Roses and Ruins
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 sundown syndrome · juniperon

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Aron Strömquist
Aron Strömquist
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Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

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MessageSujet: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyMer 11 Nov - 19:20



s u n d o w n · s y n d r o m
juniperon


« Be careful on the road. And text me when you get there ! » Juniper adresse aux visiteurs un dernier geste de la main enjoué depuis le seuil de la maison, et enfin, referme la porte. Aron laisse échapper un soupir de soulagement involontaire, bien que discret. « It’s only a twenty-minute ride to the hotel, i’m sure he’ll manage. » il répond à voix basse, sans vraiment s’adresser à June, alors qu’ils ne sont plus que tous les deux dans le petit salon de sa cabane. La jeune femme ne relève pas, s’adossant à la porte d’entrée en bois, un large sourire vissé au visage.

Depuis le canapé à quelques mètres de là, Aron tend les bras vers le plafond, étire ses épaules, masse sa nuque. Dehors, le soleil s’est couché depuis une bonne heure déjà ; ils étaient parmi les derniers à quitter le Seal’s Sanctuary de Götland. Ça avait été son idée : la perspective de rester piéger dans la minuscule maison de Juniper avec son ex-mari l’avait angoissé. Le grand air, l’action, la nature : il savait qu’il s’y sentirait bien plus à l’aise qu’ici, où il avait parfois la sensation d’être un ours dans une maison de poupées. Il connaissait bien les lieux ; quelques unes de ses connaissances y travaillaient. Et puis l’île ne comptait que peu d’attractions ; en général, arrivé à l’âge de la majorité, tous les habitants de Götland avaient fait le tour de chacune d’entre elles deux fois.

L’après-midi était passé plus vite que ce qu’il avait anticipé, il devait bien l’admettre. La météo avait été avec eux, et comme il l’avait prédit, les phoques avaient rencontré un franc succès auprès de Rose. La fillette avait observé les animaux avec un sérieux désarmant et une curiosité communicative, laissant même Aron — ce géant inconnu — la porter pour ne pas louper une miette de l’intervention d’un soigneur dans le petit bassin de la nursery. « I think that went really well. » Juniper rayonne. Elle se tient toujours contre la porte, savourant les derniers instants de cette rencontre.

« Did it? » il répond, faussement distrait, une pointe de sarcasme dans la voix. Un observateur non avisé aurait admit que oui, bien entendu, l’après-midi semblait avoir été une réussite à tous les niveaux. Le petit quatuor improbable avait passé une après-midi sans encombres, chaque changement de rythme — un passage aux toilettes pour Rose, un arrêt au stand de beignets, la sélection d’un souvenir dans la boutique — se fondant parfaitement les uns avec les autres, laissant Rose, et subséquemment Juniper, ravie. Pourtant, entre Jasper et Aron, c’était une toute autre pièce de théâtre qui s’était jouée, en filigrane. Le premier contact avait été détendu, la poignée de main sincère. La suite fut plus nuancée. Peut-être était-ce parce qu’Aron les cherchait, ces petits détails ; il les attendait, les scrutait. Si en surface Jasper s’était révélé un homme tout à fait charmant, ces petits riens avaient fini par l’atteindre à un niveau cellulaire. Le niveau de sa voix. Pourquoi se sentait-il obligé de parler si fort? Ils n’étaient une poignée d’âmes, sur cette putain d’île : tout le monde était en mesure de s’entendre sans hausser le ton. Son blond californien. Sa manière toute américaine de marcher dans les allées comme si le lieu lui appartenait. La désinvolture avec laquelle il repassait aussitôt à l’anglais après avoir concédé un « Hallå » paresseux à qui voulait bien l’entendre. Son engouement face aux détails les plus anodins. Les beignets qu’il avait trouvé delicious — quoi qu’un peu secs. Aron s’était retenu très fort de ne pas lever les yeux au ciel après son « We have so much to learn from scandinavian people. »

Le suédois s’allonge sur le canapé en faisant mine de feuilleter un des livres qui trainait là, et ajoute  : « The seals were, indeed, deceptively smaller than the ones by the bay, though. » Il y a une inflexion moqueuse dans sa voix, une fausse inquiétude, et son emphase de ‘by the bay’ n’est pas anodine. « You should visit San Francisco to see it for yourself, man », lui avait lancé Jasper avec une tape amicale sur l’épaule. A cet instant, il l’avait détesté.
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Juniper Anderson
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Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyVen 13 Nov - 21:38

« It’s only a twenty-minute ride to the hotel, i’m sure he’ll manage. » Juniper n’entend pas vraiment ce que dit Aron dans le salon - il est retourné s’asseoir dans le canapé alors qu’elle agite la main, le regard rivé sur Rose qui lui dit au revoir de son petit gant rose. Peut-être qu’elle ne veut pas vraiment entendre ce qu’il dit, ne veut pas enregistrer le ton avec lequel il prononce ces quelques mots. Pour Juniper, l’après-midi s’est bien passée et la tension qui l’habitait encore le matin-même, le stress qui s’était installé dans son cou, dans ses épaules, a fini par disparaître. Elle n’a pas arrêté de penser à cette rencontrer : comment allait réagir Rose ? Comment aller se comporter Jasper ? Allaient-ils s’entendre, tous les trois ? Elle avait espéré si fort que les choses se passent parfaitement, sereinement, qu’elle n’avait peut-être pas posé son attention sur tous les détails de l’après-midi. Aron avait choisi un lieu et elle n’avait pas rechigné à le laisser faire - il connaissait l’île mieux que quiconque et la libraire savait que Rose adorerait l’endroit. Elle savait aussi, instinctivement, qu’Aron et Rose s’entendraient. Qu’ils se comprendraient, l’un et l’autre, avec leurs manières de taiseux et leur façon d’observer les gens. Lorsque la petite fille avait accepté de passer des bras de sa mère à ceux du barman, elle avait été ravie. Rassurée, aussi.

« I think that went really well. » « Did it? » La nuance dans la voix d’Aron ne lui échappe cette fois pas. Juniper fronce les sourcils alors qu’elle ferme la porte de la maison, se retourne pour le regarder un bref instant.  « Pourquoi tu dis ça ? » La libraire n’est pas certaine de ce qu’elle entend dans ses mots : est-ce du sarcasme ? Aron est parfois pinçant, comme quand il parle de la vieille voisine qui vient sans cesse fourrer son nez chez elle, quand il est là - histoire de voir ce qu’ils sont en train de faire et s’ils sont bien toujours ensemble, comme on le dit dans Visby. « The seals were, indeed, deceptively smaller than the ones by the bay, though. » Il est allongé sur le canapé à présent, et feuillette The Waves de Virginia Woolf d’un air distrait. June s’approche, hésite à aller se faire chauffer une nouvelle tasse de thé et se contente de celle, un peu froide, qui trône sur le comptoir de la cuisine. Le détour lui permet de réfléchir - passer de la porte à la cuisine, de la cuisine au petit salon. Sans rien dire, d’abord, elle vient s’asseoir sur la table basse, observant Aron. Ses sourcils sont encore froncés : elle n’est pas en colère, mais elle est perplexe, inquiète peut-être.  « Why are you being like that ? Rose loved the seals. » Juniper garde précieusement dans un coin de son esprit l’air ravie de sa fille quand les premiers phoques sont apparus.  « Look, look, Mama ! Seals ! » Le mot lui pose encore un peu problème, parfois, mais elle a tendu son petit doigt ganté vers la mer, dans les bras d’Aron, et l’a prononcé, aujourd’hui, sans hésiter.

 « I don’t understand, why are you being like that ? Didn’t you have a good time ? » June croise les jambes, et croise encore les doigts sur ses genoux. La satisfaction de l’après-midi semble lui échapper, disparaître petit à petit pour laisser place à une tension toute nouvelle qu’elle n’avait pas remarqué jusque là. Tout s’est bien passé, non ? Elle n’ose pas lui demander si c’est Rose, qui lui a fait mauvaise impression. C’est une crainte irrationnelle, elle le sait : Aron ne se comporterait pas ainsi sur un sujet aussi sensible, pas à propos de sa fille.  « Jasper also seemed to like you », finit-elle par ajouter, comme si cela pouvait le convaincre de laisser tomber sa mauvaise humeur semi-apparente.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptySam 14 Nov - 14:26

Depuis le canapé, il l’observe du coin de l’oeil : elle vagabonde dans les quelques mètres carrés qui séparent le salon de la cuisine, hésitante. Il entend au son de sa voix qu’elle est véritablement inquiète de sa réaction. Cette rencontre était d’une importance capitale pour Juniper, Aron en a pleinement conscience, et il est sans doute cruel de sa part de feindre la légèreté dans un moment pareil. La jeune femme met un terme à ses errances et vient s’installer à côté d’Aron, qui feint toujours d’être absorbé par sa lecture. « Why are you being like that ? Rose loved the seals. » L’homme dissimule un sourire en coin. Même lui, l’ermite notoire de Visby, n’avait pas été insensible à la joie sincère de l’enfant. Il y a cet âge, si précieux, où les êtres humains ne savent pas encore mentir, ne savent pas faire semblant. Ils vivent les choses avec une intensité, une clarté et une vérité désarmantes.

