Roses and Ruins
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 a closeness ~ juniper

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Aron Strömquist
Aron Strömquist
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Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

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MessageSujet: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyDim 2 Aoû - 17:20




just give me that wide smile
made for putting songs
into the hearts of the doomed


« You don’t have to go home, but can’t stay here! » marmonne l’homme dans un anglais cassé, alors qu’Aron le guide vers la porte, las. « C’est ça, Erik. Bonne nuit, à demain. » La porte se referme sur l’ivrogne ensommeillé dans un grincement, et enfin, le Black Sheep est désert. L’écran de son téléphone lui révèle qu’il est minuit — c’est rare qu’il ferme à l’heure, un dimanche soir. D’habitude, Erik n’est pas le seul à vouloir oublier le début d’une nouvelle semaine. Quelques millimètres sous les chiffres, on peut lire sur l’écran : Ok, i’ll be there. Dans un soupire de contentement, le barman glisse le téléphone dans la poche arrière de son pantalon et entreprend de rassembler les verres vides disséminés dans la pièce.

Une trentaine de minutes plus tard, lorsque June passe timidement le pas de la porte, le Black Sheep est silencieux. Dans la lumière du jour, un bar vide a quelque chose de trivial. Elle révèle les tâches qu’on préfèrerait oublier sur le sol, les rayures dans le bois fatigué, les cernes sur les visages usés. En revanche, au coeur de la nuit, un bar vide a quelque chose de mystérieux. Sans les cris, les retransmissions de matchs de hockeys, les jeux de boissons improvisés et l’euphorie habituelle, le Black Sheep n’est rien de plus qu’une grande salle recouverte de bois du sol au plafond, et plongée dans l’obscurité. Quelques petites lampes dispersées dans la salle créent une atmosphère feutrée — somme toute accidentelle, et le volume de la musique a été baissée à son minimum. Les rideaux ont été tirés, mais on peut encore distingue la clarté caractéristique des nuits d’été à cette latitude. Si l’on était bien loin du soleil de minuit du cercle polaire, la luminosité des nuits suédoises laissaient toujours une forte impression sur les étrangers, et il aimait s’en extasier auprès Aron, accoudés à son comptoir.

Le dos du barman apparait derrière les deux portes battantes de la cuisine, une assiette dans chaque main. Son visage s’éclaire lorsqu’il découvre Juniper. Cela devait faire deux mois qu’ils ne s’étaient pas vus, en chair et en os — ni même par écran interposés, d’ailleurs ; Aron étant un technophobe notoire. « Hej ! » Il l’accueille avec un large sourire, espérant secrètement que cela suffise à effacer la distance de leurs dernières interactions. Son départ de Visby avait été précipité, confus, brouillon. I can’t tonight, I’m actually heading to Stockholm. Family stuff. Il s’étaient échangés des messages, bien sûr ; avaient eu plusieurs conversations au téléphone, remplis de silences — certains qui laissaient entendre les sourires au bout du fil ; d’autres qui résonnaient d’inquiétude. Il n’avait pas voulu s’étendre sur ces family stuff auprès de Juniper, ni de qui que ce soit d’autre, d’ailleurs. Comme à son habitude lorsqu’il avait à affronter quelque chose de difficile, il s’était fermé comme une huitre, rassemblant ses forces pour mener ses batailles tout seul.

Des dizaines de phrases se bousculent dans sa bouche mais c’est « Je ne savais pas si tu avais faim, mais je n’ai pas encore mangé. » qui l’emporte. Il pose les deux assiettes sur une table entourée de banquettes, dans une sorte de petite alcôve — sa préférée. A côté des couverts, des serviettes et des verres à vins, trône une petite bougie, éteinte et rallumée à plusieurs reprises par Aron, sceptique sur le degré de romantisme qu’elle ajoutait réellement au tableau. « J’ai fait des burgers au saumon. » Celui que je t’avais fait la dernière fois, et que tu avais tellement aimé. Il aimerait être capable de compléter les silences, parfois.

Juniper n’a pas encore ouvert la bouche et se tient toujours proche de l’entrée. Il réalise qu’il est en train de l’accueillir comme une cliente, ou une amie proche avec qui les politesses n’avait plus lieux d’être ; le genre d’amie à qui on ne dit plus vraiment bonjour parce qu’on va directement se servir dans son frigo. Alors qu’elle les mérite largement, les politesses. Aron franchit les quelques mètres qui les séparent avec empressement, soudain nerveux. Les traits de la jeune femme sont un peu tirés, elle a l’air soucieux. Ou est-ce juste de la fatigue, au coin de ses yeux? « Je suis désolé de te faire venir si tard. » Il se frotte la nuque, puis attrape doucement une de ses mains. « Merci d’être venue. » Elle esquisse un sourire qui vient rayonner dans toute sa poitrine, et dans un geste instinctif — si rare, pour lui qui est généralement si mesuré et pudique, il l’attire à lui. Comme à chaque fois que sa langue natale ne lui suffit plus, il ajoute, en anglais : « I’ve missed you. »


Dernière édition par Aron Strömquist le Mer 11 Nov - 18:17, édité 1 fois
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Juniper Anderson
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Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyLun 10 Aoû - 21:42


