Roses and Ruins
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 i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)

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Annika Bergman
Annika Bergman
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Âge : Trente-deux ans
Adresse : Retour au domicile parental, chambre d'adolescente à la décoration douteuse. (Jakobsgatan 12, Ny Stad)
Occupation : Mère célibataire/enseignante/doctorante en littérature classique nordique.
Réputation : Celle qui est partie et que l'on pensait ne jamais revoir (trop occupée à jouer les intellectuelles - ou à boire des verres au bar avec cet air hautain qu'elle promène partout).

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MessageSujet: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyJeu 27 Déc - 13:34


i keep wondering at night, i keep looking at the dawn.
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Retour au pays. Retour au pays de la nuit, où quelques heures d'un soleil timide viennent éclairer le jour, quand la pénombre s'abat sur le reste du temps, enveloppe de velours, dans laquelle on aime se plonger. Annika, elle, n'a jamais été grande amatrice de ces jours où règne l'obscurité, dont elle attend avec impatience la fin, annonciatrice du retour des beaux jours. Depuis toujours - en tous cas, depuis qu'elle est en âge de sortir seule - elle préfère passer ses soirées d'hiver au pub, pinte à la main, plutôt qu'au coin du feu de la demeure familiale. Cette habitude, elle l'a perdue à Stockholm, où la nécessité de fuir le domicile familial s'est faite moins présente.

Pourtant, de retour à Visby, les vieilles habitudes n'ont pas tardé à revenir, et c'est sans surprise qu'Annika préfère, ce soir, passer un moment accoudée au comptoir en bois d'un bar qu'elle connaît par cœur, plutôt qu'avec ses géniteurs. Ici, un mardi soir, elle ne risque pas de croiser trop de visages connus ; seulement des âmes solitaires en manque d'une compagnie bienveillante, sans regards lourds de sens et sans questions malvenues. Sans prévenir qui que ce soit (sa mère désapprouverait, mais Annika affirme qu'une femme de trente-deux ans n'a de comptes à rendre à personne), elle enfourche son vélo et prend la direction du pub.

Les portes franchies, elle se dirige - presque un automatisme - vers le comptoir, auprès duquel elle s'installe. « Annika ! Ca alors ! » S'exclame le barman, à qui elle adresse un sourire. Il est de ces visages familiers qu'il est toujours bon de revoir. « Hey ! Comment tu vas ? » A croire qu'elle était là il y a encore quelques jours, quand en réalité ça fait un peu moins d'un an, à l'occasion du précédent anniversaire de sa mère. « Je vais te prendre une pinte. » Réflexe encore ; il sait quelle bière lui servir, avec juste un peu de mousse, exactement comme elle l'aime. Pourtant, Annika se ravise, moue contrariée sur le visage. « Ou non, Gustav, plutôt un jus de tomate. » De l'autre côté du comptoir, l'homme acquiesce, et silencieusement, Annika le remercie de ne pas relever ce choix (pour le moins insolite venant d'elle). Personne ne sait, et elle aimerait que les choses restent ainsi. Profiter encore un peu de cette insouciance feinte, ignorer ce qu'il se passe à l'intérieur de son corps depuis quelques semaines déjà.

C'est sur cette pensée qu'Annika commence à siroter son jus, déposant un regard nostalgique sur l'endroit, théâtre de nombre de ses frasques adolescentes. Alors, un fantôme surgit, venu lui aussi de ce passé, qui ne cesse de la rattraper.


Dernière édition par Annika Bergman le Mar 23 Juil - 17:00, édité 10 fois
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Aron Strömquist
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Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyJeu 27 Déc - 19:42


i keep wondering at night, i keep looking at the dawn.
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La journée avait démarré comme toutes les autres. Le Black Sheep était sorti de son sommeil en fin de matinée, sans se précipiter, alors que Smedjegatan était animée depuis plusieurs heures déjà. La petite rue était bercée par les allers et venues des quelques touristes égarés - « pour les ruines ce sera la première à gauche au bout de la rue! », par des suédois pressés et par le bal des camions de livraisons. A cette heure-ci, la plupart des autres établissements terminaient de servir leurs brunchs - un concept qui faisait lever les yeux au ciel à Aron - ou préparaient leur premier service du déjeuner. Au Black Sheep, on commençait seulement à s’atteler à la plonge de la vieille, que personne n’avait eu le courage de terminer.

Sans avoir pris la peine d’ôter son épais blouson, Aron avait commencé sa journée comme à son habitude. Ses employés connaissaient sa routine par coeur : l’homme était réglé comme du papier à musique. Après avoir réceptionné les livraisons de boissons et fait le tour de la salle, placé quelques chaises et tabourets à l’extérieur et fait les comptes dans le placard à balais qui lui servait de bureau, s’en suivait généralement une dispute avec sa soeur sur le menu du jour. Mais aujourd’hui, la commande de boissons avait été incomplète, les comptes de la vieille étaient complètement incohérents et Hilda était malade, l’obligeant à avoir lui-même une conversation laborieuse sur la préparation du boeuf avec leur nouveau chef, un estonien entêté.

Toute la journée avait été ponctuée de contrariétés, et pour chacune d’entre elle, Aron semblait bouillonner intérieurement un peu plus. Un orage avait éclaté en début d’après-midi - un fait plutôt rare à Visby, où le ciel était gris pâle toute l’année. Une tireuse à bière avait lâché. Inge avait manqué de se tordre une cheville en plein service. C’était une journée qui ne semblait pas vouloir se terminer avant d’avoir usé de toute la patience d’Aron. L’aîné des Stromquist n’avait jamais eu un goût prononcé pour les surprises, l’inattendu, ou ne serait-ce que de légers changements. Il appréciait la quiétude de la routine, la fiabilité du familier.


- ✢ -


La salle résonne de quelques rires et de conversations vives. Le poêle au coin de la pièce dégage sa chaleur et l’odeur de boulettes de viande se mêlent à celle de la bière. Aron s’affaire sur la pièce défectueuse de la tireuse à bière dans la cuisine, comptant les heures qui le séparent de la fermeture salvatrice du bar.
« Annika! Ca alors! » la voix de Gustav émerge parmi le brouhaha venu de la salle. Aron fronce les sourcils, soudain pris d’une inquiétude qu’il ne s’explique pas. Comme pour se persuader qu’il s’agit d’une hallucination auditive, il se remet à tirer de toute ses forces sur la pièce métallique. Pas de doute, pourtant : c’est bien une intonation féminine qui se détache des conversations des habitués masculins. Annika? Son corps se fige alors que son esprit s’agite soudain. Le trouble ne dure qu’un quart de seconde : Aron décide d’en avoir le coeur net et se dirige vers la salle.

Les portes battantes s’ouvrent sur elle, accoudée au bar, droit devant. Elle échange avec Gustav et ne le voit pas tout de suite ; tant mieux, ça lui laisse le temps de retrouver une contenance. ll troque sa surprise pour sa traditionnelle mine renfrognée, avec un détachement tout étudié. Il avance vers elle, se racle la gorge.
« Annika? Hey. » Aron est soudain reconnaissant d’avoir ce bar fermement ancré entre eux, les gardant à distance. Il ne sait pas bien s’il doit lui offrir une accolade, une poignée de main…? Comme pour désamorcer la question, il prend un torchon et essuie frénétiquement ses mains pleines de graisse. « Hilda est pas là, elle est malade. » Il ne sait pas pourquoi il a lancé ça si froidement. Il ne sait plus comment être avec elle après tout ce temps, après tout ça.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyVen 28 Déc - 14:50

Aron, Annika, et entre eux un vieux comptoir en bois, dernier rempart à leurs retrouvailles. Elle ne le voit pas immédiatement, jusqu'à ce qu'il l'interpelle d'une voix grave et reconnaissable parmi mille. "Annika? Hey." Dire qu'elle n'a pas pensé à lui serait mentir. Dire que ce soir, en particulier, en entrant dans ce bar, son visage n'a pas traversé son esprit, aussi. Elle savait que le risque de le croiser était existant, mais de mémoire, il ne travaillait pas le mardi soir. Elle a dû se tromper, ou bien les choses ont changé. Rien n'est immuable, et c'est pourtant l'impression que lui procure Visby et ses habitants, figés dans un quotidien réglé comme du papier à musique. Annika le dévisage, lui non plus n'a pas changé.

