’ai pas envie de rentrer, pour le moment. » Elle se sent obligée de rajouter les trois derniers mots, d’en ponctuer sa phrase comme si, peut-être, le besoin de rentrer pouvait un jour se réveiller.  « Quand on vient de Visby, qui est si petite, j’imagine que les Étaits-Unis semblent être un rêve : les grands espaces, et tout ce qui va avec… Et parfois, quand on vient des USA, j’imagine qu’on rêve de l’inverse. » D’un peu plus d’anonymat, de villes à taille humaine, d’endroit où on parle une autre langue.

La question jusqu’alors simple et innocente prend une autre tournure. L’atmosphère se fait différente, peut-être un peu plus lourde, un peu gênée. C’est à cause d’Aron, tout ça ?
« On était très proches, avant que je parte. On était très proches, avant que je parte. » Annika baisse les yeux, observe sa tasse, ne dit rien pendant quelques instants et Juniper laisse flotter le silence. Elle parle de lui passer le bonjour et la librairie veut demander, curieuse, ce qu’il s’est passé entre eux. Elle hésite un instant : est-ce vraiment approprié, comme question ? Est-ce vraiment quelque chose qu’elle veut savoir ?  « You two were… involved ? » La phrase lui échappe avant même qu’elle n’ait pu penser à la retenir et Juniper affiche rapidement un sourire d’excuse.  « Désolé, je sais que ça ne me regarde pas… Mais c’est qu’on dirait que c’est compliqué… » Et qu’elle n’a pas envie, peut-être, de se mettre au milieu de quelque chose qu’elle ne comprend, de peur de blesser deux personnes auxquelles elle s’est attachée, mais ça, Juniper ne le dit pas. Ce serait avouer son attirance - sa possible attirance ? ce truc, quoi - qu’il y a avec Aron, au détriment de sa nouvelle amitié avec Annika. Un soupire se fraye un chemin dans sa gorge et June souffle sur son thé, déjà refroidie, quelque peu mal à l’aise.
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMar 19 Mar - 11:29

Annika savoure ces instants de paix comme elle savoure son thé, laissant la discussion courir. Juniper parle des Etats-Unis, et dans sa voix, rien ne semble indiquer un manque quelconque. C'est difficile à imaginer pour Annika qui, elle, n'a toujours rêvé que d'une chose : fuir cette île, cette ville minuscule et ses habitants. Si elle admet la difficulté d'adaptation, June fait ensuite une remarque très juste, qui résonne avec une certaine familiarité dans l'oreille d'Annika : c'est l'endroit d'où l'on vient qui dessine nos aspirations, d'une certaine manière. Elle acquiesce, confirmant d'un geste les propos de son amie, avant de renchérir : « Quand j'étais petite, je rêvais de vivre à New-York. Bon finalement, je suis partie à Stockholm... C'est moins exotique mais toujours plus fun que Visby ! » Elle dit avec un sourire et non sans ironie. Si Stockholm est mieux, pourquoi se retrouver finalement dans la ville qui l'a vue grandir ? « Si tu n'es jamais allée à Stockholm, il faudrait que je te fasse visiter, un de ces jours. » elle complète, faisant encore une fois abstraction de ses impératifs à Visby pour les mois qui viennent.

L'ambiance se tend un peu quand Aron devient l'objet de la conversation - et ce simple fait parvient à déranger Annika. Depuis quand était-il au centre de ses échanges, d'autant plus avec June qui ne le connaissait finalement que peu ?  « You two were… involved ? » l'interroge la libraire, adoptant soudain l'anglais familier, comme un retour immédiat dans sa zone de confort. Elle poursuit avec des excuses - retour au suédois, ne peut s'empêcher de noter Annika - avec un sourire embarrassé.

 « Oh non pas de souci ! C'est pas compliqué, » répond Annika, catégorique et définitive, avant de s'apercevoir qu'un peu plus de détails pourraient s'avérer nécessaires. Mais comment poser des mots sur la relation qui les a unis, sans en atténuer la force mais sans en exagérer l'ampleur ? « On est amis, voilà, bons amis, et ça a... disons, dérapé, une fois. Juste avant que je parte à Stockholm. » Elle explique sur un ton posé, comme elle le fait parfois avec ses étudiants, quand elle ne maîtrise pas entièrement son sujet : elle prend le temps de soupeser chaque mot et d'en étudier l'impact avant de le prononcer. Elle regarde June, et sent que le malaise n'est pas entièrement dispersé. « You like him ? » lui demande Annika, considérant que puisque les questions sentimentales ont été abordées, autant y aller sans davantage de mesure.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMer 20 Mar - 18:05



« Quand j'étais petite, je rêvais de vivre à New-York. Bon finalement, je suis partie à Stockholm... C'est moins exotique mais toujours plus fun que Visby ! » Juniper ne peut s’empêcher de rire : il est vrai que Visby n’est pas la ville - ou l’île - vers laquelle on se tourne pour s’amuser, danser, faire la fête. N’est-ce pas pour cela qu’elle a tellement aimé la ville, à son arrivée ? Qu’elle a décidé d’y rester ?  « New-York a quelque chose de particulier… J’aimais bien la côte Est, peut-être même plus que la côte Ouest… Mais j’avais besoin d’un… change of scenery, si tu vois ce que je veux dire. » De couper le cordon, de brûler tout ce qu’il lui restait d’américain - tout, ou presque, car il reste Rose, et Jasper, bien qu’ils ne soient plus vraiment capables de se parler comme avant.  « Oh, j’aimerais beaucoup qu’on y aille ensemble ! Tout s’est enchaîné très vite, ces derniers mois, et au final je n’ai fait l’aller-retour qu’une ou deux fois… Je n’ai même pas pris le temps de visiter. »

L’idée est agréable, et Juniper aurait peut-être préféré continuer sur ce sujet. Elle s’apprête à poser une autre question, à demander à Annika comment était sa vie, là-bas, ce qu’elle aimait dans cette ville dont son amie ne connaît rien, ou pas grand chose. Les mots se forment sur le bout de sa langue mais elle est incapable de les assembler. C’est une autre question qui lui vient, quelque chose de moins agréable, qui abime un peu l’ambiance dans laquelle elles se complaisent depuis quelques minutes déjà. You two were… involved ? Elle s’en veut, un peu, de poser la question : elle s’attendait à la réponse, l’avait presque senti avant qu’Annika ne réponde, et voila qu’elles s’en trouvent gênées. Non pas que Juniper se formalise sur ce qui a pu se passer bien avant son arrivée, entre des personnes qui se connaissent depuis toujours, non, loin de là. C’est autre chose qui la tracasse : la possibilité de glisser entre deux êtres, de blesser quelqu’un, de mettre mal à l’aise. Elle remue légèrement sur sa chaise, hochant simplement la tête à l’explication que lui donne Annika.

 « You like him ? »  « What ? » La question est légitime ; Juniper n’en est pas moins surprise et cligne des yeux, un instant. Est-ce qu’elle apprécie Aron ? Évidemment. Bien sûr qu’elle l’aime bien - mais ce n’est certainement pas ce qu’Annika veut savoir et la question la met étrangement mal à l’aise, si bien qu’elle répond en anglais, se fiant à son instinct.  « I… I don’t know. To be honest, I think I do but everything’s still a bit complicated, your know. Or I guess it was… » Juniper lève les yeux vers Annika, soupire et finit par délaisser sa tasse pour se frotter les mains doucement.  « I’m divorced… It was a messy break up and I needed time for myself so I never… Really thought about it. » Finissant par s’accouder à la petite table, June pose sa joue dans sa main, déjà lassée de l’étrange ambiance flottant dans la pièce.  « It’s awkward, isn’t it ? I just don’t want to put myself between you two, because I really like you too and I think we could be great friends. And I'm really not into all this male drama. »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMer 27 Mar - 21:28