 « Hej ! » Juniper laisse la porte se refermer derrière elle. Le bar lui semble étrangement calme, depuis la dernière fois qu’elle y a mis les pieds - une soirée animée, comme celles du Black Sheep en fin de semaine, avant qu’Aron ne parte pour le continement. Une soirée où elle était restée au bar, à le regarder travailler tout en terminant quelques commandes qu’elle n’avait pas encore eu le temps de passer. Et puis Aron avait disparu de l’île pour quelques temps, et puis qu’ils aient parlé, au téléphone, par message, la situation lui semblait étrange. Étrange d’avoir passé tant de temps en présence de l’autre puis plus rien, plus personne, quelques mots ici et là avec un écho sur la ligne. Juniper, pendant ces quelques semaines, s’était rendue compte à quel point la présence d’Aron lui était devenue familière. Rassurante, agréable. Une présence à laquelle elle s’était habituée et qui lui avait manqué. Le voir passer la porte de la cuisine, nonchalamment - ou presque -, assiettes dans les mains, lui réchauffer le coeur et lui tordait un peu l’estomac. Parce qu’il lui avait manqué, oui, et parce qu’il s’était passé tant de choses qu’elle en était un peu anxieuse. Est-ce qu’il pouvait le voir ? Elle n’en était pas certaine - elle n’était pas certaine de grand chose, ces derniers jours, et elle était surtout fatiguée. Juniper n’était plus habituée aux remue-ménage de la vie américaine : celle-ci avait pourtant fait irruption dans son quotidien quelques jours auparavant, et elle n’en avait rien dit à Aron.

« Je ne savais pas si tu avais faim, mais je n’ai pas encore mangé. »  « Je n’ai pas vraiment eu le temps de manger… Je travaillais sur l’inventaire. » Alors qu’Aron dépose les assiettes sur une des petites tables à demi-dissimulée par les banquettes confortables du Black Sheep, Juniper accroche son sac sur le porte-manteau qui trône dans l’entrée, puis son manteau. Elle se retient de se frotter le visage pour en chasser toute trace de fatigue et adresse un hoche la tête lorsqu’il lui annonce les burgers au saumon. En temps normal, elle en serait ravie et, quelque part, elle l’est. Aron cuisine bien mieux qu’il n’a pu lui laisser entendre et l’idée de passer la soirée au calme, avec lui, malgré l’heure, l’apaise plus qu’elle ne voudrait l’avouer. « Je suis désolé de te faire venir si tard. »  « J’aurais débarqué chez toi si j’avais été sur Götland… », répond-t-elle en finissant par esquisser un sourire. Alors que la main d’Aron se saisit de la sienne, et que son corps se rapproche - à la fois instinctivement et docilement - du sien, Juniper sent la tension dans ses épaules, son dos, ses bras, se relâcher sensiblement et un soupir s’échapper de ses lèvres. « I’ve missed you. »  « I’ve missed you too… But I also want to yell at you because I was so fucking worried. » La main libre de Juniper vient se glisser, doucement, sur la joue du barman, puis sur sa nuque, et ses lèvres viennent rencontrer les siennes. S’il n’y a rien de pressé - pour le moment -, dans son baiser, elle n’a pas envie d’attendre : il avait été plus délicat, pour ne pas dire désagréable, qu’elle ne le pensait de se passer de ce contact. Et de celui de ses mains, voire même de ses regards.

Quand elle redescend et relâcher la nuque d’Aron - elle oublie parfois comme il peut être grand -, Juniper pose un instant le front contre son torse. Elle aimerait qu’ils rentrent, là, tout de suite, et qu’ils aillent simplement dormir, et qu’ils ne parlent qu’au matin. Ça serait plus simple, non ? Certainement. Ou peut-être pas.  « I really want to ask about what happened in Stockholm but I’m not sure you want to talk about it. » Parce qu’Aron ne parle pas, ou pas beaucoup, et que ses confessions, ses souvenirs, ses impressions sont souvent précieuses. Elle n’en avait jamais vraiment ressenti de frustration, jusqu’à présent. Jusqu’à ce qu’ils soient éloignés, séparés physiquement, concrètement, et qu’elle ne puisse plus le lire : lire son visage, ses manières et ses gestes. L’inclinaison sa tête et le froncement de ses sourcils.  « And I serisouly don’t like where you’re away for so long… » Juniper relève la tête et esquisse un sourire. Elle ne veut pas lui peser un peu plus sur la conscience, après cette période étrange dont elle ne sait rien, mais qu’elle imagine compliquée. « Should we eat ? It’s going to get cold… » S’éloignant de quelques pas, elle se dirige vers la table préparer par Aron, le traînant gentiment derrière tant qu’il se laisse faire. June se glisse dans le booth, sa faim réveillée par l’odeur succulente du saumon grillé.  « Désolé, je suis fatiguée, c’est plus facile de trouver mes mots en anglais… » Est-ce la fatigue de la journée qui lui fait revenir à sa langue natale, la surprise de voir débarquer Jasper et Rose, ou l’absence d’Aron qui ont fatigué ses nerfs ? Certainement un peu les trois à la fois, mais Juniper ne sait pas, ce soir, comment l’expliquer.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyDim 4 Oct - 17:51

« I’ve missed you too… But I also want to yell at you because I was so fucking worried. » Juniper n’attend pas sa réponse et approche son visage du sien — il a décelé dans son regard une inquiétude sincère, mais là, tout de suite, il sent surtout sa hâte à faire disparaitre tout cet espace superflu entre eux. Il accueille le baiser comme un soupir de soulagement, comme le premier rayon de soleil du printemps. Ses mains viennent se poser de chaque côté du visage de l’Américaine, ses doigts se faufilant dans ses cheveux. Il n’a pas envie de la laisser repartir mais voilà déjà qu’elle rompt le contact. Il a envie de la serrer dans ses bras, de sentir sa respiration sur son visage, de toute cette tendresse qu’elle donne avec une facilité qui lui était encore si étrangère, il y a quelques mois. June pose sa tête contre son torse et ils restent là, au milieu de la pièce silencieuse. L’instant dure quelques secondes salvatrices. « Excuse-moi, » il amorce enfin d’une voix faible, enrouée, dans sa langue natale — s’excuser en anglais manquerait de sincérité. « Je n’ai pas l’habitude qu’on s’inquiète pour moi, ou qu’on attende de mes nouvelles… » Il n’y a pas l’ombre d’une once de pathos dans sa voix ; c’était un fait. Il avait grandit au sein d’une famille où tout le monde était très indépendant ; ne pas faire porter ses soucis aux autres était considéré comme prévenant, comme une preuve d’amour inconditionnelle. Ses souvenirs d’enfance étaient peuplés de « Ne lui répète pas, tu vas l’inquiéter pour rien », « elle n’a pas besoin de savoir ça » et autres « je lui dirai quand ça ira mieux ». Cette philosophie du je-vais-bien, ne-t’en-fais-pas l’avait accompagné jusque dans sa vie d’adulte, et lui avait coûté nombreuses de ses relations. June, pourtant, s’était frayée un chemin dans les crevasses et les fissures ; doucement, sûrement, tendrement. Et il l’avait laissé faire. « I really want to ask about what happened in Stockholm but I’m not sure you want to talk about it. » Aron avait envie de lui expliquer, de partager, de s'ouvrir un peu plus ; il approchait la quarantaine, il était temps d’apprendre comment. « I promise i’ll tell you about it. » il répond dans un soupir, la joue pressée contre le haut de sa tête. Un pas après l’autre.

Ils s’installent sur les banquettes, face à leurs assiettes, et Juniper croque dans son burger sans se faire prier. Dehors, les lumières des fenêtres sont éteintes depuis un petit moment, ils pourraient tout aussi bien être seuls au monde. Aron esquisse un sourire face à sa démonstration d’appétit, puis limite sans plus attendre. La conversation se poursuit. « Désolée, je suis fatiguée, c’est plus facile de trouver mes mots en anglais… » L’homme essuie un peu de sauce au coin de sa bouche, avale sa bouchée du burger et s’empresse de répondre : « Don’t worry, i missed speaking English. Who would have thought? » Un sourire ironique barre son visage, suivi d'un froncement de sourcil. Il ajoute, soudain déterminé à enrayer ses mauvaises habitudes : « Fuck, who cares about English, I've really missed speaking with you, actually. » Les semaines passées loin d’elle lui donnent un nouvel élan ; absence does make the heart grow fonder, visiblement. Il se voit se lever de la banquette, embarquer June dans ses bras jusqu’à son lit, deux étages plus haut ; il sent presque le frémissement dans sa jambe qui pourrait le faire passer à l'acte. Un battement. Il reporte son attention sur son burger. « So… tell me about the last few weeks. How have you been? » Son visage porte de légères marques de fatigue. « It seems like you worked a lot… » Les yeux de la jeune femme se voilent ; elle reste muette quelques secondes, comme hésitante. Il se tend, instinctivement, imperceptiblement, mais tente un trait d’esprit :« I’ve told you before : you need to de-Americanize your relationship to work, young lady. »
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyDim 4 Oct - 20:40


 « You don’t really need to apologize. But I accept it. » Juniper ne bouge pas, pas encore, pas tout de suite. Le front contre le torse d’Aron, elle ferme les yeux un instant. Elle aimerait bien qu’ils en restent là, qu’ils oublient le dîner et qu’ils grimpent à l’étage, qu’ils rentrent à la maison, ou qu’ils s’installent sur un canapé, sous un plaid, devant la télé. Quelque chose qui ne demande pas réellement de parler, bien qu’elle s’inquiète pour à propos d’Aron, de Stockholm, de sa famille. La libraire sait qu’elle doit lui dire, qu’elle doit lui parler, mais elle ne sait pas par où commencer ni comment il va le prendre. S’il va lui en vouloir de ne pas en avoir parlé avant, s’il va comprendre, s’il va … Juniper soupire et finit par lever les yeux pour observer le visage d’Aron. Elle est en train de tourner dans sa tête alors qu’il s’ouvre, enfin, un petit peu. Qu’il parle de lui.  « I swear I don’t worry all the time. It’s just that…It’s you. » June hausse légèrement les épaules comme si ce simple mouvement pouvait expliquer tout ce qui reste caché derrière ces quelques mots. Les I like you a lot et les I want to know how you’re feeling. Elle les prononcera, ces mots, un autre soir, un autre jour. « I promise i’ll tell you about it. » La libraire esquisse un sourire. C’est assez pour le moment. Hell, c’est plus que ce qu’il concédait quelques mois auparavant.

Juniper hausse d’ailleurs un sourcil quand, assis face à elle sur la banquette du booth qu’il a choisi, Aron avoue ouvertement que leurs conversations lui manquait. Juniper est si surprise qu’elle reste silencieuse un instant avant qu’un sourire n’éclaire son visage.  « I don’t know what you’re doing but I really like it. » Le ton est à la plaisanterie mais la libraire est aussi sincère : le voir s’ouvrir, naturellement, instinctivement, réchauffe quelque chose en elle qui était un peu froid ces dernières semaines. Une sorte de vide dont elle n’avait pas vraiment eu connaissance avant qu’Aron s’en aille.  « I mean, I like it when you talk to me. I missed this », Juniper, d’un geste de la main, indique Aron et l’espace qui les sépare,  « a lot. » Ce sont des mots prudents, comme toujours. I’ve missed you a lot se forme sur sa langue, une répétition de l’admission prononcée un peu plus tôt, et Juniper décide de la garder pour elle pour le moment. À la place, elle pose son burger un instant - marqué par une belle empreinte de dents - et tend le bras pour effleurer, du bout des doigts, le front d’Aron. Ses cheveux ont poussé, ces derniers mois, sont un poil plus longs que d’habitude et elle repousse doucement une mèche rebelle.

« So… tell me about the last few weeks. How have you been? » Juniper récupère sa main, sans urgence, et croque à nouveau dans son burger pour se donner contenance. « It seems like you worked a lot… I’ve told you before : you need to de-Americanize your relationship to work, young lady.» Un silence s’installe, très bref, et Juniper revoit brièvement Jasper, devant la porte de la librairie, Rose dans ses bras. Soudainement épuisée, elle abandonne son burger et se laisse aller contre le dossier de la banquette. Un bref instant, ses yeux se ferment et elle soupire avant de les rouvrir.  « A lot of things happened in the past few weeks… » June regrette de ne pas boire vraiment, de ne pas voir un shot de vodka à disposition, ou quoi que ce soit qui puisse la distraire des tensions et des disputes des dernières semaines. Jasper n’a jamais été un mauvais gars, mais la fin de la divorce et son départ ont laissé des zones d’ombre qu’elle ne pensé pas avoir à déterrer.  « J’ai l’impression d’être dans un mauvais film, c’est ridicule… » Ses yeux, un peu ailleurs jusque là, finissent par retrouver ceux d’Aron.  « Jasper arrived something like… two weeks ago ? A little more ? I don’t really remember. He just… One day, he was there when I opened the store, Rose in his arms. » June passe une main dans ses cheveux, ayant soudainement l’impression d’être une mauvaise mère. Elle devrait se réjouir de revoir sa fille - et elle en est profondément heureuse - mais la situation lui paraît étrangement surréaliste. Inconfortable. Inattendue.  « He just booked a flight and came to Visby, found an hotel and found me. It’s been a whirlwind of complicated days since then. »  La libraire détourne les yeux un bref instant, arrachant un petit bout de pain de son burger.  « J’aurais dû t’en parler avant, mais avec Stockholm et le reste… » Je ne voulais pas que tu t’en fasses, je ne voulais pas te mettre ça sur le dos en plus. Cela ne l’empêche pas de se sentir étrangement mal à l’aise en attendant, silencieuse, la réaction d’Aron.
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Aron Strömquist
Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptySam 10 Oct - 20:02

Jasper. L’évocation de ce prénom n’avait jamais rien éveillé en Aron. Pourquoi l’aurait-il? Les rares occasions où June avait fait référence à cet ex-mari, elle l’avait fait avec une distance et une légèreté qui laissait croire que cet homme appartenait à une autre vie ; une vie très lointaine, au-delà de l’océan. Cet homme n’avait jamais eu de visage, les contours de qui il était et de ce qu’il faisait demeuraient flous. C’était le père de Rose, et c’était finalement tout ce dont avait besoin de savoir Aron. Jasper était une entité abstraite, presque fictive. Le suédois n’avait jamais envisagé qu’il croiserait un jour la route de ce fantôme — il réalise soudain, face à son burger au saumon, que c’est profondément idiot de sa part. Pire : complètement naïf, et un peu égoïste. Il était plus confortable de faire comme si June était tombée d’un ciel un jour, sans passé, pour venir se faire une place derrière le comptoir de la petite librairie de la ville — et dans la vie du barman.

Aron se concentre pour rester impassible, tandis que ses doigts glissent nerveusement le long des veines du bois de la table. Juniper a le regard fuyant. « One day, he was there when I opened the store, Rose in his arms. » Ce repas prenait un tournant dramatique qu’il n’avait pas vu venir. Aron n’avait jamais été un amateur de comédies romantiques, mais tout cela lui donnait cruellement l’impression d’être devenu l’un des personnages principaux de Love Actually — un film que sa soeur l’avait forcé à regarder avec elle, un soir de Noël qu’ils passaient dans la maison familiale. Il n’aimait pas les drames, les effusions grandiloquentes, les grand gestures comme les Américains en ont le secret. Jasper était visiblement bien de ceux-là.

« Two weeks ? » il se contente de répondre sur un ton égal, conscient que Juniper guette sans doute sa réaction. L’idée de savoir cet homme installé sur l’île — son île — lui laisse une sensation désagréable dans la bouche. Peut-être l’a-t-il croisé dans les rues depuis son retour à Visby. Peut-être même lui a-t-il servi une bière pas plus tard qu’aujourd’hui. Alors qu’Aron tente de se remémorer le visage des clients inhabituels de la journée, June conclut : « J’aurais dû t’en parler avant, mais avec Stockholm et le reste… » Aron hoche la tête avec ce qu’il faut de gravité, sans parvenir à formuler une réponse adaptée. La jeune femme cherche son regard anxieusement. Il ouvre la bouche, espérant que les mots qui peinent à se former dans son esprit affluent. Leurs yeux se trouvent. « You don’t owe me anything. » il lâche enfin, abruptement. Il esquisse un sourire qui se voudrait rassurant, mais qui est déformé par l’embarras. Après tout, il n’était pas en droit de réclamer quoi que ce soit d’elle parce qu’ils avaient vécu plusieurs mois d’une romance adolescente. Jasper était le père de sa fille, ils avaient été mariés ; si Juniper devait des explications à qui que ce soit, c’était sans doute à lui. Pourtant, Aron se refuse à la rendre coupable de quoi que ce soit. Il poursuit, après s’être raclé la gorge pour dissiper le malaise : « Qu’est-ce qu’il veut? » La question est légitime, il le sait. Mais s’il était doté d’un meilleur jeu d’acteur, peut-être aurait-il réussi à masquer la pointe d’agacement dans sa voix.
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyJeu 15 Oct - 21:49


Évidemment que ça tourne mal, à quoi s’attendait-elle ? Juniper vient de lui annoncer que son mari, dont ils n’ont presque jamais parlé, a débarqué avec sa fille sur l’île et ça il y a deux semaines alors qu’Aron n’était même pas sur Visby. La libraire se sent un peu coupable de n’avoir rien dit, mais il ne savait ni comment aborder le sujet, ni comment en parler sans l’inquiéter alors qu’il se trouvait pris dans une histoire dont elle ne connaissait ni le début, ni la fin. L’atmosphère a changé et la tension qui jusque là était absente rend l’air entre eux plus épais, plus lourd. June a envie de tendre la main, de prendre la sienne, de lui dire que tout va bien, qu’elle est désolée, et qu’il lui a manqué. Qu’elle voulait lui présenter Rose, que Jasper n’est pas un mauvais type même si elle a envie, actuellement, de l’étrangler. Qu’il n’y a rien, entre eux, plus rien si ce n’est une drôle d’amitié, un peu de tendresse parce qu’ils se sont aimés, et des disputes à répétition, ces derniers temps. Mais Aron se referme et, instinctivement, Juniper s’agace. Elle ne sait pas si c’est ce qu’il lui renvoie - une distance qu’ils venaient tout juste de dépasser - ou ce qu’elle cache depuis des mois - sa culpabilité et sa colère - qui remontent tout à coup à la surface. « You don’t owe me anything. »  « Nice of you to say », réplique-t-elle, crispée. Soudain rassasiée, ou plutôt anxieuse, Juniper repose son burger qu’elle s’apprêtait à porter à sa bouche et croise les bras sur sa poitrine.  « Yes, two weeks, and I didn’t know how to tell you without making it all awkward and worrying you about something when you were dealing whith family stuff. »

Aron et Juniper ne se sont jamais disputés. Ils n’en ont pas eu le temps, ou peut-être que, jusque là, leurs tempéraments ne s’étaient pas frottés, piqués, hérissés. Elle se dit qu’il ne connaît que le meilleur d’elle, au final, et qu’il risque de partir, une fois les dernières vérités dévoiler. Qu’il ne va peut-être pas comprendre, qu’il va la juger. Son esprit s’emballe et June fronce les sourcils, comme si elle pouvait le forcer à se calmer. Elle a la trouille, mais ne sait pas comment lui dire, lui expliquer cette peur qu’il disparaisse alors qu’elle s’est attachée à lui, qu’il est enfin rentré. « Qu’est-ce qu’il veut? »  « C’était une surprise, pour Rose. Et pour moi, j’imagine. »June tend la main, attrape son verre d’eau, en avale la moitié et le repose, les gestes secs, comme abrégés. Son bras revient se nouer autour de l’autre, autour d’elle, et elle sent que la soirée lui échappe.  « We didn’t really talk a lot in the past few months. Hell, in the past few years. I facetime Rose, and we say a quick hello, but we don’t talk. When I left, he didn’t have a say in the matter, and since he couldn’t get me to sit down and talk, he decided to come. » La libraire lève les yeux - qu’elle a gardé rivés sur son assiette, sans même s’en rendre compte - et croise le regard d’Aron sans être sûre de ce qu’elle y lit. Elle n’est au courant que de sa présence, là, de l’autre côté de la table, et de la pression qui augmente dans sa gorge, de la boule qui se forme et qui ne semble pas vouloir partir, même quand elle déglutit une fois, deux fois.

 « I think he want to clear things up… You don’t know what I put them through» Elle ne sait plus si elle tente de se défendre ou de se confesser. Si elle doit être en colère, lui en vouloir, lui demander d’expliquer, de s’ouvrir, de parler. Juniper craint de le voir s’éloigner un peu plus, se retrancher derrière son air d’ours mal léché si elle le presse. Elle n’est même plus sûre de savoir à qui s’adresse sa colère : Aron, Jasper ou elle-même. Est-il jaloux ? Elle le serait, certainement , si les choses étaient inversées. Que sait-il de Jasper, au fond et des relations qu’ils entretiennent à présent ? Le visage de Juniper se radoucit un instant - elle baisse un peu les bras, peut-être, épuisée de deux semaines d’incertitude et d’attente. De culpabilité et des souvenirs.  « He knows I’m seeing someone, I told him. He’s not here for that and it wouldn’t matter anyway. » Parce qu’Aron est Aron et qu’il n’y a plus de places pour Jasper dans sa vie sentimentale. Parce qu’ils ont tourné la page, tous les deux, d’une vieille histoire longtemps belle, mais moche sur la fin.  « I really like you Aron », finit-elle par avouer, dans un instant de répit.  « And I’m not sure I’m up for a fight tonight. »
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyDim 18 Oct - 19:14

C’est quelque chose de peu familier qui est en train de se jouer entre eux. Etait-ce de l’accusation, dans le ton de Juniper, lorsqu’elle lui disait qu’elle ne voulait pas l’inquiéter? Est-ce que c’était de l’aigreur, cette inflexion dans sa voix, lorsqu’elle évoquait ses « family stuff » ? Cette toute nouvelle dynamique semble quelques peu les intimider, l’un comme l’autre, alors qu’ils marquent un battement. Le regard de June lui échappe, et il sent des barrières qu’il ne soupçonnait pas se lever doucement autour d’elle. Pourtant elle lui explique ; avec patience, mais avec une certaine fermeté aussi. Elle évoque la distance, le années, le départ. Jamais ils n’avaient discuté de manière si frontale de tout ça, de tout ce passé qu’il avait découvert en filigrane, sans jamais en demander davantage. Ça l’arrangeait bien, sans doute. De cette manière, il étaient à ex-aquo. Il n’avait pas besoin d’en dire plus, lui non plus. Et puis il était comme ça Aron : pas du genre à s’appesantir sur le passé. C’était le présent, qu’il partageait avec Juniper. Et, avec un peu de chance, peut-être un peu de leurs futurs respectifs.

« You don’t know what I put them through. » elle assène, sa voix manquant de se briser. Il parvient à capter à nouveau son regard, et c’est un mélange d’inquiétude et de colère qu’il y lit. Instinctivement, sa main vient trouver la sienne, toujours fermement agrippée à son verre d’eau. Il délie les doigts crispés et froids de Juniper, les glisse entre les siens. Elle poursuit : « He knows I’m seeing someone, I told him. » Quelque chose de chaud vient remplir sa poitrine : ça faisait longtemps qu’il n’avait pas été le someone de quelqu’un. «  I really like you Aron. And I’m not sure I’m up for a fight tonight. » Ça lui donne l’élan : si le ton de la conversation n’était pas devenu si grave, il l’aurait sans doute embrassé au-dessus de la table, comme dans ces comédies romantiques qu’il avait en horreur.  A la place, ces paroles restent suspendues quelques secondes dans la pénombre du bar désert. Aron amène les doigts de Juniper à lui, dépose un baiser sur le dos de sa main. « Let’s not, then. » Lui non plus n’a pas envie de se battre. ll voulait juste passer la soirée avec la femme qui lui avait tant manqué, ces dernières semaines. « What do you need from me? » il s’entend répondre doucement, après quelques secondes d’un silence savouré. Il porte la main de Juniper à sa joue. « Do I need to fight the bastard? » Surprise, elle éclate de rire, faisant voler en éclat ce qu’il restait de cette tension si inhabituelle entre eux. Galvanisé par ce rire dont il sait qu’il va avoir du mal à se passer, à présent, il ajoute : « By the way, I really like you too. I feel like a schoolboy, saying this like that, but that’s true. »
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Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyLun 19 Oct - 22:23

« Let’s not, then. » La tension disparaît subitement, comme s’ils ne venaient pas de se disputer, comme s’ils n’avaient pas frôlé leur vrai premier conflit. Juniper laisse échapper un soupir qu’elle n’avait pas conscience d’avoir retenue. Ses doigts, dans la main d’Aron, se détendent doucement, ses épaules jusque là tendues se relâchent. La colère semble s’effacer pour laisser place à une sorte de gratitude. La libraire a, tout à la fois, envie de pleurer et de l’embrasser, de le remercier d’être si… Aron. « What do you need from me? » June prend un instant pour répondre, concentrée sur la sensation de sa peau contre la sienne, de la chaleur de sa main contre sa paume. « Do I need to fight the bastard? » Ses yeux s’écarquillent et la libraire éclate d’un rire franc. L’image d’Aron en chevalier servant est cocasse, assez drôle, et tout ce dont elle avait besoin ce soir. Son pouce, doucement, caresse la pommette du barman.  « He’s always been a skinny guy, you might punch a hole through him. »

« By the way, I really like you too. I feel like a schoolboy, saying this like that, but that’s true. » Juniperon sent ses joues se réchauffer et de son rire, il reste sur ses lèvres un sourire amusé, mais surtout attendri. Touché. Ravi, également.  « I didn’t know schoolboys could be sexy like that. » Elle remue sa main libre entre eux, indiquant Aron avec un haussement de sourcils significatifs. Un bref silence s’installe avant que la libraire ne reprenne la parole, sans plus chercher à fuir le regard de l’homme qui, en quelques instants, a su désamorcer la tornade qui s’annonçait.  « Thank you, Aron. I just… Thank you. » Sa main, doucement, glisse de sa joue à son avant-bras, descend sur la peau chaude, remonte jusqu’aux mains un peu rudes dont elle a appris les pleins, les déliés et toutes les callosités.  « I really didn’t want to keep that from you but it felt… Too much. » And I didn’t know how to handle it, rajoute-t-elle dans son esprit.  « I just want you here, I don’t need anything else right now. Can I stay with you tonight ?, ajoute-t-elle en pensant à la chambre, au-dessus du bar, dans laquelle Aron reste quand il ne peut pas rentrer sur Gotland. Juniper n’a pas encore dormi au Black Sheep - elle avait installé une petite banquette, dans sa réserve, pour les nuits d’inventaire, et elle n’avait aucune envie de la retrouver ce soir.

 « At some point, I would like… », commence-t-elle avant d’hésiter un bref instant. Est-ce qu’elle en demande trop ? Ses doigts se resserrent sur ceux d’Aron.  « I would like you to meet Rose, if you would be okay with it. » Juniper n’est pas décidée à laisser la main d’Aron s’enfuir - ou tout simplement à le laisser manger pour le moment : elle l’attire à elle, l’entoure de l’autre qui était encore libre, la garde au chaud. Elle ne sait plus comment se comporter, avec Jasper, a parfois du mal à retrouver sa place de mère auprès de Rose. Elle sait pourtant qu’elle aimerait voir Aron et elle dans la même pièce, sans vraiment savoir pourquoi.  « I know it’s a lot to ask, and that’s perfectly okay if you don’t want to. »
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyDim 25 Oct - 19:02

Juniper le remercie — il n’est pas sûr de savoir si c’est pour son aveu, ou pour tout le reste. Lui aussi a envie de la remercier d’être là, avec lui, ce soir. D’avoir été là depuis plusieurs mois, d’avoir fait rentrer toute cette lumière (et ces carrot cakes, et ces bougies, et ces rires enjoués) dans sa vie d’ermite. Il n’en fait rien, et se contente de lui rendre son sourire. Du bout des doigts, l’Américaine trace une ligne imaginaire contre le bras d’Aron, qu’il a posé sur la table paume vers le ciel, accueillant ce geste plein de tendresse sans un mot. Leurs mains se rencontrent à nouveau. « Can I stay with you tonight ? » la question n’est pas aussi anodine qu’elle en a l’air. « I thought you’d never ask. » Il accompagne ses paroles d’un sourire en coin, dépourvu de toute malice. Il a envie de passer la nuit avec elle — et les suivantes. Nul besoin de faire semblant du contraire.

« I would like you to meet Rose, if you would be okay with it. » Rose. Il était facile de faire fi de Jasper, pendant tout ce temps. Rose, elle, a toujours été là. Aron savait que leur rencontre était inévitable ; et il n’avait d’ailleurs jamais cherché à l’éviter. La question ne s’était tout simplement jamais posée. Cette demande-là non plus n’est pas anodine. Il sait ce qu’elle représente, il saisi l’importance de la demande, la preuve de confiance qu’elle revêt. C’est la première fois qu’ils parlent si clairement de leur vie à deux, de leur relation. Les enfants ont cette capacité là à vous obliger à éclaircir les choses. Ils n’ont que faire des à peu près, des peut-être et des on verra. Là, dans l’obscurité de la pièce, leurs perspectives semblent s’ouvrir, leur futur s’éclaircir. « I know it’s a lot to ask, and that’s perfectly okay if you don’t want to. » Le rétro-pédalage lui décoche un haussement de sourcil surpris, presque amusé. « I want to meet her too. » Il écarte une mèche qui a glissé devant le visage de June. « Believe me or not, but kids love me. » Il grimace. « I don’t know why. I certainly don’t do anything to appeal to them. » Il disait la vérité : ce demi-misanthrope n’était pas du genre à chercher la compagnie des adultes, et encore moins celle des enfants. Néanmoins, il admirait (et jalousait) leur absence totale de filtre et leur capacité à vivre leur émotions sans ambiguïté , une sincérité qui manquait cruellement à leurs semblables plus âgés — lui y compris.

Les assiettes sont vides, les ventres repus, les âmes apaisées. Aron rassemble les assiettes et les couverts, et les ramène à la cuisine pour les laver. Juniper s’installe sur le comptoir à côté de lui pendant qu’il fait la plonge, et la conversation se fait plus légère. Il aime la savoir à ses côtés, dans cette cuisine désertée, dans ce bar qui lui appartient. Les mains encore humides, il dépose un baiser sur ses lèvres, l’aide à redescendre du comptoir et l’entraine dans les petit escalier étroit à l’arrière du bar. Les marches en bois craquent sous leur poids, alors que le rez-de-chaussée est désormais parfaitement silencieux. Ils passent une porte qui n’est pas verrouillée — elle ne l’est jamais — et arrivent dans le studio d’Aron. La pièce est plongée dans le noir. Le mur du fond, qui donne sur la rue commerçante, est percée de grandes fenêtres qui font entrer la faible lumière des réverbères. Dans la plus pure tradition suédoise, celles-ci ne comportent aucun volet, aucun rideau — on a rien à cacher, chez nous. Les baies cadre des vues sur le bâtiment voisin, de l’autre côté de la rue, et sur un bout de ciel étoilé. « Welcome to my home away from home. » il annonce, avec un geste embrassant la trentaine de mètres carrés de la pièce, en allumant une petite lampe sur pied, à côté de la porte d’entrée.

Machinalement, il enlève ses chaussures et les abandonne à côté de la porte — encore un conditionnement parfaitement scandinave. Il fait quelques pas jusqu’au grand lit qui trône contre le mur, allume une seconde lumière — trahissant l’absence de plafonnier dans le studio, puis s’assied au bord du lit. Il étire ses épaules fatiguées, laisse échapper un bâillement. June est toujours prête de la porte, détaillant le petit appartement avec curiosité. Il n’ose pas lui demander son avis sur les lieux. Il n’a jamais investi beaucoup d’argent ou d’énergie dans l’aménagement de ce studio, à vrai dire. Pas autant que sa vraie maison, au sud de l’île, en tout cas. Comme pour détourner son attention — et parce que la question est restée en suspend dans son esprit tout ce temps — il l’interroge : « Do you think she’ll like me? »
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyMer 4 Nov - 23:07


Il y a un peu d’appréhension, sous sa question. Lacée entre les mots, une pointe d’anxiété qu’elle ne pensait pas ressentir ce soir. À vrai dire, elle ne pensait pas non plus lui proposer de rencontrer sa fille - elle ne pensait pas que sa fille, un jour, se trouverait à Visby. Elle avait envisagé la possibilité comme une chose lointaine, qui arriverait peut-être un jour, quand Rose aurait grandi et aurait pu faire le choix de venir retrouver sa mère. Quand elle aurait fini par demander à Jasper de découvrir l’endroit qui avait fini par adopté Juniper. En y repensant, la libraire se rend compte qu’elle se projette, qu’elle a imaginé toute une vie à Visby, et qu’elle ne pourra certainement pas retourner aux États-Unis. Elle ne saurait pas comment reprendre une vie à San Francisco, avec ses innombrables habitants, ses voitures par milliers et ses boulots à mourir d’ennui. Juniper se rend compte qu’elle a une vie, à Visby, loin de sa fille, et elle en est à la fois ravie et remplie de culpabilité. « I want to meet her too. » Un soupir s’échapper de ses lèvres, une respiration qu’elle n’avait pas remarqué retenir. « Believe me or not, but kids love me. I don’t know why. I certainly don’t do anything to appeal to them. »  « I know why », répond la libraire du tac-o-tac.  « You look like you live in the middle of the wood, you know, like those adventurers they read about or watch on tv. » Un sourire en coin étire ses lèvres.  « But really, they like you because you’re kind. Kids can tell. »

Les minutes filent, apaisées, comme s’ils n’avaient jamais frôlé la dispute née de longues semaines de séparation. D’une communication branlante. De non-dits dans une relation somme toute naissante. June parle, Aron intervient, ici et là, en faisant la vaisselle. Ils traversent le bar, elle le découvre sous un autre angle : elle observe les coulisses, les murs que ne voient jamais les clients, sent sous ses pieds les marches qui craquent. « Welcome to my home away from home », offre Aron en la laissant entrer dans le studio qui lui sert de refuge quand il ne peut pas rentrer à Götland. La pièce est simple, peu habillée, mais les fenêtres sont grandes. D’un geste, June retire ses chaussures tout en observant la pièce où elle n’est jamais vraiment entrée. Elle s’apprête à ouvrir la bouche, à lui dire que ça manque un peu de décoration, sur un ton taquin, mais elle le voit étirer son corps fatigué par les dernières semaines à Stockholm, par la journée de travail. La question la prend par surprise alors que ses yeux, après avoir observé la pièce, détaille le visage d’Aron.

« Do you think she’ll like me? »

La question de présenter Rose à un autre homme, un autre compagnon, ne s’était jamais posée. Savoir si Rose allait apprécier le dit compagnon, encore moins.

June s’approche et vient s’asseoir sur le lit, près d’Aron. Elle prend son temps, se tourne pour lui faire face, passe une jambe sur les siennes et glisse ses mains autour de son bras. Elle ne l’a pas touché, ces dernières semaines, et la sensation de sa peau sous ses doigts lui manque encore un peu.  « I think she’ll love you », finit-elle par lui répondre, ses doigts glissant doucement du creux de son coude à l’intérieur de son poignet.  « In fact, you’re quite alike. She’s like those bubbly children who talk all the time. She’s more of an observer, and a good one at that. She’s brillant, and really kind. She’s a dreamer too, like my brother. » Sa main remonte et se pose sur la joue d’Aron qui la regarde. Elle peut sentir la barbe qui commence à pousser, sous ses doigts, l’ombre de fin de journée.  « She would love the crown shyness, too. »  Un ange passe et June laisse le silence s’installer. Pose son menton sur l’épaule d’Aron pour venir l’embrasser. Laisse redescendre son bras pour venir les passer autour de sa taille, glissant une main sous son pull, tout contre sa peau chaude.  « I’m happy she’s here. It has been a weird couple of weeks, but I’m really happy to see here. » Et si à une époque Juniper pouvait être simplement heureuse, d’autres émotions la tiraillent aujourd’hui. Culpabilité, incompréhension, remords, impatience, amour maternel…  « But I’m a bit scared of the day she’ll leave. »
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MessageSujet: Re: a closeness ~ juniper   a closeness ~ juniper EmptyMer 11 Nov - 17:55

L’instant est doux, hors du temps, comme un morceau de musique qu’on voudrait ne jamais entendre s’arrêter. Juniper le rassure en chuchotant — ce qu’ils partagent, là, tous les deux, est trop précieux pour en parler à voix haute, dans cet immeuble silencieux au bout milieu de la nuit. Toute trace d’inquiétude à disparu de sa voix, et Aron ferme doucement les yeux en l’écoutant, savourant sa manière d’arrondir les consonnes de sa langue maternelle et de délier les syllabes.

Dans la pénombre du studio, leurs peaux se retrouvent enfin, après de longues semaines à vivre si loin l’un de l’autre. Il sent sa main dans le bas de son dos, accueille son visage dans le creux de son épaule, retrouvant l’odeur désormais familière de Juniper dans ses cheveux. Lui qui l’avait entrainé dans les escaliers avec l’empressement à peine dissimulé d’un adolescent, il n’avait besoin de rien de plus, en cet instant précis.

« I’m a bit scared of the day she’ll leave. » Son ton s’est un peu voilé. Instinctivement, il passe son bras autour de ses épaules, l’attire un peu plus à lui. Ils s’étendent finalement de tout leur long sur la couette, enlacés.

« You don’t need to think about this tonight. »
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