« Aron Stromquist. Toujours dans le coin, alors ! » Lors de son précédent passage, il était absent, mais les années qui se sont écoulées ne semblent l'avoir affecté ; il ne se fond que de mieux en mieux avec son pub, dont la décoration rustique et brute fait écho au tempérament d'ours mal léché de son propriétaire.

Hilda est absente, lui annonce-t-il. Annika hausse les épaules, indifférente. Elle n'avait pas pour objectif de voir sa sœur, tant la décision de se rendre au Black Sheep avait été irréfléchie et impulsive. Elle avait simplement besoin d'air, de quitter l'étouffant carcan familial. « Oh, ça n'est pas très grave. Je voulais sortir de toute façon. Elle n'est pas trop malade, j'espère. »

Le silence se fait alors, laissant planer entre eux l'ombre des souvenirs d'un temps qui paraît bien lointain à Annika. Les soirées en tête-à-tête, bières à la main, à refaire le monde et à parler de tout, la vie, la famille, l'amour aussi. Ils auraient pu vivre longtemps ainsi, mais il a fallu qu'Annika parte, et tout a cessé. Sourire en coin, elle lâche, sur le ton de la plaisanterie (comme s'ils ne s'étaient jamais quittés) : « Ca fait un moment qu'on s'est pas vus, hein. Combien de temps, déjà ? » Elle l'interroge, car sa mémoire des dates est bien fluctuante. Pour Annika, rien d'autre n'a jamais cours que le temps présent, abandonnant sans s'en apercevoir ceux qui ne peuvent la suivre.


Dernière édition par Annika Bergman le Lun 7 Jan - 8:07, édité 2 fois
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyVen 28 Déc - 22:13


i keep wondering at night, i keep looking at the dawn.
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Annika semble détachée, comme à son habitude. Doucement, les épaules d’Aron se décrispent. Il se racle à nouveau la gorge, pour meubler le silence ou pour faire sortir les mots qui y restent coincés, il ne sait pas trop. « Oh, ça n'est pas très grave. Je voulais sortir de toute façon. » Le ton trainant et décontracté que la jeune femme l’agace un tantinet. Il aurait sans doute préféré un malaise un peu pesant, symétrique, quelque chose qu’il aurait pu briser en lui offrant une pinte, et passer à autre chose. Et puis, elle l’a pris par surprise. Aron n’aime pas les surprises - si cela avait encore besoin d’être précisé. Il y avait quelque chose de déséquilibré dans ces retrouvailles.

« Elle n'est pas trop malade, j’espère. » Ni lui ni elle n’est réellement préoccupé par le sort de sa soeur, il peut le sentir dans sa voix. Il répond malgré tout : « Elle survivra. » parce que c’était le genre de chose qu’il disait, Aron. Tout le monde savait qu’il tenait profondément à sa famille mais il n’était pas du genre à s’épancher ou à partager ses inquiétudes - sauf peut-être s’il s’agissait de la progression de son équipe de hockey favorite.

A défaut de savoir quoi ajouter, Aron pose le torchon qu’il a dans les mains sur la surface du bar et fait mine de l’essuyer. Il n’a jamais eu la sensation de devoir « faire la conversation » avec Annika. Elle savait que ce n’était pas un homme très loquace et elle-même n’était pas du genre à parler pour de rien dire. Ils se comprenaient en peu de mots, riaient des mêmes choses. Alors qu’il essaie de faire disparaitre une trace incrustée dans le bois depuis 2003, elle poursuit :
« Ça fait un moment qu'on s'est pas vus, hein. Combien de temps déjà ? » Prudemment, il lâche son torchon, s’appuie sur le comptoir, face à elle, et fait mine de se creuser la tête. « Oula, ça doit faire au moins… » Il sait très bien. Il pose enfin son regard, fuyant jusqu’ici, sur la jeune femme, en écarquillant les yeux. Annika semble se prendre au jeu et penche légèrement la tête sur le côté. Elle aussi sait très bien. Le manège se poursuit quelques fractions de secondes supplémentaires, pendant lesquelles il remarque ses cheveux plus longs et de nouvelles bagues venues compléter sa collection à chaque main. Sa fossette - à gauche de sa bouche - et son parfum n’ont pas changé. Il conclu brusquement « …deux ans? » pour se sortir de ses contemplations furtives.

Ils se regardent en silence pendant la plus longue des secondes, avant qu’Aron ne détourne à nouveau les yeux vers le comptoir. Son visage reprend son expression par défaut : il fronce les sourcils en voyant le verre d’Annika. A la place de sa traditionnelle pinte, un verre de jus de tomates semble s’être égaré entre ses doigts. Il la toise en grimaçant : « Stockholm t’a changé, dis moi! » Il sait qu’elle prendra ces mots sur le ton de la plaisanterie - et c’est l’intention première de son invective - et espère qu’elle ne relèvera pas la pointe de rancoeur dans sa voix.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 30 Déc - 15:46

« Elle survivra. » , répond Aron, laconique et impassible. Annika n'est pas surprise, car l'homme qui lui fait face est davantage connu pour sa bougonnerie que pour son côté bavard. La présence de la jeune femme n'y est certainement pas pour rien, tant entre eux, les choses se sont finies dans un flottement, une bulle qui ne demande qu'à être percée. Mais pas tout de suite ; l'un comme l'autre semblent décidés à feindre une entente cordiale et amicale. Comme si de rien n'était.
Il s'acharne sur une tâche, Annika réprime un sourire mais ne commente pas : comme si, en partant, elle avait perdu le droit à ces sarcasmes qui faisaient leur intimité.

Tous deux se perdent dans le silence d'une réflexion feinte, cherchant à se souvenir de la date de leur dernière rencontre. Aron écarquille les yeux, qui sous la lumière jaune des éclairages tamisés brillent de reflets verts. Annika les observe sans mot dire ; elle a toujours aimé les yeux des Stromquist, d'abord chez son amie Hilda, avant de les retrouver avec plaisir chez Aron. Il finit par lâcher : « ...deux ans ? » Annika acquiesce, jouant tranquillement avec l'une des bagues qui ornent ses doigts. Que le temps a passé vite, se dit-elle, et pourtant que ces deux années ont été remplies. Elle aimerait savoir tout ce qu'il s'est passé dans la vie d'Aron depuis cette date, mais se garde de demander. En temps normal, elle n'aurait pas hésité, mais ce soir, elle se retient. Physiquement, seul un comptoir les sépare. Et pourtant, ils semblent si loin l'un de l'autre. « Ca doit être ça, oui. Time flies when you're having fun! »  ajoute-t-elle sur un ton enjoué (sans bien savoir pourquoi). Elle rit doucement.

Aron avise son verre de jus de tomates, et ne peut manquer de le souligner d'une remarque sarcastique. « Stockholm t'a changée, dis-moi ! »  Annika rit, plus franchement cette fois, à cette boutade qu'elle décide de prendre comme telle, et non comme la critique amère qu'elle pourrait être. Le ton n'a rien d'agressif, et Aron ne l'a pas habituée à ce genre d'attitudes : quand il a quelque chose à dire, il le dit. Elle conclut donc qu'il ne s'agit là que d'une plaisanterie. « J'ai décidé de mener une vie plus saine. »  dit-elle sourire en coin, comme une plaisanterie, car quiconque la connaît un minimum sait que le mot sain n'a jamais fait partie de son vocabulaire. « Mais tu sais quoi ? C'est pas si terrible, le jus de tomates. »  Elle lève son verre en sa direction. « Tu veux pas lâcher ton bar deux minutes et m'accompagner ? Promis, je te jugerai pas si tu prends une bière. » Et encore, elle se marre, Annika. Ce soir, elle n'a pas envie de parler de ses problèmes, de la véritable raison de son retour et de son goût nouveau pour les boissons sans alcool. Ce soir, elle a simplement envie de retrouver son vieil ami, et de disperser le nuage de malaise qui plane au dessus d'eux.


Dernière édition par Annika Bergman le Lun 7 Jan - 8:07, édité 1 fois
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 30 Déc - 22:41


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« J’ai décidé de mener une vie plus saine. » Un petit rire moqueur lui échappe. Il arrive presque à la revoir, deux ans plus tôt, au réveillon du Nouvel An, debout sur le bar en train de chanter - d’hurler serait plus correct - une chanson paillarde. Lui-même n’était pas en meilleur état… mais il n’avait jamais prétendu vouloir mener une autre vie que celle qu’il avait toujours connu. « Saine? Toi? » Le sourire sarcastique qu’il ne peut pas s’empêcher d’afficher le déride un peu, décontracte  ses muscles. « Mais tu sais quoi ? C'est pas si terrible, le jus de tomates. » Il baisse les yeux avec une mine de dégoût, passant la main sur son visage, d’un air meurtri. Il se revoit, cette nuit-là,  descendant un énième shot de Jamerson avec elle, chancelante, pendant qu’Hilda ramenait déjà la tournée suivante, perchée sur les épaules d’un inconnu. Alors qu’elle tournait sa paille dans le liquide rouge épais, il se demandait ce qui a bien pu se passer, depuis la dernière fois. Il n’arrive pas à croire qu’elle ait changé juste comme ça. Encore moins que ça puisse être pour un homme. Ce n’était pas le genre d’Annika. Ou peut-être que si? Il pouvait se passer beaucoup de chose en l’espace de deux ans - lui n’avait pourtant pas l’impression d’avoir changé d’un iota.

« Tu veux pas lâcher ton bar deux minutes et m'accompagner ? Promis, je te jugerai pas si tu prends une bière. » « …manquerait plus qu'ça! » Aron lance un regard autour de lui, comme pour trouver un prétexte qui pourrait le tenir loin d’Annika. Il n’arrive pas à savoir pourquoi il se sentait si prudent auprès de cette fille qu’il a toujours connu. Tout chez elle lui était familier. Sauf peut-être cette infâme boisson qui trônait devant elle bizarrement. Comme s’il y avait un bug dans la matrice. Ils avaient franchi une barrière tous les deux, avant son départ. Comment revient-on à une conversation entre amis lorsqu’on a passé la nuit ensemble? Aron n’avait jamais été réellement confronté à cette situation - il ne couchait pas avec ses amis, d’ordinaire - et se détestait à l’idée que ça puisse tant l’affecter. Annika semblait moins se poser de questions ; peut-être suffisait-il de suivre son exemple, de faire comme si de rien n’était. Elle ne lui laissait pas trop le choix, à vrai dire, en lui lançant ironiquement son regard de chien battu. Il lève les yeux au ciel, vaincu, et attrape un verre de bière vide qu’il remplit avec l’habilité et la précision de celui qui fait depuis de nombreuses années. D’un pas hésitant, il vient s’assoir aux côté d’Annika et s’accoude à son tour sur le comptoir. Un silence, un peu moins pesant, s’installe à nouveau entre eux ; il sent son regard sur lui alors qu’il boit une première grande gorgée de sa pinte. Finalement, il se lance maladroitement : « Comment va ta famille? » Lui-même ne sait pas bien pourquoi il a démarré par là, et cela ne manque pas de faire lever un sourcil à son interlocutrice. « …j’imagine que t’es là pour les fêtes? » il ajoute, brusque, en essayant de se rattraper. La conversation est un art qu’Aron Stromquist ne maîtrise pas, visiblement.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyMer 2 Jan - 16:59

Alors qu'Aron se sert une pinte sous le regard d'Annika - elle note son expertise, pas la moindre erreur dans ce geste familier - le silence se fait. Il est différent, ce silence, de celui qui les accompagnait parfois dans leurs longues soirées, où parler semble superflu. Non, ce soir, c'est le silence de ceux qui n'ont rien à se dire, qui ont peur de parler au risque de commettre une bévue, prononcer les mauvais mots, détruire le souvenir d'une alchimie lointaine. Il passe de l'autre côté du bar, la frôle. Ce simple geste involontaire réveille en Annika les souvenir de la nuit qu'ils ont partagée, qu'elle avait jusque là décidé d'enfouir dans les tréfonds de sa mémoire ; d'un geste léger de la tête, elle entreprend de balayer cette pensée de son esprit. Nul besoin de rendre les choses encore plus dérangeantes.

« Comment va ta famille ? » finit par demander Aron, arrachant à Annika un haussement de sourcils. « J'imagine que t'es là pour les fêtes ? » Ça ne lui ressemble pas, de s'intéresser à ça, et franchement elle préférait presque encore le silence cotonneux dans lequel ils évoluaient jusqu'alors. Regard interrogateur et sourire goguenard se dessinent sur le visage de la jeune femme. « Depuis quand ça t'intéresse ? » C'est ni un reproche, ni un compliment : seulement un constat, prononcé sur un ton presque moqueur. « Enfin, ils vont bien, puisque tu demandes. Je suis là pour les fêtes, et... Sûrement un peu plus longtemps. » Annika baisse le regard vers ses bagues, joué avec l'une d'entre elles (une pierre verte sur un anneau en argent, à peine trop grande pour son doigt).

Comment annonce-t-on à l'homme qu'on a quitté après une seule nuit que l'on est de retour, enceinte d'un autre quitté lui aussi, et peu encline à en parler ? Comment on efface deux années d'absence sans justification, sans tentatives de communication ? Comment on fait comme si de rien n'était, comme si on était toujours deux ados un peu sauvages ? Elle sait pas, Annika. Alors elle laisse les mots faire le travail. « Bon, en fait, je reviens m'installer ici, à Visby. » Elle sait que ses mots peuvent faire l'effet d'une bombe, et pourtant elle espère que non. Tout ce qu'elle veut, Annika, c'est retrouver son ami Aron. Tout simplement. « N'en faisons pas toute une histoire, ok ? Je rentre, voilà, point. »  Déclare-t-elle d'une voix tranchée, ne laissant guère de place à la discussion. « A la tienne. », ajoute-t-elle, tout aussi sérieuse, en tendant son verre vers son ami.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyMer 16 Jan - 22:22

Leur échange a quelque chose de convenu et poli ; ça ne leur ressemble pas. Aron porte le verre à ses lèvres pour ne pas laisser ce moment de flottement durer trop longtemps. Annika laisse le silence planer quelques secondes de plus, juste assez pour qu’il commence à se questionner sur la raison de sa présence ici, au Black Sheep. Elle devait bien se douter qu’il serait là — il est presque toujours là. Et même quand il n’est pas sensé être là, il n’est jamais qu’à une volée d’escalier de vérifier l’assaisonnement des cuisses de poulet ou l’approvisionnement en alcool. Alors qu’elle a les yeux rivés sur ses phalanges, visiblement préoccupée, il ose enfin poser les siens sur elle. Ses cheveux blonds décoiffés cachent la moitié de son visage, mais il distingue son regard un peu cerné — rien de franchement inhabituel, une mine grave qu’il ne lui reconnait pas, et sa bouche à peine entrouverte. Alors qu’il n’est qu’à quelques centimètres d’Annika, elle lui semble bien loin.

Il commence à croire qu’elle vient pour parler de cette fameuse nuit. Bien sûr qu’ils étaient tous les deux ivres, bien sûr que ce n’était pas la meilleure des idées — elle le son rarement, après une telle quantité de whisky ingurgitée. Ce début de réflexion est stoppé net : « Bon, en fait, je reviens m'installer ici, à Visby. » Son verre, à nouveau levé vers sa bouche, reste en suspens. Il cherche son regard, mais elle continue de se cacher derrière ses mèches décolorées par le soleil. Avant que son esprit ne réussisse à saisir toutes les implications de cette annonce brutale, sa bouche esquisse déjà un sourire, qu’il tente tant bien que mal de réprimander. Brusque, elle devance sa réaction : « N'en faisons pas toute une histoire, ok ? Je rentre, voilà, point. » Sa voix est dure, son ton ne laisse pas de place à la tendresse des retrouvailles, à la joie des félicitations, aux réjouissances… et déjà le sourire d’Aron s’efface derrière sa barbe. Son retour est visiblement forcé, et il n’y a rien de pire qu’être avec quelqu’un qui préférerait être ailleurs. « A la tienne », elle ajoute, sur le même registre, et il cogne son verre contre le sien, silencieusement. Après une nouvelle gorgée, et un silence qui semble durer une éternité, il lui lance avec une lassitude teintée d’agacement : « A cause de quoi? Ou de qui? »

Il semblait évident qu’elle ne rentrait pas pour la beauté du port ou pour le burger au saumon du Sheep ; elle était contrainte, et par delà sa vexation — qu’il ne s’expliquait pas tout à fait, d’ailleurs — il était curieux de connaître le motif de son retour au bercail.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptySam 19 Jan - 10:28

Annika le sent : ils marchent sur deux œufs, et ça ne leur ressemble pas. Elle avait espéré des retrouvailles sans drame (en réalité, elle n'avait surtout pas réfléchi à la question, s'était même refusée à le faire, ne voulant pas remuer les souvenirs de la dernière soirée qu'ils avaient passée ensemble). Mais voilà, le fait est que le choix n'est plus : ils sont là, l'un face à l'autre, à se regarder en chiens de faïence et tenter de faire comme si de rien n'était. Le malaise est palpable et l'air s'est passablement alourdi.