« I don’t understand, why are you being like that ? Didn’t you have a good time ? » Aron s’éclaircit la voix pour se donner une contenance, pose précautionneusement le livre ouvert sur son torse, et place une de ses mains par-dessus. De l’autre, il attrape les doigts de Juniper, porte une de ses mains, méfiantes, vers son propre visage. L’homme dépose délicatement un baiser sur le dos de sa main, espérant désamorcer toutes les angoisses qu’il voit fleurir derrière ses yeux. « Sorry. The afternoon was great. Rose is a wonderful child. » il répond doucement, de sa voix grave un peu éraillée. « Not that I had any doubt about that. » Il lui adresse un sourire, espérant la dérider.

« Jasper also seemed to like you. » Aron rompt le contact avec Juniper, bat en retraite, et vient entrelacer ses doigts sur le dos du livre. « He seems like a nice guy. » La langue anglaise est peuplée de ce genre de réponses toutes faites. Des formulations que des années et des siècles de politesse et de small talk ont vidé de tout leur sens. Il le sait ; s’il avait cette conversation en suédois, cette demi-vérité aurait été percée à jour sur-le-champ.

Les traits de June semblent se détendre, alors pourquoi se sent-il obligé d’ajouter quelques chose? « He’s just so… » Les pupilles de la libraire se braquent sur lui. Il s’est piégé tout seul. L’insinuation reste suspendue dans l’air quelques instants, l’étau se resserrant de seconde en seconde. Overly joyful? Arrogant? Charming? Loud? Too confident? Excessively friendly? Extroverted? Aron se met à fouiller les tréfonds de sa mémoire, quelque part dans ses cours d’Anglais datant d’il y a deux décennies, en quête du bon terme, du mot juste qui saura décrire le fond de sa pensée sans heurter Juniper. Elle le regarde avec de grands yeux verts inquisiteurs qui débordent d’espoir et d’anxiété. Il perd ses moyens et laisser finalement échapper : « …American. » Il s’en veut dès que la première syllabe est lâchée. Ses yeux se ferment et son nez se fronce dans une grimace embarrassée.
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 15 Nov - 22:23

Juniper pourrait presque croire qu’elle a tout imaginé : son sarcasme, le ton, dans sa voix, son air sensiblement agacé. Ses doigts se referment sur ceux d’Aron : elle n’arrive jamais à lui en vouloir bien longtemps. Quelques heures, en général, ça peut traîner un peu, quand ils ont trop de travail et qu’ils n’arrivent pas à se voir - ce qui semble, pourtant, arriver de moins en moins. Mais quand il prend sa main, qu’il la glisse sous son pull, qu’il l’embrasse, elle a tendance à perdre ses moyens. Il y a toujours ce quelque chose, une sorte de je-ne-sais-quoi qui passe de sa peau à la sienne, qui l’empêche d’entretenir ressentiment ou colère. Juniper repense à la dernière fois, quand il est rentré, qu’elle lui annoncé l’arrivée de Jasper et de Rose. À la façon dont Aron l’a regardée, l’a écoutée. À la façon dont, cette fois-là également, il lui a pris la main pour la porter à ses lèvres, passant son pouce sur ses phalanges. « Sorry. The afternoon was great. Rose is a wonderful child. Not that I had any doubt about that. » June laisse échapper un soupire. Bien sûr qu’il a aimé Rose. Il suffisait de la voir dans ses bras, et la façon dont il lui expliquait la différences entre les phoques, les otaries, et les autres bestioles qui lui traversaient l’esprit et dont elle avait envie de parler cette après-midi. La libraire n’est pas certaine de vouloir d’autres enfants, pour le moment, mais l’idée d’avoir Rose, ici, un peu plus souvent, un peu plus longtemps, lui traverse l’esprit. Voir Aron et Rose interagir au quotidien. Apprendre à se connaître. Laisser le barman lui faire découvrir son île, son refuge.

 « She’s quite amazing. And no, I’m not saying that because I’m her mom. » Juniper esquisse un sourire, qui ne disparaît qu’à l’hésitation d’Aron. À la façon dont il récupère sa main, alors qu’elle vient de mentionner Jasper. Alors il est là, le problème ? Jasper ? June se demande un instant si elle a sous-estimé la jalousie d’Aron. Ce n’est pas une jalousie toute américaine, insidieuse, violente. Ça ressemble à une jalouse d’ours brun, qui grogne dans son coin quand on s’avance un peu trop sur son territoire. Juniper aime les ours. Ce qui ne l’empêche pas de froncer les sourcils et de croiser les bras sur sa poitrine tandis que le barman, allongé sur son canapé, hésite. « He’s just so…American. » Les sourcils froncés de la libraire s’arque vers son front.  « Are you kidding me ? » June croise les jambes, dans un sens, puis dans l’autre, et finit par se lever. Elle a envie de l’embrasser, de lui coller une pichenette et de lui faire la tête, sérieusement. Attrapant son mug, elle retourne à la cuisine - pour se donner quelque chose à faire, elle lance la bouilloire à moitié pleine et s’affaire à chercher du thé qu’elle fiche, d’un air déterminé, dans sa tasse.

 « You’re really pulling a « oh, he’s too American » on me right now ? Do you remember where I’m from, Aron ? » June lui lance un regard courroucé par-dessus son épaule, plante ses mains sur ses hanches en attendant que l’eau finisse de bouillir. Quand le sifflement se fait entendre, elle l’attrape, verse l’eau sur son thé et se retourne, les mains à nouveau plantées fermement sur ses hanches. Elle s’approche, même, se tient au bien du canapé et observe Aron de toute sa hauteur - pour une fois, les rôles sont inversés, et s’il n’était pas allongé à ce moment précis, elle serait obligé de lever la tête.  « Is it just because is too American for your taste, or is it because you’re being jealous ? » Juniper plisse les yeux comme si, par miracle, le fixer du regarder aller lui donner une réponse honnête. Aron est une tête de mule et il s’avère qu’elle aussi, lorsqu’ils en arrivent à se disputer.  « And I swear you’re not bullshitting your way out of this one, Aron Stromquist. »
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 22 Nov - 12:31

Comme il l’avait présagé, Juniper a une réaction quasi-épidermique à ses dernières accusations. Elle se lève, agacée, et se dérobe à la main qu’il tend vers elle pour la retenir dans le salon. Aron laisse lourdement retomber sa main sur son torse, vaincu. « Do you remember where I’m from, Aron ? » La bouilloire se met en route, et il arrive à percevoir que les gestes de Juniper sont moins mesurés que d’habitude ; sa tasse tape brutalement sur le comptoir, le tiroir claque en se refermant. « Yes, and I’ve made my peace with that. » il marmonne dans sa barbe, avec un sourire, suffisamment bas pour que le sifflement de l’eau bouillante le couvre. Il ferme les yeux quelques secondes, mais sent bien assez vite une présence menaçante au-dessus de sa tête. Il ouvre un oeil et entrevoit l’air sérieux de Juniper qui le surplombe, son mug fumant dans une main, son autre poing fermement ancré sur sa hanche. Elle est adorable, lorsqu’elle est énervée.

« Is it just because is too American for your taste, or is it because you’re being jealous ? » Le demi-sourire du Suédois s’efface une nouvelle fois. Oh, so we’re getting there. Il rompt l’échange de regarde et croise à nouveau les doigts sur la tranche du livre, feignant l’impassibilité. « Jealous of what? The guy’s 50kgs of hair bleach and neck chains. » Il ne voit pas la réaction de Juniper, mais il pourrait jurer entendre ses sourcils s’arquer, dans son dos. Il ne sait pas pourquoi il trouve important de corriger : « or 100 lbs or cups or whatever make sense to you lot. » Il s’est assuré que le « you » désigne plus que Juniper uniquement. Sa stratégie de défense commence dangereusement à faire flirter sarcasme et dédain.

Juniper fait les cent pas derrière lui, et il s’obstine à fixer le plafond. Le lambris des rampants auraient besoin d’un nouveau lasurage. La libraire dépose lourdement son mug sur la table basse, à côté de son visage, le tirant de ses observations. Il ne sait pas bien comment il va se dépêtrer de cette situation dans laquelle il s’est piéger tout seul. Foutu pour foutu, il tente : « Why, should I be jealous? »
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 22 Nov - 13:24


Juniper pourrait jurer qu’il a marmonné quelque chose dans son dos, mais elle n’entend pas vraiment, la bouilloire fait trop de bruit et elle n’a pas envie de lui sauter à la gorge pour une bêtise - bien qu’elle pense que cette résolution soit déjà brisée, et qu’il a réussi à l’agacer en quelques remarques. La libraire verse l’eau dans sa tasse, ajoute son sachet, et revient l’observer, sourcils froncés.  « Jealous of what? The guy’s 50kgs of hair bleach and neck chains… or 100 lbs or cups or whatever make sense to you lot.. » June ne peut pas se réfugier derrière son mug, l’eau est trop chaude et elle risque de se brûler.  « You’re being a dick. Or territorial. Or a fucking grumpy swedish bear, who happens to be a dick and territorial, I don’t know. » La généralité ne lui plaît pas, même si elle connaît depuis longtemps maintenant l’avis d’Aron sur eux, les Américains. Elle a envie de lui balancer que les suédois ne sont pas franchement des champions, non plus, et qu’ils sont aussi chiants que les amerloques peuvent l’être, qu’ils sont toujours en train de fourrer leur nez dans ses affaires, mine de rien, et qu’elle a de temps en temps bien envie de leurs mettre leur lagöm là où elle pense. Mais, si Aron est très suédois par certains aspects, il est également tout… Aron. Unique. Agaçant, parfois. Protecteur. Généreux. Plus tendre qu’on ne pourrait le croire.

Juniper ravale la remarque, mi-sarcastique mi-acerbe, qui lui mord la langue. Elle pose sa tasse, après avoir manqué de se brûler avec le thé qui passait par-dessus bord et croise les bras sur sa poitrine pour faire les cent pas. Un tas d’arguments tournent dans sa tête mais elle ne sait pas lequel choisir. « Why, should I be jealous? » La remarque la stoppe nette, et June hausse les sourcils.  « Are you kidding me right now ? » Ce n’est peut-être pas ce qu’il faudrait dire, ni la réaction la plus appropriée et la libraire reste un bref instant immobile, contrariété et incompréhension bataillant sur son visage.  « I know you’re a grown ass man, but sometimes you’re an idiot. » Elle se déplace à nouveau vers la cuisine, laissant échapper un soupir. Attrape un deuxième mug, y verse de l’eau chaude et  y glisse un sachet du thé - « c’est tout bio, tout organic, Miss Anderson, je fais tout moi-même », que lui a dit la jeune femme au marché hebdomadaire - avant de le ramener sur la table basse pour Aron. Le mug rencontre le bois avec juste un peu trop de force pour verser un peu de thé, et June se redresse, bras croisés. C’est difficile, quand elle n’a plus rien pour occuper ses mains.

 « I don’t now if you’re serious or if you’re just trying to pick a fight. It’s not because he’s my ex that I’ll suddenly run to his bed or start having feelings for him again. » Est-ce qu’il le fait exprès ? Est-ce qu’il est réellement jaloux ? Est-ce qu’il se montre juste casse-pied, annoying, parce que Jasper est plus… américain, et qu’il a une personnalité si expansive ? Est-ce que c’est autre chose ?  « I already told you, Aron. I told you the other day that you don’t have anything to be jealous about. It’s not like I’m comparing you too or something, that would be stupid, and mean. » Juniper secoue la tête, avant de le regarder.  « You don’t think I’m comparing you two, don’t you ? » That would really be a stupid thing to think about. Look at you… Elle ne prononce pas ces derniers pensées, se contente de le regarder, sourcils froncés.
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 22 Nov - 19:57

« You’re being a dick. » C’est la première fois qu’elle l’attaque frontalement comme ça, et il ne peut pas s’empêcher d’accueillir l’invective en faisant les gros yeux, soudain vexé. La conversation lui a complètement échappé : ce qui devait être une boutade un peu grinçante est en train de remuer beaucoup plus de chose que prévu. Les mots « fucking grumpy swedish bear » fusent de nulle part, et l’espace d’un instant, Aron se sent désorienté. Depuis leur première rencontre et au fil des mois qu’ils avaient passé ensemble, Juniper lui avait toujours laisser entendre qu’elle trouvait son caractère un peu grognon charmant, et elle ne lui avait jamais tenu rigueur lorsqu’il se montrait un peu plus misanthrope que d’habitude. Elle s’accommodait très bien des escapades en pleine nature, en tête-à-tête, plutôt que des soirées en terrasses bondées ou des dîners entre amis. Juniper avait très vite compris qui il était, et n’avait jamais cherché à le changer — d’autres femmes avant elle s’y était risqué sans grand succès. Alors pourquoi avait-il soudainement l’impression qu’elle le mettait en porte-à-faux?

Sa propre question trouve un écho agacé : « I know you’re a grown ass man, but sometimes you’re an idiot. » Il était vrai que sa tentative de défense était plutôt médiocre ; il en avait conscience mais n’avait aucune intention de l’admettre.

Pour une raison obscure, June lui apporte une tasse de thé brûlant. Elle manque de lui jeter à la figure mais tout de même — le geste a quelque chose d’attendrissant, et Aron doit retenir un sourire alors qu’elle s’évertue, dans un même temps, à lui prouver sa mauvaise foi. Juniper avait cette propension à prendre soin des autres en toutes circonstances, même en pleine dispute apparemment. Elle n’en avait probablement même pas conscience, mais à cet instant, Aron retombe une nouvelle fois amoureux d’elle. Lorsqu’il tend le bras pour attraper la tasse dégoulinante, la libraire passe à côté de lui comme une tornade, l’arrêtant net dans son geste et le forçant à battre en retraite. Lorsqu’elle évoque la possibilité — totalement fictive et apparemment absurde — d’avoir des sentiments pour Jasper (pire, le mot « lit » est lâché), Aron se contente de lâcher un soupire contrarié. Non, il n’est pas jaloux. C’était la vérité. Il était juste… irrité. But still, he’s the father of you’re child, il pense très fort. Le suédois reste muet pourtant, conscient que ses dernières sorties n’avaient fait qu’empirer les choses. « It’s not like I’m comparing you too or something, that would be stupid, and mean. » Mean? Les yeux toujours rivés vers le plafond, Aron fronce les sourcils, piqué à vif. Mean to who? Il se contente de ruminer en son fort intérieur, laissant son esprit bien malgré lui le placer à côté de Jasper, entamant un comparatif décousu et complètement absurde.

« You don’t think I’m comparing you two, don’t you ? » Cette fois, Aron se redresse sur un coude pour pouvoir regarder Juniper en face, depuis le canapé. Elle l’interroge du regard, il hausse les sourcils. Il avait l’impression que cette fois, c’est elle qui le provoquait. Il s'emporte : « Come on. There is little to compare, for fuck’s sake. » Il réalise, au moment où les mots se précipitent hors de sa bouche, que la réponse pourrait passer pour très prétentieuse. Il s’empresse d’ajouter : « I mean, we are just different breeds of men, at this point. » Son ton est défensif, il l’aurait aimé plus contenu. Juniper avait touché une corde sensible : plus que le fait de rencontrer l’ex-mari de la femme qu’il aimait, découvrir qui il était, qui elle avait été surtout, l’avait plongé dans un drôle de désarroi. Jasper était le témoin d’un gigantesque pan de la vie de June auquel il n’avait pas accès — une vie au rythme visiblement très différent, peuplée de personnes qui ne lui ressemblait, à lui, Aron, en rien.

Sa dernière affirmation reste en suspend quelques secondes. Juniper ne l’a pas lâché du regard, mais elle reste silencieuse, les bras croisés sur sa poitrine, digérant la mauvaise foi d’Aron. Le temps mort lui permet de faire redescendre un peu la tension. En geste d’apaisement, il temps un bras vers elle, espérant qu’elle lui cède une main, et peut-être même qu’elle le rejoigne sur le canapé. « I guess I’m just… confused. We are nothing alike. »
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Juniper Anderson
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Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 22 Nov - 20:32

Aron reste silencieux un long moment. Juniper est habituée à sa façon d’être, mais elle ne peut pas nier avoir envie, parfois, de le secouer. De le titiller, de l’ennuyer jusqu’à ce qu’il craque et qu’il lui parle. Qu’il lui raconter les choses, comme ce qui avait pu se passer à Stockholm, avant qu’il ne rentre - avec la présence de Jasper et Rose sur l’île, ils n’avaient pas trouvé le temps de s’asseoir et d’en discuter plus franchement. June ne lui en veut pas : elle ne lui en veut pas d’être aussi têtu, parfois, mais elle s’irrite, s’agace, tourne en rond sans savoir comment le faire sortir de cette mauvaise foi dans laquelle il semble tout à fait à l’aise. Elle n’arrive pas à savoir s’il est réellement jaloux, ni à comprendre pourquoi ils le seraient : Jasper et lui sont extrêmement différents, sur tous les points. Elle aimerait lui expliquer, mais elle est de mauvaise foi, elle aussi, et se dit un instant qu’elle n’a rien à expliquer et que c’est lui, qui fait sa tête de mule, lui qui fait une histoire pour rien. Une petite voix, dans un coin de son esprit, lui souffle qu’elle n’est pas totalement innocente, qu’elle aussi, elle met de l’huile sur le feu et qu’elle est certainement un peu trop franche, un peu trop véhémente et même peut-être un peu trop vulgaire pour un suédois. Mais elle est comme ça, se dit-elle, tout n’est pas rose, et il ne sait pas la moitié de tout ce qu’il s’est passé, ces dernières années. June se demande s’il sera déçu, quand il l’apprendra, ou s’il arrêtera de la regarder comme il le fait : les sourcils froncés, mécontent, grognon, gardé, mais avec cette tendresse au fond des yeux.

« Come on. There is little to compare, for fuck’s sake. » Juniper hausse un sourcil, étonnée à la fois de sa réaction vive et se demandant également si elle a mis le doigt sur le problème. « I mean, we are just different breeds of men, at this point. » Est-ce que c’est cette différence, qui le gêne ? June a du mal à imaginer Aron insecure face à Jasper, face à qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. Est-ce qu’il ne s’agit que de ça ? Que du fossé qui sépare les deux hommes et du passif qui survit, qui gigote - sous la forme de Rose et de ses joues colorées - entre eux trois ? « I guess I’m just… confused. We are nothing alike. » Le silence est rompue par une demi-confirmation. De quoi, exactement, elle n’est pas certaine. June observe la main tendue vers elle, les doigts solides, ponctués de cales acquises au bout de longues heures de travail. Elle reste immobile, une seconde tout au plus, une respiration. Elle expire, longuement, s’avance enfin jusqu’au canapé, prend sa main, et s’assoit près de lui.

 « And I’m not who I was when I met him. I’m not even sure I’m the same person I was when I left him, Aron. » Ses sourcils sont encore froncés, mais elle garde cette main, puissante, capable de réparer un toit comme de démêler ses cheveux après une averse, dans la sienne.  « We were both young, when we met, and I loved him, of course. But we’ve grown and things happened, things that definitely… pulled us apart. » June laisse échapper un soupir. Elle aimera se donner une contenance en attrapant sa tasse, en se cachant derrière, en buvant une longue gorgée de thé brûlant. Mais il y a cette main dans la sienne, et elle n’est pas sûre d’avoir envie de la lâcher, malgré sa mauvaise humeur et le ton un peu sec de sa voix.  « But I love you, now. I love you because you’re a grumpy swedish bear and even if you can be stubborn as hell, and really annoying when you do. » Juniper le regarde, cligne des yeux, fronce légèrement les sourcils, se rendant finalement compte de ce qu’elle vient de dire.  « And don’t use that to change the subject or I swear I’ll lock you in a room with Jasper for a day. Just... » La libraire observe le visage d'Aron, ses traits marqués, uniques, ses yeux sombres, beaucoup plus expressifs qu'on ne pourrait le croire. « Just talk to me.»
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Aron Strömquist
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Occupation : gérant du black sheep.
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyMer 25 Nov - 22:43

Juniper a accepté sa main offerte est n’est pas prête à la lui rendre. Elle s’installe à ses côtés, glissant ses doigts entre ceux d’Aron avec intention, tandis qu’elle démêle ses pensées à voix haute. Ses yeux partent se perdre dans l’horizon, par delà la petite fenêtre du salon, à mesure qu’elle remue les réminiscences. Le ton de sa voix se fait un peu plus sérieux, mais plus hésitant aussi, lorsqu’elle évoque son passé avec Jasper. Le suédois l’écoute avec attention ; elle semble prête à lui décrire des morceaux de cette vie d’avant : « But we’ve grown and things happened, things that definitely… pulled us apart. » La dernière partie de sa phrase le fait tiquer — il sent de la gravité et de l’appréhension voiler ces presque-révélations. Il l’interroge du regard, mais ses yeux refusent de s’accrocher aux siens. Pour la toute première fois depuis leur rencontre, il se demande si elle a quelque chose à cacher, quelque chose à se reprocher. Aron est certes fermé comme la plus récalcitrante des huitres, mais tous ces verrous sont autant de preuves de pudeur, pas de dissimulation.

Juniper laisse échapper un soupir. Il s’apprête à la questionner, mais peut-être sent-elle poindre sa curiosité — mal venue? — puisqu’elle lui coupe l’herbe sous le pied : « But I love you, now. » La déclaration a l’effet escompté : pendant une seconde, ou peut-être deux, la tête d’Aron se vide complètement de toute interrogation et inquiétude. Ses yeux s’agrandissent un peu, et un large sourire mi-surpris mi-moqueur vient lui barrer le visage. Elle lui a annoncé ça avec autorité, comme on annonce quelque chose d’inéluctable : c’est comme ça et puis c’est tout. Il a appris à découvrir cette facette de sa personnalité plus récemment — derrière son image de libraire bohème un peu fleur bleue, se cache une femme au caractère affirmé, qui sait (la plupart du temps) ce qu’elle veut et ce qu’elle vaut.

Aron n’a pas vraiment l’occasion d’en placer une — et c’est peut-être tant mieux, parce qu’elle l’a pris au dépourvu. L’idée d’appeler « Amour » ce qu’il y a entre eux n’a rien de fantaisiste ; le mot a d’ailleurs trouvé tout son sens durant les dernières semaines où il s’est retrouvé séparé de Juniper. Love. En anglais, le mot parait galvaudé, un peu trop lisse et duveteux. C’est peut-être pour ça qu’Aron n’a pas envie de l’employer, là, à cet instant précis. Ou peut-être est-ce parce qu’il a envie de l’agacer encore, rien qu’un peu. Dans tous les cas, la jeune femme enchaîne déjà, inquisitrice : « And don’t use that to change the subject or I swear I’ll lock you in a room with Jasper for a day. » Et puis, sans prévenir, elle rend les armes. « Just talk to me. »

Le suédois ne répond pas tout de suite, comme pour laisser flotter quelques instants de plus ce que Juniper vient de lui déclarer — l’air de rien, en passant, juste comme ça. Il lui adresse un regard lourd de sens, sans se départir de son sourire en coin, faisant fi de ses menaces en l’air. « You’re a mystery to me, June. » L’intéressée hausse un sourcil. « I know you think I’m always holding off something from you… », elle tente de le répondre quelque chose, pour le rassurer ou pour se défendre ; il n’en saura jamais rien puisqu’il continu : « The thing is : I’m not. » La bouche de la libraire reste entre-ouverte, comme si elle s’apprêtait à rétorquer. Elle décide pourtant de le laisser poursuivre — inquiète, peut-être, que si elle venait à l’interrompre, il se refermerait sur lui-même aussi net. « I’m sorry to inform you that everything there is to know about me, and about what i have to offer to you, is right here. » Il lève sa main libre et effectue un vague geste devant son propre visage, sur lequel le sourire s’est transformé en moue. « Disappointing, I know. » s’empresse-t-il d’ajouter avec une touche d’humour autodépréciatif toute suédoise, dans l’espoir de faire sourire Juniper. « But you… » Il dégage une mèche de cheveux qui était tombée devant le visage de la libraire. « You’ve got this whole other life on a whole other continent that I know nothing about. It is filled with 4-year-olds, californian seals, hippy relatives and a tattooed ex-husband. You’ve seen the world, you’ve birthed an entire human,… » il égrène avec une petite grimace, sans tout à fait savoir comment il va arriver à destination. Il se perd dans une aparté : « The farthest *I* went from home was Berlin, in high school — and I hated every minute of it. » D’un geste dédaigneux, il évacue ce souvenir pour se recentrer. « And you’ve obviously been through some things. » Il marque un temps d’arrêt, pesant ses mots, pour finalement mettre les pieds dans le plats : « And I feel like you’re keeping that from me because you’re worried that I might run off if I knew. »

Juniper demeure silencieuse ; il se sait pas si c’est l’effet de son accusation à son encontre, ou la surprise de l’entendre dire ce qu’il a sur le coeur avec tant de facilité — c’est donc possible? Aron attrape la deuxième main de la jeune femme, dont les doigts tiraient nerveusement sur les franges du plaid, trahissant les turbulences de son esprit. « But let me tell you something. » Il se redresse, puis lâche les mains de la libraire pour se lever du canapé. Sans demander son reste, il l’abandonne dans le salon pour se diriger vers la cuisine. La distance entre eux lui donnera peut-être l’élan nécessaire. Alors qu’il lui tourne encore le dos, il entame : « One : i don’t scare easy. I feel like you should know that after you saw me take an electric shock for you. Il se sert un vert d’eau et se retourne, pour faire face à Juniper qui se tient toujours sur le canapé, visible dans l’encadrement de la porte de la cuisine. « Two : I have nowhere to run off to. This island is the size of an American SUV. » il poursuit, avec une insolence feinte dans la voix. Aron porte de verre à sa bouche, le vide d’une traite et le repose. Il est toujours adossé au plan de travail lorsqu’il conclu enfin :  « And three : i don’t know how to tell you this, but there is really nothing that can make me like you less. » Love. Toujours trop sucré, trop verni pour ce qu’il essaie de lui dire. Il le garde pour plus tard.
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyJeu 26 Nov - 13:23

Aron ne répond pas à sa déclaration, mais elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il dise quoi que ce soit. Non pas qu’il soit du genre à la laisser ainsi en attente, mais Juniper elle-même ne savait pas réellement ce qui allait passer ses lèvres avant qu’elle ne le dise. Elle y avait pensé, avait réfléchi à une manière de le lui dire, de lui expliquer qu’elle ne l’appréciait pas simplement qu’il y avait autre chose, quelque chose de plus profond, sacrément ancré à présent, qui s’était imposé petit à petit, au fil des mois, et que leur séparation de quelques semaines avaient fini par affirmer. Oui, elle était tombée amoureuse d’Aron Strömquist, le propriétaire du Black Sheep, l’ermite notable de Visby, poursuivi par des regards de femmes sans même qu’il ne s’en rende vraiment compte, car il n’y faisait pas toujours attention. June avait vu les têtes se tourner discrètement sur son passage, les regards s’éclairer, au comptoir du Black Sheep, alors qu’il s’avançait, une bouteille à la main, pour remplir à nouveau un verre presque vide. La libraire n’avait pas prévu de se lancer dans une autre relation, encore moins de tombée amoureuse avec un habitant. Mais elle n’avait pas vraiment eu son mot à dire. Elle aurait aimé, au moins, pouvoir soigner sa déclaration, un minimum, lui donner une forme, sans colère, sans agacement, mais là aussi, l’histoire en avait décidé autrement et les mots lui avaient échappé, ajoutant une petite couche de plus à son agacement - teinté, malgré tout, d’un soulagement et d’une tendresse qu’elle n’avait pas envie d’admettre sur le moment. 

Aron ne répond pas, mais il sourit, et c’est amplement suffisant, à l’instant. June pince les lèvres : elle est en colère, encore, et elle a peur de se laisser déborder par la chaleur diffuse dans sa poitrine, dans son ventre, qui n’est pas réellement entachée par les minutes de silence qui viennent piquer son irritation. C’est étrange, comme ambivalence : être ainsi assurée de la tendresse de l’autre, de son affection, tout en ayant très envie de lui faire la tête. « You’re a mystery to me, June. » June hausse les sourcils, ouvre la bouche pour répondre mais n’en a pas l’occasion. « I know you think I’m always holding off something from you… The thing is : I’m not.» Elle a envie de lui dire que ce n’est pas tout à fait ça, qu’elle sait que lui, il ne se cache pas, mais qu’il n’est pas toujours facile à comprendre, pas toujours transparent - elle pense à Stockholm, à son envie de savoir ce qu’il faisait, quand il était enfant, de savoir qui étaient ses anciennes compagnes, également. June ne parle pas, pourtant. Elle n’est pas habituée à ce qu’Aron prenne les devants, se raconte aussi facilement. Elle esquisse un sourire, lève les yeux au ciel : You’re so far from disappointing, a-t-elle envie de lui dire mais elle le garde pour plus tard, car il n’a pas terminé, et elle sent qu’ils approchent d’un sujet, d’un trou dans sa propre histoire, de quelque chose qu’elle n’avait pas réellement envie d’aborder. Pas aujourd’hui, pas maintenant. « And I feel like you’re keeping that from me because you’re worried that I might run off if I knew. »

Le couperet tombe et June ferme les yeux une demi-seconde, laisse Aron prendre sa main qu’elle occupait sans même s’en rendre compte. Mais le contact ne dure pas, il s’est déjà levé et elle est obligée d’ouvrir les yeux pour le regarder évoluer dans la pièce, dans son espace qui n’est plus tout à fait, plus uniquement à elle. Il se sert un verre d’eau et, à sa manière, tente de la rassurer. De la mettre en confiance. De lui dire que tout ce qu’elle malgré tout ce qu’elle pourrait lui raconter, il serait là, encore, toujours là. « And three : i don’t know how to tell you this, but there is really nothing that can make me like you less. » June lève les yeux jusqu’à son visage, l’observe un instant, déglutit. Elle a envie de le croire - en fait, elle le croit, mais ça ne réduit qu’à peine sa crainte, sans entacher sa honte, sa culpabilité, tout ce qui remonte alors qu’ils n’ont pas encore abordé le sujet. Le silence s’étire, et June s’émerveille un bref instant de tout ce qu’il a réussi à lui dire en si peu de temps.  « Is it what’s bothering you ? Not knowing ? » Sa voix a perdu ses inflexions batailleuses, et elle se contente de l’observer quelques secondes de plus. Il ne bouge pas, il est patient, Aron, certainement beaucoup plus patient qu’elle.

Juniper dégage ses pieds des chaussons qu’elle avait enfilé et vient prendre la place d’Aron, sur le canapé. Elle s’adosse à l’accoudoir, croise les jambes, s’occuper un bref instant les mains, le corps, se couvre d’un plaid avant d’aborder le sujet. Elle lui fait face sans tout à fait le regarder, pas tout de suite.  « It’s both a complicated and really simple story » commence-t-elle comme si elle allait simplement raconter une histoire, celle d’un autre livre, d’une autre personne. C’est un peu le cas, quelque part.  « It started during the pregnancy. It wasn’t a nice, easy pregnancy. It was more like weeks of morning sickness, and really bad days, and pains. I had to lay down for the entirety of the last month and it wasn’t… Well, like I said, it wasn’t easy. » June se penche et récupère le mug qu’elle a déposé sur la table, enroulant ses deux mains autour.  « And they say that when you’re baby’s here, you just forget all the pain and the hardship. It’s chemical, something to do with the release of all the hormones after giving birth. But it wasn’t like that for me. And nobody really talked about post-partum depression, around me. » June lève les yeux, le regarde un instant, les reporte sur sa tasse.  « It started with simple fatigue, and I put my mood swings on the account of the pregnancy. But it was a full blown hormonal depression and I wasn’t equipped for it. It took me a month, to go to the doctor, and they gave me anti-depressants, and things just started going downhill from there. » June est mal à l’aise. Elle n’a pas envie de parle de la suite, d’admettre ce qui est arrivé, ce qu’il s’est passé. Qu’elle a loupé les presque trois premières années de la vie de sa fille parce qu’elle était droguée, en toute légalité. « I took anti-depressants for a whole year before I started taking opiates. The legal kind of stuff, you know, at first. I thing I sprained my ankle and the docs just gave me that, and I got… addicted. But Jasper was working, he work a lot, since he started as a social worker - I know, he doesn’t have the look for the job. He was worried but I was blind, and we started to fight more and more. It took the entire seconde year for me to se that something was seriously wrong and for Jasper to understand what I was hiding. June soupire et s’enfonce un peu plus dans le canapé.  « One day, I was high, both anti-depressants and painkillers and I went out to get more. The illegal kind, this time, because I didn’t have a prescription for it. And I left Rose at home. For hours. Jasper found her, then he found me, wandering in the streets. » Elle ne sait pas si elle doit en rester là, ni ce qu’elle veut ou peut dire de plus. Il y a cette boule, dans sa gorge, qui obscurcit sa voix, son discours, tout son esprit. Une boule faite d’un tas de choses - shame, guilt, pain.  « That’s why he got Rose, when we filed for divorce. I wasn’t a… fit mother. Hell, I didn’t want to risk putting her through that again. »
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 6 Déc - 20:04

Aron voit l’effet de ses mots sur le visage de Juniper : elle est touchée et anxieuse tout à la fois. Après un instant d’hésitation, la librairie se redresse, réajuste sa posture et les objets autour d’elle, prête à s’engager dans un récit fastidieux. Il reste d’abord dans la cuisine, sentant que ces quelques mètres de vide entre eux lui sont bénéfiques pour lui révéler ce qu’elle a à lui dire. Alors que les premiers mots s’apprêtent à franchir sa bouche, Aron enroule ses doigts crispés contre le rebord du comptoir, soudain inquiet. Il est facile de déclamer son amour (ou presque) à quelqu’un qu’on idéalise : Juniper et lui n’avaient jamais mis leur relation bourgeonnante au défi des coups durs, des journées difficiles, de la fatigue, de la mauvaise humeur, de la maladie, ni même d’un passage à Ikea. Ils vivaient leur romance au coin du feu, dans les vapeur de thé chaud, entourés de l’odeur rassurante de la forêt. June s’apprêtait à les confronter tous les deux à la réalité, et Aron se demande soudain s’ils y sont prêts — elle, mais surtout lui.

Que savait-il de Juniper, finalement? Assez peu de choses, il semblerait. L’Américaine entame son récit, la gorge nouée. « It started during the pregnancy. It wasn’t a nice, easy pregnancy. » Aron l’écoute attentivement, sans parvenir à empêcher son imagination de tourner à plein régime, cherchant par tous les moyens à colmater les trous dans le récit, à compléter les silences. Elle évoque sa grossesse — difficile, douloureuse, exténuante. Il pense d’abord à la maladie, à un diagnostic, à un traitement. Instinctivement, l’homme lâche le comptoir de la cuisine et fait quelques pas pour retrouver June dans le salon. Il s’accroupi derrière le canapé, le menton et les bras sur le dossier, laissant ce meuble entre eux protéger la pudeur de la jeune femme. Elle s’attaque ensuite aux premiers mois de vie de Rose, encore plus éprouvants. « They gave me anti-depressants, and things just started going downhill from there. » La phrase est de mauvaise augure, et son corps semble comprendre ce qui va suivre avant son cerveau. Ses épaules se tendent, son buste se redresse, son souffle est un peu plus court. Et le mot redouté est lâché : opiates.

Il n’entend plus ce qui suit directement le mot. S’il n’en laisse rien paraitre, son esprit se paralyse autour des deux syllabes. Les images le submergent, désordonnées, brouillonnes, incohérentes, décousues, déformées par les souvenirs d’enfances et les paroles rapportées. Il y a sa mère, d’abord — évidemment : le motif fleuri de ses chemisiers élimés, l’odeur de cigarette et d’ambre qui la suivait partout. La jambe cassée de sa petite soeur. Les hurlements de sa grand-mère ; le silence de son grand-père. La couleur éteinte des rideaux de l’appartement miteux d’un des nombreux fiancés de sa mère, à Göteborg — ce devait être en 1987 ou 1988. Un allemand ; Jürgen, ou quelque chose comme ça. Par dessus toutes les images, c’est un profond sentiment de colère, qui le prend à la gorge, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il se rend compte qu’il fixe le mur du fond, au-dessus de la cheminée, depuis quelques secondes. Son esprit se raccroche aux paroles de Juniper, coûte que coûte. « …The illegal kind, this time, because I didn’t have a prescription for it. And I left Rose at home. For hours. Jasper found her, then he found me, wandering in the streets. » Il se souvient des cris de sa petite soeur. Du regard qu’avait posé le médecin de garde sur lui et sa soeur, dans le couloir de l’hôpital, alors que sa grand-mère expliquait la « situation ». Leur situation.

Avant qu’il n’ait le temps de réaliser ce qu’il fait, Aron se redresse et retourne dans la cuisine. Il a des fourmis dans les jambes, elles sont un peu plus douloureuse à chaque pas. Il empoigne son verre, le remplit une nouvelle fois, espérant gagner quelques secondes précieuses pour remettre de l’ordre dans toutes ces émotions enfouies depuis de nombreuses années. Il se poste dans l’encadrement de la porte de la cuisine alors que Juniper conclu
: « That’s why he got Rose, when we filed for divorce. I wasn’t a… fit mother. Hell, I didn’t want to risk putting her through that again. »

Le silence remplit la petite cabane. Il est assourdissant. June ne cherche pas à croiser son regard tout de suite, et il lui en est reconnaissant. Il sait que les mots lui ont coûté, et qu’elle s’est faite violence pour partager tout ça avec lui — elle ne l’avait vraisemblablement pas partager avec beaucoup d’autres personnes. Il veut lui dire merci, il veut lui dire que tout ça, c’est du passé. ll devrait être à côté d’elle, il devrait être en train de l’enlacer, de l’embrasser, de la rassurer. « Je ne m’attendais pas à ça. », il laisse échapper en suédois, incapable de formuler le fond de ses pensées actuelles d’une autre manière — et encore moins dans une langue étrangère. S’ensuit un nouveau moment de silence pesant et inconfortable, alors qu’il est toujours planté sur le seuil de la cuisine. Il pense à cette escapade clandestine, au Sud de l’île, lorsqu’il était petit et que sa soeur marchait à peine : sa mère s’était introduit dans la maison de ses grands-parents un dimanche après-midi pour les soustraire à leur attention, et les emmener à la plage. Il se souvient des rires extatiques de sa mère, les pieds dans l’eau. Elle avait le visage creusé et les cheveux sales. C’était le début de l’automne — il avait attrapé un rhume et n’avait pas pu se rendre à l’école le lendemain.

Aron se passe les mains sur le visage dans un geste un peu brutal, comme s’il cherchait à se réveiller, à revenir à la surface. Il s’en voulait profondément de ne pas parvenir à être là, avec elle. Il en voulait à sa mère — évidemment — pour tout, et en particulier pour le tenir si éloigné de June à cet instant précis. Il croise son regard et reprend pied avec la réalité. « Fuck, I’m so sorry. » il parvient enfin à articuler, prenant conscience de tout ce silence qu’il a laissé s’installer entre eux, en réponse à son récit difficile de June. Il vient s’installer hâtivement face à elle sur la canapé. Elle est muette. Son regard le désarme, lui qui n’en menait déjà pas large. « I don’t know— » Que dit-on à quelqu’un qui vient vous raconter les pires moments de sa vie? Juniper n’est pas une petite chose qu’il faut consoler : c’est une femme qui a su reprendre le contrôle de sa vie. La honte est là, palpable, tout autour d’elle, pourtant. Il pose une main sur son genoux, par dessous le plaid, cherche sa main de l’autre. Il se sent maladroit, grossier, gauche. « I wish I knew what this visit meant to you before I started pissing you off with my… ego trip. » Il laisse échapper un éclat de rire nerveux, tentant de désamorcer le malaise qui s’est installé entre eux. Le silence, à nouveau. Elle détourne le regard, semble chercher une issue à cette conversation. « June, » il essaie de capter son attention, « you are a fit mother. » Believe me, I would know.
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Juniper Anderson
Juniper Anderson

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Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 13 Déc - 11:54


Il y a beaucoup de silence, dans une si petite maison. June a fini de parler et a observé, du coin de l’oeil, les allers-venus d’Aron, entre le salon et la cuisine. Puisque tout est ouvert, ils ne peuvent pas échapper l’un à l’autre, ne peuvent pas s’enfuir - car elle est persuadée que c’est ce qu’il envisage, dans son silence, maintenant qu’il connaît la vérité. C’est facile, n’est-ce pas, de dire que tout ira bien, qu’on ne partira pas, quand on ne sait pas.  Quand on imagine pas les horreurs qui se cachent derrière la porte, que l’autre a discrètement poussé dans le placard. Juniper regrette d’avoir parlé. De s’être engouffrée dans la brèche, d’avoir été incapable de le laisser grommeler dans son coin, pour une fois. Les choses auraient été plus simples. Moins honnêtes, moins réelles également, mais plus simples. Elle aurait dû s’arrêter, quand il s’est approché, là, de l’autre côté du canapé, qu’il l’a regardée comme s’il était prêt à tout entendre. Elle aurait dû s’arrêter avant qu’il ne reparte vers la cuisine, qu’il déplie son grand corps - elle jurerait l’avoir entendu craquer. Comme souvent, Juniper n’est pas certaine de ce qui se passe dans la tête d’Aron, de ce qu’il pense, de ce que veulent dire ses réactions. Elle a appris à le lire, après un an à le côtoyer, à deviner ce qu’un froncement de sourcils pouvait vouloir dire, ains qu’un soupire, un sourire, un juron mal placé. Mais là, ce jour-là, précisément, elle ne sait pas, et décide d’envisager le pire. Ce n’est pas vraiment son genre, en temps normal, mais ce n’était pas son genre non plus de se droguer aux opiacés et d’abandonner sa toute petite fille dans leur appartement californien.

« Je ne m’attendais pas à ça. »  « I bet you didn’t… » Un pointe d’amertume qu’elle ne peut retenir glisse entre ses mots, et elle n’est pas certaine de savoir à qui elle s’adresse. Elle ne lui en veut pas, pas vraiment. Juniper a depuis longtemps cessé de vouloir contrôler les gens autour d’elle, mais elle ne peut pas nier qu’elle est déstabilisée par la réaction d’Aron. Elle ne lui dira pas, elle ne veut pas en parler, le faire culpabiliser, lui faire croire que sa façon d’être n’est pas la bonne, pas comme il faut, pas suffisante - parce qu’elle aime sa façon d’être, ses réactions, même les plus obscures, et ses allures d’homme sauvage. Mais elle se trouve suspendue, là, entre deux eaux, à se poser des questions, à le regarder par en-dessous pour essayer de discerner une autre réaction. Quelque chose qui ne serait pas de la surprise, mais au fond, il n’a pas réellement l’air surpris. Ça lui échappe, comme tout le reste de leur conversation, et Juniper laisse échapper un soupir. Aron ne semble pas tout à fait là.

Et d’un coup, il revient, sorti de sa transe, à nouveau dans la maison, les pieds sur terre. « Fuck, I’m so sorry. » June a tout juste le temps de retirer ses pieds, de les ramener vers elle, qu’Aron est là, avec elle, sur le canapé. La légère inclinaison du coussin, son poids et sa chaleur près d’elle, ont quelque chose de rassurant. Quelque chose qui lui semblait incroyablement distant, une seconde plus tôt, et qui lui est revenu comme un boomerang. Juniper baisse les yeux sur sa tasse encore chaude. « I wish I knew what this visit meant to you before I started pissing you off with my… ego trip. » Elle observe un instant la main qu’il pose sur son genou plutôt que son visage, lui cède l’autre, réchauffée par la céramique et le thé - elle a pourtant l’impression d’avoir les mains glacées. Elle aimerait pouvoir sourire à sa remarque, lui dire que ce n’est pas grave, qu’il ne pouvait pas savoir. Dire qu’en parler l’a soulagée, mais ce serait mentir, alors elle se tait. « June, » il s’agite face à elle, change d’angle pour attraper son regard qu’elle lui accorde, quelques seconde, « you are a fit mother. »  « How can you be sure ? »

La question sort comme un démon de sa boîte. Elle ne peut pas lui dire qu’il met le doigt sur la blessure, sur la question, le doute inconsistant qui ne l’a pas lâchée ces dernières années.  « A fit mother dosent’t run away to another continent because she needs to find herself. » Ce ne sont pas ces mots et ça s’entend presque - c’est sa soeur, qui lui a dit ça quand June a décidé de partir, quelques mois après le procès, la décision du juge, la fin de sa cure de désintoxication. Elle savait, à ce moment-là, qu’elle ne replongerait pas. Qu’elle n’avait pas une personnalité addictive, mais une autre possibilité traînait déjà dans son esprit.  « What if you want to have kids ? What if I’m terrified of it happening again ? What if it happens again, the depression and all that ? What if I can’t help it ? » Will I be a fit mother then ? What will you do ? C’est presque irrationnel, de poser ces questions là, maintenant, et elle le sait. Irrationnel parce qu’ils ne se connaissent que depuis un an, qu’elle a déjà une fille, qu’ils n’ont jamais parlé d’enfant, qu’ils ont à peine été capable de vivre ensemble quelques semaines, qu’ils dansent parfois autour des conflits. Un petite voix lui dit que c’est normal, mais June n’a pas envie d’être raisonnable. Pour une fois, June a envie de crier Et peut-être de pleurer, aussi.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptySam 2 Jan - 18:44

« How can you be sure? » elle répond aussi sec, comme si la question était coincée dans sa gorge depuis des années et n’attendait que le bon moment pour s’échapper. L’inquiétude et la dureté qui en transpirent le prennent au dépourvu ; c’est comme si elle l’avait repoussé brutalement, des deux mains. Il ouvre la bouche, prêt à dégainer des arguments, mais les évidences refusent de s’articuler. Evidemment qu’elle était une bonne mère. Devoir apporter des preuves à cette affirmation semblait aussi absurde que de prouver que le soleil se lève chaque matin. « A fit mother doesnt’t run away to another continent because she needs to find herself. » Sa voix est déformée par la détresse, la culpabilité, l’inquiétude. Il s’en veut profondément de l’avoir poussé dans ses retranchements, de l’avoir forcer à faire remonter de vieux souvenirs à la surfaces. Le regard de l’Américaine est fuyant, et son visage était voilé par le deuil ; celui des années perdues. Tout le corps d’Aron a envie de se mettre en mouvement vers elle. La pudeur n’est pas la seule chose qui le retient. Il ne veut pas risquer d’entraver quelque chose qui doit encore sortir. « A fit mother does what she thinks is best for her child, with what she have and what she knows at that time. » Aron ressert ses doigts autour de ceux de Juniper. Il aimerait l’entourer de ses bras, mais elle lui semble si fragile qu’il aurait peur qu’elle se brise en mille morceaux dans son étreinte. « I guess you thought the safest choice was for her to be with her dad. » Sa voix est rauque, presque un murmure. Il pense à voix haute, essaie de mettre de l’ordre dans tout ce que vient de lui révéler Juniper sans risquer de remuer le couteau dans la plaie. Ou de laisser à Juniper l’occasion de prendre ses silences et ses précautions pour un manque d’empathie. « Maybe you were right. » il ajoute, un peu abruptement. A cet instant précis, il regrette de ne pas pouvoir lui dire les choses dans sa langue. La formulation est peut-être maladroite. Il sent que ce qu’il veut lui dire lui échappe. L’anglais l’encombre, l’entrave. Juniper tourne la tête vers lui, accrochant ses yeux humides aux siens. « From what I saw today, Rose seems like the happiest child. »

Elle reste silencieuse un instant. Il n’est pas sûr qu’elle l’a entendu, ou écouter. Elle semble bien loin, happée par des courants invisibles qui l’éloigne chaque seconde un peu plus de lui. Il ressert sa prise sur le genoux de Juniper, comme si c’était la seule chose qui pouvait la garder près de lui. « What if you want to have kids ? » La question le prend totalement au dépourvu. Sa fréquence cardiaque s’accélère avant même que son cerveau comprenne le sens de sa question. Il hausse légèrement les sourcils, sans parvenir à dissimuler sa surprise, mais quelque chose dans son regard s’illumine. Ce n’est pas tant le sujet qui le désarçonne — après tout, ils sont tous les deux trentenaires et se fréquentent depuis un an — mais la manière frontale qu’elle a de l’aborder, là, maintenant, au moment où il s’y attendait le moins. Ils n’ont jamais parlé d’enfants ensemble. Ni même de mariage, ou de quelque engagement que ce soit. C’est une discussion qu’il a pourtant tenu de nombreuses fois tout seul, avec lui-même, depuis qu’il a croisé la route de Juniper. Les millisecondes se distendent. Il cherche à accrocher son regard, aimerait la rassurer d’un sourire, mais elle s’emballe : « What if I’m terrified of it happening again ? What if it happens again, the depression and all that ? What if I can’t help it ? »

Il sent les émotions monter, encore et encore, prêtes à déborder. La gorge serrée, sans plus être capable de se retenir, Aron attrape le visage de Juniper de ses deux mains et s’avance pour l’embrasser. Le geste est peut-être désespéré, mais il n’a rien trouvé de mieux pour lui rappeler qu’il est là, à ses côtés. Ses lèvres cherchent les siennes doucement, alors qu’il se tend vers elle. Lorsqu’il sent des larmes couler sur les joues de la jeunes femmes, il vient placer son visage dans ses cheveux et l’entoure de ses bras. Ils restent muets quelques secondes, savourant tous les deux cette étreinte un peu confuse. Aron cherche comment assembler les mots, comment lui dire ce qu’il a sur le coeur — un coeur qui s’est emballé, propageant dans un chaos général des émotions dans tous les recoins de son être. « I would never ask you to go through that again. » il chuchote contre son oreille. Il sent Juniper se raidir contre son torse et réalise qu’il l’a amputé de 75% de son langage non-verbal d’ours mal léché. Il s’écarte de l’Américaine pour lui faire face, leurs visages à quelques centimètres les uns des autres. « Je t’aime trop pour ça. » il ajoute spontanément, en suédois, tout en glissant ses doigts dans les cheveux de June pour décoller une mèche châtain de sa joue humide.

Elle plante ses yeux dans les siens mais ne répond pas tout de suite ; comme si elle essayait d’évaluer sa réponse, de le déchiffrer. « The question is : do *you* want to have another child? » Un sourire naît à la commissure de ses lèvres, lorsqu’il s’empresse d’ajouter maladroitement : « With me, I mean. »
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptyDim 10 Jan - 16:06


Aron semble hésiter un instant, il ouvre la bouche, se ravise, avant de finalement lui répondre : « A fit mother does what she thinks is best for her child, with what she have and what she knows at that time. ». Et Juniper sait qu’il a raison, sait qu’elle a fait ce qu’elle a pu avec ce qu’elle avait, sur le moment, mais cela ne l’empêche pas de froncer les sourcils. Elle ne sait pas ce qui pourra la convaincre là, tout de suite, ce qui pourrait la faire changer d’avis. Rien, certainement, mais les mots d’Aron se distillent doucement, lentement dans son esprit sans même qu’elle ne s’en rende compte. « I guess you thought the safest choice was for her to be with her dad. Maybe you were right.» Sur le coup, sa remarque fait mal. Bien sûr que ça fait mal, de penser qu’elle aurait pu blesser sa fille, qu’elle aurait pu ne pas la rendre heureuse. C’est aussi admettre qu’elle voudrait être rassurer, qu’elle voudrait être malhonnête, pour une fois, et qu’on lui dise que rien n’est de sa faute, que tout va s’arranger. June inspire. Elle n’est pas malhonnête, ne l’a jamais été, sauf durant ces quelques longs mois de sa vie où tout n’était que cachets et cerveau cotonneux. Et Aron ne sait pas mentir, pas comme le font certaines personnes pour vous faire sentir mieux. Alors ça fait mal mais il y a quelque part un peu de réconfort à savoir qu’elle a peut-être fait ce qu’il fallait, ou ce qui lui semblait le mieux, pour le moment. « From what I saw today, Rose seems like the happiest child. » She is, right ? » June revoit le sourire de la petite, discret, presque retenu, mais tenace et, une nouvelle fois, elle se dit que Rose ressemble étrangement à Aron. Qu’ils ont des caractères si similaires qu’elle se surprend à ne pas l’avoir remarqué avant.

June sent les doigts d’Aron se resserrer sur son genou. Ils n’ont jamais eu une conversation pareille. À vrai dire, ils n’ont jamais vraiment parler d’avenir, ni même de leur passé. Ils ont évoqué, en passant, des détails, des souvenirs, ont livré quelques informations sur leurs familles mais sont restés si ancrés dans le présent que la discussion lui semble important. Comme un rituel de passage, une initiation. Elle remarque, mais trop distraitement, l’air d’Aron lorsqu’elle évoque la question d’une nouvelle grossesse. Elle n’arrive pas à le lire, pourtant la libraire est devenue doue dans cet art : deviner un Strömquist demande un sens de l’observation et un timing impeccable qu’elle ne peut pas conjurer aujourd’hui. Elle est trop terrifiée par cette idée, par la possibilité que ça recommence, que ce soit chronique, que ces hormones décident à nouveau que tout ça, ce n’est pas pour elle. Et elle attend, et elle le regarde, et alors qu’elle aimerait dire quelque chose, rompre le silence pour arrêter de tourner en rond dans sa propre tête, Aron s’empare de son visage pour l’embrasser. C’est vif et étrangement doux, et il y a comme une obstruction dans sa gorge, et bientôt ses yeux débordent et elle aurait envie de jurer parce qu’elle ne voulait pas pleurer. June cache son visage contre l’épaule d’Aron, vient passer ses bras autour de sa taille;

« I would never ask you to go through that again. » Juniper fronce les sourcils un instant, encore, mais ne croit pas pouvoir faire confiance à sa voix, si bien qu’elle attend. Quelle lui laisse un silence, et ce qu’il dit n’est pas forcément ce qu’elle attendait : « Je t’aime trop pour ça. » June cligne des yeux, se demandant si elle a bien entendu. « The question is : do *you* want to have another child? With me, I mean.» Juniper laisse passer un ange, ses bras autour du corps d’Aron, comme si elle refusait de s’en détacher. Est-ce qu’elle veut encore des enfants ? La question lui demande de fermer les yeux et June imagine la chose. Une maison, plus grande, avec un jardin, près de la mer. Son chien qui se balade, et un chat, peut-être, installé près de la fenêtre. Un petit corps qui marche, sur des jambes instables mais rapides, qui s’enfuit dans le sentir qui mène à la plage et Aron, derrière, qui s’empresse de rattraper l’enfant. June déglutit et réouvre les yeux subitement.  « I think I…. » commence-t-elle avant d’inspirer profondément.  « I think I would like that. » La réponse semble la surprendre et June laisse échapper un rire étouffé.  « Maybe not right now, because I like it when it’s just the two of us here. And I want to enjoy it a little while longer… », admet-t-elle sans aucune honte.  « But in the future, I can see it. » June observe le visage d’Aron, détaille les micro-expressions qui s’inscrivent sur ses traits, sont front, ses sourcils, lève une main pour venir la poser sur sa joue, pour passer son pouce sur sa pommette.  « Do you want to have a child ? With me ? » Elle ne lui a jamais posé la question, n’avait pas pensé qu’elle se poserait maintenant, même s’ils se fréquentent depuis bientôt un an, qu’ils sont toujours fourrés ensemble, qu’elle ne veut pas repartir.  « You’ll make a wonderful father. »
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptySam 23 Jan - 17:19

Maybe you were right. Il voit le front de Juniper se froncer, presque imperceptiblement. Là, entre ses deux sourcils, il croit y lire de la douleur — et il s’en veut de ne pas savoir mieux choisir ses mots. Il lui lâche ses aveux, ce je t’aime qui était dans sa gorge depuis plusieurs semaines, comme une ligne de vie pour rattraper Juniper qu’il sent sombrer. Il n’est pas sûr que c’était le bon moment, la bonne manière, mais il sait qu’il pense ce qu’il dit, et donc que ces détails ne devraient pas avoir d’importance. June a enfoui son visage contre son épaule et il peut sentir sa respiration saccadée contre son torse. Elle reste silencieuse un instant lorsqu’il évoque la possibilité d’avoir un enfant, un enfant ensemble. L’espace de quelques secondes, Aron se demande s’il n’a pas complètement mal interprété toute cette conversation, s’il n’a pas fait une énorme erreur. La femme qu’il aime venait de lui raconter la pire période de sa vie et de partager avec elle une peur profonde, et il avait trouvé le moyen de dévoyer tout ça vers eux deux, vers lui? Les rouages s’emballent dans sa tête, il déglutit. Sa poitrine se serre lorsqu’elle entame : « I think I…. » et il se demande comment faire marche arrière, faire comme si rien ne s’était passé. « I think I would like that. » Des dizaines de kilos s’évaporent de sa cage thoracique instantanément. La surprise l’empêche d’abord de sourire ; ses sourcils s’arquent légèrement, trahissant le fait que oui, Aron Strömquist pouvait être touché — désarçonné, même.

Le visage de June s’écarte de son torse et il sent ses yeux verts qui le détaille. Il ne la quitte pas du regard, lorsqu’elle évoque leur vie à deux, et les souvenirs de l’année écoulée viennent se répandre dans sa poitrine comme du miel chaud. Alors qu’elle met les mots sur ce qu’elle veut avec une facilité si déconcertante pour lui, Aron repense à la timidité des cimes, et à leur premier baiser. Comme pour le ramener à elle, l’Américaine passe une main sur son visage, dans laquelle il vient instinctivement presser sa joue. « Do you want to have a child ? With me ? » La question vient étirer ses lèvres en un large sourire explicite. Pour être sûr de ne plus laisser trop de non-dits entre eux, il trouve tout de même opportun de chuchoter, alors qu’il s’approche du visage de June : « I think I might too. » Juste avant que leurs bouches se retrouvent pour sceller cette espèce de pacte, la libraire murmure : « You’ll make a wonderful father. » Aron sourit en l’embrassant, se laissant bien volontiers submergé par la joie (et l’ocytocine). Il entoure Juniper de ses bras, mets un peu plus d’ardeur dans son baiser. Après quelques secondes, il écarte son visage, s’éclaircit la voix et glisse : « Shall we, uh… start practicing? » Avant même de terminer sa question, il la regrette : les joues de Juniper sont encore humides. Elle vient de lui livrer un pan traumatisant de sa vie, là, il y a de cela trois minutes. Dans une pirouette complètement absurde, sans lui laisser le temps de répondre, il enchaîne, nerveux : « Or you know, i can make you some tea. »
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: sundown syndrome · juniperon   sundown syndrome · juniperon EmptySam 6 Fév - 21:08

« I think I might too. » Juniper esquisse un sourire. Elle n’avait pas vraiment douté de la réponse d’Aron. Elle était depuis longtemps persuadée qu’être lui trottait dans la tête, malgré son air grognon face à n’importe quel gamin de l’île - après tout, Aron avait toujours l’air plus ou moins grognon, donc cela ne changeait pas grand chose. Elle peut sentir, quand sa bouche rencontre la sienne, qu’il est heureux, que l’idée même de fonder une famille le rend heureux. Les choses ne s’étaient pas passé ainsi avec Jasper : ils n’avaient rien planifié, n’avaient jamais parlé d’avoir des enfants, avaient simplement dû s’adapter à l’arrivée de Rose lorsque Juniper avait réalisé que l’avortement n’était pas une option qu’elle avait envie d’envisager. Les deux relations étaient, elles aussi, très différentes, et peut-être que c’était de cela dont elle avait besoin pour se projeter, pour imaginer un jour avancer à nouveau dans cette voie. Pour envisager de fonder une famille, unie cette fois. Elle ne peut s’empêcher de penser un bref instant à Rose, et la met de côté, rangée bien au chaud près de son coeur qui a grandi, grossi ces derniers mois à Visby.

Les bras d’Aron sont autour d’elle, et Juniper ajuste sa position pour pouvoir l’attirer un peu plus sur le canapé. « Shall we, uh… start practicing? » La libraire hausse un sourcil, observant l’homme qui ne s’est pas enfui, qui a préféré rester malgré tout ce qu’elle a pu lui raconter, malgré la petite fille qui lui a été présentée. Avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre, Aron reprend : « Or you know, i can make you some tea. » June laisse échapper un rire, franc, soudain, avant de glisser sa main sur la nuque d’Aron.  « Come here. » Ses lèvres viennent rencontrer les siennes avant qu’il n’ait le temps de se défiler et les jambes de Juniper se nouent autour de ses hanches, l’emprisonnant dans un mélange de pieds et de couverture.  « I much prefer having you than tea. » Un sourire en coin lui échappe, et Juniper ne prend pas la peine de l’emmener dans la chambre avant de l’obliger à retirer son pull.
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