Roses and Ruins
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 (elis) between the waves and the fireplace

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Anya Larsen
Anya Larsen

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Pseudo : Pauline / linconstante
Avatar : Lucy Boynton + excelsior
Multinicks : Juniper Anderson
Disponibilité : Dispo
Âge : 26
Adresse : Une petite maison qui ne paie pas de mine sur les hauteurs de la ville : la maison de famille, la maison de sa mère - Anya vit danas le garage attenant.
Occupation : Au chômage, fauchée, licenciée, tout ce que vous voulez.
Réputation : De la peste de maternelle à la garce de Visby, il n'y a qu'un pas. Celle qui avait du potentiel, également, qui a explosé en plein vol avant de rentrer à la maison.

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MessageSujet: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyVen 23 Oct - 21:57

La main d’Elis remonter doucement à l’arrière de sa jambe et Anya est prise entre deux envies : l’écarter d’un geste vif et sec, ou l’embrasser. Le gifler ou le renverser à nouveau sur le lit. Ce sont toujours ces deux options, brutales ou passionnées, qui l’animent quand elle est avec lui, et elle a tendance à en être effrayée. Anya ne sait pas si elle est capable de se contrôler en présence d’Elis, si elle est capable d’être raisonnable. Il y a quelques instants, elle a bien failli partir, une nouvelle fois et rompre la promesse qu’elle lui avait fait. Elle n’est pas sûre de vouloir identifier ce qui la tient encore en place, ce qui la force à rester dans la chambre. La main d’Elis sur son pantalon, peut-être ; l’idée que ça pourrait être sa peau, à la place d’une jean. La possibilité qu’ils partent, tous les deux, pour la première fois. Pas loin, juste sur Götland, mais tout de même : c’est plus de distance que ce qu’ils n’ont jamais parcouru ensemble, plus de temps passé l’un avec l’autre qu’elle ne peut conjurer, en souvenir, en pensée, dans toute leur histoire.

La main s’arrête finalement, sous sa fesse, et elle a envie de lui dire de continuer. Elle a envie de le faire taire à sa manière, d’oublier ce qui vient de se penser, de retrouver les draps, le lit, le corps qui lui sont devenus si familiers. « Fais attention, tu vas bientôt plus pouvoir te passer de moi. Et ensuite je vais être obligé de refaire appel aux services d’Ari et Karl. » Elis est fier de sa remarque. Elle sait qu’il la provoque, elle peut sentir sa satisfaction, la voir dans ses yeux alors qu’elle baisse enfin le regard vers lui. Anya pourrait presque sentir son souffle contre sa peau, à travers les mailles de son pull. Elle finit par céder et vient glisser ses doigts dans les cheveux bruns jusqu’à l’arrière de son crâne. Il suffirait de pas grand chose pour qu’ils passent le reste de la journée là, dans ces draps. Il suffirait qu’elle cède complètement, qu’elle ne lui en veuille plus vraiment. Qu’elle oublie ce qu’il s’est passé, quelques instants plus tôt - mais Anya est rancunière et, quand elle parle enfin, elle ne sait pas si elle cherche à se venger d’une façon un peu étrange ou si elle dit, simplement, la vérité.  « J’ai jamais pu me passer de toi. » Elle le regarde, un instant, avant de reculer et d’aller attraper les anses de son sac, ignorant la main d’Elis qui chercher à retenir sa jambe.  « Je t’attends dehors. Traîne pas. » Et, sans un regard, Anya sort de la chambre.

***

Ils n’ont pas mis longtemps, pour aller sur Götland. Alors qu’elle attendait Ellis en bas, Anya a réservé une chambre à l’auberge. Elle n’a pas dit grand chose, durant le trajet, pas plus quand ils ont déposé leurs affaires dans leur chambre. L’envie de parler a filé, ce matin, quand elle est partie de chez elle - elle avait simplement envie de voir Elis, de le sentir contre elle, peut-être de passer un moment avec lui. Il y a une note douce amère à leur évasion, comme si elle n’arrivait pas à chasser le reste de la journée, leur dispute, leurs mots malheureux. Mais c’est toujours pareil, non ? À chaque fois qu’ils se frottent et se piquent, il traîne un goût métallique au fond de sa bouche, l’étrange impression d’avoir une pièce sur la langue, quelque chose qui ne devrait pas être là. Anya, pourtant, ne sait pas faire autrement.

Alors, au lieu de parler, au lieu de combler le silence qui s’est installé depuis qu’elle est sortie de la petite salle de bain pour se changer - elle portait les mêmes vêtements, la veille, avant la dispute -, elle attrape la main d’Elis et l’entraîne hors de l’auberge. Sa main est encore dans la sienne lorsqu’elle sent les premières notes salées de la Mer Baltique, lorsqu’elle entend les premières vagues s’écraser sur les rochers. Elle avance, sent presque les embruns éclabousser son visage et, finalement, Anya soupire. Est-ce que ses épaules se sont tendues ? Elle n’en est pas certaine.

Elle s’éloigne de quelques, relâchant finalement les doigts d’Elis pour observer les vagues et les plages désertées. En semaine, Gotland est encore plus calme que Visby et elle l’avait presque oublié.  « Ça fait des années que je ne suis pas venue », finit-elle par énoncer avec cette drôle d’impression d’avoir la voix comme rouillée. Elle n’a pas mis les pieds sur Götland, depuis son retour, évitant soigneusement les fêtes de Visby, les rares invitations.  « S’il ne faisait pas aussi froid, j’irais me baigner. » Anya tourne la tête vers Elis, l’observant sans s’en cacher. Cela fait longtemps, également, qu’elle ne l’a pas vu dans un autre contexte : hors de Visby, des soirées, de sa chambre. Avec tout ça, toutes leurs histoires, toutes leurs disputes et toute sa colère, elle en oublierait que c’est Elis et à quel point il peut être beau.  « Qu’est-ce que tu veux faire ? » Maintenant, demain, dans trois jours ou dans trois semaine, Anya n’est pas certaine de ce qu’elle demande, mais elle a rarement pris le temps de le faire. De lui demander ce qu’il voulait, vraiment.
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Elis Jakobsson
Elis Jakobsson
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Âge : Vingt-six ans
Adresse : Dans un appartement un peu trop grand et mal chauffé de Jägargatan avec trois autres bras cassés.
Occupation : "En recherche active d'emploi", il parait. Bosse pour son frère quand y a vraiment plus d'autre choix.
Réputation : Le dernier des fils Jakobsson qui donne du fil à retordre à ses parents, pas fichu de gardé un boulot ou de faire tenir une relation plus de 2 semaines.

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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 25 Oct - 13:24

Le trajet n’avait pas été bien long — on se plaisait à dire que l’on n’était jamais à plus d’une demi-heure de route d’une plage, sur l’île de Götland. La voiture avait filé sur la route quasi-déserte qui reliait Visby à Tofta, l’habitacle rempli uniquement des notes de musique d’une playlist aléatoire. Elis observe les sapins s’égrener de part et d’autre de la route sans rien dire, une main sur le volant, l’autre s’égarant parfois sur la cuisse ou le genoux d’Anya, elle aussi silencieuse.

A mesure que les kilomètres les éloignent de Visby, l’appréhension germe dans son ventre. Un soulagement, aussi. Ce n’est pas très clair. Ça ne l’a jamais été. Il lui jète des regards discrets du coin de l’oeil, et se demande si elle est animée des mêmes inquiétudes que lui ; ses yeux sont perdus dans l’horizon, impénétrables. Il voudrait pouvoir se vautrer dans ce contentement tout neuf, cette lune de miel grisante, mais ça semble hors de leur portée. Il essaie de conditionner ses pensées, s’entraîner au bonheur, mais rien n’y fait, ça tourne en boucle dans sa tête depuis qu’ils ont quitté l’agglomération : est-ce qu’il savent être ensemble, sans le conflit, sans l’adversité ? Elis et Anya : ça a toujours été les piques, les coups bas, les oeillades faussement désintéressées et les manoeuvres en tout genre. Anya et Elis : c’est aussi ce monde parallèle dont ils sont les seuls habitants, faits de mots griffonnés dans des marges de cahier et de mails jamais envoyés ; des espaces hors du temps avec cessez-le-feu. Des endroits dont on ne parle pas à voix haute sous peine de les faire disparaitre. Alors qu’est-ce qu’il leur reste, sans leurs écrans de fumée, sans les cris, ni les lettres inavouées? Seuls dans un village perdu de Götland, sans tous ces artifices, que se passerait-il si ils découvraient qu’ils n’ont rien à se dire, finalement? Bien pire encore : est-ce qu’Anya pourrait enfin se rendre compte qu’il n’est rien d’autre qu’un mec quelconque, paumé, inconséquent, qui n’a rien à lui apporter?

* * *

Les embruns lui fouettent le visage, et il accueille l’air salé de la plage de Tofta dans une grande inspiration. Les crispations dans sa nuque s’évaporent et le poids au creux de son ventre se fait un peu plus léger : la mer avait cette capacité là à soigner tous les maux — ou presque. Les doigts entremêlés d’Anya et Elis se défont ; elle éloigne les mèches blondes qui virevoltent devant son visage, il réajuste le col de sa veste. Ils se perdent quelques secondes dans la contemplation des vagues qui viennent se briser sur les rochers, et des rayons du soleil qui tentent de se frayer un chemin entre les épais nuages qui tapissent le ciel. Le vent est froid, mais le soleil encore chaud, à cette époque de l’année. « S’il ne faisait pas aussi froid, j’irais me baigner. » Il lui jète un regard en coin ; ça sonne comme un défi. C’était plus fort que lui : Elis n’était qu’un grand adolescent entêté et téméraire, après tout ; un adolescent qui voulait impressionner les filles — une fille. Il la détaille sans s’en cacher, là, sur cette plage déserte : la tignasse malmenée par le vent, l’air serein. C’est nouveau, sur elle.

« Qu’est-ce que tu veux faire? » Il ne sait pas si c’est la mer qui danse devant eux, ce soleil encourageant, ou si c’est le contentement qu’elle affiche sans faux-semblant, qui lui donne cet élan. Il s’approche d’elle, se place dans son dos pour l’entourer de ses bras. « Et maintenant? » il aurait envie de lui répondre, comme un écho, une ritournelle familière. Il préfère enfouir son visage contre sa joue, puis faire glisser son nez à la naissance de son cou. Il remplit ses poumons de l’odeur de sa nuque, quelques secondes, et aimerait qu’ils n’aient pas à penser à la suite. Ces gestes de tendresse lui viennent instinctivement, mais la prudence le rappelle bien assez vite à la raison. Il défait Anya de son étreinte, recule d’un pas. La jeune femme se retourne, et il lui adresse un regard de défi. « Je veux me baigner. » Elle hausse un sourcil dédaigneux. Là. , il la retrouve. Sa bouche forme un rictus satisfait, alors qu’il enlève sous blouson et le laisse tomber dans le sable, reculant d’un pas supplémentaire. Le vent change soudain de direction, s’infiltre sous son pull. Elis retient un frémissement. « Il fait pas si froid. » Elle croise les bras devant sa poitrine, immobile. Sans détourner le regard, il poursuit — est-ce qu’il est trop tard pour faire marche arrière? Il lève les coudes vers le ciel, attrape l’arrière du col de son pull, le retire avec empressement. « Allez, » Tout son corps se crispe au contact de l’air marin d’automne, mais il rassemble toute son énergie pour ne rien laisser paraitre. Ils étaient suédois, il leur faudrait plus qu’une petite brise pour les décourager. Il n’avait pas prononcé ces mots depuis l’âge de 15 ans, lorsque les action ou vérité étaient encore légion ; c’est sans doute pour ça qu’ils étaient teintés d’ironie : « …i dare you. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyVen 30 Oct - 21:26


C’est encore étrange, de sentir les bras d’Elis autour d’elle. De sentir son souffle contre son cou, son corps tout contre le sien. Le moment est trop court : Anya a tout juste le temps de glisser les doigts sous les manches du pull d’Elis, de glisser les doigts tout contre sa peau que, déjà, il recule. Elle a toujours trouvé ça si cliché, ces livres, ces films, qui parlent d’un grand froid quand l’autre s’éloigne, mais elle se rend compte que c’est un peu vrai. Qu’elle aurait bien aimé qu’il reste là, les bras autour de sa taille, le visage dans son cou. Son souffle chaud, ses mains tièdes, et la sensation qu’ils peuvent être tranquilles un moment, ici, sur Götland. Bien sûr, elle n’en dit rien, se retourne. « Je veux me baigner. »  « J’étais pas sérieuse, Elis. » Si, elle l’était, quelque part. Elle ne s’était pas baignée à Gotland depuis des années - à dire vrai, elle ne s’était pas baignée à Visby depuis des années, n’avait pas plonger ses orteils dans le sable mouillé, n’avait pas marché sur les pierres glissantes et les galets de leurs plages depuis longtemps. « Il fait pas si froid. »  « On verra si tu dis la même chose quand tu auras chopé une pneumonie. » Il a retiré son blouson et s’affaire à retirer son pull de cette manière qu’elle trouve étrangement attirante - c’est qu’un pull, bordel.  « Je te préviens, je passe pas le reste du week-end à jouer les infirmières. »

Le vent emporte ses mots et sa détermination. Anya hésite. Bien sûr qu’elle est prête à jouer les infirmières, si c’est pour Elis, et bien sûr qu’elle est prête à enlever son pull dans l’instant. L’envie de répondre à son défi la démange et, en même temps, elle voudrait le faire attendre, le faire tourner en bourrique. Elle voudrait le voir se déshabiller et entrer dans l’eau avant d’enfin décider à faire de même. « …i dare you. » Anya lève les yeux au ciel, secoue la tête, et finit par retirer une boots, puis l’autre.  « Tu seras le premier à sortir », répond-t-elle en haussant un sourcil. Il lui suffit de quelque pas pour arriver à sa hauteur. Elle retire son jean, le dépose à côté de ses chaussures avant de faire de même avec son blouson et son pull.  « Alors, on y va ? » Les doigts d’Anya se referme autour de son poignet et elle l’entraîne à sa suite, bien décidé à relever le défi qu’il vient de lui lancer. Ou qu’elle lui a lancé ? Elle n’en est plus bien sûr.

Son t-shirt rejoint le sol avant que ses pieds n’entrent dans l’eau.  « Fuck, fuck, fuck it’s cold… » Anya piétine, recule légèrement quand les vagues viennent heurter ses tibias.  « I swear to God… Je veux un chocolat chaud après ça. » Anya continue d’avancer, jette un coup d’oeil à Elis, à moitié trempé, à moitié nu, les cheveux balayés par le vent d’automne. Ses joues sont roses, à cause du froid, et elle peut voir la chair de poule remonter le long de ses bras. Elle ne réfléchit pas vraiment, Anya, quand elle vient passer ses bras autour de son cou, pressant tout son corps contre le sien, et ses lèvres contre les siennes. Pourquoi, exactement, elle ne sait pas. Est-ce qu’elle a besoin d’une raison pour l’embrasser ? Alors elle dira qu’elle a froid, et que c’est la chaleur humaine, qu’elle recherchait.

Une vague froide lui attaque la taille et un cri de surprise lui échappe.  « C’est beaucoup plus froid que dans mes souvenirs. »
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 1 Nov - 19:27

Sans surprise, Anya répond à sa provocation. Elle lui décoche un coup d’oeil exaspéré ; il se demande s’il lui est vraiment adressé, ou si c’est sa propre faiblesse à céder qui l’agace. Il s’éloigne d’elle à mesure qu’il se déshabille, dos au vent, en la regardant l’imiter. C’est la cinquième fois — il a compté — qu’il la regarde se dévêtir devant lui. La cinquième fois que c’est comme un jeu : à la hâte, avec de la défiance dans les yeux, dans des gestes calculés (parce qu’on sait qu’on est regardé). Il n’arrive pas à s’imaginer les choses autrement. Il n’arrive pas à s’imaginer avec elle autrement. Ils ne sont pas fait pour la vie de couple monotone, ces deux-là ; probablement pas fait pour la vie de couple tout court, d’ailleurs.

Les voilà tous les deux en sous-vêtements, à la frontière de la mer, là où les vagues viennent mourir. « Fuck, fuck, fuck it’s cold… » Il n’a pas le temps d’être surpris par son passage soudain à l’anglais : Elis sent brusquement l’eau glaciale de la mer baltique lui frapper les tibias avec violence. Tout son corps se crispe comme s’il venait d’encaisser un coup, un vrai. A deux mètres de là, Anya ne fait pas la fière non plus, et pourtant, malgré le froid, la douleur, et l’assaut d’une nouvelle vague, il a le temps de la trouver magnifique. Sa peau diaphane devient presque transparente au contact de l’eau gelée, et son mascara qui a bavé souligne ses iris limpides. Il ne sait pas où il trouve le courage de faire ça, mais il plonge. L’eau vient lui mordre la cage thoracique, la gorge, les oreilles. Lorsqu’il émerge, trois secondes plus tard, Anya s’approche de lui et l’embrasse. Comme ça, sans prévenir. Leurs corps sont collés l’un à l’autre et sous leurs épidermes frigorifiés, Elis parvient à sentir sa chaleur — il la presse contre lui un peu plus fort. Une nouvelle vague vient les séparer brutalement, arrachant un cri à Anya. « C’est beaucoup plus froid que dans mes souvenirs. » elle lance, alors qu’il l’attire à lui pour goûter à nouveau au sel sur sa bouche. « Je vois pas de quoi tu parles, j’ai chaud moi. » il répond avec un rictus, avant de laisser ses lèvres violettes se perdre dans le cou d’Anya.

Elle fini par l’entrainer hors de l’eau, à son grand soulagement — fier comme il est, il aurait préféré l’hypothermie plutôt qu’être le premier à battre en retrait. Anya sera-t-elle toujours sa concurrente? Des adversaires peuvent-ils vraiment devenir alliés, avec le temps?

Leurs dents claquent, leurs cheveux bouclent sous l’effet du vent et du sel, et leurs peaux sont parsemées d’une chair de poule presque douloureuse. Au milieu de la plage déserte, sous un ciel gris devenu orageux, Elis entoure le dos et les épaules d’Anya de son blouson, rechignant à se défaire de cette étreinte. Une bourrasque s’abat sur eux de plein fouet, leur arrachant des cris de surprise, suivis d’éclats de rire. Il n’a pas souvent entendu le rire d’Anya ; il l’adore. Il adore encore plus l’entendre se mêler au sien. Ça sonne bien aussi, quand ils sont heureux ensemble. Qui l’eut cru.  « Promets-moi qu’on s’ennuiera jamais, tous les deux. » C’est lâché. C’est une promesse qu’il réclame ou peut-être un ordre qu’il assène — son ton défiant ne rend pas ça très clair. Une sorte de Ne m’ennuie pas autoritaire, mêlé à un J’espère ne jamais t’ennuyer sincère. Il l’embrasse à nouveau fougueusement, peu désireux de se détacher d’elle. Le froid fini par rendre la position insoutenable, alors ils relâchent l’étreinte et se rhabillent à toute hâte. La lumière décline soudain : un nuage épais vient recouvrir toute la plage. Alors que sa tête réapparait du col de son pull, Elis précise : « On est pas faits pour être comme tous les autres. » Tous ces autres couples. Ces gens qui deviennent chiants dès lors qu’ils rencontrent une personne qui répond à suffisamment de leurs critères. Ces individus qui s’effacent dans leur couple, se fondent dans une entité à deux tête mais à un seul libre-arbitre. Et qui, par la force des choses, se déshabituent de la passion, de désensibilisent à l’amour. Plutôt crever que de devenir de ceux qui font des dîners entre amis le samedi soir pour parler de leur prochaine opération immobilière. Il laisse ça à ses parents ; aux gens chiants. Anya et lui méritent mieux.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 8 Nov - 19:01

Quelques heures auparavant, Elis et Anya étaient en train de s’engueuler. Cette pensée lui traverse l’esprit comme une flèche : ils s’engueulaient, et elle lui en voulait, et ses colocataires se comportaient comme des cons. Elle a oublié son ressentiment quand il a décidé de l’accompagner, se contentant de ça, de sa présence, de sa main sur sa cuisse, de ses lèvres dans son cou. Anya l’observe plonger dans l’eau glacée, observe son dos puis ses jambes disparaître dans les vagues. Est-ce qu’elle peut se contenter de ça ? De ces allers-retours, cet entre-deux « nous sommes » mais « nous ne sommes pas » ? Elle sait, Anya, qu’un mot d’Elis peut la faire plier. Un mot ou une caresser, un baiser, un de ces regards qu’il avait jusque là réservé pour les moments où il l’observait à la dérobée. Un mot, et elle plie, fond. Un mot, et elle a envie de l’étrangler, de hurler, de partir en courant. Anya déglutit. Elle n’a pas envie de penser à ça, pas maintenant qu’ils sont heureux. C’est ça, être heureux, non ?

Elis revient vers elle, la presse contre ses corps et les bras d’Anya trouve leur chemin autour de son cou. Elle esquisse même un sourire en coin alors qu’il l’embrasse dans le cou. Elle a froid, mais il est presque chaud contre elle, la chaleur qu’ils ont partagé dans son lit, la dernière fois, et les rares autres fois où ils se sont autorisés une étreinte. Anya se colle à lui, affronte les vagues, laisse échapper un cri, puis un rire, avant de retourner sur la plage, l’entraînant derrière elle. Dans un geste prévenant, presque tendre, un geste auquel elle n’est pas encore habitué, Elis pose son propre blouson sur ses épaules et Anya l’observe du coin de l’oeil. Il est beau, avec les joues roses, les lèvres serrées, les cheveux en bataille. Le vent la surprend, lui arrache un juron puis un rire. « Promets-moi qu’on s’ennuiera jamais, tous les deux. » La phrase est emportée par une bourrasque alors qu’Elis l’embrasse à nouveau et ne lui revint que lorsqu’il s’éloigne. Anya cligne des yeux, un instant, alors qu’il commence à se rhabiller. « On est pas faits pour être comme tous les autres. » Silencieuse, elle se penche, attrape son pantalon et l’enfile rapidement. Les mots lui manquent, pour une fois : deux émotions intenses et opposées la tiraillent et elle enfile son pull avant d’à nouveau poser les yeux sur Elis.

 « C’est de ça dont t’as peur ? », finit-elle par lui demander.  « T’as peur de t’ennuyer avec moi ? » Anya n’est pas sûre d’avoir compris. Elle fronce les sourcils, lui tend son blouson pour remettre son manteau, une boots au pied et l’autre sur les rochers.  « Ça veut dire quoi, exactement ? » Elle enfile enfin sa deuxième chaussure, refaire étroitement son manteau, puis ses bras, autour d’elle. Elle a froid, maintenant. Plus froid peut-être que tout à l’heure, dans l’eau, la peau d’Elis contre la sienne.  « Et si un jour tu t’ennuies, il se passe quoi ? Tu en trouves une autre pour me remplacer ? » Anya n’a pas crié, elle n’en est pas capable. Elle se rend compte que, contrairement à d’habitude, ce n’est pas la colère qui aujourd’hui lui serre la gorge, mais la peur. Une trouille profonde, bien ancrée, qui est apparue des années auparavant et qui semble ne jamais vraiment disparaître, comme une serpent lové dans les coins sombres de sa poitrine. La peur de perdre Elis.  « J’ai froid. Je veux rentrer. »

Anya l’observe un bref instant, se demandant s’il va venir, s’il va répondre, s’il va partir, en avoir assez, déguerpir. Les dents serrés - c’est le froid, qu’elle se dit - , à nouveau retranchée dans forteresse, elle se détourne pour chercher le chemin qui la - les ? - ramènera à l’auberge.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyMar 10 Nov - 19:20

Spoiler:

« C’est de ça dont t’as peur ? » Le vent change de direction, s’abat dans son dos. Il tressaille. Anya se détourne de lui, et s’acharne sur les lacets de ses bottines en cherchant les bons mots. « Ça veut dire quoi, exactement ? » Elis est surpris par sa réaction, et s’interrompt dans ses gestes. Son blouson à moitié enfilé, une manche pendant mollement dans son dos, il lui lance un regard circonspect qu’elle prend bien soin d’éviter. Qu’est-ce qui te prend? Il avait l’impression de lui avoir ouvert son coeur, rien qu’un tout petit peu ; pourquoi fallait-il qu’elle prenne la mouche comme ça? Elle poursuit : « Et si un jour tu t’ennuies, il se passe quoi ? Tu en trouves une autre pour me remplacer ? » Il détourne le regard et sa mâchoire se crispe pendant qu’il enfile sa deuxième manche. Le vent, qui, quelques secondes plus tôt leur arrachait des éclats de rires devient désagréable, insistant, obstiné, bientôt insupportable. Le froid s’infiltre autour de ses reins, autour de son cou ; il sent les grains de sable se mêler à de minuscules cailloux dans ses chaussures. Une goutte d’eau salée s’enfuit dans sa nuque. Ses vêtements sont humides, froids, inconfortables. Il a envie d’être ailleurs. Il pourrait être dans son salon à l’heure qu’il est, à partager une bière avec Ari. Pourquoi avait-il décidé de venir ici? Alors même qu’il savait — il savait, au fond — que c’était une mauvaise idée?

La vérité, c’est qu’il en veut à Anya, à cet instant précis. Non pas parce qu’elle n’a pas répondu favorablement à sa déclaration — qui était pourtant sincère — mais parce qu’elle a décidé d’être cette fille. Cette fille jalouse, suspicieuse, insécure, hésitante, inquiète. Elle les précipite tous les deux vers ce qu’il redoute précisément, et il lui en veut. Sa surprise s’est muée en agacement, à présent. Il n’a pas envie d’avoir cette conversation avec elle, ni aujourd’hui, ni jamais. L’agacement se transforme en impatience. Pourquoi fallait-il encore que ce soit lui qui endosse le sale rôle, alors même que les dynamiques de pouvoir étaient bel et bien établies depuis des années — des décennies — entre eux? « J’ai froid. Je veux rentrer. » Il tourne à nouveau la tête vers elle, et contre toute attente, elle n’est pas en train de le fusiller du regard. C’est quelque chose d’autre qui se joue derrière ses iris orageuses. Il ne bouge pas. Elle non plus. Ils restent quelques secondes à se toiser au milieu de cette plage de plus en plus sombre, les bourrasques soulevant çà et là le sable autour d’eux. Elis dessert la mâchoire et enfonce les poings dans ses poches. « Ça va être ça tout le week-end? » Sa voix est enrouée, il a fallu qu’il hausse le ton pour se faire entendre par-dessus le bruit du vent et des vagues de plus en plus violentes. Il a failli ajouter « Ou jusqu’à la fin des temps? » mais il s’abstient. Anya le dévisage une seconde de plus et tourne les talons sans demander son reste. Elis se met en marche, accélérant le pas sur le sable humide qui s’enfonce sous ses pieds pour rattraper la jeune femme. « Toi qui fait comme si c’était moi qui tirait les ficelles dans cette relation? » Elle ne ralentit pas. Elis marche contre le vent, qui est de plus en plus fort. Est-ce qu’ils n’ont pas déjà eu cette conversation? Une fois, deux fois, trois fois? Les bourrasques changent une nouvelle fois de direction, et la pluie commence à tomber timidement. Anya continue à mettre de la distance entre eux. Il s’immobilise, et hurle presque : « Putain, Anya! » C’est un cri de frustration, d’énervement, de désespoir, aussi, un peu. Elle s’arrête, mais ne se retourne pas. Il a envie de lui crier à plein poumons que de toutes évidences, elle sera la première des deux à s’ennuyer — pas d’inquiétude à avoir là-dessus. Les gouttes de pluies deviennent plus nombreuses, plus denses, plus lourdes. Il sent la gravité s’abattre sur ses épaules, alors que le vent entame un ultime assaut. C’est comme un éclair de lucidité qu’il se prend en plein visage. Ou peut-être est-ce juste la fatigue du trajet et de ses derniers jours ; le froid inconfortable qui ankylose ses muscles et son cerveau. C’était pourtant évident : il ne dira ou ne fera jamais ce qu’il faut pour réussir à la garder auprès d’elle. Il y aura toujours un nouvel obstacle, une nouvelle dispute, et des preuves, toujours des preuves à fournir. Des années qu’il fait tout pour rester dans son champ de vision, dans sa tête, dans ses souvenirs, dans ses tiroirs. Et pourtant : insuffisant.

Elis sort les poings de son blouson et passe les mains sur son visage. Il s’éclaircit la voix puis lance une nouvelle fois la voix pour qu’Anya l’entende malgré la trentaine de mètres qui les sépare : « Tu m’épuises. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyMar 10 Nov - 20:41


« Ça va être ça tout le week-end? » Anya se détourne et avance vers ce qui doit être l’auberge : elle n’est plus bien sûre du chemin avec le vent qui se lève, la pluie qui se met à tomber. La lumière s’est éteinte et on pourrait croire que la nuit va bientôt arriver tant il fait sombre, à présent, sur la plage. Les nuages sont bas, arrivés en masse pour célébrer leur dispute. Elle sert les dents, essaie de ne pas trébucher sur le sable et sur les cailloux. « Toi qui fait comme si c’était moi qui tirait les ficelles dans cette relation? »  « Arrête de dire ça putain. » Elle n’est pas certaine qu’il puisse l’entendre, elle ne parle pas assez fort, ses mâchoires sont trop crispées pour qu’elle puisse hausser la voix. Anya ne supporte pas de l’entendre dire ça. C’est une de ces remarques qu’elle pourrait lui faire bouffer, la rouler en une petite boule bien dure et lui enfoncer dans le gosier. Il ne sait rien. Il ne comprend pas comment ce sont passées toutes ces années, il se méprend, il ne la connaît pas si bien que ça. Il ne sait pas ce que lui ont fait les regards dérobés, les mots dans les poches de manteaux, les cartes et les lettres manquées. Il ne sait pas ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent - pour lui, pour les autres, pour cette putain d’île pourrie où elle se retrouve à nouveau piéger. Pour cette plage et cette idée à la con de passer le week-end tous les deux.

Elis ne sait rien de tout ça et une petite voix souffle à Anya qu’il ne peut pas savoir car elle ne lui a jamais dit. Elle n’a jamais osé lui donné la vérité, plutôt que ses regards pointus et ses phrases acérées.

Il y a une boule dans sa gorge alors qu’elle continue d’avancer. Si tu pleures, tu vas me le payer, se menace-t-elle elle-même. Les pas d’Elis se rapproche, puis s’éloigne à nouveau, il n’arrive pas à la rattraper et elle lui en veut, elle s’en veut également, elle a envie de hurler. Mais ça reste coincé, comme souvent, ça prend une autre forme, la forme d’une vague qui s’écraser sur les rochers. « Putain, Anya! » Quelque chose dans sa voix la force à s’arrêter. Elle inspire, mais ça bloque dans sa poitrine et l’air lui manque. Elle déglutit, enfonce ses mains dans ses poches, le menton dans son col, tente de disparaître - elle ne peut pas vraiment lui échapper. Un silence tombe entre eux, ponctué par les bruits alentours, les bruits de la plage, de la mer, de la pluie qui les trempe. Ah, oui, il pleut.

Doucement, Anya se retourne. Elis ne la voit pas : son visage est caché dans ses mains. Quand il lève enfin la tête, qu’il parle, les gouttes de pluie brouillent ses yeux. « Tu m’épuises. » Je sais, a-t-elle envie de lui répondre. Je sais, je m’épuise aussi. Je sais, et tu seras pas le premier à partir, parce que je l’ai fatigué, épuisé, usé jusque’à la corde. Tu ne seras pas le premier, mais tu es le seul que je ne veux pas voir partir. Ça, Anya ne le dit pas. Des gouttes glissent dans son col alors qu’elle fait un pas vers lui. Puis un autre. Elle avance comme un animal dangereux, enfermé avec un autre prédateur dans une cage trop petite. Comme si, à tout moment, la menace - de quoi, exactement ? - pouvait s’abattre sur eux.  « T’as jamais compris », finit-elle par lancer au-dessus de la distance qui les sépare encore. Elle fait un pas de plus dans sa direction, un autre, et s’arrête.  « T’as jamais compris que je pouvais pas rester. » Que j’avais besoin de fuir, pour me sentir en sécurité, pour ne pas que tu me blesses ou que tu m’arraches le coeur avec toutes ces conneries.  « Si j’étais restée à Visby, c’est toi qui serais parti», finit-elle par balancer comme on lance un caillou, durement, persuadée de ce qu’elle dit.  « Je serais restée, toutes ces autres fois et tu te serais barré. T’aurais fini par en avoir marre, de toute façon, et par ne plus me supporter. Et c’est ce qui va se passer. Dans quelques jours ou dans quelques semaines, tu va en avoir marre ou tu t’emmerderas avec moi et tu partiras. »

Anya est résigné. Elle ne veut pas lui dire qu’elle a une trouille bleue de voir ce jour arrivée. Qu’elle avait déjà peur, avant, avant tout ça, avant qu’elle ne revienne et qu’ils osent ouvrir une autre voie. Qu’elle a encore plus peur maintenant, car si quelqu’un peut la toucher, la mettre à genou et la réduire en miette, c’est Elis. Elle lui en veut un peu pour ça.

 « Et quand tu partiras… » Quelque chose la gêne : Anya a l’impression d’avoir avalé des pierres qui sont toutes restées logées dans sa gorge. Elle déglutit, le visage fermé, observant Elis à travers les gouttes de pluie.  « … Je ne vais pas pouvoir me relever. »
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyMer 11 Nov - 14:24

Ce que les films ne montrent pas, dans les scènes de disputes ou de réconciliation sous la pluie, c’est l’inconfort phénoménal de la situation. Les gouttelettes se transforment bientôt en une pluie drue, attaquant quiconque se met en travers de son chemin par devant, puis par derrière, au gré des sauts d’humeur du vent. Elis sent l’eau atteindre une nouvelle fois sa peau, sous ses vêtements. Elle coule le long de son front, et sur ses mains, toujours placées sur son visage, comme pour faire écran à tout se qui est en train de se dénouer devant ses yeux. Il sait à la seconde où il dégoupille son « Tu m’épuises » qu’il signe l’arrêt de mort de leur escapade futile. Au fond de lui, il sait que c’est sans doute ce qu’il cherchait : une nouvelle porte de sortie.

« T’as jamais compris. » Elis retire les mains de son visage, entrelace ses doigts dans ses cheveux qui seront bientôt trempés. Il se tient fier, immobile, prêt à encaisser les coups, mais le ton qu’Anya emploie ne lui plait pas. La jeune femme s’approche, un pas après l’autre, de cette manière singulière : on ne saurait dire s’il s’agit de méfiance ou de défiance. Les paroles tombent comme des couperets et son regard est noir. Elle semble lui expliquer qu’ils sont victimes d’une malédiction, tous les deux — ou tout du moins, qu’il n’y a rien pour eux, dans ce futur dont ils ont commencé à tracer les contours, ces derniers jours, ces dernières semaines. Elle a tellement d’assurance dans la voix qu’il serait facile pour Elis de se mettre à croire à chacun de ses mots. Elle fait état de sa vérité avec un tel aplomb que ça réveille chez lui des torrents de mauvaise foi. « Dans quelques jours ou dans quelques semaines, tu vas en avoir marre ou tu t’emmerderas avec moi et tu partiras. » C’en est trop. Elis se retourne pour faire face à la mer, à la recherche des mots pour dire tout ce qui s’est mis à bouillir au creux de son ventre. Anya n’a jamais été une victime — elle s’est toujours refusée à l’être. Il n’aime pas cette couleur sur elle. Il déteste l’obstination avec laquelle elle cherche à le repousser, par tous les moyens.

« Et quand tu partiras… je ne vais pas pouvoir me relever. » Il se retourne, furieux, pour la dévisager. « Arrête. »  Un flottement. « Arrête ça. » A quelques kilomètres de là, le tonnerre gronde. A cet instant précis, Elis se demande s’il ne préfèrerait pas être foudroyé sur place plutôt que de poursuivre cette conversation ; il sait qu’il n’en ressortira rien de bon. « Arrête de te raconter toutes ces histoires, t’en sais rien de ce que j’aurais fait. » Les mots se précipitent, décousus par la colère. « On le saura jamais, parce que t’es partie. Et je suis resté. Et je t’ai attendu. » Il voit à travers le rideau de pluie que le visage d’Anya se ferme, ses lèvres sont pincées. « T’aimes pas que je le dise, hein, » son ton est devenu acide « et pourtant on sait que c’est ce qui s’est passé : j’ai attendu, t’es revenue, j’ai continué à passer tous les putains de tests que tu me balançait à la gueule, on a repris le jeu là où tu l’avais arrêté… » Il profère ses mots avec l’énergie déchaînée du désespoir, de celui qui n’a plus rien à perdre. Il sait, pourtant, tout ce qui est en train de lui glisser entre les doigts, à mesure qu’il égraine les morceaux de leur histoire cassée. Ses mains sont agitées, tourmentées, inquisitrices, sa voix prend çà et là des accents plus aigus. « Parce que je sais pas quoi faire d’autre avec toi, Anya, je sais pas comment être et qui être pour toi, et ça dure depuis vingt putains d’années ! » Il laisse échapper un éclat de rire corrosif, son cerveau arrivant à cette réalisation pathétique en même temps que les mots franchissent sa bouche, trempés par la pluie froide. Il n’arrive plus refermer les vannes ; c’est trop tard. « Et apparemment je vais continuer jusqu’à ce que l’un de nous deux n’en puisse plus parce que eh, » il écarte les bras, embrassant d’un geste l’étendue des dégâts, un rictus mauvais lui déformant le visage : « Elis et Anya. » Il sait ce qu’on dit d’eux. Parmi leurs camarades de classes, leurs proches — spectateurs forcés de cette tragédie affligeante qui s’est étirée sur des années scolaires, des étapes de vies, des étés, des relations accessoires — certains ne se sont pas fait prier pour partager avec lui le fond de leurs pensées. Elle joue avec toi. Laisse tomber. Tu crois vraiment qu’elle pense à toi, là? Je c’est pas ce que vous lui trouvez, tous. Cette fille-là, c’est bien le temps d’un été mais pas plus, pourquoi tu t’accroches? Si avait du se faire, ça se serait déjà fait. Encore Anya mec, sérieux? Vous me fatiguez avec vos histoires. C’est d’un psy dont elle a besoin, pas d’un mec. Il serait temps de grandir, Elis. Les paroles et les souvenirs s’infiltrent comme du venin sous la peau gelée de ses bras, menaçant d’atteindre son coeur d’une seconde à l’autre.

Il laisse ses mains retomber le long de ses cuisses. Elle est toujours immobile, protégée par ses bras croisés et son air impassible. Il la détaille des pieds à la tête et lorsque leurs regards se retrouvent enfin, il hausse les sourcils et détourne la tête. Cette fois laconique, il ajoute, comme une sentence : « Et on sait tous les deux que ce sera pas moi le premier, alors arrête de faire semblant, merde. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyMer 11 Nov - 23:25

Elis se débat avec lui-même comme elle a l’habitude de le faire. Ses mains s’agitent et sa voix n’est pas tout à fait bien placée, s’aventurant dans des aigus qui trahissent sa colère et le barrage qui vient de se fissurer. Ils se sont disputés, ces dernières semaines : Anya, généralement, prenait la mouche sur un des remarques d’Elis et ils se montraient cons, tout aussi cons qu’avant, incapable de dire leurs vérités, de s’avouer un attachement, des sentiments, quelque chose qui aurait pu transcender toute cette misère et cette douleur dans laquelle ils naviguent depuis des années. En d’autres circonstances - si elle n’était pas si énervée -, elle l’aurait pris dans ses bras. Elle aurait traversé la distance qui les sépare et elle l’aurait serré férocement contre elle.

Un bref silence s’installe à nouveau. Anya a envie de hurler. De le gifler peut-être et de brûler toutes les lettres qu’elle a gardé, les cartes, les mots, les mails qu’il lui a envoyé et qu’elle a imprimé de peur de les perdre, un jour, en changeant d’adresse. Ce n’est pas la première que cette envie la saisit, mais c’est la première fois qu’Elis est face à elle, quand cela arrive.  « Tu m’as jamais demandé de rester. » La phrase lui échappe avant même qu’elle n’ait eu le temps d’y penser. Ce n’est pas quelque chose qui la hante, pourtant, ou qu’elle a déjà formulé, clairement, dans son esprit. Elle ne sait pas, exactement, d’où vient ce ressentiment qui accompagne l’acidité de ses mots.  « Tu m’as jamais demandé de rester, t’as jamais proposé de venir avec moi, et t’as jamais eu plus de courage que moi. Tu me fais toujours passer pour cette immonde connasse manipulatrice mais t’as jamais rien dit, Elis. » C’est injuste, certainement, car elle n’a jamais été plus claire, mais Anya ne cherche pas à être logique, à présent. Elle en a perdu la possibilité lorsqu’il a détourné le regard, lorsqu’elle a vu ses mains s’agiter.  « Toi aussi, tu te racontes des histoires. Toi aussi tu fais semblant, à essayer de me faire croire que t’avais rien à voir dans tout ça, que tu pouvais pas choisir autre chose. N’importe quoi d’autre que ce qu’on a fait ces vingt dernières années. »

Quelque chose la prend au ventre, s’accroche à son nombril et, avant même qu’elle n’ait décidé d’agir, ses jambes traversent l’espace qui les sépare. Son pas est aussi déterminé qu’il peut l’être, avec cette pluie battante qui l’oblige à hausser les voix - elle ne s’est pas rendue compte qu’elle criait par-dessus les bourrasques. « Et on sait tous les deux que ce sera pas moi le premier, alors arrête de faire semblant, merde. »   « Et après ça, tu oses me faire la leçon ? Tu te fous de moi ? » Elle se tient là, à deux pas, vraiment. Sa gorge est toujours obstruée par un mélange de larmes et de colère, de frustration, vraiment. Elle n’a pas à s’en soucier, cette fois : la pluie fait tout le travail et elle ne craint pas de pleurer devant Elis - il n’y verra que du feu. Anya ne pleure jamais de tristesse : elle n’a pas les sanglots lourds et douloureux qu’on voit dans les films, à l’hôpital, dans les églises après les enterrements. Elle a les larmes acides, coléreuses, des larmes de frustration qu’elle voudrait pouvoir cracher comme on se débarrasse d’un poids. Des larmes d’incompréhension parfois, ou de rage.

 « J’ai t’ai jamais demandé d’être quelqu’un d’autre. J’ai jamais cherché quelqu’un d’autre », finit-elle par lui balancer, les sourcils froncés, le visage tendue de colère. Ses bras sont étroitement serrés autour de son corps. « Parce que je sais pas quoi faire d’autre avec toi, Anya, je sais pas comment être et qui être pour toi, et ça dure depuis vingt putains d’années ! » La phrase tourne dans sa tête comme un disque rayé qui ne cesserait de sauter sur la même piste, le même refrain.  « Je savais ce que je voulais quand je suis arrivée sur cette putain d’île, dans cette putain d’école. Je savais qui tu étais, je l’ai toujours su et j’ai jamais rien demandé d’autre alors me fous pas ça sur le dos. » Elle est si prêt maintenant qu’elle peut baisser la voix alors qu’elle a encore envie de lui hurler au visage.  « Tu m’as demandé de ne pas partir, je suis restée. J’ai un boulot, ici, putain, je cherche un appartement sur cette foutue île, qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Que je me mette à genoux et que je te supplie de me pardonner ? C’est ça que tu attends ? » Le souffle commence à lui manquer et elle sent sa poitrine, sous ses bras, qui se soulève rapidement. Ses yeux s’enfoncent dans ceux d’Elis, quand il daigne enfin la regarder en face.  « Tu montes sur tes grands chevaux mais t’as paniqué dès que t’as vu mon sac, tout à l’heure. » La phrase siffle, entre ses dents et elle se demande si elle l’imagine ou si elles se sont mises claquer. Elle est trempée : des pieds à la tête, du sommet du crâne jusqu’au bout des orteils, parfaitement, entièrement trempée. S’ils étaient moins têtus, ils pourraient rentrer. Continuer leur dispute au chaud, à l’auberge, mais Anya ne bouge pas. La chaleur du corps d’Elis l’appelle comme elle la repousse, à l’instant même. Elle donnerait tout pour retrouver la douceur de sa peau, la tiédeur de son ventre contre le sien. À la place, elle déglutit, et bouge tout juste les cils pour en chasser les grosses gouttes qui s’y sont accrochées.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptySam 14 Nov - 13:05

« Tu ne m’as jamais demandé de rester. » La mauvaise foi d’Anya lui tord le ventre. Il la dévisage. « Parce que c’était une option? » il éructe, furieux, à travers le rideau de pluie. La dernière soirée où ils se sont vus, avant son départ pour Stockholm, lui revient à l’esprit bien malgré lui. Elis tente de chasser ces souvenirs désagréables, alors que la colère entre en ébullition dans son ventre, embrasant tout ses muscles. A cet instant précis, il la hait de savoir s’immiscer si facilement sous sa peau, de connaître si bien tous les leviers à actionner pour le faire sortir de ses gonds, les cordes sensibles à frotter, encore et encore, jusqu’à la rupture. « Je savais qui tu étais, je l’ai toujours su et j’ai jamais rien demandé d’autre alors me fous pas ça sur le dos. » Il tourne à nouveau la tête avec impatience ; la vue de son visage lui est insoutenable, la proximité de leur corps insupportable. « C’était donc bel et bien juste pour le plaisir, pour sport, tout ça, alors? » il a envie de lui demander, mais la question ne franchit pas sa bouche ; sa mâchoire est scellée. Il s’empoisonne tout seul avec ses mots, alors que la déferlante Anya poursuit son oeuvre dangereuse.  

Les rancoeurs débordent de partout et les non-dits explosent comme des abcès. Elis est persuadé qu’ils ne reviendront pas d’une telle dispute — comment le pourraient-ils, après tout ça? L’amour et la haine n’ont jamais eu de frontière claire, entre eux ; là, sur cette plage, ils créent ensemble un amalgame monstrueux,  passionnel et malsain, un truc qui ne pourra pas survivre jusqu’au lendemain, il en a la certitude.

Sans crier gare au milieu de toute cette confusion et de ces effusion d’aigreur, Anya revient au présent. Si elle est restée à Visby, c’est à cause de lui — pas grâce à lui, elle est très claire « Qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Que je me mette à genoux et que je te supplie de me pardonner ? C’est ça que tu attends ? » Anya aurait tout aussi bien pu l’attraper à la gorge à deux mains. Il la toise ; la fusille du regard, même. Alors que tout son corps semble prêt à entrer en éruption, il lui rétorque, sardonique : « Mais est-ce que tu t’entends parler, putain, Anya? » Le bleu glacial des iris d’Anya le transperce comme une lame aiguisée. Il continue, malgré tout, chaque mot chargé de colère : « Tu vois? Tu me reproches de t’avoir laissé partir sans te retenir, et maintenant tu me fais payer le fait de t’avoir demandé de rester? » Il recule d’un pas, comme pour laisser plus d’espace à sa rage pour se déployer. Ses bras s’agitent une nouvelle fois dans la direction de la jeune femme : il est exaspéré, désespéré. Son esprit est remplie de toute cette fureur, et pourtant, chacun de ses muscles est appelé par Anya. Il a envie de l’embrasser à pleine bouche — peut-être qu’au moins, ça la fera taire.

Mais voilà déjà un nouvel assaut. « Tu montes sur tes grands chevaux mais t’as paniqué dès que t’as vu mon sac, tout à l’heure. » Précis, calculé, il atteint sa cible sans peine. Elis reste silencieux quelques instants, et la détaille de toute sa hauteur. La corde ne tient plus qu’à un fil, et Anya frotte encore et encore. « Tu savais très bien ce que tu faisais, avec ton numéro de la Belle au Bois dormant. » Les mots sont cinglants. Il la revoit endormie sur son fauteuil, toute trace de malice, de peur ou d’inquiétude ayant quitté son visage. Et il se revoit tomber dans le panneau, rêvant de venir trouver une place au creux de son cou, de se faufiler sous les mailles de son pull trop grand — ils sont toujours trop grand ses pulls ; il est persuadé qu’elle le fait exprès. La suite se bouscule dans sa tête : « Tu sais pas me parler sans crier, tu es incapable de me toucher sans avoir bu et d’un coup, tu veux qu’on joue au papa et à la maman dans un putain de Bed & Breakfast?! » Il sait que là, il est injuste. Tant pis. Trop tard.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptySam 14 Nov - 21:48


« Parce que c’était une option? » La langue d’Anya claque contre son palais, dans un tic agacé, mais elle n’est pas sûre que le son porte, avec toute cette pluie. Elle a beau s’approcher, c’est comme si Elis s’éloignait sans cesse, sans avoir besoin de bouger. Ils ne se sont jamais disputés comme ça. Il faut dire qu’ils n’ont jamais vraiment parlé, pas en se disant la vérité, pas en ouvrant les vannes. C’était plus facile, avant. C’était plus facile de souffrir en silence dans son coin, à se regarder flirter et embrasser d’autres personnes, à s’envoyer des mots soigneusement dissimulés dans les notes de cours, dans les casiers, dans les poches de manteau. C’était plus simple quand ils n’avaient pas à être honnête, quand elle pouvait encore se mentir et entretenir cette image qu’Elis a d’elle. L’image de la gamine a l’air sérieux, avec ses deux couettes et ses cheveux trop blonds. La gamine qui avait encore deux parents, à l’époque, et qui trouvait refuge dans leurs jeux d’abord innocent, rapidement devenus presque masochistes, toxiques, stupides. Est-ce qu’ils auraient pu éviter tout ça ? Elle n’en est pas sûre : Anya se connaît et connaît Elis, peut-être mieux qu’elle ne le croit. Tout aurait été beaucoup trop simple, s’il n’y avait pas eu tout ça, mais elle ne veut pas l’admettre. Elle préfère le maudire, tout bas.

« Tu vois? Tu me reproches de t’avoir laissé partir sans te retenir, et maintenant tu me fais payer le fait de t’avoir demandé de rester? » Cette fois, il recule pour de bon, fait un pas en arrière alors qu’Anya décroise les bras et les laisse retomber, exaspérée, le long de son corps.  « Je te fais rien payer du tout, arrête avec ça. Je veux savoir ce que tu attends de moi, c’est pas compliqué, non ?! » D’un geste presque trop brutal, Anya repousse les cheveux blonds, presque blancs, qui lui tombent dans les yeux. Elle les repousse, les plaques sur son crâne, tire presque dessous pour s’assurer qu’il y a autre chose que toute cette colère. Qu’il y aura quelque chose, après, s’ils n’arrivent pas à se sortir de cette impasse. Ils devaient en arriver là, n’est-ce pas ?  « Tu me reproches constamment de jouer avec toi, de mener ce putain de jeu depuis des années, mais tu fuis, tout le temps, tout autant que moi. Tu le faisais avant, et tu le fais à nouveau depuis que je suis revenue. Si je suis la connasse manipulatrice que tu dépeins, toi t’es un putain de trouillard. » Les mots restent suspendus entre eux un moment, le temps d’un éclair, un peu plus sur la mer, et d’une rafale de vente. Les bourrasques durcissent, et Anya ne sent plus ses pieds dans ses boots trempées.

« Tu savais très bien ce que tu faisais, avec ton numéro de la Belle au Bois dormant. » Anya sert les dents. Elle le giflerait certainement, s’il était à portée de main. Ou du moins en entretient-elle l’envie, le souffle court, la poitrine lestée d’un poids nouveau. Ils avancent sur une corde si raide qu’elle la voit déjà se rompre et les lâcher, tous les deux, dans le vide.  « Si j’attendais le Prince Charmant, je serais clairement pas venu chez toi. » La remarque fuse mais n’a pas vraiment le temps d’atterrir, d’accrocher. Les mots piquants, pointus, blessants étaient normalement sa spécialité - Elis a bien appris, bien grandi, ces dernières années. « Tu sais pas me parler sans crier, tu es incapable de me toucher sans avoir bu et d’un coup, tu veux qu’on joue au papa et à la maman dans un putain de Bed & Breakfast?! » Qu’est-ce qu’elle doit répondre, exactement ? Qu’est-ce qu’elle peut dire à ça ? Anya hurlerait bien de frustration, mais sa contenance déjà fragile ne lui permet pas. Il n’y aurait plus de mots, plus d’articulation à ses pensées, juste une masse noire de colère, de rancoeur, de non-dits, surtout. Alors, menaçante sans le vouloir, elle traverse l’espace qui les sépare, attrape le visage d’Elis entre ses deux mains froides, glacées, et l’embrasse. Ou, plutôt, ses lèvres s’écrasent contre les siennes, les attaquent ou les agressent, avec colère, avec envie. Anya se redresse, sur la pointe des pieds, a envie de le mordre, de le griffer, de le ramener à l’auberge, de lui faire payer toutes ses saloperies. De se faire pardonner, aussi, peut-être. Elle se recule pourtant et le regarder, supportant son air féroce.  « J’ai jamais eu besoin d’alcool pour te toucher. J’avais besoin d’alcool pour me retenir. Imbécile. » Anya esquisse un geste, recule d'un pas, tente de s'éloigner à nouveau, de ramener ses bras autour d'elle. « T'as qu'à rentrer. T'auras pas à jouer à papa maman tout le week-end. »
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 15 Nov - 22:16

« Je veux savoir ce que tu attends de moi, c’est pas compliqué, non ?! » Anya s’applique méthodiquement a lui renvoyer chacune de ses accusation à la figure, et c’est à présent une rage sourde qui gronde en lui. La jeune femme repousse les mèches de cheveux trempées sur son visage, dévoilant un peu plus le mascara qui a bavé, ses yeux rougis. Il réalise qu’il avait oublié la pluie l’espace de quelques instants. Le vent aussi, la plage même. Il ne doit pas avoir fier allure non plus : il sent l’eau dégouliner de ses cheveux sur son front, ses tempes, sa nuque. Il est frigorifié, et il ne s’en était même pas rendu compte.

Anya assène un nouveau coup, et celui là fait un peu plus mal que les précédents : « Si je suis la connasse manipulatrice que tu dépeins, toi t’es un putain de trouillard. » Il est vrai qu’elle avait toujours réussi à faire ressortir le pire d’Elis. Ou c’est en tout cas ce qu’il aimait se dire ; c’était bien pratique de lui mettre ça sur le dos (surtout quand elle n’était pas là pour s’en défendre). Anya était parvenue à maintes reprises à éveiller les pires émotions chez lui, les laissant parfois déborder à la vue de tous : la colère, la jalousie crasse, l’orgueil démesuré. Et puis il y a celles qu’il avait maintenu dissimulées tout au fond de lui, dans les recoins sombres de son être : la honte qui colle, la culpabilité qui ronge et oui, aussi, la lâcheté. Il suffisait à Elis d’être dans les environs d’Anya pour se sentir un peu plus vivant, un peu plus grand, un peu plus audacieux ; il était animé d’une ferveur nouvelle, quand il la savait (ou la croyait) dans les parages. Mais Anya agissait sur lui comme un miroir grossissant. A bonne distance, Elis y voyait ce qu’il voulait y voir — qui il voulait être, qui il pensait être. Et lorsqu’il s’approchait trop près, elle s’appliquait cruellement à lui montrer qui il était vraiment, révélant les lacunes, amplifiant les défauts, soulignant ses limitations. Il se met à penser à tout ce qu’il a fait ou dit, à cause d’Anya. Tous les mensonges, toutes les bassesses, toutes les blessures, toutes les humiliations ; il en est l’unique auteur, toute la mauvaise foi du monde ne pourra pas changer ça.

Elle cherche à le faire se sentir tout petit. Et elle y arriverait presque.

Le vent tambourine dans ses oreilles et Elis n’est même plus sûr d’entendre ou de comprendre ce qu’Anya tient à lui dire. Il la regarde : son visage est déformé par l’exaspération et la détresse. Est-ce qu’elle aussi, elle sent ce qui est en train de se passer? Est-ce qu’elle aussi, elle se dit que cette dispute-là, ce sera peut-être la dernière chose qu’il partagerons tous les deux? Est-ce que c’est pour ça qu’elle accepte de s’enliser avec lui dans cette bataille qui n’a aucune issue? La confrontation a un goût de fin du monde, et Elis se sent soudain submergé par le chagrin. C’est comme ça que ça va se terminer. C’est comme ça que ça doit se terminer.

L’air entre eux semble vibrer sur une nouvelle onde, comme s’il cherchait à s’harmoniser avec Elis. Ils restent prostrés là quelques secondes, comme s’ils attendaient l’ultime vague qui les engloutira tous les deux. La jeune femme relève soudain le menton, lui décochant un regard perçant qu’il reconnaît — celui qui précède généralement ses coups de grâce. Le corps d’Elis se tend instinctivement mais il ne bouge pas ; il attend la phrase qui le brisera une bonne fois pour toute. Celle qui lui donnera l’élan et le courage dont il a besoin pour la planter là, sans se retourner.

Ses lèvres s’abattent sur les siennes sans prévenir. Pendant une minuscule seconde, la plage devient silencieuse. Les vagues en suspend, le vent évaporé. Elis sent le souffle chaud de sa bouche batailler avec le sien. Il attrape le visage d’Anya avec fureur pour répondre à son attaque avant même que son esprit n’ait le temps de comprendre ce qui était en train de se passer, mais déjà elle bât en retraite. Le visage d’Elis se tend, cherchant à prolonger le contact jusqu’à la dernière nanoseconde, et lorsqu’enfin le vent envahit à nouveau l’espace entre eux, il s’écarte brutalement, comme le ferait un fauve blessé. Il est, une fois de plus, tombé dans son piège cruel. « J’ai jamais eu besoin d’alcool pour te toucher. J’avais besoin d’alcool pour me retenir. Imbécile. » Est-ce qu’elle est capable de voir l’ouragan qui l’agite, dans ses yeux? Il déteste ses muscles — qui en redemandent — de l’avoir trahi comme ça. « C’était quoi, ça? » il aboie « Un adieu? » Anya recule d’un pas. « On en a fini? C’est bon? » il ajoute comme un forcené. « T'as qu'à rentrer. T'auras pas à jouer à papa maman tout le week-end. » Elle le défie du regard, mais il n’a plus envie de jouer. Il fait un pas vers elle ; elle ne bouge pas. Un deuxième. Elle statufiée dans sa fierté. Anya lui a offert une issue de secours ; elle est là, à portée de main, et il hésite. Après tout ce qu’ils se sont dis, si ils se séparent maintenant, ils mettront tout en oeuvre pour se pas se recroiser de sitôt — il en est certain. Il faudra du temps, pour panser deux egos meurtris pareils. Anya serait capable de quitter à nouveau l’île. Ou peut-être que c’est lui partirait, prouvant au passage sa théorie fumeuse. Un sentiment d’urgence commence à envahir sa poitrine et durcit les traits de son visage, à quelques centimètres seulement de celui d’Anya.

« Tu veux vraiment savoir ce que j’attends de toi? » Son ton a changé, il est plus calme. Il vient de réaliser qu’il n’a plus grand-chose à perdre, maintenant. Anya demeure silencieuse, et le bruit de la pluie autour d’eux est devenu insupportable. Il ne sent plus le bout de ses doigts. Elis s’écarte, glisse ses deux mains glacées derrière sa propre nuque, comme un signe de contrition. « Sois honnête avec moi, rien qu’une fois. » Ils déplient ses bras, passe à nouveau les mains sur son visage pour chasser la pluie qui s’est accumulée sur ses sourcils, ses cils, et qui creusent des sillons sur les ailes de son nez, sur les commissures de sa bouche. « Dis moi que tu veux que je parte, pour de vrai, et je pars. »

Dans sa tête résonne en boucle : et maintenant?
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyLun 16 Nov - 13:42

« C’était quoi, ça?  Un adieu? On en a fini? C’est bon? » Anya n’a pas envie de lui répondre. De lire que oui, peut-être, peut-être que c’est un adieu, peut-être qu’ils feraient mieux d’en rester là. Qu’ils ne sont capables que de quelques heures de paix, jamais quelques jours, qu’ils ne savent pas fonctionner à deux, ou du moins tous les deux, eux, Elis et Anya. Qu’ils n’ont jamais vraiment su comment faire et qu’elle n’est plus si sûre qu’ils sont capables d’apprendre. Et elle sait, au fond d’elle, que ce n’est qu’une excuse. Que c’est avec les autres, qu’Anya n’a jamais su fonctionner et que si elle arrivait à désamorcer sa peur, et celle d’Elis, si elle arrivait à désamorcer sa colère, d’autres portes s’ouvriraient. Mais elle ne sait pas comment faire. Elle n’a jamais su tourner le dos à ces éruptions, n’a jamais réussi à trouver un autre chemin, une autre réaction qu’une colère brûlante à l’intérieur, glaciale à l’extérieur.

Sauf aujourd’hui, apparemment. Sauf avec ce qu’il réveille en elle : la peur de voir tout exploser, la colère accumulée toutes ces années, les quelques signes de tendresse, d’intérêt.

Anya n’a pas envie de lui répondre, mais elle a envie de l’embrasser. Elle a envie de lui prouver qu’il a tort, qu’elle peut le toucher, même en étant sobre, surtout en étant sobre. Qu’elle est capable d’en profiter, de profiter de sa chaleur, de la douceur de sa peau, de la courbe de ses lèvres. Qu’elle y a pensé, souvent, toutes ces années, qu’elle connaît son visage et ses mains par coeur, qu’elle est en train d’apprendre son corps de la même manière : ligne par ligne, relief par relief. Qu’elle voudrait s’en gorger, s’enfermer avec ui quelque part, pour de bon, pour longtemps, et ne plus avoir à penser au reste du monde. À leurs familles. À leurs responsabilités. Peut-être était-ce ce qu’elle espérait de ce week-end : plus qu’une escapade, elle espérait arrêter le temps.

Elle n’est pas sûre qu’Elis ne va pas lui échapper, là, maintenant. Qu’il ne va pas se dérober, après un baiser qui trouve difficilement sa place dans leur dispute. 

Au lieu de reculer encore et encore, il s’approcher, un pas après l’autre. Il s’approche tant et si bien qu’elle pourrait l’embrasser à nouveau et elle ne pense plus qu’à ça : l’embrasser, le toucher, sentir à nouveau sa peau contre la sienne. L’absence de contact lui renvoi en pleine figure la sensation de l’eau froide sur sa peau glacée, du vent qui lui bat les les oreilles, le bruit des vagues qui s’écrasent, le bruit presque étouffée par celui des gouttes de pluie sur les rochers. Un bref instant, elle se dit qu’ils vont être malades, tous les deux, demain.

« Tu veux vraiment savoir ce que j’attends de toi? » Oui, oui, oui a-t-elle envie de répondre, car au fond, Anya ne sait pas. Elle reste silencieuse, pourtant, figée à la fois par la peur et la fierté trop grande, malmenée. Elle croise les bras sur sa poitrine, les laisse glisser autour d’elle comme une étreinte mal assurée qui lui servirait de bouclier par la même occasion. color=steelblue]« Sois honnête avec moi, rien qu’une fois. »[/color] Elle a envie de lui cracher au visage qu’elle a déjà honnête, durant l’autre soirée, qu’elle est honnête, parfois. « Dis moi que tu veux que je parte, pour de vrai, et je pars. » Mais Anya n’a pas le temps de lui répondre : son esprit se vide et les mots disparaissent. Il va vraiment partir. Si elle se défend, si elle se cache, il va partir. Si elle se retranche derrière ses murs, il va partir. Si elle lui dit « oui, pars », il va partir.  « Non. » Le mot lui échappe comme un animal sauvage à qui l’on offre sa liberté.  « Ne pars pas. S’il-te-plaît. » C’est incohérent et, tout à coup, Anya a envie de pleurer. De s’excuser. De hurler peut-être. Elle déglutit, incapable de savoir si ce qu’elle sent sur ses joues sont des larmes ou des gouttes de pluie et à vrai dire, elle s’en fout. La peur - la terreur ? - qui vient de lui saisir le ventre est plus forte que la frustration et Anya fait un pas en avant, attrape une des mains, mouillée, qui vient de quitter le visage d’Elis.  « Ne pars pas. » Elle aurait voulu que ce soit un souffle, comme dans les films. Une admission douce, délicate mais ça ressemble tout à la fois à un ordre et à une supplique.

Elle n’est pas bien sûr de quand ils ont commencé à bouger. Anya est restée accrocher à cette main, même quand il a tenté de lui retirer. Elle ne veut pas lui faire mal, mais elle a l’impression que si elle le relâcher, si elle est inattentive, il va partir, cette fois. Être emporté par une bourrasque peut-être.

Il n’y a personne à l’auberge quand ils eurent, et ils ne croisent personne dans l’escalier qui mène à leur chambre. Tant mieux : elle n’a pas envie de parler. N’a pas envie de répondre aux questions bienveillantes de la propriétaires, n’a pas envie de croiser les regards curieux. Elle monte, traverse le couloir jusque’à leur chambre, laisse Elis fermer la porte. Ce n’est qu’à l’intérieur qu’elle accepte de lui rendre sa main alors qu’elle se dirige directement vers la salle de bain. Elle n’a pas dit un mot, depuis qu’ils ont quitté la plage - lui non plus, d’ailleurs. Anya se penche sur la baignoire, ouvre l’eau chaude, un peu d’eau froide, et laisse couler un bain qui arrêtera peut-être de les faire trembler. Quand elle se retourne, son regard ne s’égare pas dans la pièce : il s’accroche à celui d’Elis, sans la pluie pour voiler ses yeux, son expression, le son de sa voix. Elle n’est plus très sûre de pouvoir parler - elle a mal à la gorge, quand ils ont certainement crié un moment, dehors, dans le froid. Alors Anya se contente de retirer son manteau tremper et de le poser sur le meuble, à côté d’elle. Puis ses boots - ils ont ramené pluie, sable et terre à l’intérieur de la chambre sans réfléchir - et son jeans. Elle déglutit en se redressant, oubliant de réfléchir, de prévoir, de penser, espérant qu’il comprenne l’invitation. Qu’il accepte de la rejoindre même s’ils ne se sont rien pardonnés.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptySam 21 Nov - 19:22

Lorsqu’il passe le seuil de leur chambre et qu’Anya lâche sa main, il sent le peu d’énergie qui lui restait le quitter. Il ne sait pas trop comment ils ont fait pour rentrer ; il a parcouru les cinq cent mètres qui séparent la plage de l’auberge sans un mot, en pilote automatique, accroché du bout des doigts à ceux d’Anya. Il ferme la porte en bois derrière eux et enfin : le silence. Le bruit des vagues et de la pluie semble bien loin, à présent. La chambre n’est pas très grande, et la décoration semble refléter les goûts de la tenancière des lieux, une petite dame de 80 ans, amatrice de broches en dentelles et d’imprimés floraux. La pièce a un charme désuet, et une odeur de lessive et de bois flotte dans l’air. Pendant quelques instants, Elis reste sur le pas de la porte, alors qu’Anya se volatilise dans la salle de bains attenante. A sa grande surprise, elle se s’y enferme pas à double-tour.

Elis croise son reflet dans le miroir fixé à côté de la porte : il y découvre ses traits tirés, ses cheveux gorgés d’eau, ses lèvres encore bleutées. Et ce regard qu’il ne reconnait pas. Malgré la chaleur de la chambre, il réalise qu’il est encore transit de froid — pourtant, il ne bouge pas. Son corps est engourdi et son esprit embrumé, comme si l’énergie qui lui avait été allouée pour la journée avait été épuisée, quelque part entre « Toi aussi, tu te racontes des histoires » et « T’es un putain de trouillard », là-bas, sur la plage. Il détaille doucement la chambre, et s’arrête sur le lit qui trône au milieu de la pièce. Dans la plus pure tradition scandinave, celui-ci est recouvert d’un épais édredon d’un blanc immaculé. D’ici, il arriverait presque à sentir la douceur du tissu sur sa joue, le poids de la couette sur son corps ankylosé, mais un bruit de robinetterie le tire de ses considérations. Il avance de quelques pas supplémentaires dans la chambre, laissant de l’eau de pluie et du sable sur le parquet derrière lui. Anya est en train de faire couler un bain.

La porte est toujours ouverte.

Elle le fixe, murée dans son silence. Ce n’est pas un de ces silences menaçants dont Anya a le secret. Ce n’est pas non plus du défi, qu’il lit dans ses yeux, alors qu’elle se déchausse, et qu’elle commence à se déshabiller. Son visage n’affiche ni colère, ni joie. Son regard reste obstinément accroché à celui d’Elis, lorsqu’elle dévoile ses jambes nues. Derrière elle, de la vapeur d’eau commence à s’échapper de la baignoire. Ils se toisent pendant plusieurs secondes, à cinq mètres l’un de l’autre alors que dehors, la pluie continue de s’abattre sur les vitres. Ce n’est pas non plus de l’apaisement, qu’il ressent suspendu entre eux — plutôt de la résignation. C’est une trêve, qu’elle lui propose.

Il retire son blouson et le laisse tomber lourdement sur le sol, à l’endroit où il se trouve. Puis ses chaussures — dévoilant ses chaussettes trempées. Anya ramène ses mains dans son dos, patiente. Elle ne dit rien, et il lui en est reconnaissant. Ils ont beaucoup crié, tout à l’heure, et il ne sait pas quel son serait encore capable de sortir de sa gorge. Il attrape le col de son pull et l’enlève paresseusement, comme un renoncement, et son tee-shirt part avec. Maintenant qu’il est torse nu, qu’elle a la confirmation qu’il a accepté ce cessez-le-feu dont les conditions sont encore floues, Anya reprend son effeuillage. En d’autres circonstances, il sait très bien comment tout ça aurait fini : elle l’aurait défié du regard — oeil pour oeil, vêtement pour vêtement. Il n’aurait évidemment pas réussi à attendre qu’elle retire son dernier vêtement — mince, encore perdu — pour l’attraper et l’emmener au lit. Et elle lui aurait fait payer sa faiblesse.

Ici, là, ils sont à des années lumières de ces enfantillages. Les corps sont glacés et rigides, les esprits vidés, fatigués. La nuit qui tombe plonge petit à petit la chambre dans l’obscurité.

Ils se tiennent bientôt nus l’un face à l’autre. Personne n’a encore osé briser ce silence salvateur. La lueur qui provient de la salle de bain découpe la silhouette d’Anya dans l’encadrement de la porte, sa peau diaphane accrochant la lumière d’une façon singulière, dévoilant çà et là des veines bleutées, telle une statue sculptée dans du marbre. Elle tend une main vers lui, et tout son corps se met en mouvement aussitôt.

La brûlure de l’eau bouillante le rappelle à la réalité. Elis laisse échapper un soupir douloureux lorsqu’il s’immerge dans la baignoire, et il n’a pas besoin de se voir dans le miroir embué pour comprendre que son visage a du reprendre des couleurs brutalement. Anya a refermé la porte de la salle de bain derrière eux, et une couche de condensation a commencé à recouvrir les carreaux de la fenêtre. Elle se tient là, à l’autre extrémité de la petite baignoire, lui faisant face à travers les volutes de vapeur d’eau. Ses joues sont redevenues roses. Ils s’observent en silence, laissant l’eau chaude délasser chacun de leur muscle, petit à petit. Elle ferme les yeux quelques instants. Il passe de l’eau sur son propre visage, retrouvant des sensations dans l’extrémité de ses doigts et au bout de son nez. Le temps s’est suspendu ; ils savent tous les deux que tant qu’ils ont le silence, rien ne leur arrivera.

La chaleur ramène peu à peu Elis à son corps, qu’il a immergé jusqu’aux épaules. Les picotements ont laissé place à une sensation de plénitude délicieuse. En surface, Anya et lui continuent de se détailler sans un bruit. Pas de sourire, pas de froncement de sourcils. Sous l’eau, entre leurs jambes entremêlées, il recommence toutefois à se montrer plus aventureux. Du bout des doigts, Elis trace une ligne le long de la jambe d’Anya : il part de sa cheville, slalomme sur son tibia, fait des détours par la courbe de son mollet. Il se demande jusqu’où elle le laissera aller. Son regard cerné de noir demeure impassible. Il s’arrête quelques centimètres au-dessus de son genoux, soudain effarouché. Prudemment, Elis glisse ses mains dans le creux des genoux d’Anya pour l’attirer doucement à lui. Il sort une main de l’eau et se risque à l’approcher du visage de la jeune femme, traçant les contours de sa pommette rougie, tentant d’effacer du bout du pouce le mascara qui a coulé sous ses yeux. Anya appuie faiblement son visage dans sa paume, juste assez pour lui donner une goutte de courage supplémentaire.

Il s’avance à son tour vers elle, difficilement — la tâche étend rendue difficile par la petitesse de la baignoire et par ses articulations encore endolories. Il tend le visage vers le sien, considère quémander un baiser, mais préfère poser son front contre celui d’Anya. Il ferme les yeux, et entend sa voix cassée lorsqu’enfin, il brise le silence qui les avait accompagné depuis la plage : « Je voulais pas partir non plus. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 22 Nov - 21:27

« Je voulais pas partir non plus. »

Anya laisse échapper un soupir qui semble teinté de soulagement.

Elle ne s’est pas laissée espérer, quand Elis s’est mis en mouvement, tiré de sa transe, qu’il l’a enfin rejointe dans la salle de bain. Elle ne s’est pas laissée espérer non plus quand il a continué à la regarder en silence, sans faire un geste, avant d’entrer dans le bain. Son coeur a loupé un battement quand sa main est venue se poser sur sa cheville tout juste réchauffer - mais elle n’a pas voulu espérer, à ce moment-là non plus. Anya sait ce dont elle est capable, ce dont ils sont capables tous les deux, quand ils ont décidé d’être mauvais, teigneux, toxiques. Elle sait qu’elle est capable de catastrophe et que, souvent, Elis ne peut pas suivre ce qu’il se passe dans sa tête. Son étrange raisonnement qui lui fait penser tout à fait à la fois « il va se tirer » et « je dois partir », sans qu’elle ne veuille jamais ni l’un, ni l’autre.

Elle a fermé les yeux, s’est laissée faire, bien volontiers, pour retrouver sa chaleur. Elle a senti son front contre le sien, sa paume contre sa joue, s’est laissée aller à sa douceur, à la brûlure du bain sur leurs peaux glacées. Elle a fermé les yeux, mais ce n’est que lorsqu’il a parlé, enfin, qu’elle s’est sentie soulagée, comme libérer d’un poids. Qu’elle s’est prise à espérer que tout ça, toute cette histoire, cette dispute et les autres, n’étaient pas en vain. Qu’ils pouvaient peut-être encore s’en sortir, que tout n’était pas terminé. Je ne voulais pas partir non plus. Elle aimerait lui dire qu’elle ne l’aurait pas laissé faire, qu’elle l’aurait retenu, qu’elle l’aurait gardé contre elle jusqu’à ce qu’il capitule, qu’elle l’aurait tanné jusqu’à ce qu’il accepte de rester. En vérité, elle ne sait pas exactement ce qu’elle aurait fait. Si sa fierté était prête à céder la place, si elle aurait été capable de jouer la carte de la vulnérabilité. Elle sait pourtant, Anya, qu’il n’y a que là, qu’ils avancent. Quand ils acceptent de s’ouvrir, de parler, de dire les choses, même à demi-mots. Un peu comme ils ont fait, dehors, sur la plage, en hurlant. Elle se demande un instant s’ils ont jamais été aussi honnêtes, avant. Et aussi violents, dans leurs mots.

Les minutes s’écoulent, ou peut-être des secondes, et Anya refuse de bouger. Ses mains on trouvé la peau d’Elis, dans l’eau, hors de l’eau. Elles ont trouvé une jambe et un bras et elles ne bougent plus, ancrées.  « Si je me montre honnête avec toi, j’ai toujours peur que ça me revienne dans la gueule. Si je me montre honnête avec qui que ce soit, à vrai dire. Anya parle tout bas, un souffle sur les lèvres d’Elis, sans ouvrir les yeux, sans oser le regarder. Sa voix est cassée, éraillée d’avoir trop crié dehors, dans le froid, ça tire quand elle parle et elle a peur de briser quelque chose, si elle parle plus fort.  « Quand on était gosses, je me demandais toujours quand est-ce que tu allais laisser tomber et retourner jouer avec les autres. Quand est-ce que tu arrêterais de glisser des mots dans mon casier au collège, au lycée. Quand est-ce que tu arrêterais de m’écrire, de me chercher en soirée. » Tout sort un peu trop vite, dans un souffle, une respiration. Elle parle comme elle l’a fait, lors de cette soirée, la première depuis son retour à Visby, quand ils se sont retrouvés - ou trouvés, tout simplement, d’ailleurs. C’est une confession et un cessez-le-feu, un drapeau blanc tendu, un « je suis honnête, cette fois », même si ça fait mal, même si ça lui fout la trouille et qu’elle a envie de partir en courant. Fight or fly, fly or fight. Elle est bonne, à ce jeu-là, Anya.

 « C’est plus facile, de fermer la porte. De faire en sorte que les gens n’approchent pas, qu’ils n’entrent jamais vraiment. » De les repousser, même s’ils finissent par partir - parce qu’au fond, ils finissent tous par partir, pour une raison ou pour une autre, pour une erreur, une envie, une lassitude, sur un coup de tête. Ils finissent toujours par partir, mais si toi tu pars… Même dans son esprit, Anya n’ose pas finir sa phrase. Elle ne sait pas où elle veut en venir, avec tout ça. Elle ne sait pas exactement ce qu’elle veut lui dire. Quelque chose d’honnête, peut-être, quelque chose de vrai. Quelque chose qu’elle ne lui a jamais dit, même s’il l’a certainement deviné, depuis le temps. Qu’Anya mord pour ne pas être mordue, qu’elle grogne avant d’être attaquée, qu’elle attaque avant d’avoir à se défendre. Avec tout le monde, Elis y compris - surtout avec Elis, devrait-elle avouer, car s’il approche encore plus près…  « Tu as cette image de moi… Construite avec les années… » Son visage, doucement s’incline vers l’eau, son front frôlant le nez d’Elis, ses lèvres. Elle s’arrête pour les sentir contre sa peau, les yeux encore fermés. Elle est fatiguée, Anya, ils le sont tous les deux et elle ne sait pas s’ils sont capables de parler. D’échanger sans se hurler dessus. Si elle est capable de dire des vérités sans se réfugier derrière d’énormes murs, une forteresse imprenable.  « … Mais c’est moi, la trouillarde. » L’écho de leur dispute, sur la plage, résonne dans sa tête. Si je suis la connasse manipulatrice que tu dépeins, toi t’es un putain de trouillard. Non, ils n’ont jamais été très braves, ces deux-là.
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyLun 23 Nov - 22:02

Leurs visages se cherchent inlassablement, dans une lenteur savoureuse. Elis a l’impression que toute la colère, la frustration, la défiance et l’inquiétude tenaces, qu’il traine depuis des années, se sont évaporées. Avec toute cette place libérée, il pourrait se remplir d’autre chose ; de quelque chose de positif, d’un élan, de n’importe quoi — mais là, tout contre Anya, il n’a rien besoin de plus. Il se sent lessivé, mais un peu plus léger. Est-ce que ça ressemble à ça, le contentement? Rien n’est moins sûr pour lui, éternel insatisfait qu’il est. Est-ce que ça ressemble à ça, de faire tomber les murs? Il a bel et bien l’impression que quelque chose a été démoli, fracassé, battu par le vent, là-bas, sur la plage. Des ruines fumantes, voilà ce qu’ils sont, tous les deux, à présent. Reste à savoir s’ils sont le genre de ruines sur lesquelles il est possible de rebâtir un empire — ou ne serait-ce qu’un abri, juste assez grande pour leurs deux égos abîmés.

Les images et les mots ondulent dans son esprit, sans jamais trouver prise nulle part. Anya laisse échapper quelques confessions à un centimètre de ses lèvres, et il entend — il sent — que ça lui coûte. Elis aimerait avoir les mots qu’il faut, ceux qui feront du bien à Anya, mais son cerveau refuse de les assembler. Pourtant il voudrait qu’elle continue à parler, encore et encore, de cette fois fluette qu’il ne lui connaissait pas. C’est la voix qu’elle utilise quand il n’y a personne pour l’entendre — il en est désormais convaincu. Sa pommette vient trouver sa joue, leurs nez se frôlent encore et encore. Il n’avait même pas réalisé qu’il avait fermé les yeux, pour sombrer un peu mieux dans l’éternité qu’ils se sont créés, là, dans ce bain trop chaud.

« Quand on était gosses, je me demandais toujours quand est-ce que tu allais laisser tomber et retourner jouer avec les autres. Quand est-ce que tu arrêterais de glisser des mots dans mon casier au collège, au lycée. Quand est-ce que tu arrêterais de m’écrire, de me chercher en soirée. » Les mots sont égrenés délicatement, et ramènent tout un tas de souvenirs à la surface. Elis a lâché prise avec la réalité, plus grand-chose ne fait sens. Ses doigts caressent les contours du visage d’Anya, s’attardent sur son cou, vont se perdre dans sa nuque, s’emmêlent à la racine de ses cheveux. Pour une fois, ce sont les scènes anodines qui viennent peupler son esprit ; pas les éclats de voix, pas les baisers volés à d’autres dans la noirceur d’une soirée. Il revoit ces moments de pas-grand-chose, lorsqu’il observait Anya contempler distraitement la cour de recréation, à quelques tables de lui, lorsqu’ils étaient encore si jeunes. Il se souvient de la fois où elle était restée allongée sur les gradins du gymnase, le nez fourré dans un magazine, alors qu’il se démenait bêtement pour attirer son attention, rien qu’une seconde, une balle de basket dans une main, sa fierté dans l’autre. Et puis il y avait toutes ces fois où il l’avait croisé de loin : à la plage, aux fêtes de Visby, à un arrêt de bus. Elle était souvent seule, et elle ne le remarquait jamais. Anya vivait dans un monde auquel personne n’avait accès — jusqu’à maintenant?

Eux qui, quelques minutes plus tôt, s’attaquaient avec la fureur du désespoir et la hargne de la dernière chance, ont laissés tomber les remparts comme des mouchoirs. Elis ne dit rien. Son nez vient une nouvelle fois trouver le sien, il s’aventure à nouveau près de sa bouche, sans rien tenter de plus. Il veut la laisser parler, ne pas risquer de l’interrompre — ou pire, de dire ce qu’il ne faut pas. « Tu as cette image de moi… Construite avec les années… Mais c’est moi, la trouillarde. » Il lui faut plusieurs secondes pour réussir à s’extirper de cette torpeur qui les a tous les deux enveloppé, et rouvrir les yeux. Il veut lui dire Non, c’est moi ; lui faire la démonstration irréfutable de son manque de courage pendant toutes ces années, mais avant même que les mots ne se forment sur sa langue, ils s’évaporent. Elis n’a pas envie de quitter cette langueur ; il n’arrive pas à mettre la gravité qu’il souhaiterait dans ses paroles, il veut juste l’embrasser et s’oublier. Il lâche, dans un soupire éreinté : « Tu crois qu’on est irrécupérables ? » Et parce qu’il n’est pas sûr de vouloir entendre sa réponse, il ajoute dans un murmure : « Embrasse moi. »
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyMar 24 Nov - 15:15


« Embrasse moi. » Les mots qui se préparaient sur le bout de sa langue se font fait la mal et, au lieu de lui répondre, Anya ouvre les yeux. Légèrement, juste assez pour le voir, pas tout à fait assez pour être tirée de cette torpeur, de cette douceur qu’il distille à chaque caresse - sur sa joue, sa nuque, dans ses cheveux. Elle n’attend pas, l’observe à peine un instant - elle connaît son visage par coeur à présent - avant que ses lèvres ne viennent retrouver les siennes. La dureté qui caractérisaient le baiser échangé sur la place a disparu. C’est lentement qu’elle vient s’emparer de sa bouche, glissant une main dans son cou, soupirant contre ses lèvres. Ils n’ont jamais réellement pris le temps. Il y a bien eu la fois où elle s’est réveillée dans son lit, après la soirée, où ils sont restés au lit une bonne partie de la journée, mais leurs baisers avaient parfois l’allure de défis, de désirs inassouvis, d’attaque ou de défense. D’autres, comme celui de tout à l’heure, avaient le goût de dernières fois un peu désespérées. Alors cette fois, Anya ne se presse pas. Les secondes, puis les minutes s’écoulent alors qu’elle l’embrasse lentement, avec langueur, rendue paresseuse, molle, tiède, par la chaleur du bain. Ce n’est pas désagréable, qu’elle se dit dans un coin de son esprit qui n’est pas encore tout à fait occuper par Elis, sa peau, sa bouche. Ce n’est pas si désagréable de prendre le temps et de l’embrasser réellement, sans se soucier de savoir s’il y aura un prochain baiser.

Leurs joues sont un peu plus rouges, lorsqu’elle enfin elle s’éloigne - à peine, de quelques centimètres -, pour le regarder. Anya se souvient des émois d’adolescentes, au collège et au lycée, des murmures dans les couloirs : « t’as vu comme il est beau ? », alors qu’on pointait Elis du doigt. Elis, souvent souriant, échangeant une blague ou tout autre connerie avec ses amis du moment. Elis, dont elle retraçait les contours dans sa tête, silencieuse, quand les cours l’ennuyaient ou qu’elle n’était pas invitée aux soirées. Elis, dont elle ressentait la beauté plus qu’elle ne l’articulait clairement, usant de textures et de sensations, de souvenirs, d’images, plus que de mots. Elis qui partageait avec elle la baignoire, là, maintenant.  « J’ai longtemps cru qu’on l’était. Irrécupérables. Enfin, surtout moi », finit-elle par répondre de cette même voix qui tient presque du murmure, qui souffle contre ses lèvres alors que son regard a fini par y retomber. Du bout des doigts - ceux qu’elle avait laissé se nicher dans son cou -, elle dessine le bord de sa mâchoire, l’arrondi de son manteau, celui de se lèvres inférieure, puis supérieure, fascinée par la sensation sous ses doigts.  « Je m’étais persuadée que tu trouverais une fille sympa. Une fille gentille, avant que je ne revienne. Et que je finirais comme ma mère, à hurler sur des absents. » Une fille plus gentille que moi, qui ne t’en ferait pas voir des vertes et des pas mûres à longueur de temps.

Ses doigts doucement remontent vers les pommettes, les tempes, la courbe des sourcils, le front à peine marqué par les années.  « Je ne suis plus si sûre d’avoir raison », laisse-t-elle échapper dans un souffle avant que son regard ne vienne à nouveau attraper celui d’Elis et que sa main ne glisse sur ses cheveux mouillés, jusqu’à sa nuque.  « Je ne suis plus capable de te laisser partir ou de repartir moi-même. On pourrait peut-être trouver… un terrain d’entente. » Anya ne sait pas les mots exacts, n’arrivent pas à les trouver. Ça lui coûte, de parler, de dire ce qu’elle ressent, ce qu’elle croit, ce qu’elle veut - car souvent, au fond, elle n’en sait fichetrement rien, elle improvise, elle s’énerve, elle se blesse en même temps qu’elle blesse les autres. Mais ça lui coûte aussi de lui faire mal, de l’imaginer s’éloigner, partir, d’imaginer ne plus le voir, ou le voir avec une autre, de l’imaginer ailleurs que là, dans ses bras. Ça lui coûte plus que jamais, plus qu’elle ne le pensait et s’il faut parler, un peu, pour eux deux, pour négocie une nouvelle modalité d’être à deux, Anya capitule, et parle, fermant les yeux une nouvelle fois.  « À mi-chemin entre les disputes apocalyptiques et les vieux couples ennuyeux.» Est-ce que c'est un sourire, là, qu'elle a au coin des lèvres ?
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Elis Jakobsson
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyDim 6 Déc - 17:19

Anya s’est emparée de son visage et l’embrasse lentement. C’est la première fois qu’ils font s’étirer le moment, comme ça. D’ordinaire, il y a toujours une urgence, une course à gagner, une attaque à contrer. Là, Elis se laisse aller à ce baiser paresseux et langoureux sans rien attendre de plus, laissant le goût d’Anya lui remplir la tête, les muscles délassés et la peau brûlante.

La jeune femme fini tout de même par écarter sa bouche de la sienne, le forçant à entrouvrir un oeil, inquisiteur. Il l’observe, entre ses cils : elle le détaille tout en dessinant les contours de son visage de son doigts, et il réalise à quel point il aime la sensation de ses mains sur lui. « Je m’étais persuadée que tu trouverais une fille sympa. Une fille gentille, avant que je ne revienne. » elle murmure. « C’est pas faute d’avoir essayé. » il répond du tac-au-tac, las, sans mettre la dose d'arrogance qu'il réserve généralement à ce genre d'affirmation. « Mais ça devient vite chiant, une fille sympa. » il ajoute à demi voix. Et puis une fille sympa, ça n’a pas la patience d’être avec un mec comme moi. Ça cherche un mec sympa. Un gars avec qui construire quelque chose, avec qui aller au cinéma ou aller au marché. Pas quelqu’un qui dors plusieurs nuits par semaine dans une auberge de jeunesse, qui n’a jamais eu de relation de plus de deux mois et qui reçoit son salaire de misère de son grand frère. Elis ne comprend pas bien pourquoi il se met soudain à broyer du noir, là, dans cette baignoire. Pour chasser ces pensées parasites, Elis appuie son visage dans les mains d’Anya, savourant chacune de ses caresses. Il pense au lit dans la chambre voisine, à seulement quelques mètres. Il aimerait y dormir d’un sommeil sans rêve, pendant des jours et des jours, et se réveiller sous la couette duveteuse en sentant Anya dans ses bras. Il ne veut rien de plus. Juste se complaire dans ce semblant de paix nouvellement retrouvé, tant qu’elle dure.

Anya, elle, ne semble pas vouloir s’accommoder des contours flous de cette trêve : « On pourrait peut-être trouver… un terrain d’entente. À mi-chemin entre les disputes apocalyptiques et les vieux couples ennuyeux. » Elis va devoir poser les mots, définir les termes du contrats qu’il aurait aimé garder tacite. C’est plus facile de se cacher derrière des sous-entendus, des demi-promesses. Il lui offrirait la lune, à Anya, s’il le pouvait ; pourquoi parler si frontalement de leur relation le paralyse? Toi t’es un putain de trouillard. Ça continue de résonner.

Elis enfouit son visage dans le cou de la jeune femme, comme un petit garçon qui se cacherait sous sa couverture pour bouder. Il demande, dans un soupir : « Est-ce qu’on est obligés de définir les clauses de l’armistice là, maintenant? » Ses mains viennent retrouver les cuisses d’Anya, sur lesquelles ils se met à tracer des chemins imaginaires du bout des doigts — vagabondant derrière ses genoux, près de ses hanches, puis vers l’intérieur de ses cuisses — dans l’espoir de détourner son attention.
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Anya Larsen
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace EmptyJeu 10 Déc - 21:12

« C’est pas faute d’avoir essayé. Mais ça devient vite chiant, une fille sympa. » En temps normal - ou avant, avant tout ça, avant cette dispute, avant l’auberge -, Anya aurait certainement pris la mouche. Elle se serait renfrognée, aurait levé les yeux au ciel et balancé une de ses remarques acerbes dont elle avait le secret. Elle sait, pourtant, qu’Elis a bel et bien essayé : elle l’a vu, avec les autres filles, dans les soirées auxquelles elle participait encore, avant son départ pour Stockholm. Il ne lui suffisait que d’un peu d’imagination pour deviner ce qui s’était passé durant son absence. Dans le bain, cette fois, elle n’en fait rien. Elle s’énervera certainement encore contre Elis, lui en voudra de ses indélicatesses, des regards qu’on lui lance - comme s’il y était pour quelque chose -, des mots qu’il ne dit pas ou qu’il choisit mal. Et il lui en voudra également pour son acidité, pour sa froideur, pour ses regards mauvais qu’elle lancera à ses clientes, à toutes ces étrangères qui viennent séjourner à l’auberge, et pour mille autres choses encore qui mèneront à des disputes, des engueulades comme ils en ont le secret. Alors elle se contente de claquer la langue contre son palais.  « En fait, je voulais pas savoir. »

Ses doigts descendent, glissent le long de sa mâchoire, explorent les muscles et les tendons de son cou, remontent sur ses joues. Elis presse sa joue contres ses doigts, contre sa paume qu’Anya vient y appliquer avec un certain plaisir. Le bout de ses doigts glisse vers ses cheveux alors qu’ils entrent en territoire hostile, ou peut-être tout simplement inconnu. Elis ne répond pas tout de suite. Il ne prend pas non plus la peine de rouvrir les yeux et se contente de plonger vers son cou, d’y enfouir son visage. Là aussi, la réaction n’est pas tout à fait la bonne, pas tout à fait celle à laquelle ils sont tous les deux habitués. « Est-ce qu’on est obligés de définir les clauses de l’armistice là, maintenant? » Anya ouvre la bouche, s’apprête à répondre et se contente d’inspirer profondément en sentant les doigts remonter le long de ses jambes, glisser à l’intérieur de ses cuisses.  « N’essaie pas de changer de sujet. » Elle aurait voulu avoir l’air sévère mais un sourire perce dans sa voix. Ses mains vient rejoindre celles d’Elis et, au lieu de l’encourager comme elle a fort envie de le faire, Anya ramène les mains baladeuses sagement sur ses genoux.

 « Un jour il faudra que l’on soit clair, tous les deux, tu sais. » Sortant une main de l’eau, elle attrape le savon et la grosse éponge d’un autre temps qui patientent sur le bord de la baignoire. Les plonge dans l’eau, les frotte, et commence à passer, en petits cercles appliqués, l’éponge savonneuse sur les épaules d’Elis.  « Je crois que je commence à fatiguer de l’incertitude. La mienne avec », souffle-t-elle en s’attaquant au haut de son dos, à sa nuque, sa bouche tout près de son oreille. Anya se redresse, change d’épaule, et recommence son petit manège. Elle veut en profiter tant que l’eau est encore chaude. Avant de l’entraîner hors du bain, de passer à autre chose, de l’entraîner sous les draps sans avoir pris la peine de se rhabiller, de retrouver son corps, sa chaleur, comme ils ont l’habitude de le faire mais peut-être plus lentement, pour profiter de l’absence de colocataires, du silence, du calme après la tempête.  « Je veux être sûre que tu es à moi. » Elle le dit très bas, presque mine de rien, glissant l’éponge sur son omoplate avant de se redresser.  « Allez, tourne-toi. »
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MessageSujet: Re: (elis) between the waves and the fireplace   (elis) between the waves and the fireplace Empty

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