Roses and Ruins
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 (elis) we were born sick

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Anya Larsen
Anya Larsen

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Pseudo : Pauline / linconstante
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Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

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MessageSujet: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyDim 17 Mar - 20:50



To @Elis Jakobsson : Je suis rentrée. Rdv 18h aux ruines.


Le sms est parti un peu plus tôt dans la journée. Anya n’a pas vraiment réfléchi. Elle aurait certainement dû faire cela avant, le prévenir avant, mais elle n’a pas eu le coeur. Pas eu la force, peut-être, parce que pour ça, elle est trouillarde, un peu peureuse. C’est différent, avec Solveig, parce qu’elles sont amies, parce qu’elles se détestent autant qu’elles s’aiment, parce qu’elles ont tout traversé et que, malgré tout, Anya lui a annoncé son retour. Tard, certes, mais elle n’a pas débarqué à l’improviste à Visby, mine de rien, les mains dans les poches. Elis, lui, ne sait rien. Ou peut-être qu’il sait, justement, que les rumeurs sont arrivées jusqu’à lui, que quelqu’un lui a glissé Anya est de retour. Elle, elle a entendu dire qu’il travaillait pour son frère, en ce moment. Ils n’en ont pas parlé. Il faut dire qu’ils n’ont pas parlé depuis un moment - ils ont échangé quelques mails, brefs, avant son départ de Stockholm, quelques nouvelles à la drôle de consistance. C’est comme ça depuis des années : les cartes postales et les sms prennent la place des lettres et des longs mails avant que ceux-là ne reviennent. Quand Anya a un peu bu ou quelque chose la dérange - l’ébranle, même si elle ne veut pas l’avouer - elle s’assoit et écrit quelque chose, quelque chose destiné à Elis, la plupart du temps. Solveig et elle vivent autrement, communiquent autrement, de vive voix, en face à face plus aisément qu’à distance.

Elle ne sait pas s’il va venir. Elle ne sait pas quel est son emploi du temps, s’il avait autre chose de prévu, s’il a envie de la voir, et les dizaines de questions qu’elle se pose depuis une heure la mette de mauvaise humeur. Un peu plus que d’habitude, du moins. Elis a cet effet, sur elle : il fait monter les murs et sortir les lances. Quand il s’approche, Anya a l’habitude de reculer d’un pas, d’un micro pas, tout petit, minuscule, de peur qu’il ne soit trop près - elle ne recule jamais Anya, ni devant un homme, ni devant une femme, non. Elle lève le menton, mord peut-être, mais ne recule pas. C’est perturbant d’imaginer que peut-être, ce soir-là, tout va recommencer à nouveau et elle laisse échapper, tout bas, une insulte bien sentie. Elle n’aurait pas dû lui écrire. Il aurait suffit de laisser le hasard faire les choses, d’attendre et d’attendre encore un peu. Depuis quand ne se sont-ils pas vus ? Depuis les dernières vacances qu’elle a passé à Visby, peut-être, il y a des mois de ça.

Elle est pourtant là, à 18h, plantée au milieu des ruines. Elle a fait quelques pas, marché de long en large, puis en travers aussi, préférant tourner le dos au chemin qui mène jusqu’à l’église. Ils se sont croisés là, parfois - Anya avait l’habitude de s’y rendre, après les explosions quotidiennes du foyer, de traîner dans les ruines, et de s’enfuir sur Gotland. La tension qui parcourt ses membres lui fait pousser du pied cailloux et mottes de terre, soupirer, croiser et décroiser les bras. Elle est si prise par ses pensées, si pleine de contradiction qu’elle n’entend pas tout de suite Elis arriver.
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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyMar 19 Mar - 22:24


we were born sick
anya + elis

La notification s’affiche sur l’écran de son téléphone dans un « ding » strident. Il ouvre un oeil avec difficulté, tente de se souvenir où il est : dans la pénombre se dessinent les contours des casiers rouges en aluminium, de l’autre paire de lits superposés, vides. Petit à petit, il distingue le plan d’évacuation et le « Please be respectful of the other guests — be quiet after 10:00pm » placardé à l’arrière de la porte. A en juger par la lumière qui filtre à travers l’épais rideau, il a du oublier de mettre un réveil, hier soir. Encore. Les bruits dans le couloirs lui confirment qu’il est tard et il se résout à tendre le bras vers son téléphone, au pied du lit, pour voir l’heure et juger des dégâts. La luminosité de l’écran lui fait écarquiller les yeux dans la pénombre, et son attention est instantanément captée par le prénom qui s’affiche sur l’écran.

Anya
Je suis rentrée. RDV 18h aux ruines.

Il se frotte le visage, s’allonge à nouveau dans le lit, en écartant les longs cheveux noirs étrangers de sa joue. La jeune fille allongée contre lui — chilienne? péruvienne? — émet un grommellement et se retourne furieusement vers le mur, tirant le duvet à elle. Il ne remarque rien, relisant le message pour la troisième fois déjà. Anya est de retour.

La journée avait suivi son cours dans un certain brouillard. Elis s’était acquitté de ses obligations à l’auberge de jeunesse sans y mettre le moindre soupçon d’entrain, l’esprit préoccupé. Il n’avait pas répondu au message d’Anya. Il ne voulait pas lui donner cette satisfaction. Le rendez-vous qu’elle lui avait fixé ressemblait à une convocation, et ça l’irritait. Elle devait se dire que son monde s’était arrêté de tourner lorsqu’elle avait mis un pied dans ce putain de ferry pour Stockholm. Leurs échanges avaient été sporadiques : le jeu des correspondances secrètes n’était pas aussi drôle lorsqu’ils ne se croisaient pas le lendemain en faisant comme si de rien n’était. Elle devait se dire qu’il allait accourir dès qu’elle le sifflerait. Il voulait lui donner tord. Il n’irait pas, il la laisserait attendre comme une idiote dans les ruines glaciales. Ça lui apprendra à revenir comme une fleur en pensant qu’il abandonnerait son programme pour se jeter à ses pieds.

La vérité, pourtant, c’est que son programme n’était pas bien rempli. Il questionna mollement les visiteurs de l’auberge sur leurs plans pour la soirée, puis sollicita ses amis par message, comme pour se trouver une bonne excuse et donner du corps à son mensonge : non, vraiment, il n’avait aucune envie de voir Anya ce soir. A mesure que la journée avançait et que l’heure du rendez-vous approchait, Elis du pourtant se rendre à l’évidence : l’idée de la revoir l’obsédait. Son sourire mutin lui avait manqué. Son regard exaspéré quand elle prend son air supérieur. Le dédain dans sa voix quand il parvient à la déstabiliser. La tempête dans ses yeux lorsqu’elle lui en veut. Son odeur. Est-ce qu’elle avait toujours la même odeur? Ou est-ce que Stockholm l’avait changé? Il devait en avoir le coeur net.

Il voulait s’assurer d’arriver un peu en retard, de la faire attendre. Pourtant il n’est que 18h02 lorsqu’il arrive aux abords des ruines. Putain. Il hésite. S’apprête à tourner les talons. Nerveusement, il allume une cigarette. Les lampadaires de la rue viennent de s’allumer. Il s’approche doucement des escaliers qui surplombent le lieu de rendez-vous. De cette hauteur, il embrasse d’un regard toutes les ruines St Clemens et ne peut pas louper Anya qui se tient, là, le dos tourné, dans la pénombre de ces vestiges mal éclairés. Il a une furieuse envie de s’approcher à pas de loup, et de lui murmurer quelque chose dans la nuque. Mais à la place, il se contente de descendre trois marches puis lance, à bonne distance, sans aucune autre forme d’introduction : « Tu repars quand? » Il avait décidé qu’il allait lui en faire un baver, d’abord. Lui faire regretter d’être partie sans se retourner. Elle tourne la tête dans sa direction, surprise. Il lui aurait bien balancé autre chose, là, du haut de son promontoire, mais quand il voit son visage il a du mal à conserver sa mine détachée et réfrène un sourire. Elle lui avait manqué, putain.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyJeu 21 Mar - 20:38



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@Elis Jakobsson & Anya Larsen


 « Tu repars quand ? » La question la prend de court - la surprend, même, et Anya sursaute avant de se retourner. Elle sursaute tout le temps, il doit le savoir : comme si le courant ne s’arrêtait jamais vraiment, traversant son corps, ses muscles, à chaque seconde, chaque instant. La tension ne semble jamais vraiment quitter ses membres - tout bouge, à un moment ou à un autre, qu’il s’agisse de sa jambe, de ses doigts, du bout de son nez. Elle n’est pas sûre de l’heure, mais elle pourrait jure qu’il est en retard, presque ponctuel, mais un peu en retard. Ses doigts se crispent dans la poche de son manteau : Anya est prise d’un certain malaise. Elle ne peut pas cacher sa surprise et il comprendra peut-être. Il comprendra qu’elle l’attendait sans l’attendre, qu’elle espérait le voir arriver tout en pensant que, peut-être, il ne viendra pas. Il aurait eu le droit, après tout. Toute personne normale aurait considéré ce rendez-vous comme indécent, franchement mal venu. Mais ils ne sont pas vraiment normaux, ni lui, ni elle. Ils ne l’ont jamais été, du moins pas ensemble, pas dans la même pièce, ni sur la même île. Est-ce qu’elle est heureuse ? Oui, il y a quelque chose comme ça, quand elle voit enfin son visage. Quelque chose comme un contentement, plus qu’une joie vive et volage ; ça ronronne comme un chat sous un rayon de soleil.

Elle aimerait dire quelque chose de provocant. De percutant, au moins, quelque chose qu’on retient, qui pourrait l’agacer, le faire descendre, l’obliger à s’approcher. Anya se contente de serrer le poing, crevant d’envie d’allumer une cigarette, de traverser l’espace et de le toucher. Elle se demande, un bref instant, ce que ça ferait, sous sa peau, si elle le touchait vraiment, sans corps interposés, sans imaginer. Ce ne serait pas si compliqué : elle pourrait essayer, traverser la distance, grimper les dernières marches, l’embrasser, prendre sa main, le gifler - les trois à la fois.  « Je rentre pas. » C’est tout ce qu’elle arrive à dire. Il lui faut quelques secondes pour se tourner complètement, pour s’approcher, de quelques pas seulement. Un peu moins d’une minute pour tirer une cigarette de son paquet et de pour l’allumer, en espérant qu’il ne voit pas ses doigts riper sur le briquet. Il est différent. Quand elle relève les yeux, il est différent et, à la fois, toujours le même. Le même Elis qu’elle a laissé, il y a des mois, des années, quand elle est partie à Stockholm, quand elle est rentrée et repartie à nouveau, quand elle a décidé de se forger une autre vie, là-bas. Il est toujours très beau et Anya a nouveau trois ans, ou quatre ans peut-être, est à nouveau en maternelle devant ce garçon à qui elle ne sait pas parler et dont elle a volé la trousse comme première communication. Elle ne sait pas quoi lui voler, ce soir.

 « La boîte a fait faillite, j’ai été virée. Alors je suis rentrée. » C’est un raccourci qui n’a pas de sens, mais elle ne voit pas comment raconter les trois mois compliqués, sans salaire, à passer des entretiens auxquels elle n’avait pas envie d’assister, pour des postes qui lui donnaient envie de sauter par la fenêtre. Elle ne sait pas comment expliquer qu’elle s’est trompée, certainement, et qu’elle se sentait seule là-bas. Elle ne sait pas comment dire qu’elle ne sait plus et ça l’agace - ça se voit dans le pli que prend sa bouche quand elle détourne enfin les yeux, prenant conscience qu’elle fixe Elis depuis trop longtemps.  « Je suis chez ma mère. » Elle comble le silence avec des banalités qui ont, malgré tout, un certain sens. Elis et Solveig connaissent la famille Larsen, savent ce qu’il en reste, du père qui est parti à la mère plongée dans l’alcool depuis des années. Tout Visby le sait, à vrai dire, mais ça, elle préfère ne pas y penser. Sa langue finit par claquer contre son palais dans un geste d’agacement et Anya tire à nouveau sur sa cigarette.  « On m’a dit que tu travaillais à l’auberge. » Elle ne sait pas comment le prendre ni de quoi parler. Ils ne parlent pas, normalement - ils écrivent et provoquent et agissent sans agir, mais ils ne parlent pas, pas vraiment. Et Anya ne maîtrise ni le calme ni la politesse.
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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptySam 23 Mar - 22:32



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anya + elis

Il l’a fait sursauter, et ça l’amuse comme un gamin qui aurait réussi un mauvais tour. « Je rentre pas. » Son sourire narquois se fane ; là, c’est lui est est surpris. Il la pensait revenue pour quelques jours, le temps de voir sa famille peut-être, de régler quelque chose. En lisant son message ce matin, il ne s’était pas autorisé à se réjouir, se disant qu’elle resterait juste assez longtemps pour revenir hanter son esprit, reprendre leur jeu là où ils s’étaient arrêté puis… disparaitre à nouveau. Il repensait à ces messages échangés, ces mails de trois lignes écrits tard dans la nuit, ces cartes postales impromptues. L’électricité qui le traversait lorsqu’il voyait son prénom dans sa boîte de réception, cette excitation d’ado qu’il cachait sous des couches de fausse apathie lorsque son coloc lui tendait une enveloppe où s’étalait l’écriture vive d’Anya. Savoir qu’elle était là, de retour, pour de bon ; la nouvelle le prenait au dépourvu. Il tira sur sa cigarette sans la quitter des yeux : il voulait être sûre qu’elle ne mentait pas, qu’elle n’était pas déjà entrain de jouer avec lui. Elle lui en avait déjà fait voir de toutes les couleurs ; on n’était jamais trop prudent, avec Anya.

« La boîte a fait faillite, j’ai été virée. Alors je suis rentrée. » Il sent que l’aveu lui coûte. Il sent aussi qu’elle ne dit pas tout. Les rues aux alentours sont désertes ; à cette période de l’année, Visby n’attire pas beaucoup de touristes. Les journées sont encore courtes et glaciales, et les rosiers en pots qui décorent traditionnellement les ruines à partir du printemps n’ont pas encore été installés. Malgré tout, l’atmosphère du lieu est singulière : quelques lampadaires mettent sobrement en lumière ce tas de vieilles pierres et les pavés du site brillent encore, témoins de l’averse de fin d’après-midi. Il se résout à descendre quelques marches supplémentaires, et continue à observer cette silhouette longiligne au milieu des vestiges centenaires. Il ne veut pas détourner les yeux ; comme si elle allait se dérober, s’évanouir à nouveau dans la nature. « Je suis chez ma mère. » Il hausse un sourcil. Elle n’a pas besoin d’en dire plus, son visage porte toutes les traces de l’agacement. L’espace d’une seconde, il ouvre la bouche, puis se ravise. Elis lui aurait bien proposé de s’installer chez lui, en attendant. En attendant quoi, rien n’était moins clair ; mais de toutes façons, il n’était pas sûr de vouloir la faire venir chez lui. Pas comme ça. Et puis, il était sensé être en colère contre elle.

Sans transition, elle ajoute : « On m’a dit que tu travaillais à l’auberge. » Elis n’arrive pas à contenir sa perplexité ; il fronce les sourcils, secoue faiblement la tête en soufflant sa fumée de cigarette à ses pieds, comme pour pour lui signifier qu’il n’est pas dupe. Depuis quand ils échangeaient des banalités, comme ça? Et elle croyait en avoir fini, là, avec ses explications vaseuses? D’un geste nerveux, il balance ce qu’il reste de sa cigarette sur le côté — et arriverait presque à entendre d’ici l’exclamation scandalisée de sa colocataire écolo. Enfonçant ses poings dans les poches de son blouson, il descend les dernières marches qui le séparent d’Anya et s’approche d’elle. Il se plante si près qu’il pourrait compter les minuscules tâches de rousseur sur le nez de la jeune femme. Elle soutient son regard, évidemment ; elle préférerait sans doute mourrir foudroyer que de baisser le regard devant qui que ce soit. Elle a toujours le même parfum. Etrangement, ça le réconforte… et lui donne une assurance nouvelle. Il finit par répondre, à quelques centimètres de son visage, avec provocation : « Comme si t’en avais quelque chose à foutre. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyLun 25 Mar - 18:14



WE WERE BORN SICK
@Elis Jakobsson & Anya Larsen


Il a compris et elle le sait - il a vu la faille, un instant, un bref instant, la volonté de changer de sujet, de faire comme si de rien n’était. Elis a vu, parce qu’Elis voit toujours à travers, Elis a les yeux perçants et se faufile parfois entre les pierres des grandes murailles qui entourent Anya depuis des années. Il se faufile sans jamais rester toutefois, parce qu’il y a d’autres barrières, d’autres défenses et bien d’autres attaques quand on s’approche un peu trop près. Il n’est jamais resté parce qu’Anya ne lui en jamais donné la possibilité, et ce n’est que récemment qu’elle a acquis la lucidité nécessaire pour s’en rendre compte, pour comprendre le mécanisme. Ce n’est pas pour ça qu’elle a changé - pas encore, c’est trop tôt, trop rapide, trop nouveau pour qu’elle sache quoi faire, comment réagir. Elle ne sait même plus quoi dire alors qu’il descend les marches de pierre, qu’il jette son mégot sans la lâcher du regard. C’est étrange de se trouver là, sous ces yeux, précisément, et d’attendre la sentence. C’est étrange et Anya a envie d’hurler, de grogner, de montrer les dents, de lui dire de se casser alors qu’elle l’a fait venir, de l’embrasser alors qu’elle n’a jamais osé, ne l’a jamais fait, bien qu’elle y ait pensé, oh oui elle y a pensé, souvent.

« Comme si t’en avais quelque chose à foutre. » Elis est soudainement très près, beaucoup trop près, et Anya ne peut s’empêcher de laisser son regard dériver une seconde vers cette bouche, sa bouche. Elle vient de se trahir, ça aussi elle le sait, et ses yeux remontent bien vite jusqu’aux siens. Quelque chose se ferme, peut-être est-ce son expression, peut-être est-ce autre chose, mais sa remarque l’agace. Il sait où appuyer, il sait comment la faire réagir - ils ont des années de pratique, à s’agacer l’un l’autre, à s’énerver, même. Anya se souvient des fois où, hors d’elle, elle a préféré partir, quitter une soirée, quitter le Black Sheep avec quelqu’un d’autre sous le bras comme excuse, alors qu’elle cherchait simplement à fuir. Elle ne peut rien dire, pourtant, ne peut rien lui reprocher. Elle a eu ses amants, il a eu les siennes, ils en ont d’autres, encore, aujourd’hui - les rumeurs vont bon train et tout se sait, ou presque, à Visby.  « T’as raison, j’en ai rien à foutre. » Le mensonge lui arrache la langue, mais elle est crédible, comme toujours ; venimeuse, comme toujours. Sa fierté ne lui permet pas de baisser les yeux, mais elle ne peut pas rester là sous peine de faire une connerie - le gifle ou l’embrasser, ou peut-être les deux. Elle ne peut pas baisser les yeux alors elle se détourne toute entière, jette ce qu’il reste de sa cigarette, s’éloigne d’un pas, puis deux, faisant mine de chercher dans son sac son paquet. Elle le cherche pour de bon, en réalité, se souvient qu’elle en a une déjà entre les lèvres et finit par abandonner sans se retourner. Juste un instant, une demi-seconde de répit. Elle ne peut décemment pas lui dire qu’elle a quelque chose à foutre et lui demander ce qu’il compte faire par la suite. Ce sont des banalités dont ils ne parlent jamais mais Anya n’est plus vraiment sûre de savoir quoi dire.

 « C’était une connerie, j’aurais pas dû t’écrire. » Et voilà que la colère revient alors que c’est lui, qui devrait lui en vouloir, que c’est lui qui devrait peut-être crier, ou lui faire des reproches. La petite voix qui lui souffle qu’elle est à nouveau méchante et injuste est trop faible, dans un coin de sa tête, et Anya a tôt fait de l’étouffer comme une étincelle.  « Tu perds ton temps, moi aussi. On peut en rester là. » Elle crache les mots à sa manière de toujours, se retournant enfin pour le regarder, séparer de lui par une distance de sécurité qu’elle a appris à entretenir avec les années. Anya sait que, si elle s’approche un peu trop près, un peu trop longtemps, il se passera quelque chose. Quoi, exactement, elle ne sait pas. Et, malgré sa provocation, malgré tout son bravado, elle ne bouge pas, ne part pas, ne s’éloigne pas plus. Elle sent le bout de papier qu’elle a plié sous ses doigts, celui qu’elle voulait lui donner - mais c’est autre chose que de lui remettre en main propre, autre chose que de lui envoyer, que de le glisser dans son casier, sous sa porte, dans sa boîte aux lettres. Alors elle tire nerveusement sur sa cigarette, éternellement agacée.


Dernière édition par Anya Larsen le Mar 26 Mar - 12:37, édité 1 fois
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyLun 25 Mar - 20:08



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Il est rare qu’Anya et lui soient si proches, comme ça. Les quelques fois où c’est arrivé, c’était par accident, ou cela remontait à leur enfance, lorsque ces contacts furtifs étaient encore sans conséquences. Lorsqu’il s’est approché d’elle, il n’a pas réfléchi. Pas réfléchi à ce pourquoi il se tient à distance depuis tout ce temps. Ça faisait des mois qu’ils ne s’étaient pas vus, il avait oublié ses réflexes. Il la domine de quelques centimètres, pourrait compter chacun de ses cils recouverts d’une épaisse couche de mascara noir. Il sait qu’il est trop près, il sent que son impulsivité va lui jouer des tours et lorsque Anya rompt leur échange de regard pour pour venir se perdre sur sa bouche, il sait qu’il est sur le point de commettre une erreur. Il croyait pouvoir prendre le dessus, rien qu’une fois. Ne pas être ce garçon à la merci de cette fille ; celui qui lui avait écrit un mot pour l’inviter à la boum de Mari, au collège, sans jamais lui remettre ; qui l’avait vu quitter de nombreuses soirées avec plusieurs de ses amis sans jamais rien dire ; celui qui avait accepté plus de chose d’Anya qu’il ne l’avait jamais fait d’aucune de ses petites amies. Il voulait mener la danse ; qu’elle aussi se sente petite, insignifiante. Elis garde les yeux baissés vers elle, tout son corps en tension, alors qu’il essaie de faire émerger chacune des contrariétés, des humiliations et des déception qu’elle lui à fait subir toutes ses années, comme pour faire garde-fou. Mais à chaque souvenir, il se rappelle aussi de ses regards dérobés, de ses mots écrits en secret et de ses sourires furtifs ; autant d’indices collectés comme des trésors.

Les yeux bleus d’Anya retrouvent ceux d’Elis. La fine vapeur d’eau de sa respiration vient caresser la mâchoire de l’homme, alors qu’une tempête se forme dans les iris bleues de la demoiselle. Les poings d’Elis sont serrés dans ses poches, il est comme électrisé par l’anticipation qui s’installe entre eux. Le couperet tombe sans prévenir : « T’as raison, j’en ai rien à foutre. » Il lui a tendu la perche, et on pourrait croire qu’il est habitué à être malmenée par Anya. Malgré tout, la réplique fait l’effet d’une brûlure. Il attend une fraction de seconde, lorsqu’elle tourne brusquement les talons — les délivrant tous les deux de cette promiscuité insoutenable — et expire sa frustration.

Elle lui tourne le dos à présent, et il en profite pour remplir ses poumons d’un air neuf, un air qui n’aurait pas son odeur, en levant le visage vers le ciel. Il ne la rejoint pas, se contentant d’étirer discrètement sa nuque, tel un boxer reprenant des forces dans son coin, se préparant au round suivant. « C’était une connerie, j’aurais pas dû t’écrire. » Contre son poing gauche, il sent son téléphone, celui même dont il a contemplé des dizaines de fois l’écran aujourd’hui, pour lire et relire le message d’Anya — et s’assurer que ce n’était pas une mauvaise blague. J’aurais pas dû venir. Mais là, maintenant, face à elle, il en a la certitude : lui poser un lapin aurait été au-dessus de ses forces. « Tu perds ton temps, moi aussi. » Les mots sont corrosifs. Elis lève le menton, fier, pour tenter de la sonder, de savoir s’il n’y a ne serait-ce qu’une once de sincérité dans son affirmation. La jeune femme lui fait à nouveau face, impétueuse mais à bonne distance. Elle assène enfin, sachant pertinemment où planter ses aiguilles : « On peut en rester là. »

La colère lui noue la voix et les muscles de sa mâchoire se tendent à nouveau. Il la regarde, faisant fit des quelques mètres qui les séparent à présent. Il la regarde comme il l’a rarement regardé — comme il ne le faisait que lorsqu’il était sûr de ne pas être dans sa ligne de mire. Un regard vaincu. Vaincu, c’est le mot : il n’y aucun moyen de gagner, avec Anya. Un regard d’envie. Ce regard qu’on pose sur ce qu’on ne pourra jamais avoir. Il esquisse un sourire contrit, pour lui-même, en réalisant tout ça. Puis dessert enfin les dents : « Je sais pas ce que tu attends de moi. » La phrase est claire, dénuée de tout sous-entendu. S’il a déjà eu l’occasion de la formuler de mille manières au cours de leurs correspondances, c’est la première fois qu’il la dit à voix haute, qu’il lui balance de manière aussi limpide. « T’as sifflé, j’ai accouru. » il sent la colère empoisonner sa voix. « C’est comme ça que ça marche entre nous, pas vrai? » Il a envie de la blesser, de lui faire perdre ses mots. Vingt ans qu’ils se connaissent ; vingt ans qu’il acceptait de jouer selon les règles d’un jeu tacite qu’elle avait établi toute seule.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyMar 26 Mar - 13:06



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Ne me regarde pas comme ça. La phrase se forme au fond de sa gorge mais ne sort pas. Anya en est presque surprise, tant elle est habituée à ne pas pouvoir se contrôler quand Elis est là. Les mots lui échappent, souvent, trop souvent, et elle dit ce qu’elle ne devrait pas dire, ce qu’elle croit penser mais ne pense pas, ce qu’aucun des deux ne veut entendre. Elle ment, souvent, quand il est là, des petits mensonges, des mensonges blancs qui ne feraient de mal à personne dans d’autres circonstances, si elle n’était pas si violente, s’ils n’étaient pas si brutaux l’un envers l’autre. Si elle n’avait pas aussi peur - parce qu’elle a peur de tout, Anya, peur de le perdre et peur de perdre Solveig, peur de les voir se rapprocher d’elle, de les voir se rapprocher des autres, de les voir se rapprocher l’un de l’autre, un jour, pourquoi pas. Peur de partir à nouveau et de ne pas savoir quoi faire, peur de recommencer ou de ne tout laisser tomber, même si elle l’a déjà fait ou peut-être, justement, parce qu’elle l’a déjà fait une fois. Ne me regarde pas comme ça. La phrase tourne et tourne dans sa tête, telle une réponse instinctive, un instinct de survie. Elle n’est pas habituée à ce qu’Elis la regarde de cette manière, n’est même pas sûre qu’il l’ait déjà regardé ainsi, ne serait-ce qu’une seule fois. Elle n’a jamais vu cette expressions sur son visage, et ça lui fait mal, physiquement mal, d’être à la fois si loin et si près, d’être si tendue, d’avoir tant besoin de le voir. C’est con, horriblement con, elle se le répète, s’insulte, s’énerve, mais sent sa gorge se nouer et un poids écraser sa poitrine.

 « Je ne sais pas. » Le ton est défensif, comme il l’est toujours, mais elle parle trop bas pour que ça ait un réel effet. Quel effet, d’ailleurs ? Celui de le blesser ou de le faire partir ? Celui de se blesser elle-même et de s’enfuir ? Pétrifiée, figée par ce qu’il dit et qu’il n’avait jamais prononcé, parce qu’ils n’avaient fait qu’effleurer sur le papier, Anya ne bouge pas. Un instant passe avant qu’elle n’arrive à desserrer les doigts dans un léger bruit de feuille froissée. Elle sent la lettre, courte, le mot plié contre sa paume et préfère ne pas penser à ce qu’elle y a écrit, plus tôt dans la journée. Peut-elle être plus honnête ? Elle ne sait pas non plus. Obligée de détourner les yeux, ne serait-ce qu’une seconde, elle regarde les ruines sans les voir, aveuglée par la lumière des lampadaires, les dents serrées. Il y a toujours la colère, par-dessus la peur, comme une épaisse couverture dont elle n’arrive jamais vraiment à se débarrasser, dans laquelle elle s’empêtre et se prend les pieds depuis des années. « T’as sifflé, j’ai accouru. C’est comme ça que ça marche entre nous, pas vrai? » La colère gronde à l’idée qu’il l’imagine ainsi, qu’il la pense ainsi, qu’elle agisse ainsi - que ce soit la vérité. Se battent alors l’envie de le savoir toujours là, toujours prêt à la voir, à la suivre, à l’attendre, et la peur de l’absence, de la fin de tout. Elle ne peut pas se l’expliquer, et encore moins le formuler simplement, honnêtement. Anya ne sait pas comment parler et encore moins comment confesser ce qui fait mal.

 « Je t’ai écrit parce que… J’avais envie de te voir. » Les mots se bousculent durement et elle tire sur sa cigarette jusqu’à brûler le filtre avant de l’écraser sous son pied. Elle le lui a déjà écrit ces mots-là, n’est-ce pas ? Elle les a écrit, elle le sait, se souvient de messages envoyés sur les coups des trois heures du matin, de cartes postales ressemblant à des aveux. L’agacement prend le pas, contre elle, contre lui, elle ne sait pas, et sa langue claque contre son palet. Elle écrase encore son mégot, ou peut-être autre chose, pour se donner contenance, pour se donner quelque chose à faire. Quelque chose est en train de monter de son ventre, quelque chose qui ressemble à des mots mauvais, et elle n’est pas certaine de pouvoir se contrôler à nouveau.  « Je voulais te voir et le reste… Le reste je sais pas, d’accord ? J’en sais rien. Je sais pas ce que je fais là, je sais pas quoi te dire, je sais pas quoi faire, je sais pas, putain. » Elle a élevée la voix sans s’en apercevoir et les derniers mots résonnent un bref instant, accrochés dans le vide qui les séparent. Les yeux bleus qui étaient revenus se poser sur Elis se détournent à nouveau dans une fuite sans fin, s’échappent, avant qu’elle ne lâche, sur un ton qu’elle juge pathétique :  « Ne me regarde pas comme ça. » Et Anya, se sachant incapable de partir, incapable de partir pour de bon, lui tourne le dos, s’éloigne de quelque pas, piètre lot de consolation.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptySam 30 Mar - 13:19



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Elis réalise ce qu’il vient de lui balancer, il réalise qu’il s’est rendu vulnérable, qu’il n’y a pas de retour en arrière possible, maintenant. Il sait qu’il vient de donner à Anya les armes pour le blesser, mais paradoxalement, il sent que c’est pour lui le seul moyen de l’atteindre. Ils sont terrifiés à l’idée d’être vrais, tous les deux ; vrais l’un avec l’autre, honnêtes avec eux-mêmes. Leurs alter-egos de papier lui semblent bien lointains, là, maintenant. Il a envie de lui balancer des horreurs avant qu’Anya n’ait le temps de l’attaquer en premier mais, une fois de plus, elle lui coupe l’herbe sous le pied : « Je t’ai écrit parce que… J’avais envie de te voir. » Sa mâchoire se décrispe sous l’effet de la surprise — il s’était attendu à tout de la part d’Anya, sauf de la sincérité — mais ses yeux demeurent obscurcis par la colère. J’avais envie de te voir. Ces mots, il les avait déjà lu, vu, relus. Ils savaient qu’ils s’accompagnaient généralement d’oeillades faussement indifférentes, dès le lendemain, dans les couloirs du lycée ou n’importe où d’autre. Là, ses mots avaient une saveur différente. Ils étaient chargés de rage : Elis arrivait à percevoir d’ici la lutte à laquelle Anya se livrait avec elle-même. Il sentait sa fureur, son impatience, sa hargne ; il sentait la capitulation, toute proche. Il n’en ratait pas une miette, ses yeux incapables de se décrocher du visage de la jeune femme.

Elle s’impatiente d’elle-même ; s’impatiente de lui, qui s’obstine à la contempler comme s’il la regardait pour la dernière fois. Ses mots sont précipités, décousus, ils se bousculent sans savoir à qui s’en prendre. « Je sais pas ce que je fais là, je sais pas quoi te dire, je sais pas, putain. » Il écarquille les yeux. Elle fixe ses pieds, écrasant son mégot avec emportement entre la semelle de sa chaussure et le pavé humide. Elis était subjugué par le spectacle d’Anya qui perdait le contrôle. Enfin. Il sentait chacune des gigantesques forteresses qu’elle avait érigé autour d’elle se fêler à mesure qu’elle élevait la voix, ses paroles ricochant avec violence sur les murs de pierres centenaires pour venir s’abattre sur Elis. Sa voix se brise finalement : « Ne me regarde pas comme ça. » Les mots résonnent à la fois comme un ordre et comme une supplication. Il ne baisse pas les yeux ; elle détourne finalement les siens. « J’te regarde comme je veux. » il répond avec provocation. Là-dessus, elle n’a aucun pouvoir.

Alors qu’elle s’éloigne de lui, il dessert les poings et les sors des poches de son blouson. Ses doigts cherchent son paquet de cigarettes, par réflexe, puis il passe la main sur son visage, dans ses cheveux décoiffés, sur sa nuque tendue. Elle lui tourne le dos, encore ; il a envie d’y voir un signe de fuite. Il a l’impression de gagner, sans plus vraiment savoir à quel jeu il joue.

Il avait souvent imaginé la sensation qu’il ressentirait, en la battant à son propre jeu. Il avait même cru l’effleurer du bout des doigts, à quelques rares occasions. Ce regard mauvais lorsque Mari s’était installée sur ces genoux un peu trop confortablement, cette nuit d’été-là, autour du feu de camp sur la plage. Lorsqu’Anya avait fini par embrasser Gustav avec ardeur, quelques mois plus tard, alors qu’il avait passé la soirée à flirter ostensiblement avec Julia. C’était une partie d’échecs fiévreuse, contrariée et confuse qui se jouait entre eux depuis toutes ces années.

Elis profite du fait qu’elle a le dos tourné pour la détailler, enfin. Les longs mois qui se sont écoulés ne l’ont pas beaucoup changé, et il trouve un certain réconfort dans le fait de retrouver ces traits familiers, cette silhouette fantasmée. Son regard se pose sur ses chevilles fines, caresse la courbe légère de ses jambes enveloppées d’un fin collant noir, mais son examen se heurte bien vite à la veste trop grande que la jeune femme porte avec sa nonchalance habituelle. Il a envie qu’elle se retourne, pour qu’il puisse continuer à la regarder, à se perdre dans son cou, sur son visage. Retourne toi. Regarde-moi, putain. Les mots restent bloqués dans sa gorge.

Les cinq mètres qui les séparent à présent sont insoutenables. Il avance d’un pas dans sa direction, attend une réaction qui ne vient pas. Elis tourne la tête, sonde les environs. Il serait peut-être plus sage de partir, de reprendre le cours de sa vie comme si rien ne s’était passé. Il rentrerait à l’auberge, passerait la nuit avec cette Américaine qui lui avait lancé un regard un peu trop appuyé, ce matin, au check-in, et tout rentrerait dans l’ordre. Il fait un pas supplémentaire, poussé par une force invisible, ou peut-être tiré, magnétisé. A mesure qu’il s’approche, ses mains viennent à nouveau trouver refuge dans ses poches, avec une prudence qu’il ne reconnait pas chez lui. Il franchit enfin les derniers mètres qui les séparent et vient se planter à nouveau tout prêt d’elle. L’entre-deux est invivable : il a besoin d’être au plus proche, ou loin, très loin. L’homme regarde dans la même direction qu’Anya, par dessus son épaule. Il lutte contre l’envie de la saisir par le bras, de lui faire faire volte-face, de l’attirer à lui. Les poings fermement serrés contre lui, il murmure finalement, à quelques centimètres de son oreille : « Je savais que je te manquerais. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptySam 30 Mar - 21:01



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Il y a comme un cri quelque part dans sa gorge. Elle n'est pas sûre que ce soit réel, se demande si c’est la colère qui lui donne envie de hurler, ou si la sensation est là depuis longtemps, depuis quelques semaines, ou quelques mois déjà. Ce n’est pas la première fois qu’Anya sent les murs se fissurer et les pierres dégringoler - mais c’est bien la première fois qu’il y a quelqu’un pour en témoigner, quelqu’un pour la pousser à bout, pour lui faire aussi mal que ce qu’elle inflige en tant normal. Il n’y a qu’une personne pour la mener ainsi dans ses retranchements, pour lui imposer un pas un arrière, ou un regardé tourné - Elis, forcément. Qui d’autre ? Peut-être était-ce ce qu’elle cherchait, cette soupape de décompression, ce besoin d’exploser. Anya se demande un instant si, inconsciemment, elle l’a fait exprès, s’il y avait quelque chose d’autre derrière son message. Autre chose que le besoin de le voir, de le savoir là, à quelques mètres, à portée de main sans pour autant pouvoir le toucher. Elle ne s’est encore jamais autorisée à le toucher vraiment, d’une autre manière que les contacts d’enfants, innocents, anodins. Elle n’a jamais pris sa main, n’a jamais glisser ses doigts sur son bras, dans son cou, dans son dos. Sous le pull qui a toujours été de trop ; sur la mâchoire à la ligne parfaite, sur les traits qu’elle connaît par coeur depuis des années. Elle aurait pu le dessiner - elle l’a déjà fait, ici et là, dans des carnets et des cahiers de brouillon, sans jamais en être satisfaite, comme s’il manquait quelque chose. L’odeur, le sourire en coin, la réalité peut-être.

Elis ne dit rien et Anya ne peut pas le supporter. À vrai dire, elle ne peut plus rien supporter, ces derniers temps. Ni la vue de l’horrible maison familiale, ni l’odeur d’alcool de sa mère, ni même le bruit du bateau s’approchant dans le port, quand elle se promène le matin. Si elle était plus honnête, avec elle-même et son entourage, Anya admettrait qu’elle ne veut voir qu’Elis ou Solveig, qu’elle veut passer son temps avec eux, comme avant et différemment, également. Qu’elle veut faire table rase, tout recommencer, qu’on lui permette de passer l’éponge et qu’on lui donne des idées - les bonnes idées, celles qui vous font changer, qui vous permettre d’être autre chose, une autre personne, d’avoir une autre vie, peut-être. Elle voudrait fermer la porte et en ouvrir un autre, tout effacer et recommencer, essayer de trouver le bon chemin, cette fois, la bonne façon de faire. Mais Anya n’est pas honnête, Anya se ment, depuis toujours, ferme les yeux sur ce qui la dérange ou mord dedans, franchement, jusqu’à voir le problème s’éloigner, disparaître, se désintégrer sous sa colère.

« J’te regarde comme je veux. » Un juron lui échappe alors qu’elle se détourne enfin. Évidemment qu’il ne va pas se taire, qu’il ne va pas plier, qu’il va la provoquer. C’est comme ça, qu’ils fonctionnent : sur la provocation, la douleur, quelque part, l’envie, énormément. Et puis il y a la peur, celle qu’elle sent courir sous sa peau depuis ce matin, depuis qu’elle a envoyé ce message sans savoir à quoi s’attendre, avec la seule envie de le voir là, là à quelques pas. Elle sent son regard, sait qu’il l’observe, qu’il la détaille, peut-être et ce n’est ni sa fierté ni son ego qui lui donnent ce savoir, non, c’est qu’elle crève d’envie de faire pareil. D’arrêter le temps indéfiniment et de le regarder jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à saturer sa mémoire de la forme de ses lèvres et de la douceur de son visage quand il n’a pas l’air si énervé, si mécontent, si agacé. Cet air ailleurs qu’il a quand il fume et que personne ne le regarde - personne sauf Anya, qui regard toujours même quand elle ne devrait pas.

Elis s’approcher. Il ne fait pas beaucoup de bruit mais elle l’entend, elle guette chacun de ses pas jusqu’au dernier, celui qui le place à quelque centimètres, juste derrière elle. Sa respiration glisse sur sa nuque dégagée, l’éclat de peau entre le col et la pointe de ses cheveux, à peine découvert par un courant d’air. Sa chaleur lui parvient par vagues, ou c’est peut-être une idée, une impression.  « Je savais que je te manquerais. » Sa colère éclate comme un ballon devant son énième provocation - une vérité qu’elle n’a pas voulu admettre à voix haute pendant près de vingt ans - et dans sa gorge éclate un rire enrouée qui, s’il est amusé, quelque part, est aussi un peu cassé, un peu bancal.  « Arrête de raconter des conneries. » Détournant la tête du paysage qu’elle ne regarde pas vraiment, elle l’observe du coin de l’oeil, surprise par sa proximité bien qu’elle le sente là, tout près. Elle aurait certainement avouer, dire que oui, il lui avait manqué, qu’il lui manquait toujours, même quand il n’était qu’à quelques mètres, dans une autre pièce, dans les bras d’une autre - mais elle se serait sentie niaise et ridicule et peut-être bêtement humiliée de craquer encore une fois, encore un peu plus.

Anya soupire sans pouvoir s’en empêcher, observant à nouveau les ruines malgré l’appel de son visage, observant la nuit qui finit par tomber, encore plus vite qu’à Stockholm peut-être, plus noire, plus profonde. Elle hésite et puis recule, à peine, franchissant le demi-pas qui les sépare, laissant son dos rencontrer son corps et fermant les yeux pour se donner du courage, pour oublier que subitement ses muscles se tendent et détendent tout à la fois. Pour oublier sa nervosité, cette envie de pleurer qui la rattrape, de pleurer et de hurler en même temps, de tout raconter, de dire n’importe quoi parce qu’elle ne sait pas. Elle ne sait plus, plus grand chose, vraiment, à part qu’Elis est toujours là et que pour, pour une fois, il lui manque un peu moins.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyMer 3 Avr - 23:15



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« Arrête de raconter des conneries. » Son rire est comme entaillé, abimé ; un rire de ceux qui nous échappent, qui se dérobent. C’est une défense et une attaque. Il pourrait tout aussi bien être chargé de larmes que de venin ; ou des deux. Juste au-delà des limites du champ de vision d’Anya, Elis esquisse un sourire. C’est certainement la chose la plus proche d’un aveu, venant d’elle. C’est en tout cas ce qu’il choisi de croire.

Il regarde droit devant lui, par-dessus l’épaule d’Anya, tente de suivre la trajectoire de son regard. A l’autre bout de la rue, là-bas, il ne se passe pourtant pas grand-chose. La rue est déserte, les lampadaires forment de petits îlots de lumière sur les trottoirs, alors que la nuit tout autour enveloppe les façades, les arbres, les bancs et les quelques voitures garées ici et là. Elis se détourne bien vite de ce paysage ordinaire pour revenir poser les yeux sur elle. Le faible éclairage des ruines vient dessiner les contours de son profil, qu’il suit avec application. Du regard, il caresse le bombé de son front, le bout de ses cils à laquelle s’accroche désespérément la lumière, la courbe de sa pommette, la ligne de son nez, l’ombre de sa bouche, la pointe de son menton. Il aurait envie de continuer à la regarder comme ça pendant des heures pour s’assurer que chaque détail est bien conforme à ses souvenirs, que rien ne lui a échappé. Il se perd quelques secondes sur son cou puis sur sa nuque, imagine leur douceur et leur chaleur contre sa sa joue, sous ses lèvres.

Là, Anya recule, presque imperceptiblement, et fait voler en éclat d’un tout petit pas le protocole établi jusqu’ici.

Il sent les épaules de la jeune femme se presser contre le haut de sa poitrine, ses cheveux blonds caresser sa joue. Son corps se tend d’abord sous l’effet de la surprise, puis à l’idée de savoir Anya, l’insaisissable, tout contre lui. Chacun de ses sens est alerte, sur-stimulé, et c’est le branle-bas-de combat dans son esprit : à quoi tu joues, là? Et est-ce qu’on joue? Tu vas me le faire regretter, pas vrai? T’essaie de me torturer, c’est ça, hein? Son égo et des années de conditionnement lui intiment de s’extirper de là le plus vite possible, pendant que chacune des cellules de son corps en demande davantage. La respiration d’Elis devient plus profonde, presque douloureuse, sans chercher à s’éloigner. Il garde ses poings dans ses poches, pourtant ; pas prêt à baisser totalement sa garde. Sa joue frôle volontairement les cheveux d’Anya, tout prêt de son oreille. Le temps est suspendu quelques secondes ; la tension palpite dans ses oreilles, pourrait presque résonner dans la rue. Prudemment, il sort une main de son blouson, les articulations blanchies par la raideur de ses poings puis rapidement rougies par le froid. A ce stade, tout le capharnaüm dans son esprit est en sourdine. Doucement, il écarte les cheveux d’Anya, encombrants puis effleure sa nuque du bout du doigt. Il ne réfléchit pas, et balance faiblement, d’une voix éraillée : « Toi tu m’a manqué putain. »
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MessageSujet: Re: (elis) we were born sick   (elis) we were born sick EmptyDim 7 Avr - 15:22



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Il ne bouge pas, ou du moins pas comme Anya s'y attendait : Elis ne s’éloigne pas, ne la repousse pas, ne la prend pas dans ses bras non plus. Il respire, tout contre elle, plus près qu’il ne l’a été toutes ces années, et elle ne peut s’empêcher de retenir sa respiration un instant comme pour se concentrer sur la sienne, celle de l’autre, celle qu’elle attend depuis… Depuis longtemps, oui, voilà. Son corps est dur contre son dos, comme tendu par quelque chose, l’anticipation, la crainte, la colère peut-être, elle ne saurait dire. Tout se mélange toujours entre eux, en eux, depuis qu’ils se sont rencontrés, depuis qu’ils ont grandi surtout, qu’ils n’ont jamais appris à dire les choses, à les montrer, à faire simple. Depuis qu’ils se tournent autour en montrant les crocs alors que c’est autre chose qu’ils veulent, qu’ils espèrent. Anya a toujours eu la certitude de comprendre Elis et d’être comprise par lui, certitude étrangement teintée de doute, pourtant, à chaque fois qu’elle le voyait avec une autre, à chaque fois qu’elle repartait avec un autre. La peur de l’erreur ou celle de l’intimité, les deux à la fois, possiblement. Ses pensées s’emmêlent, il lui est difficile de réfléchir alors qu’Elis est si près, contre elle, comme elle l’avait imaginé, plus jeune, adolescente, rêvassant sur son bureau, ou le soir, tard, dans son lit froid. Elle a vu la scène un millier de fois mais là, maintenant que la bobine se déroule, elle est incapable de prédire la suite, d’imaginer sa réaction, d’y trouver une parade ou de la précipiter.

Il finit par bouger, pourtant, imperceptiblement. Anya sent le bras qui s’anime, les doigts qui quittent la poche, peut-être, et qui s’élève doucement. La joue qui frôle les mèches blondes, la respiration qui effleure sa peau. Ses doigts sont tièdes quand ils rencontrent sa nuque, tiède de les avoir tenus serrés, de les avoir gardés contre lui, retenus, pendant de longues minutes. Ses paupières se referment comme un réflexe appris il y a mille ans et il lui faut toute sa retenue pour ne pas laisser échapper un soupire d’aise ou de contentement. C’est plus agréable qu’elle ne l’avait imaginé et une chaleur s’éveille là où les doigts d’Elis rencontre sa peau.

Elle aimerait dire quelque chose mais il la devance et Anya laisse enfin s’échapper la respiration qu’elle retient depuis quelques secondes.  « Toi tu m’as manqué putain. » Sa colère s’échappe - la sienne, pas celle d’Elis, elle s’échappe et s’envole, n’ayant jamais vraiment existé, inutile, remplacée par quelque chose sur lequel elle est incapable de mettre un nom, quelque chose d’aussi intense, si ce n’est pire, quelque chose qui lui mord le ventre et sur lequel elle colle l’étiquette de désir.  « Tu m’as manqué aussi. » Sa fierté a mal d’un tel aveu, ça lui coûte, comme toujours, mais peut-être un peu moins qu’avant, ou alors est-ce différemment. Les mots s’arrachent de sa bouche contre son gré et elle aimerait les reprendre aussitôt qu’ils se sont volatilisés. C’est lui donner encore un avantage, encore une arme - si elle reprend les vieux mécanismes, ses manières de pensée, d’agir, de réagir. C’est presque un choc de se rendre compte, là, dans l’instant, à quel point elle peut avoir peur.

Anya se retourne, rompant le contact avec le corps chaud de peur de s’y complaire trop longtemps et qu’on le lui arrache ensuite. Elle ne s’éloigne pas pour autant, restant là, à quelques centimètres à peine, son regard tombant à nouveau sur les lèvres d’Elis. C’est la main, restée là, en suspend, qu’elle attrape à la main et qu’elle amène à son visage, fermant les yeux pour ne pas voir sa réaction, pas tout de suite, pas pour l’instant. Et dans cette grande main chaude, qu’elle tient dans les siennes comme un objet étrange, elle cache son visage et respire profondément. La chaleur est étrangement familière et elle laisse la paume passer sur son front, son nez, sa joue, sur ses paupières, barrant la lumière, en un geste à la fois lent et avide de ce contact nouveau. Il y a d’autres choses qu’elle aimerait faire, d’autres choses qu’elle aimerait goûter, toucher et, avant de se laisser emporter par l’ivresse, avant de perdre le contrôle pour de bon, Anya coupe le fil. Recule d’un pas, lâche la main qu’elle voudrait tenir plus longtemps, enfonce ses poings serrés dans ses poches et déglutit difficilement. C’est comme trop d’un coup, trop pour un seul instant, après tant d’années d’attente, de fantasmes, de douleurs.  « Une autre fois. » Malgré le déchirement dont elle jurerait entendre l’écho dans les branches, Anya se détourne après un dernier regard et s’éloigne entre les vieilles pierres.
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