 « Oh, j’aimerais beaucoup qu’on y aille ensemble ! Tout s’est enchaîné très vite, ces derniers mois, et au final je n’ai fait l’aller-retour qu’une ou deux fois… Je n’ai même pas pris le temps de visiter. » Lâche Juniper dans un souffle, comme on évoque un souvenir - les deux femmes se trouvent déjà envieuses d'un temps qui n'existe pas : travailler ensemble à la librairie, visiter les Etats-Unis et qui sait, sillonner les routes comme des Thelma et Louise des temps modernes. Peut-on être nostalgique de quelque chose qui n'a pas encore existé ? Peut-être pas, mais il est certain que la simple idée de cette vie qui se dessine devant elles, en quelques phrases seulement, suffit à mettre du baume au cœur d'Annika, oubliant un temps soit peu la réalité du quotidien qui l'attendra bientôt. Elle l'a accepté, désormais, mais ne manque pourtant pas de se complaire dans l'idée de ce que pourrait être sa vie sans lui, sans cet enfant à naître.

C'est un sujet tout autre qui chasse la rêverie diurne, quand Aron entre dans le bal. June est visiblement mal à l'aise, plus qu'Annika (ou peut-être cette dernière le cache-t-elle simplement mieux). Pour la première fois, elles échangent autre chose que de douces paroles ; pour la première fois, elles doivent s'extraire de cette bulle qu'elles se sont construites, et parler du fond de leurs cœurs, évoquer des sentiments sur lesquels elles-mêmes n'ont pas posé de mots. Cela se ressent dans les réponses de Juniper, confuse. Elle évoque son divorce, dont Annika ignorait tout jusqu'alors. Elle l'écoute, attentive, et lui adresse un sourire plein de compassion, de ceux qui disent : ne t'en fais pas, je te comprends - tu n'as rien à justifier. « Male drama... talk about it ! I've been trying to avoid that my whole life. » Elle affirme, amusée, tentant de détendre une atmosphère inutilement chargée. S'il y a une chose qu'elle n'a jamais envisagée dans sa relation avec Aron, c'est bien sûr quelque chose de sérieux : de compagnons de beuverie, ils sont passés à coup d'un soir, puis à un silence total durant des années : difficile dans ces conditions de prétendre à une quelconque proximité. « If you want something with him, you should do it. I mean, I don't want to be an obstacle, we're more like friends, really. » Complète Annika - inutile de noter que son passage à l'anglais (et son accent suédois revendiqué) n'est pas anodin, témoin inconscient de son manque d'aise sur cette pente glissante.

« You know what? Let's forget about him for now. » finit-elle par conclure en se resservant une tasse de thé. La librairie est désormais plongée dans un silence pensif, comme si l'une et l'autre ne savaient plus par quel bout prendre cette conversation, bien plus alambiquée que prévu.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyDim 7 Avr - 18:47

[color=#6699cc] Juniper ne peut s’empêcher de laisser échapper un petit rire. Male drama, indeed, a-t-elle envie de répondre - envie qui se bat avec celle de poser des questions, d’en apprendre un peu plus et d’en raconter un peu plus, peut-être, sur elle également. « If you want something with him, you should do it. I mean, I don't want to be an obstacle, we're more like friends, really.  » Mais la libraire, d’habitude si volubile, reste un instant silencieuse. Que veut-elle, exactement ? À quoi peut-elle prétendre ? À quoi a-t-elle droit ?, bien que cette tournure de phrase lui hérisse le poil et réveille sa culpabilité, tout à la fois.  « I must admit that I don’t really know what I want or… What it would be like to be with another a man after being married and divorced. » Juniper secoue la tête un instant, chassant l’anglais qui s’attarde, qui la remet dans cette zone de confort qu’elle n’a pourtant pas de mal à quitter, d’habitude. Elle est partie à l’autre bout du monde après tout, bien que cela ressemble parfois à une fuite en avant plus qu’à une nouvelle page. « You know what? Let's forget about him for now. » Esquissant un sourire, elle hoche la tête tout en gardant, un instant encore, le silence qui semble à présent s’infiltrer dans les recoins de leur conversation.

C’est agréable et étrange à la fois, cette nouvelle intimité, ces choses avouées, comme si, une fois la première année passée, les habitants de Visby finissait enfin par se révéler à elle - et elle, par se révéler à eux. Juniper conjure un instant les longues conversations qu’elle avait, avant, avec Jasper, allongés dans leur lit, assis ensemble, membres enchevêtrés, sur leur canapé. Ils avaient l’habitude de parler de tout, de leur passer comme de leur avenir, de leurs rêves étranges et de leurs conceptions du monde. Malgré la fin de leur histoire, June ne peut nier avoir épousé un type bien. Elle ne regrette pourtant pas leur divorce. Jasper ne lui manque pas, seule Rose lui manque. Et cette pensée, plus que tout autre, lui tire un soupire alors qu’elle revient enfin à son suédois un peu bancal.  « Je me sens vielle, des fois, avec toutes ces histoires. Vieille avant l’âge, je sais pas si ça t’arrive. » Son visage retrouve de la couleur et son sourire se fait maintenant plus amusé.  « J’ai même trouvé un tas de cheveux blancs sur ma brosse la dernière fois. La surprise de la trentaine. »

À nouveau détendue, malgré leur conversation si particulière, Juniper se laisse aller au fond de sa chaise, abandonnant enfin sa tasse vide.  « Est-ce que je peux te poser une question ? Pas d’inquiétude, ça n’a rien à voir avec Aron je crois. Mais tu risques de me trouver curieuse. » June glisse le bout de ses doigts sur le bord de sa tasse, en chasse quelques gouttes en attendant l’assentiment d’Annika et finit par se lancer.  « Je me demandais pourquoi tu étais revenue. Je sais que Visby et toi, ce n’est pas vraiment une histoire d’amour… »
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMar 16 Avr - 19:06

Annika, une fois le premier malaise dispersé - celui des confidences que l'on attend pas, de ces paroles qui soudain s'empare d'elles - finit par trouver de la satisfaction, presque du réconfort, dans ces confidences naissantes, entraînant avec elles les deux femmes dans une étape nouvelle de leur amitié. Ce ne sont plus de simples camarades partageant un thé le dimanche après-midi, au gré des envies ; désormais, une brèche s'est ouverte dans leurs corps et leurs âmes, une faille dans laquelle se coule leur confiance comme un rayon de soleil matinal, presque imperceptible, encore brumeux.

 « I must admit that I don’t really know what I want or… What it would be like to be with another a man after being married and divorced. » Annika hoche la tête ; elle avait presque oublié le divorce, pourtant déjà mentionné par le passé. Ces problèmes-là, ils la dépassent un peu, elle qui n'a jamais réussi à tenir une relation plus de quelques mois.
 « Je me sens vielle, des fois, avec toutes ces histoires. Vieille avant l’âge, je sais pas si ça t’arrive. J’ai même trouvé un tas de cheveux blancs sur ma brosse la dernière fois. La surprise de la trentaine. » Le rire franc d'Annika résonne dans la petite librairie, le rapport adouci permettant le retour de la plaisanterie et de la légèreté. Elle acquiesce ; ces derniers temps, elle aussi, se sent vieille. Plus exactement, elle se sent prise entre deux feux : celui de sa jeunesse, Stockholm et l'insouciance, et l'âge adulte qui la rattrape bien malgré elle, et matérialisé par bien plus que des cheveux blancs : c'est l'enfant qui croît en elle qui vient lui rappeler que le temps passe. « Je pensais pas que passer les trente ans serait aussi difficile, parfois. C'est épuisant, » avoue-t-elle enfin, sans entrer davantage dans des détails dont, la simple pensée, parviennent à provoquer en elle des inquiétudes qu'elles n'auraient jamais suspectées, ne serait-ce qu'un an plus tôt.

« Est-ce que je peux te poser une question ? » Annika la regarde interloquée - sa perplexité semble perçue par June, qui renchérit rapidement. « Pas d’inquiétude, ça n’a rien à voir avec Aron je crois. Mais tu risques de me trouver curieuse. » La curiosité piquée à vif et résolument en confiance, Annika, pourtant d'un naturel farouche, accepte sa requête sans la moindre hésitation. « Come on, tell me ? » réplique-t-elle, le mélange entre le suédois et l'anglais étant devenu chose commune dans leurs échanges, comme un autre de ces accords tacites qui tendaient à se multiplier entre elles.  « Je me demandais pourquoi tu étais revenue. Je sais que Visby et toi, ce n’est pas vraiment une histoire d’amour… » Elles échangent un sourire ; l'une cherchant à s'assurer que sa question n'est pas maladroite et ne provoquera pas d'incident, l'autre songeant à la réponse à donner à cette interrogation. La décision est prise, rapidement : la vérité. Du peu de choses qu'elles ont partagé, la tentation pour Annika de se confier à Juniper est grande, elle qui n'a pourtant parlé de sa grossesse à personne. C'est peut-être pour ça, aussi. Elle est l'habitante la plus éloignée de son quotidien, la moins menaçante pour son secret. Alors, elle se lance. « Oh, well. That's quite a question indeed,» réplique-t-elle non sans un rire nerveux. « Je suis enceinte. Personne ne le sait, à part ma sœur, qui m'a forcée à rentrer. A Stockholm j'étais seule, et j'avais pas vraiment les moyens... Enfin, voilà, tu sais tout. » Conclut-elle comme pour écourter son récit, elle-même troublée par les mots qu'elle prononce pour la première fois à voix haute. Tous ces jours à répéter le discours d'annonce, pour qu'en seulement quelques phrases, tout ça lui échappe. « Tu le répéteras pas, hein ? A personne ? » Et peut-être qu'au fond d'elle, quand elle dit personne, Annika pense à une personne en particulier ; mais elle se garde de mentionner son nom, comme un unique et nouveau tabou entre Juniper et elle.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyDim 28 Avr - 20:35

La question des hommes s’éloigne finalement, laissant Aron, Jasper et tous les autres derrière. Elles redeviennent légères, oubliant le léger malaise qui vient de passer, de traverser la pièce sans réellement laisser de trace. Juniper en est soulagée : elle n’aime pas le drame, n’aime pas les histoires étranges où un homme, au milieu de tout, semble cristalliser les causes inconnues d’une mésentente qui n’aurait pas lieu d’être. Ce n’est pas un roman, se dit Juniper. Ce n’est pas un roman, on peut faire mieux que ça, non ? Mieux qu’une mauvaises romance pour adolescents où les conflits nourrissent les conflits. Comme deux vieilles amies, elles finissent par parler de leur âge, de la trentaine qui approche ou qui est déjà là, de cette pierre d’angle, de ce moment décisif qui semble changer d’allure au fil de l’année qui s’écoule. Juniper esquisse un sourire et hoche la tête doucement - se disant brièvement qu’Annika a un air d’éternel jeunesse très suédois, une blondeur, une fraîcheur d’embrun qu’elle portera même avec ses rides, elle en est à peu près sûre, mais elle n’en dit rien. Elles ne se connaissent peut-être pas encore assez pour les divagations spirituelles et philosophiques qui parfois prennent la jeune femme et dont les thèmes s’accordent à ses lectures du moment.

 « Come on, tell me ! » Et Juniper finit par parler, abandonnant pensées et sujets variées pour en venir au coeur même du problème - qui n’est pas vraiment un problème mais plutôt une curiosité.  « Je suis enceinte. » En posant sa question, la librairie ne s’était pas attendue à une telle réponse. La possibilité ne lui avait d’ailleurs pas même traversé l’esprit et il lui faut quelques instants, papillonnant et battant des cils comme si on venait de lui annoncer que la terre est vraiment plate et non ronde, pour assimiler l’annonce. Elle secoue finalement la tête, laissant échapper un rire.  « Pardon, c’est juste que je m’attendais pas à ça. Je me disais que t’étais rentrée pour un problème de boulot, un burn-out ou je sais pas, une crise existentielle. » June termine sa phrase en se levant, emmenant la théière presque vide et continuant de parler tout en mettant de l’eau à chauffer.  « Your secret is safe with me » lance-t-elle par-dessus le comptoir, ramenant deux parts de gâteau au chocolat alors qu’on entend la bouilloire travailler.  « Tu en es à combien de mois ? », se permet-elle de demander, maintenant que l’annonce est faite, le secret levé.

 « C’est pas vraiment un secret mais j’ai eu une fille, il y a trois ans. » Juniper a l’impression, tout à coup, de passer son temps à parler de sa fille. Ces dernières semaines l’ont obligées à lever le voile sur un tas de détails qu’elle voulait, jusque là, garder pour elle. Il y avait Jasper et le mariage, Jasper et Rose, la dépression, les galères, l’addiction, et le grand chambardement du divorce, de la garde, de tout le reste. Tout ce qu’elle avait jusqu’alors gardé soigneusement enfermé dans son coffre-fort personnel semble ressortir, attiré par la douceur de Visby et la confiance que réveille quelques uns de ses habitants.  « Rose. Elle vit avec son père à San Francisco », explique-t-elle finalement avant de prendre un morceau de gâteau.  « Alors j’ai certainement pas la science infuse dans ce domaine mais si t’as besoin de quelque chose, ou si tu ne veux pas en parler tout de suite autour de toi, n’hésite pas. Et en plus j’ai appris à tricoter de super chaussettes et des bonnets très chouettes. » Juniper esquisse un sourire taquin bien qu’elle soit sincère : obligée de rester à la maison lors de son dernier trimestre, elle s’est adonnée au tricot et au crochet, parfois à la couture. Mais c’est surtout la proposition, qui est réelle, l’envie d’aider, d’accompagner, de donner un coup de main dans un moment qui peut s’avérer déstabilisant.  « Est-ce que le père est au courant ? Ou tu préfères t’en charger seule pour le moment ?»
Revenir en haut Aller en bas
Annika Bergman
Annika Bergman
Administratör
- ✢ -
Messages : 816
Pseudo : Nótt (Mariko)
Avatar : Olivia Wilde (loudsilence)
Multinicks : Ana Lindberg-Simons, Solveig Blömqvist
Disponibilité : Présente
Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyMar 14 Mai - 11:05

Le rire surpris de Juniper résonne dans tout le petit espace de la librairie. Elle l'habite, l'enveloppe de sa douceur feutrée qui prête aux secrets, et c'est presque comme si la femme avait fusionné avec son lieu de vie, cocon dans lequel se lover. Si en temps normal, Annika aurait pu être offensée de cette réaction amusée, il n'en est rien cette fois ; et elle en vient même à accompagner June d'un sourire. Elle observe sa nouvelle amie, tentant de déchiffrer sa réaction sur son visage étonné. « Je me disais que t’étais rentrée pour un problème de boulot, un burn-out ou je sais pas, une crise existentielle, » finit-elle par lui offrir en guise d'explication, alors qu'elle se lève et se dirige vers le comptoir. « Disons que ça, c'est la version... officielle. J'ai dit à mes parents que j'avais perdu mes financements, » complète Annika avec un air amusé, saisissant sans peine le ridicule de la situation. « Une ado qui ment à ses parents, et ça se voudrait mère... » elle lance, roulant des yeux, un sourire en coin. Si l'ambiance est à la plaisanterie, il n'en reste pas moins qu'elle sait que, chaque jour un peu plus, il devient urgent de parler à ses propres géniteurs de leur rôle prochain de grands-parents. Mais l'idée l'effraie, tant elle connaît sa mère et sa manie du contrôle ; dès qu'elle saura, la grossesse lui échappera, pense-t-elle.

« Tu en es à combien de mois ? » l'interroge Juniper, poursuivant la conversation en posant devant elles deux parts d'un appétissant gâteau. Cette question qu'on lui pose à chaque visite à la clinique, elle la connaît par cœur. « Un peu plus de quatre mois ! » Elle réplique du tac-au-tac, sur un ton enjoué. Peut-être est-ce le bonheur de voir cette grossesse progresser - ou simplement le soulagement d'avoir quelqu'un avec qui en parler. Quelqu'un d'autre que Sigrid (et ses grands airs) et sa gynécologue (et son jargon médical), quelqu'un de simple.

June reprend la parole, douce, comme à son habitude. « C’est pas vraiment un secret mais j’ai eu une fille, il y a trois ans. » C'est au tour d'Annika d'afficher une moue surprise, tant elle ne l'aurait pas soupçonné un seul instant. C'est la première fois qu'elle entend son amie faire mention d'une fille, mais cette nouvelle information suffit à la conforter dans le choix de sa confidente. Juniper lui détaille Rose, et Annika ne peut s'empêcher de sourire à cette évocation. « C’est un beau prénom, Rose. Elle va venir te rendre visite ? » Elle la questionne, mais ce sont d'autres mots qui lui brûlent les lèvres. Est-ce qu'elle te manque ? Son enfant n'est pas encore né qu'elle ne parvient pas à s'imaginer un océan entre elle et lui.
« Si t’as besoin de quelque chose, ou si tu ne veux pas en parler tout de suite autour de toi, n’hésite pas. Et en plus j’ai appris à tricoter de super chaussettes et des bonnets très chouettes. » Annika lui adresse un sourire sincère en retour, ne regrettant pas une seule seconde de s'être confiée à elle. Difficile d'imaginer, il y a quelques heures encore, que cette visite à la librairie tournerait aux grandes révélations. Mais c'est un poids en moins sur le cœur d'Annika, temporairement, au moins. « C'est adorable, merci. Je sais pas si je vais me mettre au tricot, mais je serai ravie de voir ces petites chaussettes ! Pour les journées d'hiver... » elle lâche, songeuse, alors que les images se multiplient dans son esprit.

« Est-ce que le père est au courant ? Ou tu préfères t’en charger seule pour le moment ? » Le visage d'Annika se crispe en une grimace qui ne peut tromper. C'est le sujet sensible entourant encore sa grossesse : prévenir le père n'avait pas été dans ses plans, jusqu'à ce qu'elle commence à réaliser que cela pouvait s'avérer nécessaire. « Je ne lui ai pas dit, j'ai pas réussi à m'y résoudre. On n'est pas non plus très proches... » Elle lâche un rire gênée, consciente de l'absurdité de cette dernière déclaration. « ...ou du moins, pas comme ça. Je devrais, tu penses ? » Demande Annika, levant vers June ses yeux bleus vifs, interrogateurs.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) EmptyLun 22 Juil - 18:00

Avec un sourire, June hausse les épaules. Elle est une habituée du mensonge - ou du moins devrait-elle parler au passé, car il n’a jamais été dans sa nature profonde de mentir. À qui a-t-elle déjà donné un de ses little white lies dont elle avait le secret, quelques années auparavant ? À Jasper, pour sûre, ainsi qu’à ses parents. Parfois même à Rose, en se disant que c’est mieux, pour les enfants, de ne pas tout savoir - de ne pas savoir que leur mère était une droguée.  « Les parents, c’est toujours un peu compliqué. Et la famille en général, je crois. De toute façon, c’est ton choix. Même s’il risque de se rendre compte de quelque chose à moment donné. » Du bout des doigts, Juniper casse un bout de gâteau avant de le porter à sa bouche.  « Tu pourras toujours prétexter que mes gâteaux sont trop gras. On a la bonne réputation pour ça, en Amérique. » Elle sourit toujours, cherchant à ne pas alourdir l’atmosphère, à préserver cette ambiance légère qu’elles arrivent à tisser à chaque rencontre et qui semble s’estomper, parfois, quand elles parlent, quand elles se confient et apprennent à se connaître.

« Un peu plus de quatre mois ! »  « Eh bien, tu as encore sacrément la ligne. C’est quoi ton secret, exactement ? » Certainement pas mon gâteau au chocolat, manque-t-elle d’ajouter, dont la recette a été perfectionnée durant sa grossesse et dont elle refuse de dévoiler le secret (soit beaucoup de sucre, beaucoup de beurre, et beaucoup de plaisir). « C’est un beau prénom, Rose. Elle va venir te rendre visite ? » La question, toutefois, l’éloigne des recettes et la ramène sur terre plus brutalement qu’elle ne l’aurait pensé. Elle ajuste sa position, croise les jambes et soupire avant de répondre.  « Je ne sais pas, je ne crois pas. Son père et moi ne sommes pas vraiment en très bons termes… Je la Skype assez souvent mais Jasper n’a pas l’air d’avoir très envie de venir… J’imagine que je vais finir par prendre un aller-retour pour aller la voir, mais avec la librairie c’est pour le moment un peu compliqué. » Elle ne veut pas dire qu’elle a peur de l’accueil que lui fera sa fille et du regard de Jasper à son retour. Des reproches qu’il pourrait lui faire et de ce qui reste encore irrésolu entre eux.  « Le divorce n’a pas été très joli… Je n’ai jamais compris les couples qui arrivaient à divorcer sans se déchirer. Pourtant Jasper est vraiment un type bien. »

Quand elle y pense, son ex-mari lui manque parfois - pas autant que sa fille, mais un petit peu, leur vie d’avant, du moins, la vie d’avant tout ça. Et puis le sentiment s’envole quand elle regarde sa petite librairie, sa cabane, les paysages de Visby. Alors elle promet d’apporter les petites chaussettes, d’en tricoter même quelques unes, avant que le sujet du père ne revienne sur la table. Pas celui de Rose, cette fois. « Je ne lui ai pas dit, j'ai pas réussi à m'y résoudre. On n'est pas non plus très proches... ..ou du moins, pas comme ça. Je devrais, tu penses ? » Juniper prend un instant pour réfléchir : la question est délicate et la réponse certainement complexe.  « J’aurais tendance à dire oui, mais tu sais, c’est ton choix. Mais j’ai peur que, si tu gardes son identité pour toi, ça te cause des soucis plus tard… Qu’il débarque, peut-être, un jour, ou que tu aies affaire à la question : « qui est mon père ? », si tu vois ce que je veux dire. Mais ce n’est que mon avis, tu sais. Tu sentiras certainement ce qui le mieux pour vous deux. »
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

- ✢ -

damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty
MessageSujet: Re: damn good coffee and cherry pie. (juniper)   damn good coffee and cherry pie. (juniper) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
damn good coffee and cherry pie. (juniper)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» (jesper) wake up and smell the coffee
» Welcome to Visby (ft. Juniper)
» oskar ⊹ i'm not good enough
» a closeness ~ juniper
» Flaws // juniper

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Roses and Ruins :: Austen & Co Bookshop-
Sauter vers: