Roses and Ruins
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 you rearrange my mind (anyelis)

Aller en bas 
AuteurMessage
Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
Administratör
- ✢ -
Messages : 215
Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyMar 14 Mai - 14:04



you rearrange my mind
A N Y E L I S

Un bruit lointain de verres qui s’entrechoquent le fait doucement émerger. Quelque part, par delà les cloisons et les portes, un de ses colocataires doit avoir démarré le traditionnel grand nettoyage de lendemain de soirée. La matinée doit être déjà bien entamée, à en juger par la clarté qui filtre à travers ses paupières. Il ne peut se résoudre à ouvrir les yeux, pourtant, ajustant sa prise autour de son oreiller, se délectant de la chaleur du matelas contre son torse et de la douceur de l’air sur son dos nu. Elis chérissait plus que tout la langueur des dimanches matins ; l’odeur du café qui flotte dans l’appartement et se mêle aux effluves de cigarettes froides, le silence si particulier de la rue au dehors, seulement perturbé par les aboiements du chien du voisin ou le passage d’une bicyclette sur les pavés.

Ce matin-là était bien différent, pourtant, et il lui faut quelques secondes pour que les images de la nuit passée reprennent leurs places dans chaque recoin de son esprit engourdi. Les souvenirs sont d’abord brumeux : il décapsule une nouvelle bière, elle passe le seuil de la porte, un morceau des Stokes remplit la pièce, il embrasse une autre, elle écrase sa cigarette sur son bureau, la vodka sur ses lèvres, la main contre sa cuisse… Les images sont petit à petit plus nettes, les couleurs plus vives, les sons plus clairs alors que ces réminiscences fourmillent à travers tout le corps d’Elis, les yeux toujours délibérément clos. Il se souvient d’elle contre la porte de sa chambre, puis assise sur son lit, le détaillant avec un regard qui le hantera probablement pour le restant de ses jours. La fraicheur de la pièce sur sa peau lorsqu’il avait enlevé ses vêtements sans la quitter des yeux, l’anticipation qui lui tordait les boyaux, puis tout s’accélère dans un élan ; le souffle court, sa peau, sa chaleur, sa bouche, les muscles qui se tendent, les frissons, les soupirs, les prises réajustées, la douceur de la peau à l’intérieur de ses cuisses, la sueur dans la nuque… Elis sent son coeur s’emballer, enfouit son visage dans l’oreiller pour y expirer toute l’énergie qui vient soudain l’animer des orteils à la pointe de ses cheveux. Il ne veut pas ouvrir les yeux, pas tout de suite, pas encore. Il veut savourer cette léthargie encore quelques instant, sentir sa peau et ses muscles à la fois ankylosés et frémissants.

Alors que la pièce est désespérément silencieuse, une pensée vient soudain le frapper de plein fouet, figeant momentanément le sang dans ses veines. Il n’ose pas tendre le bras de peur d’y trouver du vide, du rien, du néant ; rien d’autre qu’un drap froid. Son visage se tourne avec difficulté, laissant échapper un gémissement étranglé, et ses paupières s’entrouvrent de quelques millimètres. Là, entre ses cils, il distingue la crinière blonde d’Anya, puis son épaule, puis son dos parsemé de quelques minuscules grains de beauté. Il parcourt les collines et les vallées de sa silhouette du regard pendant quelques minutes, se heurte plusieurs fois à la couette qui la recouvre à partir de la taille. Il a envie de dessiner des sentiers sur sa peau diaphane, de passer au travers de ses cheveux pour atteindre son cou, de franchir la ligne de crête pour retrouver son visage. Mais il n’en fait rien, gardant son visage sur son oreiller, la détaillant avec une envie paresseuse. Les secondes passent lentement, puis les minutes. Elis approche son visage à quelques centimètres du dos d’Anya, sent l’odeur de sa peau et la chaleur qui s’en dégage. Doucement, il souffle dessus, suivant le haut de sa colonne vertébrale, déviant vers son omoplate, puis bifurquant vers sa nuque et faisant danser timidement une mèche de ses cheveux. Une protestation faiblarde émerge de la gorge d’Anya, qui porte instinctivement une main à son cou. Elis repose sa tête sur son oreiller, se frotte le visage doucement, les yeux rivés vers le plafond. Quelques secondes passent avant que la jeune femme ne se tourne vers lui. « J’ai cru que tu t’étais enfuie. » il lance d’une voix enrouée avec un sourire en coin, pour mieux dissimuler l’inquiétude derrière cette affirmation.


Dernière édition par Elis Jakobsson le Mer 9 Oct - 23:37, édité 3 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anya Larsen
Anya Larsen

- ✢ -
Messages : 191
Pseudo : Pauline / linconstante
Avatar : Lucy Boynton + excelsior
Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyMar 28 Mai - 21:13


you rearrange my mind
A N Y E L I S


Même dans son sommeil, Anya sait qu’il est là, presque consciente de sa respiration, de la chaleur de son corps près du sien. Hier soir, ou plutôt cette nuit, quand leurs combats-étreintes-passions se sont enfin éteints, elle est restée éveillée encore un moment. Incrédule, peut-être, ou simplement surprise par la facilité du dénouement. Est-ce qu’ils auraient pu faire ça avant ? Est-ce qu’elle aurait pu baisser sa garde, fermer les yeux, dire oui simplement ? Un peu plus tôt, quelques années avant ? Ce n’était pas la question à se poser, pas à ce moment, pas après les périples de leur soirée. Alors Anya avait fermé les yeux, préférant accepter, se complaire et se rouler dans cette chaleur qui lui semblait si familière alors qu’elle ne l’avait jamais touché. Elle n’avait pas rêvé, par la suite, n’avait pas rejoué incessamment leur altercation de la soirée, ou leurs dizaines de millier d’autres disputes - comme elle l’avait fait tant de soirs, tant de nuits avant celle-ci. Anya se souvient de tout, ou presque. Elle aime se dire que tout lui est resté, depuis qu’ils se sont rencontrés. Que les trois disputes du mois de juin, quand ils avaient sept ans, ne s’estomperont peut-être jamais, qu’elles lui resteront comme on entasse les cartes postales et les babioles - Anya entasse, elle, les mauvais coups, les mauvais mots et les pleurs d’enfants. Parfois, entre deux mauvais jours, elle se souvient d’un sourire - en coin, un peu narquois, souvent, provocateur. Un sourire qui lui était adressé, pas un de ceux qu’elle n’était pas censé voir et qu’elle aurait, sur le moment, préférer oublier. Un de ces sourires qui lui mettait la rage au ventre et l’envie de l’embrasser, qui lui aurait fait casser des choses, hurler des injures, ou peut-être tout plaquer. Il n’avait pas eu à sourire, la veille, pour la faire craquer. Il n’avait pas eu à la provoquer, pas vraiment, juste un peu, pas autant qu’avant. Il n’avait fallu qu’une courte distance, quelques pas franchis, le souffle d’Elis sur sa joue pour que le mur s’écroule et que la corde, d’un coup, se tendent. Anya n’était pas sûre de pouvoir - de vouloir - revenir en arrière.

Un grognement matinal lui échappe tandis qu’un souffle glisse sur sa peau. C’est tiède, un peu froid peut-être, mais elle n’a pas le courage de chasser de la main l’enquiquineur - elle sait, dans son demi-sommeil, de qui il s’agit. Il lui faut un instant, pour ouvrir les yeux correctement, pour lever la main et se frotter la paupière un peu gonflée. Pour inspirer, profondément, son odeur encore sur les draps ; pour se retourner finalement, décoiffée.  « Il fait trop froid dehors. » Le cynisme à moitié endormi lui échappe sans qu’elle n’arrive à y mettre l’acidité habituelle, sa marque de fabrique. Soulevant la paupière, elle observe Elis, là, dans la lumière qui filtre entre les rideaux mal tirés. À quoi s’attendait-elle, exactement ? Une révélation ? Un dégoût brusque, au matin, pour le gamin qui avait volé sa trousse et qui avait fini par susciter les désirs les plus frustrants chez l’adolescente qu’elle avait été ? Elis est toujours aussi beau, évidemment. Plus beau, peut-être, au matin, échevelé, les yeux presque ouverts, mais pas tout à fait. Doucement, Anya déplie son bras endormi, tend les doigts pour les passer sur l’arrête de son nez, sur ses pommettes, sur l’angle aiguisé de sa mâchoire. Elle se sent un peu cruel, de prendre la chose à la légère - ce qui n’est pas vraiment le cas, en réalité. Ses doigts s’attardent sur le menton, menacent de descendre dans le cou, mais elle patiente encore un peu.  « Je t’ai dit que je le ferai plus. » Alors elle s’y tient, malgré la trouille qui aurait pu la prendre au ventre et lui donner envie de courir. Elle s’y tient, parce qu’elle lui a promis et que revenir sur cette promesse serait brisé ce qui, jusqu’alors, a survécu. Ce qu’ils ont réussi à abimer, à user sans fin, sans jamais vraiment le déchirer. Ce lien étrange qui, depuis vingt ans, les tire dans tous les sens.

 « Et puis j’avais pas envie de partir. » Anya entend quelqu’un passer dans le couloir, s’attarder devant la porte et repartir. Elle se demande si elle va devoir s’expliquer, aujourd’hui, demain, dans les jours à venir. Si elle va devoir parler avec Solveig, avec leurs anciens camarades de classe, si on va leur poser des questions. Si elle aussi, elle devrait poser des questions. Elle préfère pourtant garder le silence et, dans un bruit de tissu froissé, se rapprocher lentement. C’est une approche tentative, une redécouverte, un essai en plein jour. L’ambiance est différente, n’est-ce pas ? Il n’y a plus d’alcool, malgré une légère gueule de bois, plus de musique ni de rires, en fond. Est-ce qu’il s’inquiète ? Est-ce qu’elle l’entend, dans sa voix, ou est-ce qu’elle l’imagine ? A-t-il eu peur ? Les yeux plissés, légèrement, comme si elle pouvait le deviner, elle approche jusqu’à effleurer son nez du sien.  « Je suis là. » Elle ne sait pas vraiment pour qui elle le dit, si c’est pour elle ou bien pour lui, qui elle tente de rassurer. Les deux, peut-être, en ont besoin - besoin de savoir qu’ils l’ont fait, qu’ils ont osé, cette fois, qu’ils n’ont pas reculé. C’est effrayant, quelque part, mais sa chaleur l’appelle et, du bout des lèvres, Anya lui réclame un baiser.  « Est-ce que je peux rester ?
Revenir en haut Aller en bas
Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
Administratör
- ✢ -
Messages : 215
Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyMer 9 Oct - 23:36



you rearrange my mind
A N Y E L I S

« Il fait trop froid dehors » elle lâche finalement, dans un soupir. Comme pour confirmer ses dires, le bruit des gouttes de pluie cognant contre la vitre vient doucement remplir la pièce, à nouveau silencieuse. Il n’a pas besoin d’aller voir à la fenêtre pour savoir que le dimanche qui s’annonce est de ceux dont Visby a le secret : maussade. Le touristes viennent pour ses maisons colorées, ses rues pavées, son port animé et ses rosiers taillés, et, en effet, une vingtaine de jours dans l’année, la ville suédoise a tout d’un décor de carte postale. Mais souvent, elle était tout à faire ordinaire, parfois même l’austère, dans la plus pure tradition suédoise. Ces dimanches-là étaient précieux : il était toléré — voire encouragé — de rester chez soi. Ces dimanches-là, pas besoin de faire semblant.

Elis observe Anya émerger, à quelques dizaines de centimètres de son visage. Il goûte à cette intimité toute neuve avec une prudence dont il n’arrive décidément pas à se détacher totalement. L’adrénaline de la veille est retombée et leurs foies font tout leur possible pour gérer les excès d’alcool — laissant Elis avec un mal de tête et un désir aux contours nouveaux. Il y avait quelque chose de profondément vulnérable dans le fait de se réveiller sous les yeux de quelqu’un. Il l’observe frotter ses paupières lourdes et bâiller paresseusement ; passer distraitement le bout des doigts sur sa pommette puis le chercher du regard. Tout ça n’avait rien à voir avec tout ce qu’ils avaient vécus ensemble cette nuit. Ca le réjouissait, et ça l’effrayait, aussi. Elle tend la main vers lui, laisse glisser un sa main froide sur les reliefs de son visage, alors qu’il s’applique à ne pas la quitter des yeux. Des traces de mascara soulignent son regard, qu’il n’est pas sûr de savoir déchiffrer. Sur ses lèvres, il n’y a plus de rouge à lèvre depuis longtemps. « Je t’ai dit que je le ferai plus. » Pendant une poignée de secondes, Elis s’autorise à imaginer qu’elle est partie. Qu’elle a une nouvelle fois pris ses jambes à son cou. Est-ce que c’est de l’inquiétude, qu’il aurait ressenti? Ou du soulagement? Anya semble hésiter, elle aussi. Et maintenant? La question résonne encore et encore, semble prendre toute la place entre eux, s’infiltre entre les draps. « Et puis j’avais pas envie de partir. » Fuir en avant, c’est ce qu'on fait de mieux, pourtant. Et maintenant? Il sent les battements de son coeur s’accélérer. J’avais pas envie de partir. D’ordinaire, la confession aurait été accueillie tièdement ; voire évacuée d’un revers de la main, si se montrait particulièrement impatient et détestable, ce jour-là. D’années en années, les excuses sortaient d’elles-mêmes, toujours mieux calibrées. Mes parents doivent passer me voir dans une demi-heure, donc si tu pouvais… Tout était bon pour faire sortir ces filles soudain encombrantes de sa chambre. J’ai un devoir de droit international à terminer avant midi, en fait… La plupart repartaient sans demander leur reste. Certaines, malignes ou obstinées, parvenaient à revenir et le forçaient à faire preuve d’un peu plus d’imagination. Avec Anya, toutes ses stratégies n'avaient plus aucun sens. Et quand bien même, combien de temps ses remparts absurdes tiendraient-ils face à l’ouragan Anya?

Il s’est défait de son sourire, ne dit rien, mais ne parvient pas à la lâcher des yeux. Il se déteste de penser à la suite — y en a t’il une, seulement ?—  alors qu'elle est là, tout près, dans ses draps. Elle s’approche, le regard impénétrable mais la bouche rieuse, effleure son nez avec le sien. L’anxiété d’Elis semble fondre comme neige au soleil alors qu’elle murmure tout contre ses lèvres, « Est-ce que je peux rester ? » Il ne résiste pas longtemps à son appel, attire son visage à lui d'une main et l’embrasse. C’est d’abord doux, languissant, un peu nonchalant. Ça a quelque chose d’un premier baiser ; un premier baiser où ils auraient pris le temps de s’appliquer. Le toucher d’Elis devient plus ferme ; c’est à présent lui qui la toise, et elle accueille sa fougue avec un sourire amusé. Est-ce que tu peux rester? Elle cherche son torse, puis son dos, mais il lui attrape ses poignets et les bloque de part et d'autre de l’oreiller. Alors qu'elle tente de se défaire de son emprise, belliqueuse, il plisse les yeux au-dessus d’elle. Est-ce que tu veux rester? Vraiment? Il n’envisage pas de passer sa journée, ou même sa semaine, autre part qu’avec elle, dans ce lit. Il aurait été si simple de lui répondre par trois petites lettres, un mot si court qu'il semble sans conséquences. Evidemment, c’est tout autre chose qui lui échappe : « Ne dit pas des choses que tu vas regretter plus tard. »


Dernière édition par Elis Jakobsson le Jeu 10 Oct - 21:16, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anya Larsen
Anya Larsen

- ✢ -
Messages : 191
Pseudo : Pauline / linconstante
Avatar : Lucy Boynton + excelsior
Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyJeu 10 Oct - 13:48

« Ne dit pas des choses que tu vas regretter plus tard. » Les choses avaient pourtant bien commencé : les noeuds finalement dénoués, la soirée terminée entre les draps réchauffés, à deux et plus seul, chacun de son côté. Avait-elle trop espéré ? Était-elle en train de mal interpréter ? Etait-ce une blague, une boutade, quelque chose de léger ? Anya n’attend pas de savoir, de poser la question, de demander des explications : son visage, encore rieur du baiser, se ferme et son désir s’étouffe malgré la proximité d’Elis. Elle pourrait avouer que son envie de l’embrasser est toujours là, quelque part, qu’elle ne risque pas de disparaître où bout de vingt longues années à attendre, mais c’est trop tard. Ne dit pas des choses que tu vas regretter plus tard. La phrase tourne en boucle, pendant quelques secondes, quelques millièmes de seconde, comme un ouragan qui se déchaîne soudainement et que l’on ne peut que subir. Regretter. Elle pensait pourtant avoir été claire, avoir expliqué, avec le peu de mots qu’ils avaient employé depuis hier soir, qu’elle était , là maintenant, et là plus tard, qu’elle avait arrêté de courir, qu’elle voulait essayer. Qu’elle attendait autre chose, cette nuit, que le coup d’un soir, celui dont elle avait entendu parler pendant des années à travers l’île - et celui qu’elle avait pratiqué, de son côté, par revanche, par méchanceté, parfois, par ennui.

Anya hésite un instant. Hésite entre eux demander ce qu’il pense, vraiment, ce qu’il veut dire par là, ce qu’il met derrière le mot regret - est-ce que tu regrettes, toi ? Mais sa voix est trop froide pour la conciliation, sa colère trop vive, à nouveau, trop rapide.  « Pousse-toi. » Elle s’agite, belliqueuse d’une autre manière, sans jeu, sans désir. Elle s’agite et le repousse sur le lit, dégage ses jambes des draps. Ses sous-vêtements traînent au pied du lit et elle enfile ce qu’elle trouve - culotte, soutien-gorge, un t-shirt qui n’est pas à elle. Elle a bien dit qu’elle ne partira pas, malgré l’envie qui lui démange les mollets, alors elle oublie les chaussures, la robe et les collants, oublie son sac dans un coin et attrape le paquet de cigarettes - pas à elle, lui non plus - sur le bord du bureau. Il n’aura fallu que d’une phrase, un mot, pour la faire replonger et un instant Anya se demande si elle n’a pas fait une connerie. S’il n’est pas en train de se venger de toutes ces années de mauvais coups, d’hésitations, de manqués. Anya se demande si, en ouvrant les tiroirs du bureau, elle trouverait les mots qu’ils ont échangé ces dernières années, les cartes postales, les courtes lettres, les bouts de papier arrachés à des carnets et glissés dans des enveloppes froissées. Elle se demande si elle a eu tort, si elle ne devrait pas revenir sur sa promesse, si elle ne devrait pas fuir, à nouveau. Partir, et partir pour de bon, pour de vrai - car elle n’est pas sûre de pouvoir supporter ce rejet-là.

 « C’est quoi, cette connerie ? » Elle tire nerveusement sur sa cigarette et a l’impression que tout recommence. Que la tension et la colère d’hier sont de retour, qu’ils vont se disputer, qu’ils vont se faire mal. Que tout a merdé, qu’elle a merdé et lui aussi, qu’ils se sont trompés - et pourtant. Une petite voix lui dit que non, qu’elle le voulait, qu’elle le veut toujours. Qu’elle veut l’embrasser, retourner entre les draps, fermer les yeux et oublier ce qu’il vient de dire. Qu’elle pourrait passer l’éponge, peut-être, vu tout ce qu’elle a balancé au fil des ans, toutes les remarques mordantes, toutes les insultes à demi-dissimulées.  « Tu crois quoi ? Que je vais te promettre de plus me barrer et qu’à la première occasion venue je vais le faire ? Que je ne sais pas ce que ça veut dire, d’être là ? » Si elle était honnête, elle s’avouerait qu’elle n’est pas sûre de savoir, plus sûre, du moins, plus maintenant alors qu’elle s’assoit sur le rebord de la fenêtre heurtée par la pluie. Elle a envie de l’ouvrir, de sentir l’eau froide sur ses jambes, de s’ancrer, de se calmer. À la place, Anya porte la cigarette à ses lèvres et évite de regarder Elis un bref instant - avant d’échouer, lamentablement, le regard sans cesse attirer vers le lit, les draps froissés, son corps à peine dissimulé.

 « Tu crois que je vais regretter ? » La question prend la forme d’une provocation, d’un ose le dire, pour voir. Elle ne sait pas ce qui va en sortir, ce qui va se passer, s’ils vont encore une fois tout brisés. Elle était persuadée que la veille au soir, le pire était passé, qu’ils avaient fait le pas, le premier, en avant, vers autre chose, mais les doutes se mettent à tourner, tourner, tourner encore et la peur, surtout, la peur constante d’être rejetée par Elis. De le voir partir à son tour, et pour de bon.  « Ou est-ce que toi, tu regrettes déjà ? » Parce qu’elle est là, la question, n’est-ce pas ?
Revenir en haut Aller en bas
Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
Administratör
- ✢ -
Messages : 215
Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyJeu 10 Oct - 22:50



you rearrange my mind
A N Y E L I S

Une fois de plus il sait, à l’instant où ses mots franchissent ses lèvres, qu’il va les regretter. Quelque chose assombrit le regard d’Anya et il devine sa mâchoire qui se crispe ; quelque chose de plus violent que la déception. La trahison. Elle se défait de son emprise avec violence, le forçant à battre en retrait sur son côté du lit, puis elle entreprend de se rhabiller avec humeur. Il sait très bien ce qu’elle est en train de se dire mais il se refuse à former les mots dans son esprit, comme engourdit par cet accès de lâcheté. Sans un mot, elle lui tourne le dos et enfile ses sous-vêtements. La lumière qui filtre entre les rideaux fait danser des ombres sur la peau laiteuse d’Anya, mobilisant toute l’attention d’Elis, qui l’observe sans plus chercher à s’en cacher. Il la voit hésiter, prête à s’emparer de ses affaires, à claquer la porte derrière elle et à ne plus lui adresser la parole. Jamais. Mais sa fierté l’en empêche, et la voilà de nouveau en proie à un combat avec elle-même ; dans la confusion, elle attrape le tee-shirt qu’il portait hier soir et l’enfile. Ou peut-être que le geste est prémédité. Peut-être qu’elle sait très bien l’effet que ça aura sur Elis et elle aurait raison. Il tend la main vers l’épaule d’Anya, voulant l’attirer à nouveau à elle, mais elle se dérobe à son contact sans même le regarder.

Soudain las — et parce qu’il sait qu’il n’arrivera pas à soutenir son regard — il se laisse retomber sur le matelas, et fixe la peinture écaillée du plafond. Comme il l’avait prédit, elle ne passe pas la porte et préfère se diriger vers la fenêtre, faisant craquer le parquet sous ses pas hâtifs. Elis ferme les yeux. Pour rassembler ses esprits. Ou se préparer à la joute verbale qu’il sent arriver, toute proche. Ou fuir. Ou un peu tout à la fois. Il l’entend s’acharner sur un briquet, prendre une inspiration. Puis les mots tombent. Il reconnait à peine l’intonation de sa voix : elle ne cherche pas à séduire et elle ne cherche pas à blesser, pas vraiment — il a l’impression qu’il n’a jamais connu que ses deux facettes, chez elle. Ses paroles sont dénuée de leur âpreté habituelle, comme si elle n’avait pas la force pour ça, de si bon matin. Mais il reconnait toutefois la colère qui enserre chaque syllabe, la déception entre les mots, l’inquiétude qui ponctue le tout. Il se redresse, elle lui adresse un regard presque… entendu. C’est donc comme ça que ça va se passer, hein? Tu quittes le navire maintenant pour être sûr que je puisses pas le faire avant toi? Mais tu veux me faire passer pour la lâche, en plus de ça? Il sait qu’elle attend une réaction de sa part, mais il ne peux pas s’empêcher de la détailler, en train de fumer une cigarette à sa fenêtre, dans son tee-shirt qu’elle ne remplit pas. Ses chances de la revoir ici, dans sa chambre, s’amenuisent à mesure que son silence se maintient, il en est bien conscient ; mais il veut être sûr que cette image restera gravée dans son esprit. Elle parvient enfin à capter son regard et l’interrompt, prête à en découdre : « Tu crois que je vais regretter ? » Il ouvre la bouche. Forcément. Puis se ravise.

Il ne veut pas discuter, il veut juste la sentir dans ses bras. Mais elle n’en a pas terminé. « Ou est-ce que toi, tu regrettes déjà ? » Il la regarde fixement, se retenant de froncer les sourcils, puis passe une main sur son visage fatigué. Sans plus d’hésitation, ses pieds touchent le sol de la pièce et il la rejoint à la fenêtre, sans prendre la peine de se couvrir — la voisine en a vu d’autres. Il croit lire la surprise sur le visage d’Anya, pendant une fraction de seconde, mais très rapidement ses traits se raidissent à nouveau. Avant qu’elle n’ait le temps d’objecter, il prend son visage en ses mains, murmure un « Arrête, Anya. » et dépose un baiser sur ses lèvres. La seconde d’après, il retire la cigarette qu’elle maintenait entre deux de ses doigts et la porte à sa bouche. Il ouvre la fenêtre, et une brise froide et humide s’engouffre dans la pièce, hérissant les poils sur sa nuque et son torse. Dans un long soupir, il expire la fumée, les yeux rivés vers la rue, hésitant à présent. « Arrête de faire comme si ça dépendait réellement de moi. » Nous y voilà. Il tire une nouvelle fois sur la cigarette et pose doucement sa main sur sa jambe nue d’Anya, à défaut d’oser la glisser sous son tee-shirt. Elle semble prendre la mesure de ce qu’il vient de lui dire, interdite. « On en revient toujours à la même chose, finalement, pas vrai? » il ajoute, avec une légèreté inattendue. Il voit la mâchoire d’Anya se tendre à nouveau, prête à répliquer, à reprendre le jeu là où ils s’étaient arrêtés, hier soir. Les réflexes sont toujours là, tatoués dans leur chair depuis des années. Il a envie de désamorcer tout ça, là, maintenant, tenter quelque chose, n’importe quoi. Avant qu’elle n’ouvre la bouche, il lu adresse un sourire en coin, amenant à nouveau la cigarette à ses lèvres. « Tu sais que tu fais ce que tu veux de moi. » il lâche, en expirant vers la fenêtre entrebâillée. Ça sonne comme un aveu, peut-être même comme une promesse.
Revenir en haut Aller en bas
Anya Larsen
Anya Larsen

- ✢ -
Messages : 191
Pseudo : Pauline / linconstante
Avatar : Lucy Boynton + excelsior
Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyVen 11 Oct - 17:25


 « Arrête, Anya. » Et elle a envie d’arrêter, mais elle ne peut pas lui dire. Elle a avoué trop de choses depuis hier soir, trop de choses qu’elle avait gardé, pendant vingt ans, soigneusement verrouillées dans un coin de son âme, de son esprit. Anya sait que d’autres choses doivent être dites, qu’elles vont venir, certainement, dans la journée ou dans la semaine, dans les jours qui arrivent - mais tout dépend. Tout dépend d’Elis, là, allongé dans le lit, d’Elis qui se lève, nu, qui vient vers elle. Tout dépend de ce qu’il va dire mais, sur le moment, il ne dit rien, et la peau d’Anya s’électrise sous sa main, déjà habituée à son contact chaud sans qu’elle ne puisse réellement s’en lasser. Elle sait, d’ailleurs, qu’elle ne s’en lassera pas, qu’elle pourra passer la journée là, entre les draps, à fumer et à l’embrasser, sans avoir envie d’autre chose. Le baiser l’empêcher de répondre et, même si elle refuse de l’admettre, la rassure d’une certaine façon - et elle déteste ce qu’elle ressent, déteste le fait de comprendre, de sentir qu’elle dépend de lui, de sa réaction, de ce qu’il pense là, maintenant, d’eux deux. Cette simple pensée la fait se raidir malgré sa proximité, malgré le coup d’oeil le long de son torse et plus bas, malgré l’envie de le ramener dans le lit et d’oublier toute cette conversation.

 « Arrête de faire comme si ça dépendant réellement de moi. » L’emphase la surprendre, toute la phrase la surprend, en réalité. Elle sait, quelque part, qu’ils ont déjà évoqué ce sujet, que ça ne va pas lui plaire et que ça va peut-être lui faire mal au coeur, juste un peu. Que son regard là, son regard qui accepte, celui qui se détourne un instant vers la rue avant de revenir à elle - que ce regard-là, elle est incapable d’y résister. Anya veut enfouir son visage dans son cou, respirer son odeur, oublier sa colère ou, au moins, l’exorciser autrement, contre cette peau, contre ces lèvres. Le besoin qu’elle ressent - le vide, qu’il y a entre eux est qui semble ne pas vouloir se refermer tout de suite - la terrifie un bref instant. En temps normal, elle serait déjà partie, qu’elle se dit. En temps normal, elle serait déjà rentrée chez elle, puis rentrée à Stockholm en laissant un mot un peu cryptique, une lettre que seul Elis aurait pu comprendre et qui lui aurait fait du mal. Qui leur aurait fait du mal à tous les deux.  «  On en revient toujours à la même chose, finalement, pas vrai? » Son ton la surprend et l’agace tout à la fois. Les doigts d’Anya se serre et se desserre autour du tissu, doux, imprégné d’une odeur qui n’est pas la sienne et qu’elle compte emporter avec elle.  « De quoi tu… »

De quoi tu parles, bon sang ? Dis-moi, franchement, ce qu’il se passe, là, dans cette fichue tête. La phrase ne passe pas ses lèvres, elle n’en a pas le temps. Elle n’est pas sûre de savoir si c’est le ton de sa voix qui l’a arrêtée, ou si c’est la main sur sa cuisse - main qu’elle ne repousse pas, qu’elle laisse se promener sans même envisager de la déloger. Une fois suffit, elle n’est pas capable de repousser son contact une deuxième fois.  « Tu sais que tu fais ce que tu veux de moi. »

Le temps semble s’arrêter, l’instant et la pluie se suspendre, comme un rien, alors qu’Anya cligne des yeux, confuse. Son corps, subitement, accélère, et sa respiration se fait superficielle, rapide, difficile à contrôler. Elle déglutit, ouvre la bouche, veut dire quelque chose, quoi, elle ne sait pas, alors elle la referme et le regarde. Il y a quelque chose dans sa gorge, quelque chose qui s’y loge quand elle s’énerve, quand elle le voit partir avec quelqu’un d’autre, quand elle trouve un mot dans sa poche, quand elle pense à lui au bout de la nuit. Elle n’est pas sûre que ce soit tant de l’espoir que du manque, les deux peut-être.  « Alors c’est ma faute ? » Elle n’a pas réfléchi avant de parler - presque doucement, malgré l’émotion qui l’étrangle. Elle n’a pas formulé dix fois la même phrase dans sa tête, n’a pas hésité. N’a pas pensé, pour une fois. Anya voudrait le toucher mais elle n’est pas sûre de pouvoir faire les deux à la fois, penser et l’étreindre.   « C’est ma faute, toutes ces années manquées ? » La question prend la forme d’une affirmation, quelque chose qu’elle sait déjà et qui, d’une certaine manière, lui déchire le coeur. Pourtant, elle ne part pas et le bout de ses doigts vient rencontrer la joue d’Elis, sa pommette, sa tempe.  « Pourtant ça fait des années que je suis suspendue au moindre de tes gestes. C’est paradoxal, non ? Parce que quand tu dis quelque chose comme ça, j’ai envie de partir en courant. » Et de t'embrasser aussi, mais ça me terrifie et je ne sais pas le dire. Sa propre honnêteté la surprend. Mais elle ne part pas. Pour la première fois de sa vie, Anya ne s’enfuit pas.  « J’ai pas voulu que ça se passe comme ça. » Pas consciemment, pas volontairement. Est-ce que tu le sais, ça ?
Revenir en haut Aller en bas
Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
Administratör
- ✢ -
Messages : 215
Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyVen 18 Oct - 20:31



you rearrange my mind
A N Y E L I S

L’aveu avait été lâché sans qu’il ne le réalise vraiment. Les mots étaient restés suspendus dans l’air, mêlés à la fumée de cigarette. Un bref instant, il regrette ; toujours ces mêmes réflexes — fight or flight. Est-ce qu’il saura être autrement au contact d’Anya, un jour? Est-ce que c’est possible d’oublier des années de conditionnement? De levées de bouclier? D’attaques désespérées? Un bref instant il regrette, oui, puis il tente de trouver le regard d’Anya et le doute se dissipe. Elle semble perdre pied face à cet élan de sincérité. La confusion voile ses yeux clairs, elle cherche une issue, un moyen de s’extirper du bourbier de non-dits et de provocations dans lequel il se sont tous les deux empêtrés. Il sent qu’il a mis un coup de pieds dans la fourmilière, mais il ne sait pas s’il est prêt à en subir les conséquences. Elle s’apprête à lui répondre, il aimerait l’en empêcher d’un baiser ; oublier toute cette conversation, faire comme si ça n’avait pas d’importance. Faire comme si tout était simple, entre eux, enfin. Juste une heure. Une minute. Quelques secondes.

 « C’est ma faute, toutes ces années manquées ? » L’inflexion de sa voix à la fin de sa phrase n’est pas très assurée, l’interrogation est hésitante. Elis aimerait avoir le beau rôle, faire croire — et se convaincre — que s’ils ont été aussi misérables, tout ce temps, c’est à cause d’elle. Il ne répond pas. Plusieurs bribes de conversations lui reviennent à l’esprit, décousues, aigres. Putain tu m’épuises Elis, va lui dire. Bois ce shot, et va lui dire, c’est même plus distrayant à ce stade, vos conneries. Henrik n’avait pas tord. Le shot fut bu, ce soir là, mais la discussion n’eut jamais eu lieu. C’est à cause d’Anya, hein? Mari avait tenté de le secouer, après une énième rupture amoureuse brouillonne. Son amie avait fini par perdre patience face à Elis qui répétait inlassablement les mêmes schémas ; dès qu’un futur heureux se profilait à l’horizon, celui-ci s’appliquait à saboter ses relations. Tout était tellement évident, pour qui connaissait Elis, que s’en était devenu lassant. Tu crois qu’elle t’attend sagement à Stockholm? Grandis, Elis. Vos histoires d’adolescents, là, ça commence sérieusement à me fatiguer. Passe à autre chose. Elle avait aussi raison, Mari. Abandonne. Dis lui. Abandonne. Dis lui, merde. Il aurait pu mettre un terme à ce petit manège il y a bien longtemps. Décidé qu’il n’avait plus envie de jouer. Se comporter comme un adulte. Avoir une discussion mature. Arrêter de se cacher derrière les vices et les provocations d’Anya. Bien sûr qu’il est lui aussi responsable.

« Ça fait des années que je suis suspendue au moindre de tes gestes. » Les mots s’infiltrent sous sa peau et tendent ses muscles. Elle ne lui apprend rien, et pourtant, c’est grisant. Il fait glisser le bout des doigts sur se duvet doux de sa cuisse, s’assure de ne pas croiser son regard — elle y lirait sûrement la satisfaction puérile d’un adolescent qui sait qu’il a réussi son coup. Il expire une nouvelle fois un nuage de nicotine puis tend ce qu’il reste de la cigarette à Anya. « …quand tu dis quelque chose comme ça, j’ai envie de partir en courant. » Et voilà. On y était. Une fois qu’on arrête de jouer, qu’on baisse les armes, qu’est-ce qu’il nous reste? Est-ce que cette histoire peut survivre à un cessez-le-feu?

Il reste muet quelques secondes supplémentaires, soupesant les implications de ses dernières paroles. Les doigts d’Anya courent sur ses bords de son visage. Fight or flight. Un instant, il contemple la possibilité de s’écarter et de mettre un terme à la conversion avec un soupir et une excuse bien trouvée. Il pourrait aussi s’en remettre à ses désirs et prendre le visage d’Anya entre ses mains pour la guider à nouveau vers ses draps. Mais les mots sont déjà formés sur le bord de ses lèvres, et Anya mérite de les entendre, après tout ce qu’elle vient de lui dire. Il penche un peu la tête, a envie de sentir le contact de la paume de sa main sur sa peau. « On a passé tellement de temps à se repousser… » il entame, le poids des années dans la gorge, « …tellement de temps à s’écrire… », il repense aux pages à carreaux, aux serviettes en papier et aux cartes postales, « …à essayer de se prouver qu’on se détestait… » Elis marque une pause. « Et regarde nous, putain. » Il écarte légèrement les bras, comme pour montrer l’étendue des dégâts à Anya. « Déjà en train de chercher un moyen de tout faire planter. » C’est aussi formulé comme un reproche, mais c’est aussi sa propre confession.

Sa main vient se reposer sur le haut de sa cuisse, à la lisière de son tee-shirt. Il n’essaie plus de fuir son regard à présent — à quoi bon? « J’ai pas voulu que ça se passe comme ça. » elle fini par avouer. Cette fois, sa réponse ne se fait pas attendre : « Tu aurais vraiment voulu que ça se passe autrement? » son ton a quelque chose d’accusateur, mais il y a aussi un soupçon de raillerie. Il récupère la cigarette qu’elle a entre ses doigts et, avant de la porter à ses lèvres, ajoute : « Moi non. »
Revenir en haut Aller en bas
Anya Larsen
Anya Larsen

- ✢ -
Messages : 191
Pseudo : Pauline / linconstante
Avatar : Lucy Boynton + excelsior
Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptySam 19 Oct - 21:42

Anya n’est pas sûre d’avoir une réponse appropriée. Elle n’est même pas sûre de vouloir formulée une réponse tant les choses sont confuses, entremêlées, dans son esprit. Elle baisse un instant les yeux, réfléchit, les doigts vides et agités sans la cigarette qu’il vient de lui dérober. Elle aurait voulu que les choses se passent autrement, que ce soit plus facile, qu’elle soit moins stupide, moins effrayée, moins violente. Elle aurait voulu qu’il parle, qu’il soit à elle plus tôt, qu’ils aient appris à se connaître - comme ça, la peau nue, les mots vrais - avait. Et puis il y a l’autre partie d’elle-même - celle qui est plus honnête, celle qu’elle tente de dévoiler, celle qui ose admettre qu’elle ne veut rien changer. Qu’elle veut garder les années d’errance et de disputes, d’erreurs, de notes échangées à la récré. Qui veut garder les sms échangés tard dans la nuit, les cartes postales, les lettres qu’on aurait préféré ne jamais écrire. Qui veut garder même les mots durs, les mots qui blessent, les baisers des autres et les colères. Toute ces choses qui rendent cette histoire si étrange, si unique, si compliquée - ces choses qui font d’eux Elis et Anya, Anya et Elis.

Le silence s’étire alors qu’elle lève à nouveau les yeux. Ses doigts ont fini par se glisser autour du poignet d’Elis, non pas pour le chasser, mais pour s’assurer que cette main chaude, rassurante, reste bien à sa place. Alors que ses pensées font leur chemin, Anya se demande si elle n’est pas l’équilibriste, celle qui avance sans filet, qui ne bouge qu’à petit pas, légers, presque imperceptibles, de peur de tomber. De peur de voir tout s’effondre, encore une fois, autour d’elle - autour d’elle et d’Elis. « J’ai tout gardé » finit-elle par dire, sans vraiment répondre à sa question. Hésitant, Anya sent les émotions se réveiller et s’éteindre, remuer dans son ventre, dans sa gorge, avec cette étrange impression que sa poitrine, a tout moment, pourrait exploser.  « Les bouts de cahier, les cartes postales, les vieilles serviettes… Même les mails. J’ai tout gardé, j’ai tout mis dans cette vieille boîte que j’ai trouvé dans le garage, une vieille boîte en bois et elle est pleine à craquer maintenant. J’étais obligée de la cacher, quand j’habitais encore dans la maison. » Les mots s’échappent sans qu’elle ne leur en donne la permission et, un instant, elle pose un poing fermé, serré, sur sa propre bouche, comme surprise de ce qu’elle révèle, tout à coup, sans préméditation. Ce n’était pas ce qu’elle voulait dire - mais que voulait-elle dire, vraiment ?

 « Je ne sais pas ce que je veux, Elis. » Elle ne veut pas qu’il réponde, elle ne veut pas qu’il l’interrompe, pas maintenant, elle ne serait pas capable de reprendre, de recommencer sa phrase, de retrouver son courage. Anya récupère la cigarette, en tire une rapide bouffée, un peu nerveuse, comme toujours.  « Du moins, la plupart du temps, j’en sais rien. Je sais pas ce que je vais faire, où je vais vivre, comme je vais vivre. Ce que je veux faire. » Elle n’ose pas aller plus loin et admettre que sa détermination de surface vient souvent - toujours ? - de la peur, et que c’est cette même peur qui lui a donné l’énergie de partir tant de fois. Mais il le sait, n’est-ce pas ? Il l’a déjà senti, il la sent encore, sur sa peu, cette trouille qui lui colle aux basques depuis des années, qui était là avant qu’ils ne se rencontrent et qui, certainement, l’accompagnera encore longtemps.  « Mais je sais que je veux pas tout planter. Je veux pas que ça plante, toi et moi. Je veux pas que ça merde, pas pour de vrai, pas cette fois. Il y a quelque chose de coincer dans sa gorge, et elle ne saurait dire s’il s’agit de toutes ces années passées à se faire souffrir ou s’il s’agit d’autre chose - de cette peur, métamorphosée, autrefois peur de l’avoir devenue une peur de le perdre pour de bon. De le voir s’éloigner, s’échapper, s’enfuir.


 « On dirait pas, comme ça, je sais », ajoute-t-elle un peu brusquement, un peu durement, toujours fidèle à elle-même. Mal à l’aise avec ses sentiments, avec sa vulnérabilité, avec les murs qu’elle doit abattre pour le laisser entrer, lui. Anya mâche ses mots, ce dont elle n’a pas l’habitude, sent toujours la colère gronder quelque part sans connaître son origine ni sa raison. Elle aimerait les réflexes prendre le dessus, elle aimerait mordre et provoquer, c’est si facile, tellement plus facile. Mais ils n’en sont plus là et s’approchent, à petits pas, d’un point de non-retour qu’elle pensait avoir atteint, déjà, la veille au soir. Qu’elle pensait avoir effleuré quand leurs lèvres s’étaient enfin rencontrées, qu’elle avait espéré avoir dépasser pour échapper à tout le reste. Aux vérités, aux coeurs ouverts, aux non-dits accumulés pendant vingt ans.  « Je crois que si je te voyais avec quelqu’un d’autre, je finirai par devenir folle. » Elle n’est pas sûre d’exagérer et ne saurait dire quelle forme prendrait sa folie. Peut-être celle de sa mère, l’alcool, ou celle de son père, la fuite sans cesse renouvelée, une vie foirée, une famille abandonnée. Anya ne dit pas qu’elle a trop imaginé, réécrit ces vingt années pour le laisser s’échapper une nouvelle fois - qu’ils s’appartiennent, ou qu’ils devraient s’appartenir, aussi étrange cela puisse sonner. Elle ne dit pas qu’il y a un précipice, là, de l’autre côte de la porte, juste à la fin de cette conversation - qu’il y a un trou béant entre eux et le reste du monde et qu’ils sont en train de se balancer au-dessus du vide.
Revenir en haut Aller en bas
Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
Administratör
- ✢ -
Messages : 215
Avatar : Max Irons (fayrell)
Multinicks : Aron
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) EmptyDim 14 Juin - 15:36



you rearrange my mind
A N Y E L I S

your skin makes me cry
(j'écoutais ça :hearts:)
- - -

« J’ai tout gardé. » Il sent la difficulté avec laquelle elle énumère les souvenirs — les bons comme les moins bons ; pourtant, les paroles d’Anya coulent comme du miel dans ses veines. Il n’était pas tout seul. C’est bête à dire, mais il n’était pas tout seul. Ce n’était pas juste dans sa tête, toutes ces années. Il l’avait toujours su, sans jamais s’autoriser à le croire totalement. Les preuves, lui aussi il les avait précieusement gardé. Elles étaient dissimulées dans sa chambre d’adolescent, dans les tréfonds de son téléphone et de sa boîte mail, dans les recoins dédiés de son esprit.

Ils restent tous les deux silencieux quelques instants. Elis sent que les pensées d’Anya se bousculent dans sa gorge, qu’elle lutte et cherche brièvement à se dérober de son regard. Il ne dit rien. Il veut lui laisser la place, le temps. Et puis il a peur d’être maladroit, d’en dire trop — ou pas assez. Les yeux bleus d’Anya captent toute la lumière grise de ce dimanche matin nuageux, et il se demande ce qu’il va advenir d’eux, maintenant. De lui. Alors qu’il l’attire vers son torse pour l’entourer de ses bras, elle cède. « Je sais pas ce que je vais faire, où je vais vivre, comme je vais vivre. Ce que je veux faire. » Cette fois, s’il ne répond rien, c’est à cause du noeud qui est venu s’installer dans sa gorge. Les mots ont rebondi à l’intérieur de son crâne, ont résonné dans sa cage thoracique. Comme si Anya avait levé le voile sur tout ce qu’il gardait farouchement caché au fond de ses entrailles. Derrière le masque. Elis se sent soudain submergé par les émotions contradictoires, et ses yeux deviennent humides sans qu’il ne puisse rien y faire. C’est donc ça, qui les lie avec tellement de force? Leur solitude? Leur errance? Leur désespoir respectif? Instinctivement, il resserre son étreinte, son visage appuyé contre ses cheveux blonds. Il fixe l’horizon au travers de la vitre, comme lui avait appris son père, plus petit, lorsqu’ils nageaient ensemble dans la mer baltique. Attendre que la vague passe. Ne pas lutter. Fixer l’horizon.

Moi non plus je veux pas que ça plante, toi et moi. Il n’ose pas faire le serment à voix haute et se contente d’enfouir son visage dans sa nuque. Il aimerait suspendre le moment dans le temps, pouvoir apprendre —réapprendre ?— à la voir, la toucher et l’embrasser sans toute cette rage qui les anime constamment, tous les deux. « Je crois que si je te voyais avec quelqu’un d’autre, je finirai par devenir folle. » Elle est pourtant toujours là, cette colère, cette peur, ce feu. Un bref instant, il a envie de céder à nouveau à l’emballement, comme par réflexe. A la place, il dépose un baiser dans sa nuque, s’imprègne de l’odeur de sa peau, juste là, à la base de ses cheveux, puis vient trouver sa bouche.

« Viens. » il lui intime enfin, la voix éraillée, l’entrainant vers son lit.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

- ✢ -

you rearrange my mind (anyelis) Empty
MessageSujet: Re: you rearrange my mind (anyelis)   you rearrange my mind (anyelis) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
you rearrange my mind (anyelis)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» sweet relief · anyelis
» cinnamon girl · anyelis
» a toast to the happy couple · anyelis

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Roses and Ruins :: Résidences-
Sauter vers: