Roses and Ruins
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 Pleasure's not mine [Jesper]

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MessageSujet: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyDim 10 Fév - 14:17

Arrêtée sur le pas de la porte ouvrant sur le petit salon, Josephine observe le bras ballant de son père pendre par dessus l'accoudoir à quelques centimètres à peine d'une bouteille de bière quasiment vide dont le maigre contenu s'est en partie renversé sur le parquet. Il n'a pas bougé d'un pouce depuis la veille au soir, et seuls ses ronflements alcoolisés témoignent du fait que Jacob est toujours en vie.Lamentable... Avec un soupir las, la brune passe son sac en bandoulière autour de ses épaules et quitte la maison, certaine de retrouver son père à l'endroit exacte où elle l'aura laissé en rentrant. La seule différence notable sera probablement le nombre de bouteilles vides à ses pieds. Toujours plus important.Rien de nouveau sous le soleil.

L'air extérieur est saisissant. Un petit vent glacial soulève les mèches lissées qui encadrent son visage et lui mord le visage. Resserrant son manteau sur sa carcasse, elle s'empresse de récupérer son vélo attaché au  réverbère juste devant l'appartement et l'enfourche en direction du centre. Les épaules rentrées pour préserver sa chaleur corporelle, elle prend rapidement de la vitesse. Le vent lui fouette le visage, fait perler quelques larmes au coin de ses yeux mais elle persiste, accélère. Il ne lui faut qu'une petite dizaine de minutes pour rejoindre le centre historique. Les bâtisses se dessinent autour d'elles, toutes plus charmantes les unes que les autres. Elle aurait donné cher, plus jeune, pour qu'une de ces maisons soit la sienne. N'importe laquelle. C'est toujours le cas aujourd'hui, mais c'est le genre de chose qu'elle garde pour elle. Parce qu'elle est coincée dans son vieil appartement avec le vieux Jacob et que tout ça n'est pas près de changer. Inutile de se faire du mal gratuitement. Certaines choses sont faites pour rester telles qu'elles sont.

Les freins de la vieille bicyclette se lamentent, protestent jusqu'à ce que les pneus quasiment lisses du bolide finissent par s'arrêter de glisser sur les pavés juste devant la porte de Madame Forsberg. Les deux pieds à terre, les doigts encore serrés sur son guidon, Josephine observe les lieux avec une pointe de tristesse, de recueillement. Elle n'a pas mis les pieds ici depuis le décès de la vieille dame et c'est une sensation étrange que de revenir chez elle en sachant qu'elle ne sera pas là pour l'accueillir de son éternel sourire bienveillant, une théière fumante prête à être servie avant que Josephine ne s'attaque à une partie ou une autre de la maison. Au lieu de ça, la métisse ne sait pas réellement à quoi s'attendre. Ou presque. Il n'a pas dit grand chose au téléphone. Simplement qu'il avait besoin d'elle pour mettre de l'ordre dans les affaires de sa grand-mère.

Jesper Forsberg. Elle se souvenait vaguement de lui du temps où tous les deux fréquentaient avec plus ou moins d'assiduité les bancs de l'école. Il ne lui avait jamais été sympathique et elle n'avait jamais particulièrement cherché à le lui être non plus. A vrai dire, comme beaucoup de gens en ville, ils avaient gravité dans les mêmes cercles sans jamais s'adresser la parole. Ils connaissaient l'existence de chacun et ça s'arrêtait là. Point final. Les seuls rapports qu'elle avait entretenus jusqu'ici avec lui se résumaient à quelques coups de fils à propos de Vera, sa jeune soeur, et de la volonté de Madame Forsberg de la voir revenir vivre avec elle à Visby, même temporairement. Echanges qui s'étaient souvent soldés par des combinés raccrochés rapidement après des discussions houleuses et des prises de congés dénuées de politesse. Joséphine n'aimait pas Jesper, et il le lui rendait bien. Autant dire que son appel quelques jours plus tôt l'avait fortement surprise. Et pas nécessairement dans le bon sens du terme.

Descendant de son vélo après avoir poussé un dernier soupir de résignation, comme pour se donner du courage, la jeune femme prend soin de l'attacher une fois encore au poteau le plus proche -comme si ce genre de précautions était nécessaire...- avant de se diriger vers la porte sur laquelle elle donne quelques coups afin de se manifester. Soufflant sur ses doigts transis pour les réchauffer, elle attend patiemment que la porte s'ouvre tout en jetant des regards curieux autour d'elle. Elle remarque au passage les balconnières dont l'ancienne propriétaire des lieux était si fière qui commencent à dépérir et ne peut s'empêcher d'en retirer machinalement les fleurs séchées qui semblent pleurer elles aussi la disparition de leur propriétaire. Elle dépose les têtes coupées sur la terre pour qu'elles y servent de compost lorsque la porte s'ouvre enfin, lui provoquant un léger sursaut, comme si elle venait d'être prise en flagrant délit de Dieu sait quoi.  "Salut...Jesper c'est ça? On s'est eu au téléphone...Joséphine."Souffle-t-elle tout en lui tendant une main polie rougie par le froid.
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyMar 12 Fév - 10:15



Le regard perdu dans le vide, Jesper tirait avidement sur sa cigarette, les pupilles légèrement dilatées par la nicotine qui se diffusait dans ses veines. Un goût sec de tabac enrobait son palais, lui laissant une amertume familière qu'il avait pourtant presque oublié. Cela faisait plusieurs mois qu'il n'avait pas touché à une clope. C'était surtout par mesure d'économie que par égard à sa santé que le pigiste avait renoncé à ce plaisir coupable. Ces merdes coûtaient trop chers. Pourtant, à peine avait-il débarqué sur l'île de Gotland, qu'il s'était empressé d'acheter un paquet de cigarettes. La vie à Visby était pour lui synonyme de stress et d'angoisse, et comme tout bon fumeur à peine sevré, il croyait en la magie de ces tiges libératrices. Belle illusion. Son corps répondait peut-être à l'injection de cette came éthiquement acceptée, son esprit en revanche, continuait de vagabonder entre des pensées toxiques qu'il tentait de repousser dans un coin de sa tête. Jesper n'était pas du genre à trop cogiter. Il se montrait plutôt catégorique et borné dans ses choix –  qui en devenaient parfois dogmatiques – et faisait généralement preuve d'opiniâtreté. Le pigiste n'était pas de ces éternels indécis, de ces idéalistes passionnés, qui pouvaient se complaire dans une existence chimérique. Il était pragmatique, point. Enfin... Il se définissait comme réaliste. Dans les faits, les choses étaient un peu différentes. A vrai dire, le personnage que Jesper offrait au regard du monde n'était qu'une façade, qui commençait doucement à s'effriter, depuis qu'il était revenu à Visby. Cette ville le prenait à la gorge, le poussait dans ses retranchements, et l'obligeait à sortir de sa zone de confort, à mettre de côté sa solitude qu'il chérissait tant. La nuit, il peinait à trouver un sommeil franc et reposant. Il remuait dans son lit d'adolescent, réveillé par des rêves étranges, qui ne s'apparentaient pas à proprement parlé à des cauchemars, mais qui laissaient derrière eux, une dérangeante sensation de malaise. Jesper ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il se sentait complètement paumé, et c'était pourquoi il souhaitait en finir le plus rapidement possible avec cette histoire d'héritage, pour tirer un trait définitif sur sa vie à Visby.

Le pseudo journaliste écrasa nerveusement son mégot, et embrassa la pièce du regard. Des cartons commençaient à s'empiler sur le sol, sur lequel s’amoncelaient quelques moutons de poussière. Jesper n'était pas très rigoureux en matière de ménage. Il s'était donné pour tâche de trier et ranger les affaires de sa défunte parente, et c'était déjà un grand pas pour lui. Le pigiste avait formé trois ensembles : l'un contenant des objets qu'il désirait vendre – l'immense majorité ; un second réunissait les bricoles qu'il préférait donner ; quant à la troisième pile, ridiculement petite par rapport aux deux autres, se composait de ce qu'il souhaitait conserver. Pas grand-chose, en définitive. Jesper n'était pas attaché aux souvenirs. Ce tri lui paraissait extrêmement chronophage. Trois jours. Trois jours qu'il avait le nez dans ce bazar, et il n'avait terminé que deux pièces de la maison – le salon et la cuisine. Pour le reste, il était un peu embêté. Certains placards et armoires des chambres et de la salle à manger étaient fermés à clé, quant au bureau de son grand-père, Jesper avait toujours vu la pièce verrouillée. Il ignorait où se trouvaient les différentes clés et où sa grand-mère conservait ses documents légaux et administratifs. A contre cœur, le pigiste s'était résigné à accepter l'idée qu'il avait besoin d'aide. Il détestait faire appel aux autres et impliquer d'autres personnes dans sa vie, seulement, cette fois, il ne disposait de guère d'autres options. C'était embêtant. Très embêtant, en réalité, car la seule personne à même de l'aider ne lui inspirait que de l'antipathie. Cette Josephine. Jesper ne l'avait pas encore rencontré, mais il savait d'emblée qu'il ne l'apprécierait pas. Les quelques échanges téléphoniques, du temps où la vieille Forsberg souhaitait le retour de Vera à Visby, avaient déjà eu raison du peu de crédit que Jesper aurait pu accorder à Josephine. La jeune femme était alors l'aide de sa grand-mère, et Jesper la tenait pour responsable du farfelu désir de sa parente. Si la vieille dame avait été seule et sans soutien, jamais elle n'aurait réclamé Vera. « Réclamer Vera ». Quelle formulation étrange lui traversait l'esprit, sa sœur n'était pas une marchandise.

Jetant un coup d'oeil par la fenêtre, Jesper aperçut la silhouette de sa terrible invitée et grimaça. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Il s'était montré bref au cours de son appel, et il se demandait à présent si cela était une bonne ou une mauvaise chose. La jeune femme descendit de son vélo et s'avança vers la porte d'entrée. Jesper observa de nouveau l'intérieur de la maison. Il aurait pu prendre la peine de passer un coup de balais et d'aérer l'espace. Une lointaine effluve de tabac avait remplacé l'odeur de renfermé omniprésente au moment de son arrivée. La nouvelle senteur n'était pas un parfum très agréable, mais au moins, la maison ne sentait plus la mort. Soufflant de résignation, il se dirigea vers la porte pour ouvrir à la jeune femme. Josephine sursauta, comme une voleuse face à un policier, et Jesper leva les yeux aux ciels. De toute évidence, il n'était pas dans de bonnes dispositions. « Salut...Jesper c'est ça? On s'est eu au téléphone...Joséphine. » Elle lui tendit une main mordue par le froid, que le pigiste considéra un instant. Il la lui serra, fataliste, sans trop d'énergie, et lança un regard vers les balconnières. « Laisse ça, c'est pas pour faire du jardinage que je t'ai appelé, déclara-t-il d'un ton condescendant. De toute manière avec ce froid, tout va crever avant la fin de la semaine. » Fidèle à lui-même, Jesper tutoya directement la jeune femme, quant bien même il ne prit même pas la peine de répondre à la question de Josephine – il s'était contenté de hocher la tête lorsqu'elle lui avait demandé s'il était bien Jesper. Toujours d'un mouvement de tête, il l'invita à entrer. « Vas-y entre, sinon, on va geler nous aussi. » C'est vrai qu'il faisait assez froid, bien qu'un peu plus doux que le week-end précédent. Une bonne tasse de thé ferait du bien aux organismes, mais Jesper se refusait de proposer quoi que ce soit à Josephine. Hors de question de se réunir autour d'une table pour papoter du temps qu'il fait ou de la mère Forsberg. Plus vite ils en finiraient, mieux cela serait pour tout le monde. Jesper se retourna assez brusquement. Il devait mettre les choses au clair. « Écoute, j'ai bien conscience que la situation n'est agréable pour personne. J'avais pas vraiment envie de t'appeler, encore moins de te faire venir ici, mais je galère avec tout le bazar de ma grand-mère, et j'ai besoin que tu m'aides à y voir plus clair. » Il sortit son paquet de cigarettes et s'en grilla une nouvelle. Un air agréablement chaud tapissa ses poumons et se répandit dans l'ensemble de son corps. Il expira la fumée, sans avoir pris la peine de demander à Josephine si cela la dérangeait ou non. « Je te remercie quand même d'avoir accepter de venir. » Sur ces mots, il se retourna pour pénétrer dans la maison.
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyMer 13 Fév - 21:53

Joséphine détestait être prise par surprise. Pour elle, ça ne présageait jamais rien de bon. C'est comme ça qu'avait disparu sa mère, par surprise, sans crier gare -encore que la majorité des habitants de Visby s'accordaient pour dire que Jacob l'avait bien cherché et qu'il aurait du le voir venir...-. Jesper toutefois, n'avait rien d'une surprise, quelle qu'elle soit. Il était exactement comme ce à quoi Joséphine s'était attendue: hautain et condescendant. Si elle était capable de retrouver en lui un peu de la vieille Madame Forsberg dans ses yeux clairs et ses pommettes saillante, toute ressemblance s'arrêtait là. Pas une étincelle de bienveillance dans son regard, ni même l'ombre d'un sourire, aussi fugace soit-il sur son visage. Rien

Ramenant sa main le long de son corps, Joséphine planta ses yeux ambrés dans ceux de son interlocuteur, lui rendant bien volontiers le regard peu amène qu'il avait posé sur elle à peine la porte ouverte. « Laisse ça, c'est pas pour faire du jardinage que je t'ai appelé. De toute manière avec ce froid, tout va crever avant la fin de la semaine. » A ce train là, c'était certain même si Joséphine se demandait lequel de Jesper ou du temps était le plus froid et lequel des deux aurait raison le premier de sa patience et de ces pauvres fleurs. « Vas-y entre, sinon, on va geler nous aussi. » Esquissant un sourire faussement aimable tout en se promettant de trouver de quoi couvrir les jardinières de Madame Forsberg afin qu'elles puissent tenir jusqu'au retour du printemps, Joséphine entra à la suite de son hôte. « Merci, c'est trop aimable...» Souffla-t-elle pour elle même quand bien même l'idée de voir ce type mourir des complications d'une engelure ne lui posait personnellement aucun problème.

Faisant quelques pas à la suite de Jesper, Joséphine referma la porte presque entièrement avant de la ré-ouvrir de quelques centimètres pour s'assurer que personne n'était là à attendre.Personne. Comme toujours. Fermant la porte pour de bon, elle retroussa légèrement le nez lorsqu'elle inspira pour la première fois depuis son arrivée l'air vicié du couloir. A la place de l'odeur réconfortante des vieilles personnes, savant mélange de savon, d'eau de Cologne et des effluves caractéristiques d'un intérieur propre et soigné, une odeur écœurante de tabac froid et de poussière s'imposait désormais dans les lieux. A peu de choses près, le ravissant cottage de Madame Forsberg était devenu une vulgaire garçonnière.

Jetant des regard curieux autour d'elle pour essayer de se faire une idée de tout ce qui avait pu changer ici depuis que Monsieur amabilité s'était retrouvé érigé au rang de maître des lieux bien malgré lui, Joséphine eut un nouveau sursaut lorsque Jesper se retourna brusquement pour lui faire face, manquant de provoquer une collision entre leurs deux corps dans la manœuvre. Lui jetant un regard courroucé, agacée qu'il s'amuse à faire battre son coeur comme un dératé dans sa poitrine, la jeune femme poussa un soupir tandis qu'il reprenait la parole.« Écoute, j'ai bien conscience que la situation n'est agréable pour personne. J'avais pas vraiment envie de t'appeler, encore moins de te faire venir ici, mais je galère avec tout le bazar de ma grand-mère, et j'ai besoin que tu m'aides à y voir plus clair. » Haussant un sourcil, la jeune femme finit par les froncer tous les deux lorsqu'il sortit un paquet de cigarette pour en glisser une entre ses lèvres et l'allumer presque aussitôt, expirant un nuage de fumée blanchâtre. « Je te remercie quand même d'avoir accepté de venir. » - « C'est sur que comme ça, on va y voir plus clair...» Marmonna-t-elle tout en chassant la fumée qui lui chassait les poumons tandis qu'il reprenaient leur marche pour s'enfoncer un peu plus loin dans la maison. « En tout cas, je trouve ça drôle que tu fasses allusions au caractère désagréable de la situation. J'étais justement en train de me demander ce qui était le plus désagréable. La situation, ou toi?- Et surtout ne te méprends pas, c'est pas pour toi que je suis venue, mais pour ta grand-mère» Ajouta-t-elle avec un sourire moqueur tout en se glissant entre le jeune homme et le mur pour passer devant lui. Défaisant son manteau pour se mettre plus à son aise, elle entra dans le salon dans l'idée de le déposer sur une chaise mais suspendit son geste lorsqu'elle constata l'état dudit salon. Ou plutôt de ce qu'il en restait...« Tu fais du tri ou tu a l'intention de faire de cet endroit une maison témoin? Il ne reste plus rien! » Voir le salon si vide, débarrassé du moindre bibelot, du moindre objet qui rendait la pièce vivante, chaleureuse, serra le coeur de la jeune femme. La pièce avait perdu tout  son charme et semblait vide, froide. Un peu comme son nouveau propriétaire...
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyDim 17 Fév - 11:37



Jesper n'était à proprement parlé une mauvaise personne. Il était désobligeant, impoli, insolent, égoïste – hormis lorsqu'il s'agissait de Vera – et se montrent bien souvent imbuvable, cela étant, en définitive, il n'avait pas mauvais fond. Seulement, il considérait chose plus aisée d'offrir au regard des autres cette image d'impertinent jeune homme, que de dévoiler cette sensibilité, cette hypersensibilité dans le cas présent, qui le rendait vulnérable. L'arrogance constituait la meilleure des protections, Jesper en était convaincu. L'idée était en réalité assez simple : apparaître détestable pour maintenir les gens éloignés de lui. C'était précisément ce schéma qu'il reproduisait en cette glaciale matinée, alors qu'il recevait une Josephine au visage gercée par le froid. Il fallait néanmoins reconnaître que Jesper mettait particulièrement de cœur à l'ouvrage et lançait des remarques plus odieuse les unes que les autres. Cette hostilité démultiplié s'expliquait par deux raisons cardinales : 1) Il n'appréciait pas Josephine 2) Ranger la maison de feu sa grand-mère lui procurait autant de plaisir qu'une balade sans bonnet par temps de tempête.

Les quelques piques teintée de sarcasme qu'envoya le pigiste dès l'arrivée de la jeune femme plantèrent immédiatement le décor. De toute évidence, Josephine partageait le sentiment d'exaspération de Jesper – certainement leur seul point commun – et malgré son sourire de façade, le suédois remarqua l'agacement de l'auxiliaire de vie. Alors qu'il l'invita à entrer, elle prononça quelque chose, que Jesper ne parvint à entendre, mais qui devait sans doute être l'expression de son irritation. Il constata qu'à peine entrée, elle dévisagea l'intérieur de la maison, masquant difficilement sa surprise. Il était vrai que l'ensemble avait un peu changé depuis le décès de la vieille dame, exit les pelotes de laine, le journal local et toutes ces conneries de personnes âgées. A la place, un cendrier plein de mégot, des assiettes encore sales et des piles d'affaires entassées remplissaient désormais la pièce à vivre, qui arborait des allures de colocation étudiante. La chose était assez surprenante, en réalité, car Jesper n'était pas par nature bordélique. Bien qu'il ne soit pas aussi parfait qu'une photo d'un catalogue Ikea, son studio à Stockholm était plutôt rangé, et propre. Ici, c'était un peu différent, mais cela tenait sans doute au fait que le pseudo-journaliste méprisait cet endroit et tout ce qu'il représentait. Visby et ses gens trop heureux lui filait la nausée.

Josephine sursauta lorsqu'il se tourna subitement vers elle pour mettre les choses au clair. Elle haussa un sourcil, fixant la fumée de cigarette qui sortait de la bouche de Jesper. Le jeune homme devinait sans mal les pensées réprobatrices de Madame Bienveillance Exaspérante. « C'est sur que comme ça, on va y voir plus clair... » Jesper leva les yeux aux ciels, sans prendre la peine de répondre, alors qu'elle chassait la fumée d'une main. «  En tout cas, je trouve ça drôle que tu fasses allusions au caractère désagréable de la situation. J'étais justement en train de me demander ce qui était le plus désagréable. La situation, ou toi?- Et surtout ne te méprends pas, c'est pas pour toi que je suis venue, mais pour ta grand-mère, déclara-t-elle tout en doublant son hôte, un sourire railleur plaqué sur le visage. » Jesper n'en croyait pas ses oreilles. Mais pour qui se prenait-elle cette gourde ? Ne dissimulant pas sa surprise, il écarquilla les yeux et ses lèvres se déformèrent pour exprimer le dégoût. Quelle garce, songea-t-il. Il la toisa, tandis qu'elle s'enfonça dans le salon, prête à déposer son manteau sur une chaise, sans la moindre gêne, comme si elle eut été chez elle. Elle se ravisa néanmoins, et laissa échapper une remarque sur l'état du salon. Jesper laissa échapper un soupir ironique et fit claquer sa langue contre son palais. « Avant toute chose, tu dois savoir que je ne suis pas hypocrite, tu sais. Je ne t'aime pas. Je te trouve crispante et complètement rasoir. Tu es une vraie enquiquineuse. Je vois pas pourquoi je ferais des efforts pour me montrer aimable. » Il vint se planter devant la jeune femme, et lui lança un sourire dédaigneux, avant de poursuivre. « En ce qui concerne la maison, je te remerciera de ne pas faire de commentaire. En fait, je suis ici chez moi désormais, et je fais ce que j'en veux. Si je veux transformer la piaule en bordel, je le fais, capito ? » Jesper ricana intérieurement à cette idée saugrenue. En réalité, il n'avait nullement l'intention d'offrir une autre vie à la maison, il cherchait juste à la rendre la plus impersonnelle possible pour la vendre rapidement. C'était l'agent immobilier qui lui avait conseillé cela. Mais en l'instant, il trouvait amusant de jouer avec les nerfs de Josephine, qui, de toute évidence était très attachée à la demeure. Il glissa une main dans ses cheveux qui lui tombaient sur le visage et plissa les yeux. « J'sais pas ce que ma grand-mère te permettait de faire, mais elle était trop gentille, et nombreux sont ceux qui ont abusé de sa gentillesse. ». Il dévisagea Josephine avec une expression accusatoire qui en disait long sur ce qu'il pensait, et tira de nouveau sur sa cigarette, recrachant volontairement la fumée sur son hôte. Il s'était approché d'elle, plus par volonté de la scruter plus en détail que dans l'espoir de se montrer intimidant. « Les choses étant dites de ton côté comme du mien, on va pouvoir se mettre au travail. »

Il s'avança vers les différents tas et les désigna à la jeune femme. Il pointa du doigt un tas ridiculement petit, essentiellement composé de bijoux – qu'il réservait à Vera – et de bouquins qu'il avait lu étant gamin, les livres étant d'ailleurs la seule chose qu'il refusait de jeter. « Ça c'est que je garde. » Il montra ensuite une autre pile, constituait de meubles et d'objets rares ou de qualité. « Ça, je le vends. » Puis, enfin, il se dirigea vers le dernier ensemble, le plus imposant, où trônaient honteusement des bibelots et de la vaisselles, des objets de peu de valeurs, mais qui étaient pourtant ceux qui en avaient eu le plus pour la vieille Forsberg. « Et ça, c'est direction les associations de charité. Mais bon, tu veux faire ton marché, si tu veux, tu m'as l'air sacrément attaché à ce genre de connerie. » Provocateur, il tira une dernière latte, avant d'écraser son mégot sur un charmant patchwork fleuri, le préféré de sa grand-mère. Il n'avait rien contre ce pauvre patchwork, à vrai dire, il l'aimait bien, mais l'envie de blesser Josephine était bien trop forte pour qu'il y résiste.
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyMar 19 Fév - 23:31

Au fond, Joséphine et Jesper avaient bien plus en commun qu’ils ne voudraient jamais l’admettre. Chacun à sa façon cherchait à cacher sa vulnérabilité au reste du monde. Lui en se montrant le plus désobligeant possible, quitte à se faire détester pour de mauvaises raisons, elle, tenant à l’écart tous ceux qui cherchaient à se rapprocher d’elle trop intimement, quitte à passer le reste de sa vie seule avec Jacob. En définitive, ils en arriveraient au même point. Quand bien même ils empruntaient des chemins différents pour y arriver, ils se retrouveraient seuls. Tous les deux. Oh the irony.

Passablement irritée par l’attitude du jeune homme, bien que partiellement amusée par l’énergie qu’il dépensait inutilement à vouloir se montrer désagréable à son égard, Joséphine était bien décidée à ne pas se laisser faire. S’il pensait trouver en elle la parfaite petite victime, il se fourrait le doigt dans l’œil. Profondément.

Le suivant à l’intérieur de la maison, ou du moins ce qu’il restait de la maison de la pauvre Madame Forsberg, la métisse nota dans un coin de sa tête tous les changements qu’il avait apporté à cet endroit. Et au grand regret de la jeune femme, ils étaient nombreux. Le pire était sans doute l’odeur de nicotine froide qui régnait à présent dans les lieux, imprégnant les tapisseries et les tentures. Répugnant. Le parfait petit cottage de la pauvre Madame Forsberg n’était plus que l’ombre de lui-même. En témoignait les trois piles disparates qui trônaient au milieu du salon lorsque Joséphine y entra dans l’espoir d’y déposer son manteau. Les précieux bibelots, tous les souvenirs de l’ancienne propriétaire des lieux se trouvaient amoncelés dans un coin de la pièce, posés – pire, jetés- là sans ménagement. Son manteau plié sur le bras plaqué sous sa poitrine, l’auxiliaire de vie de ne se priva pas d’y aller de son petit commentaire. Elle désapprouvait clairement. Se retournant vers Jesper, elle l’observa s’approcher sans sourciller, une moue réprobatrice sur le visage qui se transforma en un petit sourire moqueur lorsque les paroles de l’homme lui parvinrent. « Avant toute chose, tu dois savoir que je ne suis pas hypocrite, tu sais. Je ne t'aime pas. Je te trouve crispante et complètement rasoir. Tu es une vraie enquiquineuse. Je vois pas pourquoi je ferais des efforts pour me montrer aimable. » Un sourcil légèrement haussé, se mordant l’intérieur de la joue pour ne pas exploser, de rire ou de colère, elle le laissa terminer sa tirade avant de s’autoriser à son tour à lui faire part de sa pensée. « En ce qui concerne la maison, je te remercierais de ne pas faire de commentaire. En fait, je suis ici chez moi désormais, et je fais ce que j'en veux. Si je veux transformer la piaule en bordel, je le fais, capito ? ». Chassant le chat qui s’était installé dans sa gorge, la métisse s’appliqua à soutenir le regard de Jesper qui s’était approché d’elle sans doute dans l’espoir de l’intimider. L’intention était louable, mais loin de faire mouche. Il ne lui faisait pas peur. Il l’amusait. « Avant toute chose » Ironisa-t-elle en prenant soin de reprendre les propres mots du suédois. « Tu dois savoir que c’est un sentiment plus que partagé. Par contre, moi je vois parfaitement pourquoi tu devrais faire des efforts. Tu as besoin de moi pour venir à bout de tout ce bazar si tu veux vraiment pouvoir faire ce que tu veux de la maison. Capito ? D’ailleurs, j’imagine que ta sœur a tout de même son mot à dire. Tu crois qu’elle approuverait ce que t’es en train de faire de cet endroit ? »

Elle ignorait ce que Vera penserait de l’endroit maintenant que Jesper en avait fait son fief. Elle aimait pourtant à s’imaginer que la jeune femme serait de son côté. Elle ne lui avait parlé que quelques fois au téléphone, mais le courant était plutôt bien passé entre elles. A peu de choses près, Joséphine était certaine que Vera en voudrait-elle aussi à Jesper de se débarrasser de tout ce qui faisait l’âme de cette maison. Et en abordant le sujet sensible qu’était sa sœur, l’auxiliaire de vie espérait faire réagir l’héritier. Ce fut pourtant lui qui la fit réagir le premier en remettant en cause les raisons qui avaient poussées la jeune femme à s’occuper de la vieille Madame Forsberg. « J'sais pas ce que ma grand-mère te permettait de faire, mais elle était trop gentille, et nombreux sont ceux qui ont abusé de sa gentillesse. » L’aspect financier n’était bien entendu pas étranger à leur relation. Joséphine travaillait pour la vieille dame avant tout, mais la métisse avait réellement finit par s’attacher à Madame Forsberg et avait beaucoup appris à ses côtés. Elle détestait ce que Jesper insinuait et la lumière d’amusement dans son regard s’était tarie, laissant place à une colère vivace. Ses yeux ambrés rivés dans ceux de son hôte dont elle aurait pu apprécier la couleur claire s’il elle ne l’avait pas trouvé détestable, elle serra les dents mais ne prit pas la peine de lui répondre. Essayer de se défendre reviendrait à se rendre coupable d’un crime qu’elle n’avait pas commis, et elle ne lui ferait pas ce plaisir. « Les choses étant dites de ton côté comme du mien, on va pouvoir se mettre au travail. »

S’éloignant de Jesper comme si sa présence à ses côtés risquait de lui provoquer des brulures, Joséphine suivit ses gestes du regard lorsqu’il lui désigna les trois piles inégales qui se dressaient au milieu du salon. « Ça c'est que je garde. -Ça, je le vends. - Et ça, c'est direction les associations de charité. Mais bon, tu peux faire ton marché, si tu veux, tu m'as l'air sacrément attachée à ce genre de connerie. » Déposant son manteau sur une chaise restée libre, la jeune femme poussa un soupir tout en lançant un regard las en direction du plaisantin. « Tu fais preuve d’un humour à… » Il ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Bouche bée de stupéfaction, elle l’observa écraser sa cigarette sur le patchwork favori de sa grand-mère à travers le nuage de fumée blanchâtre qu’il venait de recracher. « Mais t’es un vrai malade ma parole ! » Lança-t-elle en tirant sur la couverture pour la dégager de la pile qui la contenait et l’éloigner du Jesper. « T’es obligé de détruire tout ce que tu touches ? C’était le préféré de ta grand-mère ! Un peu de respect ! » Imbécile… C’était aussi son patchwork préféré dans la maison. La vieille propriétaire avait passé de nombreuses heures à lui raconter son histoire. Et voilà qu’un trou ornait désormais l’un des carrés de tissus les plus chargés de souvenirs. « Si t’as l’intention de tout abimer ici, ne compte pas sur moi. Je m’en vais sur le champ et tu te débrouilleras tout seul ok ? » Ajouta-t-elle en balançant le tissus au visage du jeune homme.
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyMer 27 Fév - 21:50



Il aurait dû cramer cette piaule. Pourquoi n'avait-il pas cédé à cette pulsion destructrice, qui sonnait comme une délivrance ? Pourquoi n'avait-il pas tout envoyer paître, comme il savait si bien le faire d'ordinaire, lorsque les choses tournaient mal ? Alors qu'il tentait de prendre suffisamment de recul vis-à-vis de la situation dans laquelle il s'était lui-même empêtré, cette solution radicale palpitait dans son esprit. Il aurait été tellement plus simple de laisser la maison de sa grand-mère pourrir dans sa décrépitude ou de la donner en pâture aux mouettes, qui y auraient installés un nid plutôt cossu. Pas de retour à Visby. Pas de tri d'affaires. Et pas de Josephine. Surtout pas de Josephine. Si Jesper était parvenu à supporter ces quelques semaines coincé à Visby, au point d'oublier parfois ce qui le poussait à haïr la ville, la venue de la jeune femme sonnait ressemblait à une piqûre de rappel. Elle représentait tout ce qu'il méprisait : la bienveillance et l'empathie excessives à l'égard des autres – ô grand jamais, il n'aurait choisi d'embrasser une carrière fondée sur l'aide à la personne. Il jugeait ce type de sentiments hypocrites et déplacés. Enfin, en l'occurrence, il les appréhendait avec autant de sévérité pour la bonne et simple raison qu'ils étaient associés à Josephine. En réalité, Jesper essayait, derrière des raisonnements branlants, de justifier la rancœur qu'il éprouvait envers cette pauvre fille qu'il n'avait pourtant jusqu'alors jamais rencontré. Inutile rencontre, Josephine s'était comportée vis-à-vis de Vera comme l'ensemble des habitants de Visby, et cela avait suffi à mettre Jesper en rogne : comme beaucoup, elle avait pensé pouvoir interférer dans la vie de Vera, un peu comme si la cadette Forsberg était propriété de la ville et que tout le monde avait son mot à dire. Le pigiste s'indignait d'une pareille attitude, sans se rendre compte, qu'en réalité, il agissait sensiblement de la même manière. Mais Vera était à lui, et à lui seul. Ensembles, ils formaient un noyau indivisible, et les autres n'étaient que des atomes gravitant autour d'eux.

Raclement de gorge. Alors que Jesper s'évertuait à mettre les points sur les i, en cherchant tant bien que mal un semblant d'autorité que, de toute évidence, il ne possédait pas, Josephine paraissait s'amuser de cette démonstration de force un peu bancale. Cela crispa plus encore le pseudo-journaliste, qui pestait de ne pas parvenir à se faire respecter comme il l'aurait souhaité. « Avant toute chose, avait-elle déclamé, en se moquant ouvertement de Jesper. Tu dois savoir que c’est un sentiment plus que partagé. Par contre, moi je vois parfaitement pourquoi tu devrais faire des efforts. Tu as besoin de moi pour venir à bout de tout ce bazar si tu veux vraiment pouvoir faire ce que tu veux de la maison. Capito ? D’ailleurs, j’imagine que ta sœur a tout de même son mot à dire. Tu crois qu’elle approuverait ce que t’es en train de faire de cet endroit ? » Elle n'avait pas tord. Après tout, c'était le pigiste qui demandait de l'aide. Que Josephine en éprouve le désir ou non, il n'en demeurait pas moins qu'elle rendait service à Jesper. Elle était donc en droit de claquer la porte quand bon lui semblait, et le jeune homme avait tout intérêt à ne pas la pousser dans ses retranchements, s'il espérait arriver à bout de la pagaille qui s'accumulait dans la maison. Pour autant, le suédois était trop orgueilleux pour le reconnaître, et la mention de sa sœur suffit à le propulser dans une colère qu'il s'efforça de contenir. Un instant, il se vit en train d'empoigner Josephine en lui hurlant de se la fermer, mais il n'en fit rien. N'entre pas dans son jeu. Ne la laisse pas gagner, se répéta-t-il plusieurs fois. Faisant claquer sa langue contre son palais, il émit une sorte de grognement, avant de lancer un regard noir à la jeune femme. Des éclairs sortaient de ses yeux. « Vera a perdu sa mobilité dans cette maison, tu crois vraiment qu'elle en a quelque chose à foutre de ce que ce tas de pierre devient ? » Volontairement vulgaire, il jouait la provocation, l'offensive comme meilleure défense, oubliant un instant qu'il tendait le bâton pour se faire battre puisque c'était précisément à cause de lui que le tragique événement s'était produit.

Décidé à ne pas enterrer la hache de guerre, il poursuivit ses attaques, armé de sous-entendus malvenus sur les intentions de Josephine vis-à-vis de sa grand-mère. Visiblement, l'entreprise de Jesper fut un succès puisque Josephine battit en retraite et s'éloigna de son hôte, pour aller déposer son manteau sur une chaise libre. Jesper la regarda faire et en conclut qu'elle s'était décidée à rester et à lui filer le coup de main dont il avait terriblement besoin. Une partie de lui, qu'il fit immédiatement taire, admirait la patience de la jeune femme. A sa place, il aurait déjà quitter les lieux à perte et fracas. Alors qu'elle s'apprêtait à commenter le système de tri mis en place par l'écrivain raté, elle s'interrompit et s'indigna en le voyant écraser son mégot sur un pauvre patchwork qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Encore gagné! «  Mais t’es un vrai malade ma parole ! T’es obligé de détruire tout ce que tu touches ? C’était le préféré de ta grand-mère ! Un peu de respect ! » Elle avait retiré le morceau de tissu d'un geste vif, sans doute pour le préserver d'une nouvelle offensive, avant de le jeter au visage de Jesper. « Si t’as l’intention de tout abimer ici, ne compte pas sur moi. Je m’en vais sur le champ et tu te débrouilleras tout seul ok ? » Irrité par le ton employé par Josephine, Jesper déchira tant bien que mal le fameux patchwork. Il voyait rouge. Ecarlate. Il serra la mâchoire, alors que sa respiration s'accélérait. « Tout est déjà abîmé dans cette saleté de maison ! Ce ne sont que les objets d'une vieille femme qui s'est laissée mourir. Tu crois qu'en conservant tout ça, elle va revenir à la vie ? Faut grandir un peu ! » Il tremblait, fébrile, s'approchant de Josephine pour lui prendre la main et lui enfoncer un morceau du patchwork à l'intérieur. « Ce tissu n'est qu'un vulgaire tissu. Et toutes ces merdes – il désigna les tas d'objets empilés – n'ont aucune valeur. Tout ce qu'il reste dans cette piaule, ce sont des souvenirs qui méritent seulement d'être bazardés ! » Sur le point de poursuivre son monologue, Jesper décida finalement de se taire, recouvrant doucement ses esprits après ce pic de colère. Il s'était emporté et il le regrettait. Non pas vis-à-vis de Josephine, mais bien parce qu'il s'était un peu trop découvert à son goût. Il le savait, cet instant d'hystérie n'était que l'expression de la tristesse qu'il avait repoussé dans un coin de son esprit, convaincu que s'il ne lui accordait aucune importance, elle disparaîtrait.

S'éloignant à son tour pour cacher le rouge de ses joues, il se dirigea vers l'une des fenêtres et fixa un instant l'extérieur. Pas une âme. Il se retourna, considérant Josephine quelques secondes. Il aurait dû s'excuser. Pour le patchwork. Pour… ça. Mais il ne parvenait à s'y résoudre. Pourtant, ils devaient bel et bien trouver un compromis s'ils espéraient fournir un travail efficace. « Bon… Je crois qu'on a mal commencé. » Il enfonça sa main dans sa chevelure, autant pour replacer cette même mèche qui lui tombait tout le temps sur le visage que pour se donner de la contenance. « Très bien, je n'abîmerai plus rien. On dirait bien que cette maison est comme un temple pour toi, alors je ferai l'effort de ne pas le profaner » Trop tard, mon grand. « Je veux dire, je ferai en sorte de ne pas insulter la mémoire de cet endroit. » Il chercha le regard de la jeune femme, le visage étonnement dénué d'expression de dédain. « En échange, je te demande simplement de respecter mon point de vue sur la chose. De ne pas m'interdire de jeter ce que je souhaite et de me faire grâce de tes commentaires désobligeants. Si tu t'en sens incapable, je t'en pris, la porte est ouverte. Mais si tu restes, ce sont les termes du deal. Marché conclu ? » Et il lui tendit une main. Une main fragile, pâle, sur laquelle se dessinait des veines saillantes. Ce n'était pas un geste de réconciliation, mais peut-être la promesse d'une possible paix future.  
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MessageSujet: Re: Pleasure's not mine [Jesper]   Pleasure's not mine [Jesper] EmptyMer 6 Mar - 23:58

Elle pouvait voir la colère luire dans les iris bleutées du jeune homme. Sa mâchoire crispée le rendait intimidant, presque menaçant mais Joséphine ne se laisserait pas impressionner. Jesper était un de ces jeunes chiens fous. Il aboyait beaucoup, un peu fort, mais ne mordait pas. Son seul but était de maintenir les autres à distance. Si c’est ce qu’il cherchait, il allait être servit. La métisse avait autre chose à faire que perdre son temps avec quelqu’un qui ne voulait pas de son aide. Quelque chose pourtant la poussait à rester, à jouer avec la corde sensible. Vera. Elle savait qu’en abordant le sujet, elle pousserait Jesper dans ses retranchements. Elle espérait qu’en le malmenant un peu, il finirait par montrer son côté humain, celui qu’il cachait habilement derrière la réputation de monstre qu’on lui avait collé et qu’il semblait se plaire à entretenir. Personne ne pouvait être aussi mauvais. Encore que…

Tout ce qui brillait dans le regard du suédois alors qu’il se tenait à quelques pas d’elle n’était que pure animosité. Joséphine était certaine que s’il en avait eu la possibilité, si jamais elle lui en laissait l’occasion, il la crucifierait sur place sans le moindre état d’âme. Bye bye birdie. Soutenant son regard, la jeune femme pris une inspiration profonde lorsqu’il lui parla de Vera à son tour. « Vera a perdu sa mobilité dans cette maison, tu crois vraiment qu'elle en a quelque chose à foutre de ce que ce tas de pierre devient ? » -« Je crois pas, j’en suis sure. Ca a été chez elle. Ca l’est toujours un peu… » C’était la réponse la plus logique, la plus sincère aussi. Même si cette maison était partie intégrante d’un mauvais souvenir, Joséphine savait de source sure que Vera serait sans doute attristée de voir son frère faire tout ce qui était en son pouvoir pour détruire tout ce qui faisait l’âme de cet endroit. Elle le savait parce qu’elle aussi rattachait tout un tas de mauvais souvenirs au vieil appartement qui lui servait de maison. La nuit où sa mère était partie, toutes celles qui avaient suivi où son père était rentré ivre mort, puis les suivantes qu’il avait passé à boire jusqu’à ce que sa tête devenue trop lourde rebondisse sur son torse… Et pourtant, c’était chez elle. Et elle tenait à cet endroit. C’était probablement la même chose pour Vera. Joséphine avait du mal à imaginer qu’il puisse en être autrement. Le centre dans lequel se trouvait la jeune handicapée ne pourrait jamais remplacer un véritable foyer. Quand bien même elle avait perdu l’usage de ses jambes entre ces murs. Ils lui resteraient toujours chers, quoi qu’en disent Jesper et son mauvais caractère.

Réservant son silence aux accusations du jeune homme, préférant jouer la carte de l’indifférence plutôt que de lui donner la satisfaction de s’avouer coupable d’un crime qu’elle n’avait pas commis en tentant de se défendre, Joséphine était toutefois incapable de regarder le nouveau propriétaire des lieux prendre son pied en détruisant tout ce qui se trouvait à portée de ses mains osseuses sans sentir la colère bouillir dans ses veines à son tour. Lui arrachant le plaid des mains avant de le lui jeter rageusement au visage, la métisse lui adressa son regard le plus noir, menaçant de partir. S’il n’était pas capable de se montrer plus respectueux, leur collaboration en resterait là. Tant pis pour lui.

La réaction du jeune homme ne fut pourtant pas celle à laquelle elle s’attendait. Au lieu de se radoucir et de tenter de la convaincre de rester, Jesper se donna pour mission de mettre le pauvre patchwork en pièces tout en vociférant. « Tout est déjà abîmé dans cette saleté de maison ! Ce ne sont que les objets d'une vieille femme qui s'est laissée mourir. Tu crois qu'en conservant tout ça, elle va revenir à la vie ? Faut grandir un peu ! » Les yeux rivés sur lui, Joséphine l’observait, interdite. Ses paroles l’avaient interpellée. A travers la violence de ses propos transparaissait toute autre chose. Sa douleur. Il en voulait à Madame Forsberg, à cette grand-mère qui s’était laissée mourir selon lui. Elle l’avait abandonné. Elle les avait abandonnés. Lui et Vera.

Surprise de le voir s’approcher encore pour lui fourrer un morceau du tissu qu’il avait arraché au reste de la couverture, Joséphine baissa les yeux sur l’étoffe qui remplissait sa main avant de suivre du regard les mouvements amples du jeune homme qui lui désignait le reste des affaires de la vieille femme. « Ce tissu n'est qu'un vulgaire tissu. Et toutes ces merdes n'ont aucune valeur. Tout ce qu'il reste dans cette piaule, ce sont des souvenirs qui méritent seulement d'être bazardés ! » Elle connaissait cette colère. Elle avait ressenti la même lorsque sa mère l’avait abandonné elle aussi. La seule différence, c’est que sa mère, elle, avait choisi de partir. Il était infiniment plus difficile de faire le deuil d’une personne lorsque l’on savait qu’elle était toujours là, quelque part. Jesper et Vera n’avaient pas d’autre choix que de finir par accepter la disparition de leur grand-mère. Joséphine, elle, passerait le reste de sa vie à se demander où, et surtout pourquoi sa mère avait soudainement disparu. Quelque part, elle enviait Jesper, parce qu’une fois les différentes étapes du deuil dépassées, il finirait par accepter. Pas elle.

L’observant s’éloigner, Joséphine prit une profonde inspiration. Elle était tiraillée entre la colère et la compassion que lui inspirait soudainement Jesper. Luttant contre elle-même pour ne pas s’approcher du suédois afin de lui témoigner un peu de sympathie, en posant sa main sur son épaule ou en venant l’enlacer, elle se contenta de l’observer, touchée. De toutes les choses qui les entouraient, Jesper semblait être la pièce la plus abimée. S’apprêtant à ouvrir la bouche pour tenter de ramener le calme, la jeune femme fut surprise de le voir se retourner et l’observer quelques secondes avant de reprendre la parole. « Bon… Je crois qu'on a mal commencé. » Un sourcil légèrement haussé, la métisse laissa échapper un petit rire amusé. « Tu crois ? ». Un sourire malin sur les lèvres, elle fit tout son possible pour retrouver son sérieux et adopter un visage de circonstance devant ce qui semblait être un discours de cessez le feu. « Très bien, je n'abîmerai plus rien. On dirait bien que cette maison est comme un temple pour toi, alors je ferai l'effort de ne pas le profaner - Je veux dire, je ferai en sorte de ne pas insulter la mémoire de cet endroit. » Trouvant son regard, elle l’observa quelques secondes en silence, comme pour tenter de déceler ce qui clochait dans son discours. Elle avait du mal à croire qu’il puisse passer ainsi, de la colère à la rédemption en une fraction de secondes. Décidément, Jesper Forsberg était un putain de mystère. « Merci, c’est gentil » Souffla-t-elle sans le contredire. Il n’avait pas tout à fait tort en parlant de temple. La maison de la vieille Madame Forsberg s’était souvent révélé être un véritable havre de paix comparé à l’appartement de son père et ses effluves de bière. « En échange, je te demande simplement de respecter mon point de vue sur la chose. De ne pas m'interdire de jeter ce que je souhaite et de me faire grâce de tes commentaires désobligeants. Si tu t'en sens incapable, je t'en prie, la porte est ouverte. Mais si tu restes, ce sont les termes du deal. Marché conclu ? » Baissant les yeux vers la main tendue du jeune homme, Joséphine la considéra quelques instants sans pourtant esquisser le moindre geste dans sa direction. S’il voulait établir des règles, elle allait elle aussi donner ses conditions. «Je garderais mes commentaires pour moi à condition que tu cesses tes petites crises. La prochaine fois que tu hausses le ton ou que tu abimes quelque chose, je m’en vais. Et je ne reviendrais pas, même si tu me supplies à genoux.  Et je veux que tu demandes pardon pour toutes les saloperies que tu m’as balancé aujourd’hui… Et pour ce pauvre plaid aussi… » Ajouta-t-elle en désignant le patchwork, ou ce qu’il en restait, d’un signe de la tête. Tendant à son tour la main en direction de Jesper, elle planta son regard dans celui du suédois, attendant elle aussi qu’il accepte les conditions du marché. Hors de question qu’elle soit celle qui cèderait la première. Question de fierté. "Marché conclu?"
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