Quand elle annonce son retour, elle voit bien les commissures des lèvres d'Aron qui commencent à se redresser en un sourire narquois. Annika ne parvient à imaginer ce qu'il peut penser et l'interrompt tout aussi net. Sa déclaration le laisse muet un instant, et le silence se fait de nouveau. Elle boit son jus de tomate. Rien à ajouter. Finalement, c'est son interlocuteur qui vient rompre - enfin - le mutisme. « A cause de quoi? Ou de qui? » Elle croise les bras sur sa poitrine et le dévisage froidement, contrariée. Dans sa voix, la pointe d'agacement est perceptible. Soudain, elle regrette. Elle regrette d'être venue ici ce soir, de l'avoir vu, de lui avoir parlé. Elle regrette peut-être même d'être rentrée à Visby, où même ceux qui prétendent au titre d'amis lui posent les questions qui la dérangent. Ou peut-être regrette-t-elle simplement qu'il ait posé cette question, cette interrogation précise qui devrait la contraindre à révéler sa situation.

« Sérieusement ? » L'interroge-t-elle, regard dur et visage fermé. « Aron, tu penses vraiment que j'ai besoin de quelqu'un pour rentrer à Visby ? Tu crois que je fuis, c'est ça ? » Malgré elle, Annika se rend compte que c'est peut-être ce qu'elle fait ; aussi bien quand elle a quitté la ville il y a des années, qu'aujourd'hui. Mais que serait Annika Bergman, grande gueule notoire, si elle reconnaissait fuir à la moindre difficulté relationnelle ?
Elle reprend quelques gorgées de jus, détournant le regard - et son attention - d'Aron. « Je commence à me dire que j'aurai mieux fait de ne pas revenir. Rien n'a changé, ici, apparemment. » Provocation, mauvaise foi à son comble et caractère impitoyable ne font pas bon ménage avec les retrouvailles chaotiques des deux anciens amis. Elle devrait partir, Annika, quitter le bar en claquant la porte et sortir la tête haute. Pourtant elle reste là, boudeuse et muette, comme dans l'attente de la réplique tempétueuse.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 20 Jan - 14:29

« Sérieusement? » Sa voix tranche l’air comme un couteau. L’espace d’une seconde, Aron a l’impression que les discussions se sont interrompues et que le regards se sont posés sur eux. Il tourne la tête vers la salle et les quelques paires d’yeux curieuses se détournent hâtivement. Il sait qu’il a touché une corde sensible chez Annika. Il sait qu’il n’y a pas plus grande insulte que de sous-entendre qu’elle n’est pas la femme indépendante et autonome qu’elle présente au monde. « Aron, tu penses vraiment que j'ai besoin de quelqu'un pour rentrer à Visby ? Tu crois que je fuis, c'est ça ? » Une réponse lui brûle les lèvres, mais il se ravise juste à temps. C’est ton truc, pourtant, non? Ça aurait été gratuit, mesquin, et plutôt infondé. Ça aurait heurté son égo à elle, mis un peu de pommade sur le sien à lui, brièvement… mais Annika ne méritait pas qu’on s’attaque à elle comme ça. Elle ne lui devait rien, il en était conscient.

Elle le regarde avec véhémence, piquée à vif et visiblement surprise de se transformer soudain en cible. La question paraissait pourtant innocente ; elle et lui savaient qu’il n’en était rien. Il soutient son regard, presque défiant. Il marmonne dans sa barbe : « T’as pas l’air enchantée d’être de retour, c’est tout. » mais Annika a déjà détourné son attention vers son jus de tomate.

Aron pose ses avant-bras sur le comptoir en bois, croise les doigts autour de sa pinte. Il essaie de comprendre comment la situation a pu lui échapper en l’espace de quelques minutes, alors que la vision d’Annika accoudée au bar aurait du constituer la meilleure nouvelle de sa semaine — si ce n’est pas de son mois. Le silence ne dure pas, et l’agacement d’Aron n’a pas encore eu le temps de retomber que déjà la jeune femme renchérit : « Je commence à me dire que j'aurai mieux fait de ne pas revenir. Rien n'a changé, ici, apparemment. » Il tourne brusquement la tête vers elle, ne cherchant plus à cacher son irritation. Deux ans semblent avoir été suffisants pour qu’il occulte le caractère de cochon d’Annika. Il hausse les sourcils vers elle, attendant qu’elle se reprenne, qu’elle mette ses paroles sur le compte de la fatigue, de ses parents qui la contrarient — tout aurait pu faire l’affaire, mais l’excuse ne vient pas. « Apparemment rien te retient ici, hein. » Il se lève brusquement du tabouret, comme s’il était prêt à en découdre. « T’as toujours été parfaitement claire là-dessus. » Il n’aura pas fallu longtemps pour que les vieilles rancoeur refassent surfassent. Il attrape sa pinte, la vide en deux grande gorgées et repose brutalement le verre sur le bar. Il rassemble toute son énergie pour adoucir sa voix : « C’est pour ça que je me demande ce que tu reviens foutre dans ce coin paumé. » mais son ton est acerbe sur les deux derniers mots. Annika se trouve trop bien pour Visby? Bien. Mais rien n’oblige Aron à accepter d’être son paillasson.

Cette conversation commence sérieusement à le contrarier ; machinalement, sa main glisse vers la poche arrière de son pantalon, d’où il sort un paquet de cigarettes entamé. Il s’apprête à tourner les talons et à aller fumer sa clope sur le trottoir, laissant Annika et sa mauvaise foi au bar, mais c’est sans compter sur la pugnacité de celle-ci…
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyMar 22 Jan - 10:16

Spoiler:

« T'as pas l'air enchantée d'être de retour, c'est tout. » Il réplique, mais Annika est déjà bien trop contrariée pour accepter d'en entendre plus. Elle brûle d'envie de le prendre comme coupable, bouc-émissaire d'un retour dont il ne peut pourtant être tenu responsable. Le silence s'installe, pesant, et la distance qui les sépare semble un fossé maintenant. Elle a envie de finir son verre d'une traite et de quitter le bar en claquant la porte, ne plus jamais revenir, ne plus jamais le voir. Après moi, le déluge.

Comment passe-t-on d'amis, à amants, puis à des visages fermés et des mots durs qui nous dépassent ? Annika prend une inspiration, volcanique à l'intérieur. Elle sent que ça bouillonne, ça ne demande qu'à sortir. Elle a envie de lui crier tout ce qui la ronge, tout en sachant que ça non plus, Aron ne le pardonnera pas, ne l'acceptera pas. Partir pour une autre vie, revenir en portant en soi l'enfant d'un autre homme ; ce n'est pas comme ça qu'elle avait imaginé son retour à Visby. Annika s'était toujours rêvée en érudite, qui ne rentrerait au bercail qu'une fois accomplie et grabataire. Pourtant, la voilà, là, face au regard noir d'Aron Strömquist. Il semble hésiter, et puis il réplique « Apparemment rien te retient ici, hein. T’as toujours été parfaitement claire là-dessus. » Annika est brièvement désarçonnée par la froideur et la colère qui émanent de lui, comme une aura obscure. Elle le connaît pourtant suffisamment pour ne pas en être surprise - seulement, ça n'a jamais été dirigé vers elle. « C’est pour ça que je me demande ce que tu reviens foutre dans ce coin paumé. » claque-t-il avant de se diriger vers la porte, paquet de clopes à la main. Elle ne répond pas immédiatement, le laisse partir. Inspire, expire, profondément. Annika lui laisse de l'avance et finit son jus de fruit avec une moue agacée (une bière aurait été tellement plus adéquate), avant de se diriger elle aussi vers l'avant du bar.

Là, sur le trottoir, elle retrouve Aron. Autour d'eux, une neige fine, tombée plus tôt dans la journée, orne encore la ville de sa blancheur immaculée. Les rues sont vides à cette heure, et la nuit commence doucement à tomber. Bonnet vissé sur la tête, elle s'approche de lui. « Bon, écoute. Je me suis un peu emportée. » Adoucissement, mais pas d'excuses ; pas dans son vocabulaire. L'interruption de la discussion a été salvatrice - le froid et le calme environnant n'y sont pas pour rien. La neige spongieuse, semblable à du coton, apaise. « Ne nous battons pas, d'accord ? » sa requête est sincère, et en ce moment, elle a besoin de tout, sauf d'ennemis. Annika glisse ses mains dans ses poches, baisse la tête et avec un air dépité, finit par annoncer : « J'ai dû rentrer parce que ma thèse a perdu ses financements. Je donne des cours à la fac ici maintenant, figure-toi. Incroyable, non ? » Elle lâche un petit rire, espérant par la même parvenir à dérider son ami.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptySam 9 Fév - 18:05

Le porte en bois grince, et le voilà sur le trottoir. Le froid du début de soirée lui mord le visage et fait frissonner sa nuque, mais l’air glacé est salvateur. D’un geste d’automate, il sort une cigarette de son paquet, l’approche de ses lèvres en portant son regard au loin, là-bas, sur les touristes qui s’empressent de trouver refuge chez le restaurateur voisin. Aron attrape le briquet qui ne quitte jamais la poche arrière de son pantalon et approche la flamme vacillante de son visage. Le vent, piquant, rend la tâche ardue : il doit s’y reprendre à plusieurs fois, positionner ses mains, puis tout son corps, contre les rafales qui s’engouffrent dans la rue et usent ses nerfs. La cigarette s’allume enfin, alors qu’il s’apprêtait à abandonner, de rage. Il expire une grande bouffée de fumée qui se mêle à la valeur d’eau de sa respiration dans le froid, puis le nuage disparait dans le néant, emportant avec lui un peu de la colère d’Aron.

Le froid apaise son bouillonnement intérieur, aiguise son jugement. Il ne sait pas trop pourquoi il s’en est pris comme ça à Annika. Ou plutôt si, il le sait très bien : cette rancoeur, ça fait presque deux ans qu’il l’entretien, tout au fond de lui, même les jours ou les semaines où il ne pensait pas à elle. Elle ne lui avait même pas laissé la possibilité de mettre les choses au clair, ce matin-là. Ni même de lui dire au-revoir, ou ne serait-ce qu'un « Bon voyage ». Au-delà de la nuit qu’ils avaient passé ensemble et qui l’avait laissé plutôt désorienté, il avait été blessé de voir cette amie de longue date partir sans se retourner. Comme s’il n’avait été qu’un figurant dans un chapitre de sa vie trépidante.

Il recrache une nouvelle volute de fumée vers le ciel assombri. L’air froid s’engouffre dans sa gorge et dans ses narines douloureusement, mord ses doigts et fait larmoyer ses yeux, mais il est bien trop fier pour rentrer chercher de quoi se couvrir. Les réverbères de la rue viennent de s’allumer lorsqu’il entend le grincement de la porte, quelques mètres dans son dos. Il pressent Annika, hésitante, derrière lui. « Bon, écoute. Je me suis un peu emportée. » Il se tourne doucement, porte sa main libre à son visage, se frotte la joue puis le front avec une mine vaincue. « Ne nous battons pas, d'accord ? » Aron sait que cette phrase lui coûte. : Annika a toujours été orgueilleuse et directe, pas vraiment connue pour sa diplomatie. Pour la première fois, il la sent vulnérable, et ne sait pas bien comment accueillir ce revirement. La jeune femme enchaîne : « J'ai dû rentrer parce que ma thèse a perdu ses financements. » L’homme la toise d’abord, prudent : il a du mal à y croire. Mais tout fait sens. « Je donne des cours à la fac ici maintenant, figure-toi. Incroyable, non ? » elle ajoute, le sarcasme à peine voilé. La vision d’Annika, debout devant un groupe de jeunes étudiants à peine pubères, lui arrache un rictus et le fait recracher sa fumée de cigarette avec difficulté. Annika fronce les sourcils, pas bien sûre de savoir si son interlocuteur se moque franchement d’elle ou pas. Il croise son regard perplexe, et hésite. La dernière chose dont Annika a besoin, c’est qu’il lui balance des banalités : « Mais c’est très bien, ça, l’enseignement! »,  « Ca te permettra d’économiser un peu, de souffler…! », « Ca te fera du bien de changer d’air, e profiter de ta famille! » D’autres lui avaient sûrement déjà dit, et bien mieux. Et puis Annika le connaissait suffisamment pour savoir lorsqu’il n’était pas sincère : il ne valait mieux pas essayer.

Le silence qui s’installe entre eux est plus léger, il n’a pas le même goût que tout à l’heure. Le regard qu’il pose sur Annika a perdu de sa dureté et malgré le froid, son visage semble moins tendu. Sous la lumière de leur réverbère, Aron est soudain pris d’un sursaut : il sort son paquet de cigarette de sa poche, fait émerger une clope de l’étui du pouce et de l’index, comme il l’avait fait des centaines — des milliers? — de fois par le passé, et s’empresse de la tendre à la jeune femme. Partager leurs cigarettes faisait partie de ces détails qui scellaient leur amitié — l’intimité un peu caduque qu’ils s’étaient créé. Elle regarde la cigarette, les bras fermement croisés sur sa poitrine, frigorifiée, hésitante. Aron accueille cette indécision avec sa traditionnelle impatience, mais cette fois teintée de surprise plus que de reproche : « Tu bois du jus de tomates, t’as arrêté les clopes… tu vas m’annoncer que tu t’es mise au yoga aussi ?! » et ajoute, sarcastique, dans un anglais accidenté, vestige des blagues qu’ils partageaient il y a de cela des années, lorsqu’ils se moquaient encore ensemble des citadins : « Stockholm really changes people. »
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyLun 18 Fév - 12:43

Les pieds d'Annika viennent se planter sur le trottoir givré, à côté de ceux d'Aron, dont le souffle dessine à chaque exhalation une brume chaude. Elle regarde ses chaussures, qu'elle reconnaît pour les avoir vues quelques années plus tôt au pied de son lit. Deux ans qu'ils ne se sont pas vus, deux ans qui sont passés comme un éclair. Annika n'a jamais été de ceux qui regardent en arrière, et aujourd'hui encore, si elle semble ne pas comprendre les origines de la rancœur d'Aron, c'est parce que pour elle, c'est du passé, du temps oublié. Bien sûr, elle nourrit parfois des rancunes, des colères profondes même, mais jamais bien anciennes ; trop occupée à fuir en avant, sans prendre le temps de se retourner pour voir si la casse n'est pas trop sévère. C'est comme ça qu'elle fonctionne, et aujourd'hui encore, il est difficile pour Annika de penser autrement.

Le jour décline et la ville baigne d'une toute autre atmosphère, adoucie. Leur échange aussi, semble en profiter, alors qu'Aron est manifestement moins hostile qu'au préalable. Les excuses d'Annika et ses explications - quasi complètes - semblent porter leurs fruits, et elle risque un petit sourire en sa direction. Il garde le silence, comme il a toujours su le faire. Il n'est pas un homme de grands discours, et certainement pas quand il n'a rien à dire ; Annika lui en est reconnaissante, désireuse de ne pas poursuivre sur le sujet, encore moins sur des prétextes fallacieux.

Il lui tend une cigarette, calumet de la paix des temps modernes, et la tentation est forte pour elle d'accepter. L'offrande est aussi symbolique, souvenir d'un temps où ils fumaient ensemble jusqu'au bout de la nuit, dissertant sur la vie à Visby et refaisant le monde, parlant voyages pour l'une, animaux et nature pour l'autre. Ils n'ont pas grand chose en commun, quand on y pense, mais ils ont grandi ensemble, construit l'un avec l'autre un monde à part qui, peu à peu, s'est étiolé. Quand il lui propose cette cigarette, ça n'est pas seulement de la nicotine qu'il offre ; c'est un petit morceau de cette vie passée. Pourtant, elle lui adresse un hochement de tête : réponse par la négative. Aron réplique immédiatement, sur un ton sec mais plus calme, teinté d'un agacement presque amusé : « Tu bois du jus de tomates, t’as arrêté les clopes… tu vas m’annoncer que tu t’es mise au yoga aussi ?! Stockholm really changes people. » Il lâche, comme une autre référence à ces plaisanteries qu'ils échangeaient du tac-au-tac, quelques années plus tôt. Annika rit doucement, et force est d'admettre qu'il n'a pas tort : elle a changé, elle change encore, chaque jour un peu plus. Ses remarques, elle se les fait à elle-même, quotidiennement. Qu'est devenue Annika Bergman qui sort, qui boit, qui fume et qui dort peu ? Elle semble avoir laissé la place à une autre personne, et au fond, ça l'effraie. Elle sent son corps se transformer, lui interdisant une bonne partie de ses habitudes peu saines. Elle aimerait pouvoir expliquer à Aron ce qu'il se passe, mais elle n'en est pas capable, car elle ne se l'explique pas encore réellement à elle-même.

« I guess. Mais tu sais, le yoga c'est plutôt pas mal ! » Elle lance en riant, presque comme un aveu, amusée et satisfaite de parvenir à le dérider quelque peu. « Tu devrais essayer, ça te détendrait », le provoque-t-elle, sourire en coin. Elle réalise soudain l'étrangeté de cette remarque au vu de la scène s'étant déroulée précédemment, et si en temps normal elle ne s'en serait pas préoccupée, elle s'en veut presque instantanément d'avoir peut-être gâché cet instant de redescente de tension avec une simple boutade. « Pas que tu en aies besoin, mais enfin, bref... » bredouille-t-elle, regard vers ses pieds.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 3 Mar - 13:06

Le refus poli d’Annika le laisse circonspect, mais Aron essaie de ne rien en laisser paraitre lorsqu’il qu’il range la cigarette dans son paquet, qu’il glisse à nouveau dans la poche de son pantalon. Le tempérament de la jeune femme ne semble pas avoir pris une ride, et pourtant, elle semble bien différente de celle qu’il a connu pendant toutes ces années. Si Aron n’a jamais été un grand nostalgique, c’est un homme profondément enraciné à Visby : il place beaucoup de valeur dans la constance, la loyauté, la stabilité, trouve sa sérénité dans la permanence des choses et accueille chaque changement avec méfiance. Au fond de lui, il sait aussi que cela nourrit une peur profonde, qu’il ne s’autorisera probablement jamais à partager avec qui que ce soit : celle de voir les gens qu’il aiment évoluer loin de lui et finir par le trouver quelconque, ennuyant. Et c’est ça que lui avait renvoyé Annika, ce soir.

« Mais tu sais, le yoga c'est plutôt pas mal ! » Il n’en croit pas ses oreilles, et la regarde comme si elle venait de lui annoncer qu’elle avait rejoint une secte. Sa partenaire de soirées alcoolisées lui semblait bel et bien disparue, et il sentait le deuil lui picoter le coeur. L’homme n’a pas le temps de lui faire remarquer que cette nouvelle constitue un différend irréconciliable que déjà Annika enchaîne, sur un ton moqueur : « Tu devrais essayer, ça te détendrait. » Instantanément, Aron remet son masque bougon, pour la forme. Habitués de ce type d’invective, ces deux-là passaient leur temps à s’envoyer des remarques bien senties dans les dents. Qui aime bien châtie bien. C’est pourquoi le soudain excès de prudence d’Annika surprend Aron, lorsqu’elle ajoute : « Pas que tu en aies besoin, mais enfin, bref... ». Elle baisse les yeux et ne voit pas son air facétieux. Il n’est pas bien sûr de savoir si elle fait référence à son tempérament parfois impulsif — il l’a certainement été ce soir — ou à sa forme physique… mais par provocation, et parce qu’il sait à présent vers où il souhaite dévier cette conversation, il décide de croire qu’elle fait référence à cette dernière.  

Pinçant sa cigarette entre ses lèvres, il écarte les bras de son torse comme pour illustrer le propos ; l’épais pull qu’il porte ne dévoile évidemment rien de sa musculature, mais il répond : « Merci bien, » et après un court instant : « …you would know. » L’anglais le rend définitivement plus téméraire.
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyVen 8 Mar - 21:47

Il ne fait aucune remarque sur ses nouvelles résolutions : l'alcool, la cigarette, le yoga... et silencieusement, Annika lui en est reconnaissante, satisfaite de l'apaisement de leur situation après le précédent envenimement. C'est comme un retour à une situation naturelle, qui n'existe pourtant plus entre eux depuis longtemps - depuis son départ à elle, exactement. Elle n'a jamais pensé que cela pourrait avoir un impact sur leur relation, mais encore une fois, ce n'est pas le genre de choses auxquelles elle réfléchit : Annika, elle ne pense aux problèmes qu'une fois qu'elle s'y trouve confrontée, et Aron en fait partie. Avant de le croiser ici, ce soir, elle n'avait plus qu'en de rares occasions repensé à la nuit qu'ils ont partagée, des années plus tôt. Elle en garde un souvenir vif et intense, malgré l'alcool - sans pour autant regretter quoique ce soit du temps qui a passé.

Elle-même ne sait pas bien où elle a voulu en venir avec la remarque qu'elle vient de lancer, et qui ressemble étrangement à un acte manqué. Annika reste légèrement crispée, sur la défensive en attente d'une réaction de la part d'Aron. Il semble se prêter au jeu ; elle le voit écarter les bras, présentant son torse comme s'il se livrait à une démonstration. « Merci bien, » et elle lui adresse un sourire, satisfaite de le voir se dérider. Il s'interrompt avant de poursuivre (ça ne pouvait pas durer, se dit Annika) : « ...you would know ». Il prononce ces mots en anglais, comme encouragé par la langue étrangère dans un discours duquel il se distancie. Elle ne le montre pas mais le rouge qui monte à ses joues la trahit : elle s'attendait à tout, sauf à une référence à leur passé, dont le dénominateur commun est cette nuit passée ensemble. Aron n'a jamais été le genre de personne à s'attarder en longs discours - sentimentaux, mais pas seulement. Tous deux ont passé plus de temps à boire des pintes et à disserter sur Visby et sur l'état du monde, qu'à s'épancher sur leurs sentiments. Et en un sens, c'était très bien ainsi : en mettant des mots sur leur relation, une limite est franchie.

Annika ne répond pas immédiatement, cachant son malaise derrière une exclamation étouffée, suivie d'un petit rire embarrassé. « Oh, tu parles de...? » mais elle a très bien compris, et n'a pas besoin d'achever la question qu'elle en connaît déjà la réponse. Elle ignore ce qu'il attend d'elle, s'aventurant en terrain inconnu : des explications, des excuses, ou simplement l'évocation d'un souvenir lointain ? Elle décide d'opter pour cette dernière option, et adopte, elle aussi, le ton de la plaisanterie. « Yeah, well... je retire ce que j'ai dit, pourquoi pas ne pas t'inscrire au yoga ? » En confiance et taquine, elle ne peut s'empêcher d'ajouter : « On ira ensemble, je t'apprendrai. » Elle lui met un léger coup de coude complice, bien consciente de n'avoir fait que dévier la conversation, et repousser l'échéance de cet échange manifestement inévitable.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyMer 13 Mar - 15:17

Aussitôt qu’il a dit ses trois mots en anglais, il guette la réaction d’Annika. Ce n’était probablement pas la meilleure façon de la confronter à ce sujet, mais Aron n’avait jamais été du genre à s’embarrasser de manières. Il avait sentit que l’abcès devait être crevé, s’il voulait retrouver un semblant de normalité entre Annika et lui ; autant mettre les pieds dans le plat. De toute évidence, l’intéressée n’avait pas anticipé ce brusque changement de cap. Il remarque la couleur lui monter aux joues, le petit rire qui masque l’embarras. Déstabiliser Annika Bergman n’était pas chose aisée, et il fallait bien admettre qu’Aron y trouvait une certaine satisfaction. Il porte à nouveau la cigarette à ses lèvres pour masquer son sourire en coin, essayant de dissimuler son air narquois. Annika se démène pour garder une contenance : « Oh, tu parles de...? » et il hausse un sourcil interrogateur, se prêtant à son jeu, mais déjà le regard de la jeune femme a fuit vers l’extrémité de la rue.

Il pourrait presque voir les rouages cliqueter au-dessus de sa tête blonde. Elle entre-ouvre la bouche mais les mots tardent à arriver. Lui non plus ne saurait pas vraiment quoi dire ; y avait-il seulement quelque chose à dire? Les semaines qui avaient suivi leur nuit ensemble, Aron en avait sans doute voulu à Annika. Il avait beau être pragmatique et terre-à-terre, une infime partie de lui-même avait cru que, peut-être, le moment qu’ils avaient partagé aurait au moins fait se retourner Annika. Mais non. Il la connaissait trop bien, ça n’aurait pas du être une surprise pour lui. Il avait pansé son ego blessé dans son coin, sans en parler à personne — comme à son habitude, et le temps avait fait le reste. Revoir la jeune femme après ces longs mois avait d’abord fait remonter une rancune un peu tiède. Mais à l’observer, là, à la lueur du lampadaire, sur le trottoir, alors qu’elle cherche désespérément les bons mots… il ne savait plus vraiment pourquoi il avait pu lui en vouloir. Elle était comme ça, Annika. Son mauvais caractère n’était pas teinté de la moindre malveillance. Elle avait toujours eu cette tendance à vivre comme une enfant dissipée et revêche, inconsciente des conséquences de ses actes.

La légère inquiétude qui assombrissait le visage de la jeune femme se lève, alors qu’elle croise le demi-sourire d’Aron. « Yeah, well... je retire ce que j'ai dit, pourquoi pas ne pas t'inscrire au yoga ? » elle lance avec provocation. Il fait mine de s’étouffer devant l’absurdité de la proposition, et déjà elle ajoute : « On ira ensemble, je t'apprendrai. » Il expire profondément — ne manquant pas de diriger volontairement sa fumée de cigarette sur son interlocutrice, puis écrase son mégot dans le cendrier qui traine sur un rebord de fenêtre. Aron secoue la tête et rétorque d’un air sombre : « I’d rather be put to death. » Si sur la forme, il exagère le côté mélodramatique, le fond est tout à fait sincère. Celui ou celle qui parviendrait à faire ouvrir ses chakras à Aron Strömquist n’était pas encore né·e. L’image de l’homme solide en position d’adho mukha doit avoir traversé l’esprit d’Annika puisqu’elle arbore un sourire moqueur lorsqu’il ajoute, revenant enfin au suédois : « Faudra quand même que tu me racontes ce qui a bien pu t’arriver à Stockholm. » Sa voix n’est pas accusatrice, mais l’expression de la jeune femme change légèrement. « T’as rencontré un banquier qui court le dimanche matin et mange paléo, c’est ça? » il continue, railleur — plaçant une référence à un régime alimentaire dont il n’avait encore jamais entendu parlé jusqu’à la veille (encore une oeuvre de Gala). Il savait que sous-entendre qu’Annika ait pu changer pour un homme allait à nouveau lui attirer les foudres de l’intéressée, mais la boutade n’était pas si innocente que ça.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyMar 19 Mar - 10:22

La fumée de la cigarette expirée par Aron arrive en plein dans le visage d'Annika, qui la disperse d'un geste de la main, comme un cherche à chasser un insecte qui vole trop près de son visage. L'odeur de la fumée réveille en elle des envies d'ancienne fumeuse - mais elle s'est promis d'arrêter avant la naissance de l'enfant, et compte bien s'y tenir. L'enfant, si tant est qu'il existe vraiment, tant sa présence en elle est un secret ; elle en vient parfois à croire qu'elle l'a inventé, car personne n'est là pour lui en parler (mis à part sa moqueuse de sœur). Annika sait qu'un jour, l'annonce devra être faite, avant que son corps ne le fasse pour elle. Mais pour l'instant, elle garde ça pour elle, par crainte certainement, mais aussi par jalousie : dès l'instant où les gens sauront, tout le monde aura un avis sur son comportement, sur le meilleur pour l'enfant, l'intégralité de son univers tombera aux prises des conseillers bienveillants et de soucieux de son bien-être. Mais ça, Annika sait déjà qu'elle ne saura le supporter ; c'est la raison même de son départ, cette considération mielleuse, cet intérêt pour les affaires des autres, et elle ne compte pas se faire prendre davantage dans cet engrenage.

La réplique d'Aron la tire de ces considérations. « I’d rather be put to death. » Elle lève les yeux au ciel. Quand il s'agit de réagir de manière excessive, il n'est jamais en reste, se dit-elle. « Drama queen, » réplique-t-elle du tac-au-tac avec un sourire narquois sur le visage. La simplicité revenue dans leurs échanges lui fait du bien, et elle aimerait prolonger encore un peu ce moment d'amitié, où ils ne sont finalement plus qu'Aron et Annika, vieux copains. Aron se lance dans une nouvelle réplique cinglante - celles dont il a le secret - mais son ton apaisé et la tension désamorcée y donnent une toute autre tournure. Annika s'amuse de cette réflexion. Si tu savais, pense-t-elle à l'idée du père de son enfant, collègue chercheur et certainement tout ce qu'Aron déteste. Elle décide alors de ne pas saisir la perche tendue pour la faire monter sur ses grands chevaux, mais au contraire, de jouer le jeu. « Absolument. Et un corps d'athlète, qui plus est... comme quoi, le yoga ça peut payer. » Elle balance, d'abord sérieuse, puis laissant un sourire se dessiner sur son visage, ne laissant aucun doute quant à la nature de sa plaisanterie. « Jaloux ? » l'interroge-t-elle amusée, s'aventurant sur un terrain qu'elle sait pourtant dangereux. Entre eux, les choses n'ont jamais été dites clairement, malgré une nuit passée ensemble. Une nuit entre amis trop ivres, une nuit comme le début d'une histoire ? Annika n'a jamais laissé à Aron l'opportunité d'en discuter, et maintenant, c'est trop tard. Alors elle préfère reprendre les choses là où elles ont été laissées, comme deux bons amis qui s'envoient des plaisanteries comme ils l'ont fait si souvent.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyLun 25 Mar - 18:00

Annika le nargue, mais évite soigneusement d’apporter des éléments de réponses à Aron. Il joue le jeu, porte sa main sur sa poitrine et fronce les sourcils, comme si les piques qui lui étaient adressées l’avaient atteint en plein coeur. Il sent que la jeune femme n’a pas envie d’en dire davantage, et il n’est pas du genre à tirer les vers du nez. Ils se sont tous les deux détendu, et les éclats de voix, quelques minutes plus tôt, semblent déjà bien lointains. La traditionnelle mine renfrognée d’Aron a temporairement quitté son visage et il trouve un certain contentement à pouvoir à nouveau discuter simplement avec son amie. Jusqu’à aujourd’hui, il n’était pas sûre que ça se reproduise un jour ; Annika n’en avait laissé aucun indice, en tout cas. D’autres sourires taquins sont échangés, et malgré l’atmosphère plus légère, il perçoit chez elle une résistance. Il ne saurait pas mettre le doigt dessus, mais Annika ne semble pas totalement lâcher prise, là, devant lui. Peut-être est-elle juste incommodée par le froid polaire qui s’est abattue sur la rue ; ça ne serait pas la première fois que la perception d’Aron est faussée, lorsqu’il s’agit de la gent féminine. Alors qu’il pourrait insister, il prend la décision de s’abstenir. Au moins pour ce soir. En souvenir du bon vieux temps.

L’évocation de leur nuit commune avait un peu déstabilisé la suédoise : elle avait trouvé un moyen de dévier rapidement la conversation et il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. C’était déjà un exploit qu’il ait lui-même amené le sujet, lui qui s’arrange, d’ordinaire, pour esquiver tous les sujets trop intimes. Annika semblait vouloir mettre tout ça derrière elle, et Aron était prêt à en faire de même — ou en tout cas faire semblant. C’est pourquoi la nouvelle petite attaque d’Annika le désarçonne : « Jaloux ? » Il plisse les yeux et penche légèrement la tête en lui décochant un sourire, comme pour la sonder. Sa voix laisse entendre qu’ils jouent toujours, mais il perçoit quelque chose d’autre dans son regard… ou peut-être que c’est juste dans sa tête, une fois de plus. Il ressort son paquet de sa poche arrière et il ne lui faut que quelques fractions de secondes pour allumer une nouvelle cigarette et retrouver une contenance. Il tire sur la clope une première fois. « Tu plaisantes, je plains le pauvre homme. » Il n’arrive pourtant pas à se représenter cet homme virtuel, encore moins à ressentir une quelconque connivence avec lui. « Désolé de te l’annoncer mais t’es pas franchement un bon parti, » il entame, feignant un air sérieux et énumérant sur les doigts de sa main libre : « tu étudies la littérature, donc t’es vouée à être fauchée toute ta vie ; tu soutiens les Redhawks ; » il poursuit avec une mine de dégoût, en référence à l’équipe de hockey de Malmö, « tu tiens pas ton whisky ; t’as vécu à Stockholm… » il termine, les sourcils froncés devant l’étendue des dégâts. Sa liste reste d’abord en suspend. Tu te volatilises au petit matin sans donner de nouvelle pendant des années. Il détourne le regard et conclu avec une nouvelle taffe de cigarette. « J’ai hâte de rencontrer cet homme téméraire. » il ajoute, lui-même surpris par la platitude du propos. Aron n’était pas franchement doué pour mentir. Le mensonge était un muscle qu’il n’avait jamais cherché à développer ; en général, il se fichait de ce que ses vérités pouvaient avoir comme effet sur les gens.
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Annika Bergman
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 14 Avr - 14:39

Si sa question était teintée d'ironie, elle faisait néanmoins référence au fantôme d'une discussion entre eux qui n'avait jamais eu lieu. Aron semble le percevoir et reste un instant silencieux, tête penchée, comme pour sonder Annika, de toute sa hauteur. Il s'interroge, évaluant sans doute la possibilité d'un acte manqué dans ces mots, qui auraient pu initier le long - et certainement douloureux - échange, qui aurait dû se produire des années plus tôt. Mais Aron et Annika semblent s'accorder sur ce point : si la conversation doit avoir lieu, ce n'est pas pour aujourd'hui. Il adopte lui aussi le ton de la plaisanterie, permettant à la jeune femme de se détendre un peu plus. Profiter, quelques temps encore, de l'amitié d'Aron ; sans questions et sans problèmes.

« Désolé de te l’annoncer mais t’es pas franchement un bon parti, » Elle hausse un sourcil, attendant de voir où va cette remarque, prononcée avec son flegme caractéristique. « tu étudies la littérature, donc t’es vouée à être fauchée toute ta vie ; tu soutiens les Redhawks ; tu tiens pas ton whisky ; t’as vécu à Stockholm… » Annika s'amuse de cette énumération de différents faits la concernant, et ne peut s'empêcher de lâcher un rire franc. Force est de reconnaître qu'il n'a pas tout à fait tort : Annika est loin d'être un modèle de réussite, que ce soit sur le plan familial, universitaire ou financier. Il est bien loin, le rêve populaire, celui du pavillon en banlieue, avec deux beaux enfants blonds, un mari aimant et un beau labrador. Elle n'a jamais aspiré à ça, et c'est bien pour s'en soustraire qu'elle a quitté Visby. Mais, à la trentaine passée, les questions allant dans ce sens se font de plus en plus pressantes ; disons simplement qu'avec l'enfant à venir mais pas de père, Annika n'a pas vraiment fait les choses dans l'ordre.

« Dis donc, tu peux parler ! » Elle réplique, en lui adressant une petite tape sur l'épaule - un contact physique qui éveille en elle un frisson, qu'elle décide instantanément d'ignorer - avant de poursuivre : « Barman au pub du village, grand buveur de bières et amateur de hockey... Pas vraiment le gendre idéal. » Affirme-t-elle avec un air mutin, prolongeant encore un peu le flottement permis par l'humour ; quand derrière le rire se cache tout ce qu'ils ne veulent, ne peuvent, n'osent pas dire. Peut-être pas l'homme parfait, mais ils n'étaient, après tout, que deux individus aux angles abrupts, taillés ni l'un ni l'autre pour une vie ordonnée. C'est ce qui les avait rapprochés, mais aussi ce qui les avait éloignés, finalement. Leurs regards se croisent, et un silence s'installe, celui des mots que l'on ne prononce pas.

La nuit est tombée, enveloppant tout Visby dans un brouillard diffus, dans lequel seule la lueur des lampadaires se dessine encore. Annika regarde sa montre et pense à sa mère, certainement en train de l'attendre pour dîner. Elle se tourne vers Aron. « Je vais y aller, ma mère va devenir folle. » Annonce-t-elle, soudain ramenée dix ans en arrière par cette affirmation. « T'as raison, je suis un mauvais parti. J'habite encore chez mes parents... Rien ne va plus. » Poursuit-elle amusée, tout en ne sachant comment se positionner vis-à-vis d'Aron, ni comment le saluer : une bise trop intime, une accolade trop polie ou une main que l'on serre ? Elle se garde de tout geste, observant son interlocuteur pour évaluer l'attitude à suivre. « Conversation to be continued, » Elle balance, sous-entendant par là son souhait de revoir Aron, et de prononcer peut-être les choses qu'elle n'a pas sues dire aujourd'hui.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)   i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron) EmptyDim 28 Avr - 17:51

Aron grimace alors qu’elle entreprend de lister à son tour toutes ses pires caractéristiques, feint la vexation, mais note qu’Annika n’a pas pioché parmi ses vrais défauts — elle en connaît un paquet, pourtant. Sédentaire. Cynique. Obtus. Misanthrope. Susceptible. Rustre. Distant. Mais non, elle préfère parler de son penchant pour la bière, la plus inoffensive des attaques ; le taquiner sur la peinture écaillée de la devanture du bar aurait eu sur lui le même effet. « Pas vraiment le gendre idéal. », elle conclu. Il baisse la tête, contrit, comme pour lui dire d’accord je t’accorde cette victoire.

Le vent et le silence s’installent à nouveau entre eux, cette fois plus léger, plus confortable. Les regards se trouvent, se détournent, cherchent où se poser : Aron observe la rue devenue calme, le propriétaire du magasin de souvenirs fermer boutique, quelques maisons plus loin, puis pose à nouveau ses yeux sur Annika. Il n’a pas envie d’être celui qui rompra le silence, il a envie qu’il dure encore un tout petit peu, mais déjà la jeune femme ouvre la bouche : « Je vais y aller, ma mère va devenir folle. » La pensée étire sa bouche dans un sourire moqueur, alors qu’une petite vague de nostalgie, chaude et duveteuse, se répand dans son torse. Il se souvient de la voix de Mme Bergman, agacée, au téléphone, lorsqu’elle appelait chez les Strömquist en début de soirée parce qu’elle savait Annika fourrée avec Gala, excédée que sa fille soit une fois de plus en retard pour dîner. Il se souvient aussi de cette fois où il l’avait ramené en voiture — elle devait être encore au lycée — après une soirée bien trop arrosée. La mère d’Annika avait récupéré sa fille sur le pas de la porte avec l’amabilité d’une porte de prison ; pendant ce temps, Gala vomissait sur la banquette arrière de sa voiture miteuse. Annika le tire de ces réminiscences : « T'as raison, je suis un mauvais parti. J'habite encore chez mes parents... Rien ne va plus. »  Il laisse échapper un petit rire caustique, tire une dernière fois sur sa cigarette et rétorque : « Passe le bonjour à Marianne. »

Il sent Annika hésiter quelques secondes, ne sait pas si elle s’apprête à ajouter autre chose, ou si elle étudie ses options pour prendre congé de lui de la manière la plus naturelle possible. Derrière les sourires et les moqueries, ni l’un ni l’autre ne sait plus comment être ensemble. Si le discours est bon enfant, leurs silhouettes demeurent subtilement entravées par la gêne, retenues par une sorte de confusion latente. Elle enfonce ses mains dans ses poches et lâche un simple « Conversation to be continued ». Aron écrase sa cigarette contre le rebord de la fenêtre, garde le mégot entre ses doigts alors que la jeune femme se met en mouvement, esquissant un pas sur le côté. Pour les préserver tous les deux de l’embarras d’une accolade balbutiante, il fait à son tour un pas vers la porte du bar, tournant la tête vers Annika pour la taquiner une dernière fois : « Tiens moi au courant si tu as le droit de sortir dans les prochains jours, » elle accueille la remarque avec un sourire jaune et tourne les talons, « mon adresse MSN doit probablement toujours fonctionner. » Elle continue son chemin dans la rue sans se retourner, sortant son poing de sa poche et brandit son majeur en guise de réponse.

Certaines choses n’avaient pas changé. Il la regarde s’éloigner sur les pavés brillants pendant quelques secondes, soupire, et pousse finalement la porte du bar.
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