Roses and Ruins
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 a toast to the happy couple · anyelis

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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

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MessageSujet: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyMer 28 Juil - 23:06

Il s’était écoulé 275 jours depuis son départ de Visby, mais tout semblait être resté exactement là où il l’avait laissé, comme s’il ne s’était absenté que quelques heures. Cette ville était fossilisée dans le temps ; c’est ce qui la rendait tout à la fois réconfortante — rien ne changera jamais — et profondément angoissante — rien ne changera, jamais.

Oh Eva ta robe est magnifique!
N’hésitez pas à vous resservir en champagne, on en a bien assez.
Alors, c’est pour quand? Tu verras, le troisième trimestre c’est l’enfer.
Venise en août? Vous êtes courageux!
Ils ont pas pensé aux aux guêpes, quand ils ont décidé de faire un mariage dans un jardin botanique.
Je te passerai le nom du carreleur qui a refait notre salle de bain si tu veux.
C’est quoi ces températures? Si même en Suède on arrive plus à être au frais..!
Je peux vous reproposer un verre, Monsieur?


Elis attrape un flûte de champagne sur la plateau qu’on lui présente, et en avale une gorgée aussitôt. Son noeud papillon est trop serré. Il sent l’humidité lui coller le creux du dos, sous sa chemise et sa veste. Il s’efforce de répondre aux questions de Martha, qui semble sincèrement s’intéresser à ce qu’il a à dire. Ils échangent des banalités sur Londres, partagent leurs expériences respectives de travail en start-up, entament un débat superficiel sur l’avenir des applications de tourisme. Ni l’un ni l’autre ne semble réellement investit dans la discussion, mais il y a comme un accord tacite entre eux. Celui de deux célibataires à la dérive, au milieu d’un océan de couples célébrant le mariage de deux des leurs. Alors ils continuent à discuter à côté de la serre tropicale, laissant les bulles de champagne les anesthésier petit à petit et étouffer les discussions de leurs anciens camarades de lycée.

Si Ari ne lui avait pas demandé d’être son témoin, Elis aurait sans doute trouvé une excuse pour ne pas venir. Après tout, il avait bien réussi à esquiver les fêtes de Noël. (Elle avait bon dos, cette pandémie qui trainait.) Il était resté en bons termes avec la plupart de ses amis d’enfance, Elis — difficile d’en faire autrement, sur cette île minuscule — là n’était pas la question. Il avait accepté la demande d’Ari sans hésitation. Mais lorsqu’il avait reçu le faire-part de mariage quelques semaines plus tard, sur ce papier épais qui sentait la lavande, tout ça lui avait semblé au-dessus de ses forces.

Il s’était arrangé pour atterrir la veille au soir et avait prévu de repartir dès le lendemain, quitte à payer ses billets d’avion plus cher. Juste le temps de s’infliger un dîner de famille, d’être là pour son meilleur ami le jour de son mariage, et de décamper. Ces 48h seraient rapides et sans douleur, il se l’était promis.

Le soleil tape encore fort malgré l’heure de début de soirée. Elis se résout enfin à défaire un peu son noeud papillon et affiche son plus large sourire lorsque les jeunes mariés s’approchent de lui, béats de de bonheur. Quelques invités s’amassent autour du couple, complimentant les choix de décoration, la carte des cocktails, les bons mots du pasteur durant la cérémonie. Au bout de quelques minutes, le sourire euphorique d’Ari se voile, et il tend son visage vers l’oreille d’Elis. Je savais pas si je devais te prévenir. Excuse moi. Elis fronce les sourcils avec un sourire, perplexe. Le jeune marié serre le bras de son témoin — juste assez fort pour lui faire prendre conscience que quelque chose dans l’atmosphère a changé — et l’abandonne pour rejoindre une autre grappe d’invités. La mariée s’éloigne à son tour, entourée de son cortège d’amies aux cheveux artificiellement ondulés. Elles dévoilent Anya qui se tient là, en pleine conversation, les bras croisés, un verre de champagne frais doucement pressé contre la joue.


Dernière édition par Elis Jakobsson le Dim 1 Aoû - 22:06, édité 1 fois
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyJeu 29 Juil - 14:54

 « Tu viendras, hein ? Dis-moi que tu viendras ! 
Où ça ?
Au mariage d’Ari, ce week-end ! »


Debout derrière le comptoir, à encaisser les livres d’Elsa, Anya avait eu envie de dire non. Elle aurait dû dire non, elle le savait. Elle n’avait jamais été amie avec Ari - c’était Elis qui le connaissait, pas elle - et elle ne savait pas grand chose de la future mariée. Elle s’apprêtait à dire que les mariages, les rassemblements, les trucs comme ça, ce n’était pas vraiment fait pour elle quand Elsa avait ajouté, sur des airs de prière :  « Il y aura du champagne et plein de nourriture gratuite ! » Anya aimait bien la jeune femme. À l’époque où elles étaient encore à l’école ensemble, elles ne se parlaient jamais ou presque : est-ce que tu aurais un élastique ? Une serviette ? Un t-shirt de rechange ? Depuis qu’elle travaillait à la librairie, Elsa semblait s’être donnée pour mission de retisser un lien qui n’avait jamais vraiment existé et, en temps normal, Anya n’aurait pas été très réceptive. Mais la jeune femme était tenace, chaleureuse, plutôt drôle et particulièrement maladroite, ce qui donnait lieu à de drôles de situations, dans la librairie ou au café. Et puis Anya avait été très seule, ces derniers temps.

Glissant les livres dans un sac en plastique au logo de la librairie, elle avait demandé, l’air neutre :  « Elis n’est pas censé être témoin ? - Si, mais il ne viendrait certainement pas, Ari m’a dit qu’il n’avait pas encore reçu sa réponse. » Et Anya s’était, bêtement, laissée convaincre.

Elle ne le remarque pas tout de suite. Elle a préféré ne pas demander s’il serait présent, pas une seconde fois, de crainte qu’on lui dise que oui, oui, il a fini par venir. Anya est arrivée après la cérémonie et s’est glissée parmi la foule qui entrait dans le jardin botanique. Elle n’avait pas envie de s’asseoir pour écouter les voeux et autres platitudes de bonheur éternel et autres joyeusetés. Son cynisme avait atteint des sommets, ces dernières semaines, bien qu’elle soit moins acide, piquante, qu’elle ne l’avait été dans le passée - enfin, tout dépendait du moment et de son interlocuteur. Juniper avait compris sans avoir à demander qu’il s’était passé quelque chose : Elis avait arrêté de passer à la librairie et Anya, fermée, n’avait pas vraiment parlé pendant des jours. Il avait fallu une soirée arrosée sur Götland, Aron dans la cuisine, pour que les deux femmes parlent enfin ouvertement. Depuis, Anya n’avait plus parlé à qui que ce soit de ce qu’il s’était passé.
Pas même à Elis.
C’est Elsa qui se racle la gorge, attirant l’attention de la jeune femme. Anya fronce les sourcils, un quoi ? silencieux avant de suivre le regard de son amie. Un blanc. Un long, silencieux, blanc tandis que la conversation continue dans le petit groupe qu’elle a rejoint. Personne n’a remarqué quoi que ce soit, ou ils font semblant. Quelques secondes passent et son cerveau se remet à fonctionner. Il va l’ignorer. Il va certainement partir. Il devrait partir. Ou elle va le faire, tient. Elle devrait s’en aller, ça serai certainement une bonne idée.
Anya manque de sursauter quand Elsa, du coude, attire son attention.  « Je te garde une place à table. » En d’autres mots, vas-y, ne reste pas plantée là.

Voilà qu’elle fait un pas dans sa direction, puis un autre. Elle n’a pas envie de lui parler et elle crève d’envie de lui parler. De le toucher. De le gifler aussi. Anya avait oublié à quel point elle pouvait lui en vouloir, qu’elle avait cette capacité à retenir son ressentiment, sa douleur, jusqu’à en faire une boule soigneusement tassée, un boulet de canon. Elle ne s’écroulera pas. Ne s’effondrera pas. Se montrera adulte, détachée, distante.
Il a changé, juste un peu - ce qui est déjà rare et notable, pour Elis. Son costume est soigné, ses cheveux coiffé avec un air soigneusement négligé. Est-ce qu’elle ne ferait pas mieux de l’ignorer ? «  « Je ne pensais pas que tu viendrais. » Autrement je ne serais pas venue. Les mots sont plus abrupts qu’elle ne le pensait - elle n’a pas vraiment réfléchir à ce qu’elle allait dire, incapable de trouver les bons mots. Un bref instant, Anya se demande si sa robe n’est pas trop enfantine, trop simple, de ce vieux rose qu’elle ne porte jamais. Ses joues sont et ses épaules sont roses elles aussi, de soleil, et elle espère qu’il ne croira pas que c’est pour lui. « Londres a l’air de bien te traiter. » Elle ne sait pas à qui elle fera plus mal, avec cette phrase, Elis ou elle.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyDim 1 Aoû - 22:08

Elle n’avait rien à faire ici, elle qui d’ordinaire fuyait la compagnie de tout ces gens. Il l'aperçoit quelques secondes avant que son regard ne trouve le sien ; quelques secondes où le profil de la jeune femme le plonge dans le désarroi. Lorsqu’enfin elle tourne la tête vers lui, son propre regard fuit vers un groupe d’amis qui se tient à quelques mètres de là. Est-ce qu’elle lui en voudrait, s’il faisait semblant de ne pas l’avoir vu? Est-ce qu’il ne leur ferait pas un cadeau, à tous les deux, en leur évitant cette interaction forcée? Trop tard. Elle fait un mouvement dans sa direction, et il sent son corps se tendre. Il lui en veut — ils auraient pu s’épargner ça. Pour la soirée, ou peut-être juste pour quelques minutes, le temps qu’il rassemble ses armes, mette le masque, lève le bouclier. Son regard est fuyant mais il n’a plus d’autre choix que de se poser sur Anya lorsqu’elle se plante devant lui. « Je ne pensais pas que tu viendrais. » Il hausse les sourcils et avale une large gorgée de champagne, sceptique. « C’est le mariage d’Ari. Tu savais que je serai là. » Sa voix est froide, un peu enrouée, comme si quelque chose d’autre que des bulles de champagne était resté coincé dans sa gorge. Il lui demanderait bien ce qu’elle fait là, *elle*, mais sa réponse n’a pas d’importance.

Elle n’avait pas répondu à son tout dernier message, en octobre dernier, et maintenant elle le forçait à avoir cette conversation, entourés de tout ces gens joyeux et apprêtés.

Il se racle la gorge, souhaiterait se trouver une contenance en buvant une nouvelle gorgée de champagne mais sa flûte est vide. « Londres a l’air de bien te traiter. » L’affirmation le prend au dépourvu. Il baisse la tête vers sa propre tenue, qu’il a payé bien trop chère dans une boutique londonienne parce qu’il l’a acheté à la dernière minute. Il y a autre jours seulement, il cherchait encore une excuse pour ne pas venir. Quelques heures plus tôt, Ari lui avait pourtant fait remarquer qu’il portait particulièrement bien son costume sur mesure — « What a fuckin handsome lad » il lui avait balancé dans sa plus belle tentative accent britannique. « Si tu repars pas avec une des demoiselles d’honneur je ne croirai plus en rien », il avait jugé bon d’ajouter à son meilleur ami, bien conscient des raisons qui avaient tenu Elis loin de l’île pendant ces longs mois. De *la* raison. Elis avait fait semblant de rire en nouant son noeud papillon devant le miroir, l’esprit déjà dans son vol retour.

Il fait durer le silence juste assez longtemps pour que ça devienne inconfortable. Juste assez pour laisser ses yeux glisser sur Anya. Il effleure sa silhouette des yeux sans vraiment s’autoriser à la détailler, et réalise que la dernière fois qu’ils se sont trouvés si proches l’un de l’autre, c’était sur le seuil de la maison d’Anya. Ils s’étaient quittés sans vraiment se dire au revoir, ce fameux soir d’automne. Elle, les bras croisés dans l’encadrement de la porte. Lui, son sac à dos sur l’épaule, rempli des trois bricoles insignifiantes qu’il était venu récupérer, dans une tentative désespérée de se laisser une dernière chance, à tous les deux. Pourtant, ni elle ni lui n’avait eu l’envie (ou le courage) de dire ce qu’il fallait dire ; de demander ce qu’il fallait demander. Alors il avait tourné les talons, et elle avait refermé la porte.

Elis n’a jamais vu Anya dans ce genre de robe, et ça l’agace un peu de la trouver aussi jolie. Ça lui va bien, cette couleur. Son parfum n’a pas changé. Il sait déjà que cette image d’elle va se faire une place de choix dans sa mémoire, et ça l’agace un peu plus. « On n’est pas obligés de faire ça, hein. » il finit par répondre, amer, en désignant d’un mouvement de main l’espace qui les sépare. Le silence est sûrement moins pénible.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyLun 2 Aoû - 10:39

« C’est le mariage d’Ari. Tu savais que je serai là. » Il a raison et Anya le sait. Elle sait aussi que, d’une certaine façon, elle espérait le voir, comme elle espérait le voir passer à la librairie quand ils étaient encore ensemble, ou comme elle espérait le voir débarquer à Stockholm quand ça avait été son tour de partir. Anya n’hoche pas pour autant la tête, ne lui accorde pas le plaisir de lui donner raison - pas de vive voix, du moins. L’échange est inconfortable, tendue, froid, et elle ne s’attendait pas à autre chose (ça aussi, c’est un peu mentir, car elle espérait que, peut-être, ils arriveraient à fonctionner autrement, mais elle ne vaut pas mieux que lui et elle n’a pas envie de faire semblant d’être en paix avec son départ et la façon dont tout s’est terminé).

Elis ne répond pas, quand elle évoque Londres, alors Anya laisse ses yeux dériver sur son costume, les plis soignés de sa veste, sa chemise, le gilet qu’il porte à merveille. Elle ne l’avait jamais vu avec un noeud papillon - ni même avec une cravate, ou alors elle a oublié. Le silence dure, elle sent qu’il la regarde, qu’il observe cette robe qu’elle a acheté pour l’occasion. Anya ne porte jamais de rose alors elle s’est dit que pour un mariage, c’était une couleur plus appropriée que le noir.

« On n’est pas obligés de faire ça, hein. » La main d’Elis s’agite entre eux, une brève seconde, et Anya ne bouge pas. Elle devrait certainement accepter le fait que c’est aussi sa faute, qu’elle n’a pas répondu à son message et qu’ils n’ont pas parlé depuis des mois. Qu’elle non plus n’avait pas posé la question, n’avait pas demandé s’il voulait qu’elle vienne, si elle pouvait l’accompagner ou, au moins, comment ils allaient faire, s’ils devaient persévérer, faire marcher tout ça à distance. Elle n’avait rien, il n’avait rien dit, et Elis avait fini par partir, sac sur le dos, Anya sur le pas de la porte. Elle aurait pu en rire - jaune, noir, douloureusement - si elle n’avait pas été aussi en colère.  « Tu as raison », se contente-t-elle de répondre avant de se détourner et de se perdre à nouveau dans la foule. 


***

Elle aurait dû partir. En fait, elle aurait dû quitter la réception dès qu’Elis était apparu dans son champ de vision mais, comme toujours depuis des années, Anya n’était pas particulièrement logique quand Elis était compris dans l’équation. Un soupir lui échappe et elle avale, un peu trop rapidement, ce qu’il reste de sa coupe de champagne. Il est encore là, sur la petite estrade, parfaitement habillé, peut-être encore un peu plus beau qu’il ne l’était avant de partir, à déblatérer son discours soigneusement préparé. Anya aimerait le critiquer, y trouver quelque chose à redire, mais l’audience rit quand il faut, s’émeut quand il le faut, et elle, elle s’agace dans son coin de le voir si charmeur, si brillant. Elle savait qu’il s’épanouirait en dehors de Visby, que cette petite île étouffait toutes ses ambitions, qu’il ne pourrait pas rester longtemps coincé ici. Elle avait été pareille, à une époque.

Le discours s’achève sur des applaudissements et les mariés se lèvent tandis que l’énorme gâteau à multiples étages est déposé sur une table par trois serveurs anxieux de ne pas faire tomber l’oeuvre d’art en sucre et pétales de fleurs. Anya les regarde couper, main dans la main, la première part de gâteau, et échanger les premières cuillerées. Ça l’écoeure, toute cette mièvrerie, même si, d’une certaine manière, elle envie la facilité apparente de leur relation.

D’autres applaudissements encore et Anya interpelle un serveur pour qu’il remplisse sa flute. Elle a perdu Elis des yeux et le soulagement se mêle à quelque chose d’autre. De la tristesse, certainement, même si le mot lui semble un peu léger, ses angles tranchants ramollis par le champagne. Elle a certainement trop bu, mais elle se lève, prétexte un tour aux toilettes pour éviter la compagne d’Elsa, et s’éloigne de la fête, des lumières, du gâteau.

Le jardin, alentours, est sombre, presque parfaitement noir - les arbres obscurcissent le ciel clair de la saison et les températures ont déjà commencé à chuter, faisant courir une légère chair des poule sur les bras d’Anya. Alors qu’elle avance entre les parterres et les buissons, elle entend les bruits joyeux des couples qui se sont échappés et des convives qui se découvrent. Certains discutent simplement - elle les aperçoit, là, assis sur un banc - tandis que d’autres se rapprochent. Est-qu’ils auraient fait pareil, si Elis et elle étaient venus ensemble ? Est-ce qu’ils auraient trouvé un moyen de s’éclipser pour profiter de l’intimité de la soirée ? Du champagne ? D’un peu de tranquillité ? Anya soupire et porte la flute à ses lèvres, avant une large gorgée pour faire passer le noeud qu’elle a encore dans la gorge. Elle a définitivement trop bu.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyLun 2 Aoû - 23:27

Tout était parfait. Le décoration élégante et minimalisme, qui mettait en valeur la grande verrière sous laquelle avait lieu la réception ; les différents mets servis à table ; le choix des vins ; la sélection de morceaux interprétés par le petit groupe qui occupait la scène ; le spectacle improvisé par les petits cousins ; même les interventions impromptues au micro du père de la mariée, passablement aviné, s’étaient révélées charmantes. Par un drôle de miracle, Elis était parvenu à se laisser porter par le courant, abandonnant ses dernières résistances quelques part entre le 6ème verre de champagne et le troisième verre de vin rouge italien. Ari et Liv dégoulinaient de bonheur, béats, ivres d’amour. Ça aurait pu être profondément écoeurant, si ce sourire idiot n’avait pas appartenu à son meilleur ami — celui même qu’il connaissait depuis sa plus tendre enfance, celui même qu’il avait du pousser à rappeler cette fille, croisée en soirée, qui deviendrait sa femme. Alors il avait sourit sincèrement comme le reste de l’assemblée, lorsque les mariés avaient échanger leurs voeux, et il avait serré Ari dans ses bras un peu plus fort que d’habitude, lorsqu’ils étaient tous sortis de l’église.

Au dessert, il avait manqué de perdre l’équilibre en se mettant debout sur sa chaise, faisant tinter son couteau contre son verre. L’alcool avait fait son oeuvre juste ce qu’il fallait, à ce stade ce la soirée : il avait effacé toute trace de trac chez Elis, l’animant d’une confiance nouvelle et d’un charme désinhibé. Il avait finalement quitté son piédestal pour retrouver le micro de la petite scène, et avait déclamé son discours de témoin avec l’aise d’un comédien de stand up, mêlant les anecdotes absurdes et les envolées lyriques burlesques. Il était galvanisé par toute cette attention captive, par les réactions qu’il provoquait, par les sourires qu’il animait. Il savait qu’Anya était témoin de tout son petit numéro parfaitement rythmé ; il avait fini par la repérer dans un coin de la salle, bien qu’il s’était refusé à laisser ses yeux se perdre dans cette direction. Il espérait sans se l’avouer qu’elle aussi, elle était charmée. Sans grande surprise, il était resté l’ado qui cherchait encore et toujours à impressionner la fille Larsen.

Le discours se ponctua par de grands éclats de rires de l’ensemble de l’audience, qui leva ses verres dans un seul geste.

L’adrénaline était finalement redescendue, diluée dans un verre de whisky partagé avec Ari et leurs copains de lycée. Lorsque l’attention s’était déportée sur le nouveau-né de Peter, Elis s’était éclipsé sans un mot à l’extérieur.

La salle de réception était entourée d’un dédale de cheminements qui découpaient des parterres et séparaient des serres. Il emprunte une direction sans réfléchir, tout en extirpant une cigarette et un briquet de la poche intérieure de sa veste. Il s’y reprend à deux, trois fois pour l’allumer, une bouteille de champagne entamée sous le bras, mais le bout de la cigarette rougeoie finalement dans la pénombre du jardin botanique. Quelques guirlandes lumineuses guident encore les convives, mais les lampadaires du parc ont été éteints. L’air s’est rafraîchi mais Elis ne s’en rend pas compte. Il avance sans but en espérant que ses pensées ne le rattraperont pas. Il se sent vide, à présent. Comme après un concert où l’on a été exposé trop fort, trop longtemps à une musique qu’on adore et qu’on se retrouve anesthésié — comme s’il avait des acouphènes dans le coeur.

Anya était là. Evidemment qu’elle était là. Sur un banc, l’air maussade et magnifique. L’image lui fait mal, il aimerait faire demi-tour, mais le voilà qui articule déjà sans réfléchir un « Je croyais que t’étais partie. » Elle avait disparu de son radar à la fin de son discours. Elle avait quitté la fête. Il ne la reverrai pas avant son départ. Cette pensée l’avait soulagé, et lui avait tordu l’estomac tout à la fois. Il s’installe à côté d’elle sans plus de cérémonial, et pose la bouteille à ses pieds, entre elle et lui, sans un mot. Le regard d’Elis va se perdre dans le petit étang à quelques mètres de là, pendant qu’il tire doucement sur sa cigarette, des acouphènes plein les oreilles et plein le coeur. Anya ne dit rien — pas immédiatement en tout cas — et il lui en est reconnaissant. Il a envie de partager son silence, celui où rien ne peut leur arriver, rien que quelques secondes de plus.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyMar 3 Aoû - 19:02

« Je croyais que t’étais partie. »

Anya n’est pas vraiment surprise de l’entendre, de le voir approcher puis s’asseoir à côté d’elle. Ou plutôt si, elle est surprise, surprise qu’il ait choisi l’approche la plus calme plutôt que de l’éviter - mais ça, ça aurait été une de ses diversions à elle, elle le sait. Elle est surprise de la pointe de bonheur qui se réveille alors qu’il s’assoit près d’elle, sans qu’elle ne puisse pour autant chasser la mélancolie, la colère et la déception qui l’accompagnent. Un silence presque apaisé tombe sur leur coin de jardin et Anya tend les doigts pour récupérer la cigarette sur laquelle il vient de tirer. Elle a laissé les siennes quelque part, dans le vestiaire peut-être ou dans sa pochette, sur la chaise. Il n’y a de la place pour rien, dans cette robe. Elle tire une fois, deux fois, avant de la lui rendre.

 « J’y ai pensé. À partir, je veux dire. » Anya n’est pas sûre de vraiment savoir de quoi elle parle, là, tout de suite. De la réception ? De Visby ? De cet instant précis, avec Elis ? Quelques secondes de silence s’écoulent à nouveau, se transforment en minute avant qu’elle n’attrape la bouteille de champagne. L’alcool ne la rend pas moins agitée, en général, et le frais de la soirée lui donne envie d’une autre chaleur. Après une longue gorgée, elle lui tend la bouteille, mine de rien, l’observant du coin de l’oeil. Ses yeux brillent - le connaissant, il a bu tout autant qu’elle, si ce n’est plus. Ses cheveux se sont libérés de ce qu’il avait tenté de leur imposer, le rendant un peu plus Elis, celui des matins trainards et des soirées au Black Sheep. Son noeud papillon est desserrée et Anya lève la main, à peine, un instant, pour le lui retirer avant de la reposer sur le banc. Ce sont des gestes qui, depuis des mois, n’existent plus entre eux.

 « Ton discours était très bien. » Elle n’a pas envie de silence, pas ce silence là. Ça ressemble à un au revoir, à celui qu’ils n’ont pas dit quand Elis est partie, et ça la gêne. La met mal à l’aise - elle n’a pas envie de dire au revoir, n’en a jamais eu envie. Elle aurait préféré lui jeter toutes les insultes de la création au visage plutôt que de dire au revoir, parce qu’ils auraient trouvé un moyen de passer outre, de dire quelque chose, d’en tirer quelque chose.  « Ari a l’air heureux. »

Anya n’a jamais vraiment connu Ari. Ils ne se sont jamais vraiment parlés - Anya n’a jamais été particulièrement appréciée sur l’île, et n’a jamais rien fait pour l’être. Elle avait certainement été classée comme « l’emmerdeuse », la fille qui faisait tourner Elis en bourrique, glaciale et parfois franchement désagréable. Est-ce qu’elle le regrette ? Elle n’en est pas certaine. Anya imagine parfois comment les choses auraient pu se passer, si Elis et elle n’avaient pas joué au chat et à la souris toutes ces années. Est-ce qu’ils se seraient lassés l’un de l’autre ? De leurs petites manies, de leurs personnalités ? Est-ce qu’ils seraient mariés, comme Ari ? Elle jette un coup d’oeil à Elis, essaie de s’imaginer en robe de mariée, lui dans un costume encore un peu plus soigné, les cheveux soigneusement coiffés, avec ce sourire idiot mais charmant avec lequel il avait séduit la moitié des filles de l’île.  « On y était presque, cette fois. » Toi et moi, Elis et Anya, enfin. La remarque lui échappe avec un peu d’amertume, tandis qu’elle pose à nouveau les yeux sur l’étang. Derrière eux, la musique s’élève puis, quelques instants plus tard, des applaudissements. Ils ont manqué la première danse.  « Est-ce que t’es bien, là-bas ? Est-ce que le boulot te plaît ? »

Elle le regarde, pour de bon cette fois. Est-ce que ça valait le coup, au moins ? Est-ce qu’il sent, comme elle a senti à stockholm, toutes les possibilités qui existent en dehors de Visby ? Toutes les portes à pousser, toutes les choses dont ils n’entendaient parler, plus jeûnes, qu’à la télé ou par des gens de passages, des voyageurs échoués sur l’île, aussitôt arrivés aussitôt partis. Est-ce qu’il a pensé à venir la chercher ? Est-ce qu’elle lui a manqué ?
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyMer 4 Aoû - 23:06

Elle attrape délicatement la cigarette d’entre ses doigts, dans un geste qu’ils ont répété cent fois, peut-être mille. Puis elle lui tend à nouveau, mécaniquement.  « J’y ai pensé. À partir, je veux dire. » Il l’observe du coin de l’oeil, cherchant les signes — ceux qui confirmeraient qu’elle ne parle pas juste du mariage, de là, de maintenant. L’alcool a émoussé ses sens, mais il ne ressent aucune hostilité dans sa voix. Il se sent porté par un élan, voudrait lui répondre « Je suis content que tu sois restée » mais Elis n’est même pas sûr que ça serait vrai. C’est sûrement le champagne qui parlerait. L’euphorie et le bonheur des mariés qui circulent dans ses veines pour quelques heures ou quelques minutes encore, avant de s’évaporer sans laisser de traces. Alors il ne dit rien.

Il attrape la bouteille qu’elle lui tend, effleure ses doigts avant que les siens ne se referment autour du goulot. La musique a changé dans la salle au loin — le rythme est plus lent et le volume plus bas. L’air est trop frais pour que les cigales chantent, mais on peut désormais entendre une grenouille croasser timidement dans l’étang. Elis avale une nouvelle gorgée de champagne, laissant les bulles anesthésier sa bouche et sa gorge, l’espace d’une seconde.  « Ton discours était très bien. Ari a l’air heureux. » Un faible sourire de contentement vient étirer son visage : elle l’a écouté. Elle aurait pu partir, estimant qu’elle en avait déjà bien assez entendu, des conneries qui étaient sorties de sa bouche — mais non, elle était restée.

Elis voudrait se lover dans les silences qui se sont immiscés entre chaque mots d’Anya. Ses yeux se perdent à nouveau vers l’étang. « On y était presque, cette fois. » Il n’y a pas eu d’hésitation, entre ces mots-là, et ils lui font l’effet de mains qui se referment autour de son cou. Des applaudissements au loin. Il tourne la tête vers elle, cherche son regard, indique la salle du menton. « Ça aurait pu être nous. » La remarque se voulait sarcastique, mais le noeud dans sa gorge empêche le cynisme de sortir. Il ne veut pas croire qu’elle n’y a pas pensé, elle aussi. Il se refuse à explorer le fantasme, et Anya lui facilite la tâche en enchainant : « Est-ce que t’es bien, là-bas ? Est-ce que le boulot te plaît ? » Elle s’est tournée vers lui, lui signifiant qu’elle ne se contentera pas d’une de ses demi-réponses. Le jeune homme tire sur son noeud papillon, fini par le retirer et le pose à côté de lui sur le banc, entre eux. Il cherche à gagner du temps, soupèse ses mots. « Le boulot est encore mieux que ce que j’imaginais. » Il aurait été facile d’enjoliver, mais il était parfaitement sincère sur cet aspect-là. Pour la première fois de sa vie adulte, Elis faisait quelque chose qu’il appréciait et pour lequel il semblait doué. Ça ne répondait pas entièrement à la question d’Anya, cependant. Il tire une nouvelle fois sur sa cigarette, qui se consume lentement entre ses doigts. « Et j’ai pas le temps de m’ennuyer, à Londres. » Il ne sait pas trop où il veut venir, avec cette phrase. Qu’il cherche par tous les moyens à se garder occupé? Qu’il passe le plus clair de son temps avec des personnes qu’il n’apprécie qu’à moitié, à avoir des conversations sans intérêt, pour éviter la solitude coûte que coûte au milieu de cette ville gargantuesque? Qu’il passe la majeure partie de ses weekends ivre, parce qu’il n’est plus très sûr d’apprécier sa propre compagnie sobre?

Il n’a aucune envie d’élaborer, surtout pas pour Anya. Leurs regards se croisent un bref instant, puis le sien fuit à nouveau vers un coin du jardin. « La librairie se porte bien? » Prononcée il y a quelques mois, la question aurait pu être acide, convoquant les échos de leurs dernières disputes. Son regard se voile un peu. « Et toi? » Une pause. « Tu vas bien? »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyJeu 5 Aoû - 14:08


« Ça aurait pu être nous. » Anya sent que sa remarque n’était pas faite pour être honnête, à la base. Qu’il aurait fallu y ajouter du sarcasme, une pointe d’ironie, un sourire en coin tandis qu’il la regarde et qu’elle est obligée de détourner les yeux. Elle déglutit : elle n’a pas envie de penser à ça, bien qu’elle l’ait déjà fait, plutôt dans la soirée. La robe qu’elle aurait pu mettre, la tête des parents d’Elis, de ses frères, en les voyant tous les deux. Peut-être aurait-il pu zapper la tradition, choisir de se marier en toute discrétion, juste pour eux, quelque part sans personne ? Elle est incapable de dire ce qu’ils auraient choisi, comme un mariage - leur mariage - aurait pu se passer tant l’idée lui paraît étrange, lointaine. Elle l’était déjà quand ils étaient ensembles et que tout se passait bien - aussi bien que les choses peuvent se passer entre Anya et Elis - mais dans ces circonstances… Anya cligne des yeux, une fois, deux fois, déglutit à nouveau pour chasser le noeud qui s’est formé dans sa gorge. Elle ne pleure pas, Anya, encore moins devant quelqu’un - elle ne compte pas s’y mettre maintenant, champagne ou pas champagne.

« Le boulot est encore mieux que ce que j’imaginais. » Les doigts de la jeune femme se ferment sur le noeud papillon qu’il vient d’abandonner entre eux. Elle l’attire sur ses genoux, en lisse les ailes du bout des doigts, pour s’occuper. Elle ne le regarde pas mais perçoit, du coin de l’oeil, ses mouvements, entend la cigarette qui crépite tandis qu’il tire dessus, gagnant quelque secondes de plus avant de terminer sa réponse. « Et j’ai pas le temps de m’ennuyer, à Londres. » Elle ne soulignera pas qu’il n’a pas vraiment répondu à la question qu’elle vient de lui poser. Elis a toujours été douée pour faire le tour des choses désagréables ou pour changer de sujet. Elle ne veut pas non plus lui demander s’il ressent un vide quelconque, là où était sa place, à elle, quelques mois avant. Ils finiront certainement par se disputer si elle emprunte cette voie.  « Tant mieux. Il était temps que tu quittes l’auberge. C’était du gâchis. » Il était peut-être temps que tu quittes Visby, aussi, pour voir tout ce dont tu étais capable. Tout ce qui est à ta portée à présent. Elle avait voulu faire la même chose, avait fait la même chose, et aurait été bien mal placée pour le blâmer. Cette envie de changer de cadre, de faire autre chose, d’aller plus loin - elle pouvait le comprendre.

« La librairie se porte bien? »  « Étonnamment bien pour un trou pareil. » Il n’a pas soutenu son regard et Anya se contente d’observer l’étang comme si elle pouvait y voir la grenouille qui croasse au milieu des nénuphars. « Et toi? Tu vas bien ?» Un silence. Elle aurait aimé pouvoir rire de sa question. Elle ne sait pas s’ils ont vraiment pris le temps, un jour, de se la poser sérieusement. Vraiment. Anya tend les doigts et récupère la cigarette ou ce qu’il en reste pour y tirer une longue bouffée avant de la lui rendre. Elle n’a pas envie de répondre et peut-être qu’il le sent.  « Tu veux une réponse honnête ? », demande-t-elle sans animosité en l’observant du coin de l’oeil.  « Pas vraiment, non », répond-t-elle en haussant une épaule, croisant bras et jambes pour se retenir d’en dire trop.

Un nouveau silence se glisse entre eux. Une question mauvaise, douloureuse, se glisse dans son esprit : est-ce que tu m’as remplacée ? Est-ce que c’est trop tard ? Est-ce que je peux encore venir, est-ce qu’on peut essayer ? Est-ce que tu peux me laisser réfléchir ? Anya soupire, chasse toutes les questions d’un coup et se demande pourquoi ils sont incapables de faire les choses normalement, de parler normalement, de communiquer comme n’importe quel autre couple, humain, personne.  « Tu repars demain ? » La question est lancée avec un regard glissé. Anya ne sait pas s’il est capable de poser les vraies questions, toues celles qui devraient être posées, qui auraient dû être posées il y a des mois de cela, en octobre dernier.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptySam 7 Aoû - 16:28

« Tant mieux. Il était temps que tu quittes l’auberge. C’était du gâchis. » Elis inspire profondément, expire dans un soupire. Il sait qu’elle est sincère — il aurait préféré qu’elle ne le soit pas ; qu’elle soit acide, qu’elle rende la fin de la soirée désagréable, qu’il soit plus simple de s’en aller sans se retourner. Il aurait voulu qu’elle lui dise « Tant mieux, ça valait le coupe que tu foutes tout en l’air, alors », ça aurait été plus simple que ce soit sa voix sur ces mots, plutôt que la sienne, en boucle dans sa tête depuis des mois.

Elle non plus n’a pas vraiment envie de s’étendre sur ce qui fait son quotidien. Il ne peut pas lui en vouloir. Elle attrape de nouveau sa cigarette entre ses doigts, et cette fois il la retient un tout petit plus longtemps, une fraction de seconde de plus avant de la lui céder, tentative désespérée de prolonger leur contact. Il tourne la tête vers elle, mais elle ne le regarde pas. « Tu veux une réponse honnête ? » L’expérience a prouvé qu’ils étaient incapable de l’être, quand ils étaient ensemble — à de rares exceptions. « Pas vraiment, non. » Est-ce que c’est de la pudeur, qui lui fait baisser les yeux? Ou cette vague de tristesse qui le submerge? Ses yeux glissent vers le sol, effleure les jambes nues d’Anya lorsqu’elle les croise. Il reste silencieux. Là encore, ça aurait été plus simple, si elle lui avait menti. Il espérait presque qu’elle lui annonce qu’elle était en couple ; que son copain l’attendait chez elle et qu’elle n’allait pas trop tarder à rentrer, d’ailleurs. Ça l’aurait anéanti, Elis. Mais ça lui aurait donné la force de rentrer à Londres, au moins. Il espère que les minutes s’allongent, comptant mentalement les heures qu’il lui reste avant de devoir quitter l’île, demain matin. Anya doit sentir quelque chose, puisqu’elle lui demande : « Tu repars demain ? » Il laisser tomber ce qu’il reste de sa cigarette à ses pieds, l’écrase du bout de sa chaussure. Il fait mine d’être concentré sur son geste pour ne pas avoir à soutenir le regard d’Anya quand il lui répond : « Ouais. » Il doit s’éclaircir la voix : « Je décolle de Stockholm à onze heures. » Sept heures. Il lui restait un peu de plus de sept heures avant de prendre le ferry qui le ramènerait sur le continent. Cette foutue traversée de 3h30. Putain, quelle idée de vivre sur une île isolée.

Cette comptabilité intérieure le rend soudain anxieux ; il a chaud, se sent engoncé dans ses vêtements. Avec humeur, le voilà qui enlève sa veste, déboutonne le premier bouton de sa chemise, pour passer une main dans son cou. Il sent Anya qui l’observe du coin de l’oeil. Elle a du sentir son trouble, mais elle reste immobile, comme si elle appréhendait la suite. Il passe les mains dans ses cheveux, nerveusement, puis lâche finalement ce qu’il a sur le coeur : « Y avait des vols plus tard. Mais je redoutais de te croiser. » Il dit ça dans un demi-rire, refusant de poser ses yeux brillants (on dira que c’est l’alcool) sur elle. « Faut croire que j’ai encore le coeur brisé. » Son sourire est contrit. Ça aussi, il dira que c’est l’alcool.
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptySam 7 Aoû - 21:59


Il y a de nombreux silences entre eux, ce soir. Lorsqu’Elis venait dormir chez elle, les rares fois où elle dormait à la coloc, les silences étaient faits de demi-sommeil, leurs jambes emmêlées, une cigarette passant entre leurs doigts, d’une bouche à l’autre. Ces silences là lui manquent, mais Anya ne sait pas comment le dire. Elle ne sait pas comment dire qu’il lui manque, encore plus qu’avant. Que se lever, chaque matin, pour se trainer à la librairie est une corvée et qu’elle a manqué de l’appeler des dizaines de fois, si ce n’est plus, depuis qu’il est parti. Elle ne sait pas comment le dire, comment formuler cet équilibre étrange qu’ils avaient trouvé, cette plénitude, ce bonheur qu’elle n’a réellement identifié qu’à son départ. C’est terrifiant, de se rendre compte - une nouvelle fois - que tout son monde ou presque repose sur Elis, qu’elle a tant besoin de lui. Plus de vingt ans que la révélation lui traverse l’esprit ponctuellement, qu’elle l’empêche de respirer correctement pendant quelques minutes, quelques heures, avant que son esprit ne se remette à fonctionner correctement.

« Je décolle de Stockholm à onze heures. » Onze heures. Ça ne fait pas beaucoup de temps sur l’île. Doit-elle essayer de le convaincre ? Faire quelque chose pour arranger la situation ? Que peut-elle dire, exactement ? À côté d’elle, Elis écrase la cigarette sous son pied alors qu’elle rêverait d’en tirer une longue bouffée, évite soigneusement son regard. Anya ne dit rien, se contentant d’hocher la tête mécaniquement, sans vraiment s’en rendre compte. Elle n’est pas sûre d’arriver à le laisser partir à nouveau - et elle n’est pas sûre de ce que ça lui fera, demain matin, de le savoir parti.

Elle n’a pas le temps d’y penser plus, de s’attarder sur la question : Elis s’agit, retire sa veste, déboutonne le col de sa chemise, semblant sur le point d’étouffer. Une nervosité soudaine transpire de chaque pore de sa peau, de chacun de ses gestes, mais elle ne s’attend pas à la suite, à la franchise - alcoolisée ? - qui s’empare de lui. « Y avait des vols plus tard. Mais je redoutais de te croiser. Faut croire que j’ai encore le coeur brisé. » Anya déglutit et laisse retomber le silence comme un drap que l’on vient de secouer. Elle est incapable de parler : sa gorge est trop serrée, son estomac si noué qu’elle a l’impression d’être malade. Elle ne s’était encore jamais rendue compte à quel point il lui était difficile de voir Elis souffrir - parce que toute cette distance entre eux, avant, n’existait pas, et qu’il lui suffisait de l’embrasser pour qu’ils oublient les mots trop durs et toutes leurs conneries.

Il ne la regarde pas. Anya est si habituée à ses regards - sentis depuis l’autre de bout d’une pièce, d’une rue, de l’autre côté de la table ou d’une fenêtre - qu’elle cherche autre chose, que son corps cherche autre chose. Après une brève hésitation, elle ne peut retenir sa main qui vient se poser sur la nuque brûlante d’Elis, ses doigts qui se glisse à la base de son cou, dans les mèches brunes . Il doit y avoir des mots, pour accompagner son geste, mais il ne lui viennent pas, pas tout de suite.  « Je ne pensais pas que ça serait si dur. » Sa main se retire doucement, comme une marée qui redescend et retourne jouer, du bout des doigts, avec le noeud papillon abandonné.  « C’est encore pire de t’avoir trouvé et de te voir partir, de perdre tout ça... » D’un geste de la main, elle désigne l’espace entre eux, inspire profondément, lève les yeux pour observer le ciel clair à travers les feuilles et les branches.  « Je voulais tout écrire dans le mail, en octobre. Je voulais tout dire et puis là-haut, ça a commencé à dérailler », dit-elle en plaçant, un bref instant, son point fermé contre son front.

 « Si tu n’étais pas revenu j’aurais certainement pu faire semblant encore un moment » ajoute-t-elle en attrapant la bouteille de champagne, la portant à ses lèvres pour en boire une gorgée - un peu de courage liquide et doré.  « Mais te voir, ce soir… ». Elle secoue la tête, incapable de terminer sa phrase sans pleurer ou hurler ou tout autre réaction qu’elle n’est pas sûre de pouvoir contrôlée. Elle ne parle pas non plus de sa présence, de sa proximité, de l’empreinte chaude de sa peau dans sa paume, de l’envie qu’elle a de le toucher, ne serait-ce que de l’embrasser, de le prendre dans sa bras. De retrouver leurs routines, ce qu’ils s’étaient jurés de ne jamais adopter - les cafés en silence le matin, les toasts beurrés, les dîners livrés sur le pas de la porte et avalés devant un film, sur le canapé. Elis qui l’attend devant la librairie ou qui discute avec Juniper, ce sourire charmeur aux lèvres et la patronne qui lève les yeux au ciel, exaspérée mais amusées. Elis qui rentre à deux ou trois heures du matin et qui se glisse dans son lit, son corps chaud contre le sien.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyDim 8 Aoû - 21:07

(J’écoutais ça avant d’écrire le post, 100% anyelis  a toast to the happy couple · anyelis 757166095 )

C’est elle qui rompt leur accord tacite la première. Ou peut-être que c’était lui et son coeur brisé. Anya tend la main vers lui, et il sait que c’est une mauvaise idée. Sa paume vient effleurer sa nuque, ses doigts se glissent doucement sous le col de sa chemise avant de se faufiler à la base de ses cheveux. Merde. Le contact dure quelques secondes ; il passe une main sur ses yeux fermés, lâche un soupir qu’il croyait avoir enfermé à double tour dans les tréfonds de sa cage thoracique. Son esprit s’embrume presque instantanément, le plongeant dans une sorte de torpeur salvatrice, mais son corps lui envoie des signaux contradictoires. Son estomac se vrille dans un mélange d’appréhension et d’anticipation, semble vouloir le rappeler à la réalité. Il l y a de cela une demi-éternité, un beau matin de gueule de bois, Anya lui avait fait remarquer qu’il ferait peut-être bien de se calmer un peu — avait beaucoup bu, beaucoup fumé aussi. Tu sais bien que je suis addict qu’à une seule chose, il lui avait balancé sur un ton de provocation grotesque, dégoupillant son plus beau sourire malgré son état, avant de l’embrasser dans le cou. Si il n’était pas sûr de croire à ce qu’il avançait, à ce moment là, force était de constater qu’il se sentait bel et bien comme un junkie, à ces côtés, sur ce banc en pierre. Au bord du précipice.

« Je ne pensais pas que ça serait si dur. » Son ventre se tord un peu plus. Il essaie de chasser les images qui lui reviennent de ses premières semaines à Londres. Heureusement pour lui, elles sont flous, mélangées, sans doute tronquées, sans doute falsifiées. Londres était la ville idéale pour être misérable.

Anya retire sa main et comme prévu, Elis a l’impression que sa peau crie immédiatement famine. Elle cherche ses mots, les assemblent avec prudence, semble hésiter sur le ton qu’elle emprunte, bien consciente des différentes directions que pourraient prendre leur conversation. Elle parle des mails, ces fameux mail d’octobre. Ceux auquel il s’était raccroché comme à une ligne de vie, jusqu’à ce qu’elle ne réponde plus du tout. Il n’a pas envie de repenser à ces mails.

« Si tu n’étais pas revenu j’aurais certainement pu faire semblant encore un moment. » Elle disait vrai, il le savait — lui aussi, il aurait su. Ils avaient des années d’entrainement derrière eux, Anya et Elis. Dans une réalité alternative — pas celle où ils se marient — Elis ne sort pas de la salle de réception. Il passe le reste de la soirée auprès d’Ari, reprends son avion demain comme si rien ne s’était passé, et passe les semaines suivantes à essayer d’oublier les trois mots qu’il a échangé avec Anya. Dans une autre réalité encore, la rancoeur refait surface aussitôt et il se disputent devant les autres invités. Et Anya lui balance son verre à la figure, sans doute.

Tout ces scénarios auraient été plus simples ; il s’en serait très bien accommodé, Elis. Il tourne la tête vers elle, l’observe prendre une gorgée de champagne, et se laisse le droit de vraiment la regarder, cette fois. Il connait le courbe de son nez par coeur, l’emplacement de ses rares tâches de rousseur, la couleur de son rouge à lèvre à moitié estompé. Lui non plus ne pensait pas que ça pourrait faire si mal. C’était là la grande tragédie des ruptures amoureuses : il n’y avait personne d’autre qu’Anya qui aurait été capable d’apaiser la douleur qu’elle lui avait causé. « Mais te voir, ce soir… » Elle s’interrompt, réprime le début de sanglot qu’il perçoit dans sa voix, fronce les sourcils, chasse les larmes coûte que coûte. Elis a l’impression de manquer d’air. Ses mâchoires sont scellées, et Anya trouverait sûrement de la tristesse dans ses yeux si elle osait soutenir son regard.

Il tourne la tête vers la salle, au loin, de laquelle s’échappe quelques éclats de voix joyeux. « On a toujours été doués pour l’auto-sabotage, tous les deux », il articule difficilement. Ses doigts viennent frotter sa nuque, là où la main d’Anya s’était posée quelques secondes plus tôt. A ces côtés, Anya prends une profonde inspiration. Il sait que si elle se met à pleurer, il tombe en ruines. Ça lui donne le vertige, il a besoin de retrouver pied. Il a besoin de sentir sa peau contre la sienne, même si ce n’est que quelques secondes de plus. Instinctivement, sa main s’aventure près de la cuisse d’Anya sans la toucher, ses doigts cherchant les siens, pourtant toujours occupés sur son noeud-papillon. Leurs mains se trouvent enfin, les doigts d’Elis caressant sa paume avant de se glisser entre les doigts d’Anya. Ses yeux sont rivés sur leurs mains entrelacées, lorsqu’il dit : « Excuse-moi. » Excuse-moi d’avoir rendu ça si difficile. Excuse moi d’avoir manqué de courage. Excuse moi de ne pas avoir été à la hauteur. Excuse moi de ne pas avoir insisté. Excuse moi de t’avoir abandonné derrière moi. Excuse moi d’avoir fait semblant. Excuse moi d'avoir fait comme si tu ne valait pas la peine.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyLun 9 Aoû - 14:36


Anya n’a pas l’habitude de pleurer. Enfant, elle se cachait dans le grenier lorsque l’envie lui prenait et fronçait fort les sourcils en attendant que ça passe. Elle n’avait pas pleuré quand son père était parti, n’avait toujours pas pleuré au cours des dizaines et des dizaines de disputes avec sa mère. Elle n’avait pas pleuré non plus en quittant Visby, persuadée que la vie en Stockholm en vaudrait la peine - bien que sa gorge se soit serrée lorsqu’elle avait reçu un dernier message d’Elis. Non, Anya n’était pas du genre à pleurer mais elle ne connaissait pas cette tristesse-là. Cette impression d’avoir loupé quelque chose, d’avoir pris la mauvaise décision, d’avoir raté un des virages de sa vie - un des plus importants. Et puis, avant, elle n’avait pas Elis. Ils ne se réveillaient pas ensemble, ne s’endormaient pas ensemble non plus. Elle ne connaissait pas encore le goût de sa peau, tard le soir, ni ce que cela faisait de le voir débarquer dans sa chambre avec deux tasses de café bien chaud. Elle n’avait pas encore baissé la garde, n’avait pas encore accepté le rôle qu’Elis jouait dans sa vie, de près ou de loin.

« On a toujours été doués pour l’auto-sabotage, tous les deux » Anya sent un rire éclore dans sa gorge, un rire acide, triste, pathétique, qu’elle retient à coup de champagne. Ils ont toujours été doués pour ça, oui, à tirer leurs propres ficelles pour voir les choses s’effondrer - des fondations jusqu’au château tout entier. Elle est pourtant incapable de rire, même sans le coeur. Elle en est incapable car la pression dans sa gorge, dans sa poitrine, est de plus en plus forte, de moins en moins tolérable. Elle se demande s’il ne serait pas temps de partir, de mettre fin à tout ça, quand les doigts d’Elis s’approche des siens. Elle hésite, un instant. Elle hésite parce qu’elle sait que sa peau contre la sienne, une nouvelle fois, risque de tout faire basculer. Parce que le moindre geste d’Elis, le moindre souffle, risque de la faire s’effondrer. Un frisson lui parcourt le dos, les épaules, lorsque ses doigts glissent contre sa paume, qu’ils se referment sur les siens.

« Excuse-moi. » Anya ne bouge pas, incapable de réagir, de faire le moindre geste. La douleur qu’elle sent se répandre dans son ventre n’a rien de réelle, mais ça ne change rien. Ses doigts se referment sur ceux d’Elis. Excuse-moi. Ça résonne dans sa tête, et elle sait qu’elle devrait parler, s’excuser à son tour pour ce qu’elle fait et ce qu’elle n’a pas fait, lui dire qu’elle aurait du venir, prendre un billet et débarquer sans lui dire - elle y a pensé sans avoir le courage de le faire. Qu’elle aurait du lui répondre, l’appeler, ne pas laisser les choses se terminer comme elles se sont terminées. Elle devrait lui dire qu’il lui a manqué, terriblement manqué, et qu’elle n’est plus capable de le laisser partir, pas sans savoir s’ils vont se revoir.

Anya ramène leurs mains nouées contre son ventre, inspire profondément, un peu trop vite, les paupières serrées. Elle ne veut pas pleurer. Elle ne veut pas pleurer et le mettre mal à l’aise - elle ne veut pas pleurer et paraître si faible, si affectée. Elle ne peut pourtant plus s’en empêcher.  « Est-ce que tu peux vivre sans moi ? », finit-elle par demander avec franchise. Il n’y a pas de piège, dans la question, pas d’acidité non plus. Anya ouvre les yeux, se redresse à peine, tourne la tête vers Elis - essaie de ne pas se laisser porter par la tristesse dans son regard qui lui donne envie de l’étreindre, de tout laisser tomber.  « Est-ce que tu veux vivre sans moi ? » La question est sensiblement différente et la réponse, quelques années, aurait été différente.  « Parce que je pense que je ne peux pas et ne veux pas vivre comme ça. »

Anya sent l’habituelle terreur lui attraper les entrailles. Ce genre de conversations n’a jamais été leur fort : elle qui le met au pied du mur, lui qui danse entre les vérités et change de sujets. Ils n’ont pourtant jamais été dans une telle situation et si, plusieurs fois ces dernières années, Anya a eu l’impression de se tenir au bord du précipice - celui qui les séparerait pour de bon -, elle se rend compte que ce n’était rien comparé à cette soirée-là. À ces mois passés dans deux pays différents, dans deux lits différents. Elle sait aussi qu’elle dit vrai. Qu’il y a une forme de désespoir dans sa question, une honnêteté qu’ils n’ont pas encore atteinte. Un tout ou rien dangereux.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptySam 14 Aoû - 23:32

La fête parait bien lointaine. Elle pourrait tout aussi bien avoir lieu sur un autre continent. Il est en train de rater la présentation Powerpoint que Peter a préparer pour ce moment de la soirée — celui là même où tout le monde est suffisamment alcoolisé pour ne pas s’offusquer de la photo d’Ari, tout juste majeur et nu, dans la fontaine devant leur lycée, mais où l’audience est encore capable de rester concentrée quelques minutes et de prendre des photos à l’iPhone des diapositives les plus scandaleuses. Elis rate tout ça, mais le moment parait dérisoire et grotesque, face à ce qui se joue là, sur ce banc.

Lorsque Anya lui demande « Est-ce que tu peux vivre sans moi ? », la voix pleine de larmes, il croit sentir quelque chose se fissurer en lui. Son corps se crispe légèrement, imperceptiblement, comme pour empêcher le barrage de céder. Ses doigts resserrent un peu leur prise entre ceux d’Anya. J’ai essayé. Sa réponse ne dépassera jamais le seuil de ses lèvres. « Est-ce que tu veux vivre sans moi ? » Son esprit masochiste se met à assembler des images et des scènes des derniers mois écoulés ; montage cruel de nuits d’ivresse vides, de solitude, de conversations insipides, de filles trop ou pas assez. « Parce que je pense que je ne peux pas et ne veux pas vivre comme ça. » Elle soutient son regard, et il ne fuit pas. « Anya… » Il reconnait à peine sa propre voix, lorsqu’il murmure ce prénom qu’il n’a pas prononcé à haute voix depuis des mois. Ça sonne comme un cri du coeur, comme l’ultime appel d’un animal blessé. Les souvenirs qu’il avait tenté — avec un succès relatif — d’effacer de sa mémoire refont surface dans un bal chaotique. Il n’a pas besoin de ça maintenant, tout est déjà trop difficile. Les moments d’eux deux éclatent malgré tout comme dans bulles de champagne dans sa tête. Est-ce qu’elle arrive à la voir, la douleur, dans ses yeux?

Il s’éclaircit la voix mais aucune pensée cohérente n’arrive à prendre forme sur sa langue. Il n’a pas les mots pour dire ce qu’il se passe dans sa tête et dans son coeur, à cet instant précis. Instinctivement, il se penche un peu vers Anya, leurs bras à présent pressés l’un contre l’autres, reliés par leurs mains. Il ne se dérobe pas à son regard, mais il a l’impression de battre en retraite lorsqu’il articule finalement, du bout des lèvres : « Je repars demain. » C’est à la fois un avertissement, des excuses, une sentence et une supplique. Il sait très bien où la soirée peut les mener, tous les deux — il l’a su à l’instant même où il a croisé son regard il y a quelques heures, quand le soleil était encore levé. Elle aussi, elle doit le savoir. Il voudrait lui dire que c’est le champagne qui leur ont fait prendre cette direction ; que c’est le fait de voir des gens profondément heureux et obstinément amoureux, qui les a rapproché ce soir — mais il n’en croirait pas un mot. Anya et Elis c’est pas du hasard, ça ne l’a jamais été.

Une douleur aigüe s’étend dans sa poitrine lorsqu’il repense au moment où il lui a fait ses adieux qui n’en étaient pas, devant la maison d’Anya. Ça ressemblait un peu à maintenant. Le souvenir fait mal, n’avait même pas commencé à cicatrisé — Elis a un mouvement de recul, détache sa main de la sienne, comme si le contact l’avait soudain brûlé. « A quoi bon? » il balance avec humeur, et s’en veut instantanément. Il fait ce qu’il peut pour empêcher le barrage de céder ; essaie désespérément de calfeutrer ce qui peut encore être sauvé, protégé. Il tourne la tête, pas certain de vouloir ou de pouvoir voir sa réaction. Les vieux mécanismes se remettent en marche dans un cliquetis familier, et il en est le témoin impuissant — c’est comme regarder un accident en train de se produire sous ses yeux sans pouvoir détourner le regard. Il passe une nouvelle main dans ses cheveux, sur son visage puis dans sa nuque ; essaie de se sortir de ce marasme dans lequel il est en train de les replonger.

Il fonce les sourcils, le regard fixe vers l’étang, hésite un instant puis ajoute : « C’est trop tard, non? » Est-ce qu’il y a encore des choses à sauver? Nous deux, est-ce que c’est trop tard? « C’est trop tard pour te demander de venir avec moi? »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyDim 15 Aoû - 18:42

Elle sent son bras contre le sien, entend le « je repars demain », entend sa respiration qui n’est pas tout à fait égale et sent la tension qui, suite à ses questions, l’habite. Elle n’en est pas vraiment étonnée : Elis n’a jamais pu répondre clairement, dire les choses simplement - elle non plus, d’ailleurs, presque tout le temps. Elle se dit que ça va se terminer là, qu’ils vont retomber dans leur cycle habituel, qu’ils vont finir dans le lit de sa petite maison sans trouver vraiment de résolution, ou qu’il va partir avant que la conversation ne soit vraiment terminée. À la place, ses doigts lui échappent brusquement, laissant sa main vide, abandonnée. « A quoi bon? ». Sa question résonne dans sa tête alors qu’Elis s’éloigne sensiblement, son corps redevenu comme étranger sur son bout de banc. Anya a envie de le gifler. Elle a envie de le secouer, de le jeter par terre peut-être, de lui hurler dessus. Elle a envie de se lever, de lui sortir un « Ça ne sert à rien, tu as raison », de rentrer chez elle. Ses jambes, pourtant, ne lui obéissent pas et elle se trouve incapable de détourner les yeux, d’arrêter de le regarder. Elis, lui fixe, l’étang qui s’étire devant eux, s’agite tandis qu’elle reste silencieuse. Anya n’a pas d’autre choix : si elle ouvre la bouche, ça en sera terminé de la soirée, d’eux deux. Si elle ouvre les vannes, si elle cède à l’habitude, il n’y aura plus d’Elis et d’Anya ce soir, ou du moins est-ce ce qu’elle ressent, à le regarder, de son côté du banc.

« C’est trop tard, non? » À toi de me dire, se retient-elle de dire, les poings serrés sur sa robe maintenant froissée. Elle a envie de lui dire que c’est certainement le cas, que c’est certainement trop tard, qu’il aura eu sa vengeance et qu’il ne reste rien à ramasser de leur histoire. Elle a envie de le blesser, d’une certaine manière, de se défendre, de sortir les crocs et les griffes. Elle se contente de mordre l’intérieur de sa joue tandis qu’il continue. « C’est trop tard pour te demander de venir avec moi? » Tu ne pouvais pas me le demander avant ? C’était si dur que ça ? Si contraignant ? Il fallait que tu partes à ton tour pour te dire que, peut-être, j’allais te manquer ? Anya inspire profondément, essaie de faire taire la voix colérique, celle qu’elle a si souvent employé pendant leurs disputes. La voix qui cherche la faille, qui cherche à blesser, à se défendre, à monter des murs sur lesquels ont a lancé des boulets de canon.

 « J’aimerais croire que non », finit-elle par répondre, les mâchoires serrées, après un silence. Ses poings sont toujours fermés - si jamais il avait l’idée de s’approcher à nouveau pour lui arracher ensuite le privilège de sa peau.  « Mais je ne viendrai pas si tu n’es pas sûr de toi. Si tu n’es pas sûr de me vouloir là-bas. » Anya pense un instant à Juniper, à sa petite maison. À la vie qu’elle a réussi à construire, sur Visby. Si elle avait plus de sens, plus de densité quand Elis était encore là, elle ne peut pas nier l’avoir apprécié - l’apprécier encore. Elle ne peut pas nier non plus la peur qui lui saisit le ventre à l’idée de se trouver seul dans un appartement inconnu, à chercher un travail dans elle ne sait quelle branche, à retourner dans les bureaux d’architecte, dans une autre librairie qui n’aura ni la même aura ni la même chaleur que celle de Juniper. Il y a toutes les questions de ces dernières années, toutes les insécurités qui s’y mêlent, la peur de le voir repartir et la peur de le voir se lasser, s’ennuyer, la peur illogique de le voir s’éloigner, d’être de trop, de ne pas trouver sa place. Elle ne compte pourtant pas en parler, pas là, pas maintenant.

 « Qu’est-ce… », commence-t-elle avant de déglutir. Elle ne sait pas comment poser cette question, ni si elle doit la poser. Peut-être que ce serait leur donner un faux espoir, un faux départ, avant qu’Elis ne réfléchisse et ne décide de laisser tomber. Peut-être que c’est précipité, trop rapide - puis les mois de silence se rappellent à Anya, et elle se dit qu’elle a eu des semaines et des semaines pour y penser.  « Qu’est-ce que je vais faire, moi, à Londres ? » Le ton est détaché, presque lointain, comme on met le pied dans l’eau pour tester la température sans vraiment être sûr de plonger. Il y a tant d’autres interrogation sous cette simple question qu’elle n’est pas sûre qu’Elis puisse toutes les percevoir : [i]Où est-ce que je vais travailler ? Quelle place vais-je avoir ? Est-ce que tu y as vraiment pensé ? Est-ce que c’est vrai, tout ça ? Est-ce que tu veux vraiment de moi là-bas ? Est-ce que c’est ta manière de dire que je t’ai manqué ?
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyLun 16 Aoû - 23:00

Il voit du coin de l’oeil les poings d’Anya se crisper sur le tissu satiné de sa robe. Elle ne répond pas immédiatement, mais il sait que ce n’est pas par hésitation — il sent sa colère qu’elle retient par tous les moyens. Il aurait mieux fait de se taire. Il n’aurait pas du s’assoir sur ce banc, remuer tout ça. Il pensait que la situation ne pouvait pas être pire, entre eux — il sous-estimait de toute évidence sa capacité à tout foutre en l’air, une fois de plus.

« J’aimerais croire que non. Mais je ne viendrai pas si tu n’es pas sûr de toi. Si tu n’es pas sûr de me vouloir là-bas. » Il fronce les sourcils, grimace presque, le regard toujours tourné vers l’étang. Il bois une nouvelle gorgée de champagne — la dernière. Il retient dans ses poumons un long soupir agacé, parce qu’il n’est pas sûr d’avoir la force d’en assumer les conséquences. Il était sûr de lui. Là n’était pas le problème. Entre Anya et lui, il n’avait jamais eu de doute sur la nature de ses sentiments — la peur était ailleurs. Elle s’était insinuée dans les fissures de leur relation cabossée ; avait pris la forme d’inquiétudes et de jalousie, de mots mal dits ou pas dits du tout. Qu’Anya fasse l’ingénue et prétende ne pas savoir ce qu’elle représentait pour lui le rend irritable. Il croyait pourtant qu’avec tout l’alcool ingurgité, rien ni personne ne pourrait encore avoir de prise sur lui ce soir. Anya hésite, trébuche un peu sur ces mots.  « Qu’est-ce que je vais faire, moi, à Londres ? »  Elis baisse les yeux vers ses doigts, qui ont entrepris de décoller l’étiquette de la bouteille sans qu’il ne l’ait réalisé. « Si un mec comme moi a réussi à trouver sa place dans cette ville, je ne suis pas inquiet pour toi. » Il ne met aucune inflexion ironique dans sa phrase. Il est très sérieux. Anya était une force de la nature, et c’était sans doute la seule à ne pas le voir. Il savait qu’elle avait passé sa vie à fonctionner en sous-régime, dans une vie trop petite pour elle, entouré de personnes qui ne la comprenaient pas ou qui étaient incapables de la stimuler (Elis avait souvent eu peur d’appartenir à l’une ou l’autre des catégories ; parfois même les deux). « Tu feras ce que tu voudras, Anya, et tu le feras très bien. » Là non plus, il ne cherche pas à mettre le charme habituel, la chaleur, le miel qu’il réserve aux flatteries et aux sous-entendu.

Le papier commence à se décoller sous ses ongles, mets il décide de poser la bouteille à ses pieds. Il s’accoude au dossier du banc, s’étire le dos dans un grognement, décrispe ses épaules, puis lâche un long soupir — il porte tout le poids du monde sur les épaules, Elis. Il sait ce qu’il a lui dire, il sait qu’il doit lui dire maintenant, parce que c’est sans doute la dernière occasion qu’il aura. Il penche à nouveau en avant, les coudes sur les genoux, ses doigts passant nerveusement sur ses sourcils. Il convoque les mots qu’il a tenté d’assembler depuis tout ces mois ; essaie de retrouver la trace de ceux qu’il a mis à l’écrit dans ces mails jamais envoyés, dans cette lettre jamais postée, dans ces SMS effacés. Il a trop bu, tout est flou, rien ne pourra être à la hauteur. « Mais c’est si toi tu veux. » Il sent qu’elle veut intervenir, il l’en empêche : « Moi je sais que j’en ai envie. J’en ai envie maintenant et j’en avais envie l’année dernière. » Il se redresse, se frotte les yeux, aimerait être plus clair, plus percutant, mais il a abandonné ses talents d’élocution il y a environ cinq verres. « Je pouvais pas supporter l’idée que tu puisses dire non, donc j’ai pas demandé. J’ai préféré me briser le coeur tout seul, je me suis dit que ça serait moins douloureux. » Il cherche son regard, s’éclaircit la voix — essaye de faire disparaitre le filtre alcoolisé qui semble vernir chacun de ses mots. « Maintenant, je sais qu’un non ne pourra pas être pire que ces derniers mois. » Il y a en réalité des années de regrets dans ses yeux. Il ne sait pas où il trouve la force de sourire (un sourire un peu défait, abattu) quand il ajoute : « Mais ne dit pas non. S’il te plait. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptySam 21 Aoû - 14:31

« Si un mec comme moi a réussi à trouver sa place dans cette ville, je ne suis pas inquiet pour toi. » Anya lui lance un coup d’oeil. Elle a envie de dire quelque chose mais reste pourtant silencieuse. Elle n’a jamais vraiment dit à Elis qu’il avait bien plus de potentiel que la majorité des crétins de Visby. Qu’il était capable de faire sa vie à Londres, d’avoir un boulot qui valait le coup de se lever, qu’il n’avait pas besoin de rester coincé ici. Quelqu’un d’autre l’avait à sa place, une autre femme qui lui avait proposé, sur un plateau d’argent, une opportunité. Anya n’avait pas admis cette jalousie, ni de vive voix, ni à elle-même, des mois plus tôt. Ce n’était certainement pas le bon moment pour en parler, mais elle ne pouvait s’empêcher de demander ce qu’ils s’étaient passés entre eux, à Londres; « Tu feras ce que tu voudras, Anya, et tu le feras très bien. » Son ton est neutre, calme, fatigué peut-être, et Anya baisse un instant la tête. Peut-être a-t-il raison, peut-être que ce n’est qu’une autre raison d’hésiter - mais Anya ne sait pas, ne voit pas ce que sera sa vie à Londres. La seule constante, la seule base qui lui reste se tient là, à côté d’elle.

Elis s’agite tandis qu’elle réfléchit, qu’elle tente d’imaginer ce que cette nouvelle vie, loin de Visby, pourrait donner. Il laisse la bouteille à l’étiquette à moitié arrachée et Anya le regarde faire, le regarde passer les mains sur son visage. « Mais c’est si toi tu veux. » Elle ouvre la bouche mais n’a pas le temps de répondre qu’il reprend. « Moi je sais que j’en ai envie. J’en ai envie maintenant et j’en avais envie l’année dernière. » Elle n’ose pas dire qu’elle aussi, qu’elle a eu peur, qu’elle a eu envie de lui demander de rester, mais aussi de venir avec lui. « Je pouvais pas supporter l’idée que tu puisses dire non, donc j’ai pas demandé. J’ai préféré me briser le coeur tout seul, je me suis dit que ça serait moins douloureux. Maintenant, je sais qu’un non ne pourra pas être pire que ces derniers mois.» Anya déglutit. Elle ne peut pas fuir le regard d’Elis cette fois, n’arrive pas à détourner les yeux. « Mais ne dit pas non. S’il te plait. » C’est son sourire, plus que sa demande, qui lui arrache le coeur. Anya ne sourit pas, sent des larmes lui montait aux yeux sans vraiment savoir pourquoi ni comment. Elle les efface d’un geste, un peu agacé, avant de soupirer profondément.

 « Je n’avais pas prévu de dire non », se contente-t-elle de répondre avant de le regarder à nouveau.  « Je m’étais attachée à tout ça. Visby, la librairie, la maison et toi dedans», tente-t-elle d’expliquer sans arriver à dire qu’elle n’a jamais été la plus malléable, la plus adaptable des deux.  « Mais je ne comptais pas dire non. » Elle n’aurait certainement pas dit non, des mois plus tôt, mais elle ne peut le jurer et ne veut pas vraiment y penser. Un poids semble se lever de sa poitrine, de ses épaules - bien qu’ils aient encore à parler, qu’ils aient à mettre d’autres choses sur la table, bien qu’ils doivent se projeter, réfléchir, découvrir comment les pièces vont s’ajuster. Elle pense un instant à ce que va dire Juniper, quand elle va lui annoncer son départ, à tous les cartons qu’il va falloir faire, à ceux qu’elle va transporter, donner ou stocker dans le garage de sa mère. Elle se demande à quoi ressemble l’appartement d’Elis, s’ils vont y rester, s’il est assez grand. Elle inspire, expire, se sent à la fois soulagée, anxieuse, intriguée, terrifiée, heureuse, perturbée.

Mais quand elle tourne la tête, quand elle le regarde à nouveau, le visage d’Elis lui renvoie les mois d’absence et la vérité qu’elle a finalement accepté : si elle serait certainement capable de vivre sans lui, comme on peut vivre sans un bras ou une jambe, elle n’en a plus envie.  « On devrait rentrer », finit-elle par dire comme si, d’un commun accord, ils avaient décidé de rentrer chez elle.  « Il y a mille et une choses à aborder et je ne veux pas que tu partes sans qu’on en ait parlé. » Et tu ne pourras pas y échapper cette fois. Anya se lève et se demande, un bref instant, ce que les invités vont dire quand ils vont les voir partir ensemble. Personne ne sera vraiment surpris.

Elle abandonne la bouteille - elle a autre chose en tête - et le regarde. Se demande comment, ces derniers mois, ils ont toujours réussi à retracer leurs pas pour se retrouver, à chaque fois. Anya glisse ses doigts dans les cheveux bruns d’Elis avant qu’il ne lève la tête pour la regarder.  « Tu m’as manqué. »
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: a toast to the happy couple · anyelis   a toast to the happy couple · anyelis EmptyDim 22 Aoû - 18:41

« Mais je ne comptais pas dire non. » Elis baisse la tête pour se frotter les yeux ; il laisse échapper un petit rire qui semblait coincé dans sa gorge depuis des semaines. C’est un rire plein de regrets et de frustration ; il s’abandonne à l’absurdité tragique de toute cette situation. Putain d’imbécile. Tout ces mois de souffrance et toute cette solitude auraient pu être évités s’il avait été capable de quelques miettes de courage supplémentaires. Il sent que quelque chose est en train de se dénouer dans sa poitrine, mais l’ivresse et la fatigue viennent alourdir ses épaules et se faufiler dans les recoins de son être abandonnés par la peur. Comme si tout son corps avait compris que le plus dur était passé ; que l’état d’alerte était levé.

Leurs regards se trouvent une nouvelle fois. Les yeux d’Anya sont rouges et le haut de ses pommettes est humide. Il n’a pas vu les larmes couler, elle les a certainement fait disparaitre lorsqu’il regardait ailleurs. Instinctivement, dans un geste doux et familier, il écarte une mèche des cheveux d’Anya du bout des doigts, efface la trace de mascara qui s’étire sous ses cils inférieurs. « On devrait rentrer. » Anya se tient devant lui à présent. Il lève les yeux vers elle, détaillant son visage avec une adoration nouvelle, tout en laissant ces trois mots se répande lentement comme du miel dans sa poitrine. Doucement, Anya passe ses doigts dans ses cheveux, et il ferme les yeux pour savourer l’instant, comme s’il fallait s’en rassasier tant qu’il le pouvait, après toute cette absence, tout ce vide. « Tu m’as manqué. » Il trouve la force de rouvrir les yeux pour l’observer une nouvelle fois par en dessous (c’est sous cet angle qu’il préfère la voir) avant de porter sa main vers le creux de sa taille. Ses doigts glissent sur le satin rose de sa robe avec une prudence toute neuve, les yeux rivés sur ceux d’Anya. Lorsque sa main atteint le bas de son dos, il l’attire doucement à lui. Son front se pose sur le sternum de la jeune femme alors qu’il resserre son étreinte autour de sa taille, retrouvant dans un soupir l’odeur de sa peau, de sa transpiration, de sa lessive, de son parfum. « Toi aussi. »

Il abandonnent le banc en pierre entouré d’hortensias, laissant derrière eux la bouteille vide à l’étiquette décollée et le noeud papillon d’Elis. Lorsque Anya s’engouffre en catimini dans le salle de réception pour récupérer ses affaires, il préfère l’attendre à l’extérieur. A travers les vitres, de l’autre côté de la grande pièce, il aperçoit Ari. Celui-ci suit la progression d’Anya jusqu’à sa table, puis sa fuite vers la sortie. Alors, son regard croise celui de son meilleur ami. A cette distance, Elis n’arrive pas à distinguer l’expression d’Ari, mais il pourrait jurer qu’il lui sourit. Personne d’autre ne fait attention à eux lorsqu’ils rejoignent la sortie du jardin botanique.



Pendant les quinze minutes de trajet qui les séparent de la petite maison d’Anya, ils ne disent rien. Comme si tout ce qui était en train de se produire était encore trop fragile, trop fugace et incertain pour être menacés par des mots superflus. Ils laissent le silence de la nuit danser entre eux, seulement troublé par le bruit des talons d’Anya sur les pavés et le chant des vagues au loin. Ils marchent côte à côte, leurs mains se frôlent puis se perdent, dans un ballet adolescent.

Lorsque Anya s’avance vers la porte d’entrée, Elis reste quelques pas derrière elle. La clé tourne deux fois dans la vieille serrure, alors qu’il contemple la façade de la petite bâtisse sur toute sa hauteur. La dernière fois qu’il se tenait dans cette allée, il s’apprêtait à commettre une terrible erreur. Il se souvient du visage fermé d’Anya devant lui, de son estomac qui se tordait alors qu’il tournait les talons, du noeud dans la gorge qui l’empêcha de respirer jusqu’au coin de la rue.

La porte s’ouvre et Anya jète un oeil derrière elle. Le regard d’Elis redescend vers elle, et après une seconde d’hésitation, il la suit à l’intérieur.

Dans la petite entrée, ils restent d’abord silencieux. Plongés dans l’obscurité, il a l’impression de se faire bousculer par des fantômes d’Anya et Elis. Malgré la brume qui tapisse son esprit, il revoit ses multiples arrivées clandestines nocturnes, plus ou moins alcoolisé. Il revoit les disputes qui se sont tenues dans ces trois petits mètres carrés, ces silences lourds de sens, ces baisers matinaux qui avaient le goût du café ou ces embrassades fiévreuses saveur tequila. Toutes ces versions d’eux prennent beaucoup de place, là, entre ces quatre murs où ils se tiennent tous les deux face à face.

Anya tend le bras vers l’interrupteur pour allumer la lumière, mais il l’en empêche. Et maintenant? Ils sont tous les deux dans le placard à l’anniversaire d’Ulla, adolescents apeurés. Et maintenant? Ils sont aussi dans son ancienne chambre, à cette fameuse soirée, il y a de cela une demi-éternité — deux adultes terrorisés et impatients. Il n’y a pourtant plus de peur entre eux, à cet instant précis. Plus d’urgence non plus — et c’est peut-être la première fois, d’ailleurs. Ce n’est plus la prudence ou l’hésitation qui guide ses gestes, à Elis ; c’est une forme de certitude, de contentement — et pas mal de champagne, sans doute. Lentement, il approche son visage de celui d’Anya ; la laisse venir à lui. Ils ne sont pas pressés. Leurs nez se cherchent, leurs souffles se mélangent, les soupirs s’entremêlent, leurs visages se redécouvrent, là, dans la petite entrée. Il sourit lorsque leurs bouches se trouvent enfin.

« Baby, I’m gonna miss that plane. »
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