Roses and Ruins
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 in a blink of an eye (aron)

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Juniper Anderson
Juniper Anderson

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Pseudo : Pauline
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Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyMer 17 Juil - 19:39

 « Aron ? » Pas de réponse. June pousse la porte doucement, passant la tête dans l’entrebâillement. Un ronflement lui parvient d’un coin de la cabane, puis un jappement joyeux et un flash de noir et blanc. Oui déboule pour l’accueillir, la queue remuante et l’air ravi. Ils ne se sont pas vus souvent, tous les deux, mais le dalmatien semble l’avoir adopté et c’est Darcy qui, quand elle rentre le soir, est plutôt mécontent de sentir l’odeur de chien sur les vêtements de sa propriétaire.  « Hey mon beau… » Le chien, par bonheur, n’aboie pas - il est trop bien dressé pour ça - et June pénètre dans la cabane, fermant la porte sans un bruit. L’odeur y est différente, différente de celle de son salon, de celle de sa chambre. Ça sent le whisky et le feu de bois, le musc, peut-être, et quelqu’un qu’elle ne saurait identifier. Chez elle, on sent les bougies qui ont brûlé dans la journée et les cookies qu’elle a cuisiné pour le goûter, les gâteaux qu’elle a emmené à la librairie. Parfois, il y a un bouquet de fleurs sur le comptoir de la cuisine, quand elle arrive à en trouver quelques unes dans la forêt ou au marché de Visby. L’ambiance est tantôt légère et embrumée, suave, lourde. Cette cabane-là sent exactement comme Aron et Juniper trouve cela étrangement rassurant. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps, pourtant, et elle n’a certainement pas besoin d’être rassurée, mais l’idée lui plaît, et lui convient.

Elle ne veut pas le réveiller - ils avaient prévu de se retrouver dans l’après-midi et celle-ci est déjà bien avancée. La librairie tourne bien le samedi et il lui est parfois difficile de refuser les clients pour s’accorder quelques heures de repos. Les nocturnes ont eu tant de succès qu’Aron et elle ne se sont pas vu si souvent, depuis la soirée sur la falaise - Juniper a l’impression que c’était hier, qu’il la menait par la main à travers les bois, retournant vers le feu de camps et s’éclipsant comme des adolescents que l’on pourrait surprendre. Il y a eu un verre, après la timidité des cimes, un verre et peut-être d’autres baisers, des discussions et des silences, habilement répartis entre l’un et l’autre. Et puis il y a eu les rumeurs, le lendemain et le surlendemain, les petits clins d’oeil des clientes et les potins. Juniper n’a pas l’habitude que tout se sache, que l’information circule si vite, habituée qu’elle était à vivre dans une sorte de secret constant, un peu malsain, ces dernières années. Un tas de non-dits que l’on ne défait jamais, des noeuds qui laissent des traces - une discrétion assumée, polie et chaleureuse, mais une vie, quelque part, retirée.

Oli l’accompagne quand elle va déposer les sacs de course dans la cuisine : elle a prévu de quoi dîner, ce soir, et peut-être aussi de quoi petit-déjeuner. Juniper déballe et range ses courses, devenue un peu plus familière avec cette maison qui pourtant n’est pas la sienne. Elle sait où se trouvent le sel et le poivre, où ranger les légumes, et où se glissent les couteaux. Elle a peut-être oublié une tasse, la dernière fois qu’elle est passée - débarquant littéralement le mug à la main et le tournevis dans l’autre. Elle range le pain de mie d’un côté et le sirop d’érable de l’autre avant de mettre de l’eau à chauffer dans la vieille bouilloire, prenant bien garde à ne pas la laisser siffler. Elle glisse le thé dans son filtre, le café dans un autre, et commence, aussi silencieusement que possible, à découper légumes et fromages.

Elle ne saurait bien dire combien de temps se sont écoulés quand elle entend les pas s’approcher. Sans se retourner, elle peut dire qu’Aron et s’étire - elle l’entend soupirer - et qu’ili s’active dans les jambes de son maître.  « Désolé, je voulais pas te réveiller… » Les mains dans les tomates pelées, arrangeant les étages de ses lasagnes, Juniper tourne la tête, ne pouvant s’empêcher de sourire devant l’air échevelé d’Aron.  « Tu avais laissé la porte ouverte. »
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Aron Strömquist
Aron Strömquist
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Avatar : josh Hartnett (ethereal)
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Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptySam 20 Juil - 1:17

La langueur de cet après-midi d’été avait eu raison de lui ; la canicule avait fini par atteindre la Suède et désormais l’Europe toute entière, y compris Aron, transpirait. Il avait s’était vaguement attelé au rangement de son atelier, mais son esprit n’arrivait pas à se concentrer sur quoi que ce soit plus de cinq minutes consécutives. La chaleur le rendait nerveux, et puis il savait que Juniper devait arriver dans une poignée d’heures, ce qui mobilisait la majorité de ses pensées. A la fois fatigué et impatient, il s’était finalement avoué vaincu et s’était abandonné à son lit. Rien que vingt minutes. Les semaines passées avaient été mouvementées et épuisantes. C’était son quatrième été en temps que gérant du Black Sheep — on aurait pu croire que le Suédois commençait à prendre des galons. Mais non, comme à chaque fois, il avait beau le voir venir, le début de la saison touristique était un tsunami qui engloutissait tout sur son passage. Les horaires d’été du pub avoisinaient les 24h/24 et 7j/7 ; il y avait les employés saisonniers à mettre au pas ; les rythmes de livraisons qui augmentaient ; le service d’urbanisme de la ville et ces histoires de terrasses aux normes. Et puis il y avait les touristes, chaque années plus nombreux que la précédente. Les journées étaient longues mais les semaines passaient en un claquement de doigts. Malgré tout, le début de l’été avec quelque chose de glorieux, à Visby. Ici, on savait à quel point les jours de soleil étaient précieux, et les habitants grouillaient dans les rues, dans le port, dans les parcs. Les habitués des supérettes se retrouvaient au marché ; on regagnait sa maison de campagne après un long hiver passé en ville ; on allait boire des bières sur la plage chaque soir avant que les touristes ne l’envahisse, dans une sorte d’urgence grisante. Et puis il y avait Juniper — débordée, elle aussi. Ils avaient réussi à se recroiser quelques fois — trop peu de fois — depuis cette fameuse nuit de printemps, mais leurs entrevues étaient toujours écourtées, interrompues, contrariées par mille et uns aléas. Samedi. Chez toi. C’est moi qui régale, elle avait fini par lui proposer sur le seuil de la librairie, sans plus aucune patience pour les tergiversations, juste avant de se faire happer une nouvelle fois par un client. Il était resté sur le trottoir quelques secondes, à la regarder discuter avec le vieux monsieur à travers la vitrine, cherchant un moyen de se défaire de son sourire idiot avant de retourner affronter la foule du Black Sheep.

Les vingt minutes s’étaient transformées en deux heures d’un sommeil sans rêves, jusqu’à ce que ses paupières s’ouvrent enfin. Un rapide coup d’oeil à son téléphone lui indique qu’il est déjà tard, et un bruit de casserole à quelques mètres de là lui confirme qu’il a loupé l’arrivée de Juniper. Dans un bond, il attrape le tee-shirt abandonné au pied du lit, étire ses épaules dans un râle endormi et s’extirpe de la chambre.

Le tableau a quelque chose de saisissant : la maison est baignée d’une lumière rasante qui fait briller de minuscules particules de poussière autour de June, qui s’active déjà en cuisine. Parce qu’il n’y reçoit que très rarement des invités, Aron est capable de reconnaître que l’air a changé d’odeur ; légèrement, imperceptiblement. Dans l’encadrement de la porte, il s’arrête pour la regarder une seconde, peut-être deux, alors qu’elle ne l’a pas encore vu. Sa présence au milieu de sa cuisine lui arracha un petit sourire. Lui qui s’applique à garder la majorité de son entourage à bonne distance de cette maison — son appartement au-dessus du pub est déjà un vrai moulin, qu’on lui foute la paix quand il est ici — ne pouvait pas être plus ravi de l’avoir ici. Oli repère son maître avant Juniper, et vient quémander de l’attention avec impatience. L’Américaine lève les yeux vers lui, laissant s’envoler ce petit moment suspendu. « Désolé, je voulais pas te réveiller… » Ramené à la réalité, il s’empresse d’enfiler son tee-shirt, passe ses mains sur son visage ensommeillé et sur ses cheveux en bataille pour rassembler ses pensées. « Tu avais laissé la porte ouverte. » Il hésite à faire un pas de plus vers la cuisine, appréciant la vue que lui offre le seuil de sa porte. « Tout le monde laisse sa porte ouverte ici, » il s’éclaircit la voix puis poursuit, déjà railleur, « on essaie d’éviter nos voisins à tout prix, certes, mais on verrouille jamais nos portes… go figure. » Puis, après une pause : « Tu as bien fait d’entrer. »

Il s’approche avec une certaine prudence, bien qu’un élan suffirait à faire disparaitre toute cette distance entre eux. Ce flottement, cette incertitude, ces ambiguïtés qui planaient à chacune de leurs rencontre depuis la première fois qu’elle l’avait embrassé étaient enivrant. Lui qui était d’ordinaire plus empressé et sanguin se surprenait à chérir ces instants d’hésitation, les silences, et les gestes hasardeux comme autant de souvenirs de premières amours adolescentes. Sa main effleure son dos, s’y attarde quelques secondes — juste assez pour jeter un coup d’oeil au-dessus de l’épaule de June et subtiliser un morceau de fromage. L’envie de poser son menton dans le creux de son épaule et de passer ses bras autour d’elle se faufile dans son esprit… mais ils n’en sont pas là ; ce serait sans doute trop familier… trop domestique. Il se détourne donc rapidement vers l’évier pour se remplir un verre d’eau puis s’adosse au meuble pour la regarder couper ses tomates. « Je vais donc enfin pouvoir vérifier si tes talents de cuisinière égalent tes talents de pâtissière » il lance, avec quelque chose qui ressemble à du défi dans la voix. « Je reste persuadé que mon rôti de renne aurait pu te surprendre. » Sans vraiment laisser le temps à la plaisanterie de trouver sa cible, il se redresse soudain, se ressaisissant : « Je peux te servir quelque chose à boire? J’ai du vin… ou, euh, » Il s’était rendu la veille dans une minuscule épicerie près de chez lui et s’était fait recommander un pinot noir de Californie, accompagné d’un clin d’oeil appuyé de la petite Madame Pettersen. Il avait réalisé une fois chez lui qu’il n’avait jamais vu Juniper boire de l’alcool. « …de la limonade ? » il s’empresse d’ajouter, auscultant à présent le contenu de son frigo.
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyJeu 3 Oct - 21:14

C’est une drôle de vision, que de voir Aron, torse nu, l’observer depuis l’encadrement de la porte de sa chambre. Il se tient là, silencieux, un léger sourire aux lèvres et Juniper ne peut s’empêcher d’y répondre. Le souvenir de cette nuit, dans la forêt, lui revient et, bien qu’ils n’aient pas réellement eu le temps d’approfondir ce qui semble émerger, ce qui prend forme et se précise doucement à chaque rencontrer, elle est ravie. Heureuse, oui - ou quelque chose qui s’en rapproche fortement, un sentiment chaud, doux, qui se répand dans la poitrine et dans les membres. Un sentiment qui n’a rien à voir avec les papillons dans l’estomac, avec les incroyables émois renversants, les coups de foudre violents et, généralement, dramatique. Ici, c’est un fil que l’on tire doucement, une pelote qui se défait sans hâte et ça a quelque chose de rassurant. De nouveau et d’unique à la fois et Juniper mais en parti cela sur le compte de Visby. C’est cette ville qui fait ça, se dit-elle, cette ville et Aron. Et puis elle se rappelle qu’ils vont main dans la main, tous les deux, l’île et le tenancier, l’homme ancré, enraciné. Une notion qui, dans un autre esprit, dans une autre bouche, pourrait paraître négative, critique mais qui, ici, chez la libraire, prend des allures de compliment, d’admiration, même. Dans cette petite maison voisine de la sienne, avec ce grand chien tacheté et cet homme-ours délicat, Juniper se sent pousser de nouvelles racines.

La sensation est fugace, surprenante, et elle secoue la tête lorsqu’Aron la taquine.  « À croire que je suis encore américaine… Ma porte est toujours fermée. Mais la serrure est tellement difficile que même avec un coup d’épaule, je ne suis pas sûre que tu pourrais rentrer… » Son sourire en coin sous-entend qu’elle lui aurait déjà ouvert, qu’elle l’aurait accueilli et l’aurait entraîné jusqu’au canapé, qu’elle lui aurait fait un café et qu’elle l’aurait certainement déjà embrassé. Chose qu’elle n’a pas encore faite et qui lui démange les lèvres, mais Juniper respecte leur rythme, cette lenteur teintée d’élans irrésistibles, cette douceur de début d’été - la même que celle de fin d’hiver, accompagnée d’une tiédeur agréable, d’un rayon de soleil revenu. Il s’approche alors que Juniper se retourne vers le fromage qu’elle découpe soigneusement, qu’elle fait glisser à côté des légumes. Elle s’apprête à attraper la casserole pour mettre l’eau à chauffer quand la main chaude glisse dans son dos et un sourire lui échappe à nouveau, qu’elle ne tente ni de retenir ni de contrôler. C’est agréable, se dit-elle, d’être touché à nouveau, doucement tendrement, naturellement. C’est agréable, oui, et elle l’observe du coin de l’oeil alors qu’il s’approche de l’évier, détaille sa silhouette, ses épaules larges, les cheveux, courts à présent. Les mains, que l’on croirait dures et difficiles, et qui se révèlent, parfois aussi, bien plus habiles et délicates qu’on ne pourrait l’imaginer.

« Je vais donc enfin pouvoir vérifier si tes talents de cuisinière égalent tes talents de pâtissière »  « On t’a pas encore dit ? J’ai empois cinq clients la semaines dernières. De la mort aux rats dans les cookies, va savoir. » Son air se veut mystérieux et ingénu à la fois, mais ne s’avère pas tout à fait compatible avec son envie de rire.  « Ça fait longtemps que je n’ai pas bu de vin… Qu’est-ce que tu as trouvé ? » Elle n’explique pas encore le pourquoi du comment : ils n’en ont pas parlé, pas de ça. Ils ont parlé de Rose, on évoqué Jasper mais ça, c’est encore autre chose. Ce serait se révéler entièrement, se montrer toute entière, avec ses coins sombres, ses mauvais jours et l’idée, persistante, presque inquiétante, que cela pourrait un jour recommencer.  « Je prendrais bien un verre… Mais un petit, s’il-te-plaît », précise-t-elle en tendant la main vers sa tasse de thé.

Il se détourne, attrape la bouteille, l’ouvre aisément et l’ambiance, tout à coup, lui semble étrangement familière. Domestique, oui, naturelle mais pas tout à fait, pas encore, il manque quelque chose, et alors qu’il sort les verres, Juniper dépose son couteau. Appuyant sa hanche contre le plan de travail en bois qui en a vu d’autres, elle croise les bras sur sa poitrine, l’air faussement contrarié. Très faussement, d’ailleurs. Et sinon, Aron Strömquist, est-ce que vous comptez m’embrasser ? Ou sont-ce les dames qui doivent se lancer, en plus de vous préparer le dîner ? » Ça se voit, qu’elle se mord légèrement l’intérieur de la joue pour garder son sérieux, et un sourcil se lève, légèrement arqué, pour appuyer la demande qui, entre eux, n’est normalement pas formulée. Pas aussi franchement, du moins.  « Non parce que je peux aussi embarquer mon fromage et mes pâtes et te laisser manger du pain de mie et du sirop d’érable si tu veux… » La menace n’a pas beaucoup de poids, elle le sait, et elle a envie de tendre la main pour l’attraper, de glisser ses doigts juste sous les manches de son t-shirt. De profiter du calme de la cabane, de l’absence d’yeux curieux, indiscrets, de clients en tout genre. Loin de Visby, et en même temps si près.
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Aron Strömquist
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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyDim 9 Fév - 18:58

« On m’a très fortement conseillé un pinot noir de Napa Valley… » il entame, le dos tourné. D’un placard, il sort les deux uniques verres à pied qu’il possède, vestiges d’une ancienne relation. De la main experte de celui qui fait ça à longueur de journée, il verse un peu du breuvage dans leurs verres, et poursuit : « Madame Pettersen m’a répété au moins trois fois qu’il était "ensoleillé" et "charmant", "comme tout se qui vient de Californie", et j’ai fini par — » Il se retourne pour faire face à Juniper, un verre dans chaque main, et s’arrête net dans son récit — ils savent tous les deux comment ça se termine, de toutes façons. La jeune femme avait passé suffisamment de temps à Visby pour comprendre que le concept tout américain de personal boundaries était à géométrie variable, en Suède.

Du haut de son mètre quatre-vingt deux, Aron se sent soudain toisé par Juniper, qui lui lance un regard entendu et un sourire désarmant. « Et sinon, Aron Strömquist, est-ce que vous comptez m’embrasser ? » Il ne l’aurait jamais avoué à qui que ce soit, mais il aimait sa façon de l’appeler par son nom complet, arrondissant les sonorités âpres de son patronyme avec son accent ; et sa façon d’être entreprenante sans avoir l’air d’y toucher. La surprise n’a pas le temps de s’installer sur son visage que déjà il réprime un sourire, un sourcil haussé. Ils n’avaient jamais été seuls suffisamment longtemps, rien que tout les deux, pour laisser fleurir cette tension toute nouvelle entre eux. Leur entrevue au milieu des bois, il y a de cela une demi-éternité, alors qu’ils étaient emmitouflés dans leurs manteaux, transits par le froid et l’humidité, n’avait rien à voir à ce qui était en train de se jouer là. Dans cette cuisine baignée de la lumière orange de l’été. Sans excuse pour devoir écourter leur moment ensemble. Sans le moindre Visbyien à au moins trois kilomètre à la ronde pour menacer à tout moment de venir les interrompre.

Juniper fait semblant de le provoquer, ne parvenant à garder un air sérieux qu’avec difficulté. Il la laisse aller au bout de ses menaces sans se départir de son air défiant, et s’approche doucement d’elle. Aron place chacun des verres sur le comptoir derrière elle, l’encadrant à présent de ses deux bras. Il ne la quitte pas des yeux, attendant de voir jusqu’où vont aller les fausses menaces. Il n’est plus qu’à quelques centimètres de son visage lorsqu’elle conclu finalement : « …et te laisser manger du pain de mie et du sirop d’érable si tu veux. » Il pourrait faire semblant d’entrer dans son jeu — Mmh, dit comme ça, effectivement… — mais face à son air mutin, il n’en a pas la patience. Il se penche vers Juniper, approche son visage du sien avec un sourire, sans se précipiter. Ils ont tout leur temps. Et il n’a pas envie que ce baiser ait l’air d’un accident, d’un coup de sang. Celui-là, il est prémédité. Attendu. Cela ne l’empêche pas de sentir le duvet se dresser sur sa nuque lorsqu’elle pose ses mains de part et d’autre de son visage, pour accueillir le baiser avec enthousiasme.

Il place une main au creux de son dos, une des siennes vient se perdre dans ses cheveux déjà décoiffés, et le temps se suspend quelques instants. Il n’y a pas cette urgence qu’il pensait sentir entre eux, après toutes ces semaines à essayer de se (re)trouver. Juste du contentement, quelque chose d’évident.

Aron est le premier à reculer son visage — et il lui faut tout le courage du monde pour ça, et glisse, sur le ton de celui qui se rend : « Madame Pettersen ne croyait pas si bien dire. » Il attrape les verres, en tend un à Juniper et lève le sien pour un toast plutôt pathétique : « Au fait que je ne mange pas de pain de mie ce soir, donc? » La jeune femme lui adresse une moue convaincue, trinque avec lui, et il ajoute : « J’espère que le vin te plaira, si ça fait si longtemps que tu… » une gêne s’empare de ses muscles avant que son cerveau ne comprenne réellement d’où elle provient, et il tente de se dépêtrer avec une mine de douleur : « enfin puisque… » Juniper semble prendre du plaisir à le regarder se débattre avec ses mots maladroits lorsqu’il conclu : « Bref : skål ! »

Ils boivent tous les deux une première gorgée du cépage, le bruit des premiers grillons de la soirée venant troubler le silence. Aron repose son verre sur le comptoir et ajoute finalement, après une hésitation : « Au cas où tous les indices ne t’avaient pas déjà mis sur la piste, je suis plutôt rouillé en… date. »
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Juniper Anderson
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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyMar 2 Juin - 21:18

Juniper baisse les yeux et esquisse un sourire amusé. Visby doit être au courant maintenant, de ce qu’il se passe entre le gérant du Black Sheep et la libraire. Ou du moins, si tous les villageois n’étaient pas au courant, Madame Pettersen les a sûrement prévenu depuis leur soirée à la belle étoile, et la nouvelle ne tardera pas à faire le tour de l’île. Peut-être, quelques semaines ou mois auparavant, Juniper en aurait été gênée. Elle aurait été gênée qu’on parle d’elle, de sa relation, d’elle dans une relation autre qu’amicale. Peut-être aurait-elle été gênée par rapport à Rose, par rapport à ce qu’elle avait laissé derrière elle. Par rapport, aussi, à tout ce qu’elle n’avait pas dit, tout ce qui avait tant pesé sur son passé et qui la mettait encore parfois mal à l’aise. Pourtant, quand elle relève les yeux pour regarder Aron, quand elle le voit là, à deux pas, un peu gêné lui aussi, avec tous ces mots qu’il a prononcé et tout ceux qu’elle cherche parfois à lui tirer, Juniper n’a peur de rien. Ni de sa réaction, ni de celle des gens de l’île. Certains parleraient, évidemment, s’ils apprenaient que la petite libraire n’était pas aussi douce et blanche qu’on le supposait. Mais Aron ne la jugerait pas, n’est-ce pas ? Comme il ne l’avait pas fait, déjà, quand elle avait parlé de rose, de son mariage, de son divorce.

Les pensées de Juniper s’arrêtent net, un stop brutal, alors qu’Aron s’approche d’elle pour s’assurer qu’il mangera un vrai dîner le soir-même. Elle entend un verre rencontrer le bois, derrière elle, puis un deuxième. Les bras d’Aron l’entourent et elle ne peut s’empêcher de déglutir. Est-ce son estomac qui se tord d’une douce appréhension, ou est-ce simplement l’excitation, l’envie de retrouver les lèvres goûtées il y a déjà un moment, un peu trop longtemps peut-être ? Aron est d’une lenteur déconcertante pour l’américaine qu’elle est, et il lui faut toute sa volonté pour ne pas attraper le col de son t-shirt et l’attirer à elle. Mais Juniper lui a déjà volé le premier baiser - littéralement - et même si l’envie de prendre les devants la démange, une partie d’elle apprécie cette lenteur délibérée. Cette façon qu’Aron a de s’approcher doucement, un sourire aux lèvres. La façon dont ses mouvements sont exécutés, dont la main vient se poser dans son dos. Elle ne sait pas vraiment quand les siennes sont venus s’accrocher à sa nuque, se perdre dans ses cheveux, mais la sensation est plus qu’agréable sous ses doigts. Juniper se dit à nouveau qu’elle pourrait s’y habituer. Qu’elle pourrait s’habituer à sentir [ï]ses[/i] mains sur elle, ses lèvres sur les siennes.

Lorsque Aron s’éloigne, à peine, juste assez pour qu’elle puisse à nouveau le regarder, elle sent que ses bras ne veulent pas vraiment se dénouer, qu’ils aimeraient bien rester là, autour de son cou, gentiment posés sur ses épaules. Elle les défait pourtant et en laisserait presque échapper un soupir, qu’elle retient et remplace par un sourire - sincère, à la fois comblé et impatient. Juniper n’est pas sûre d’avoir ressenti cela depuis… Depuis longtemps. L’envie d’être proche de quelqu’un, physiquement, émotionnellement. De passer du temps avec un homme, d’apprendre à le connaître, à l’écouter, ou à lui parler d’elle. Elle aurait envie de lui dire mais se dit aussi que c’est peut-être un peu trop, un peu trop vite.

Un rire surpris, amusé, lui échappe - et ses joues rougissent sensiblement, à la lumière descendante de la fin de journée.  « Je crois que je préfère les spécialités de Visby », répond-t-elle sur un ton taquin en lui lançant un regard entendu. Juniper prend le verre qu’il lui tend et le lève à son intention.  « J’aurais pas été si cruelle. Mais j’avais envie de t’embrasser. » June hausse les épaules et laisse échapper un « skål » amusé. Aron qui cherche ses mots, c’est toujours une aventure. Il y a d’abord ses sourcils qui se froncent, et puis les mâchoires qui se contractent, l’hésitation, puis l’abandon ou l’exaspération, en fonction des jours.

Juniper porte le verre à ses lèvres et avale une petite gorgée d’un vin riche, effectivement ensoleillé. Elle aimait le vin, avant tout ça, et elle se surprend a apprécié les tanins sur sa langue, le sucre léger, la rondeur du fruit. Elle fera durer son verre, ce soir, et le pose doucement sur le comptoir, jouant du bout des doigts avec le pied tandis qu’Aron se confesse.  « Ça fait des années que je ne suis pas sortie avec qui que ce soit », avoue Juniper en approchant ses doigts de ceux d’Aron, laissant glisser sa peau sur la sienne, délicatement.  « Je veux dire, sortir… Sortir, un vrai date, quelque chose… Comme ça, » ajoute-t-elle en indiquant de l’autre main l’espace entre eux. Elle n’es pas gênée de ça non plus, mais il y a comme un double sens derrière sa phrase, un mystère qu’elle-même tente de percer alors que les mots lui échappe. C’est quoi, exactement, ça ? Un silence, léger, s’installe dans la cuisine. Il n’y a que les grillons, le bruit d’une brise légère et celui des doigts de Juniper qui explorent doucement ceux d’Aron, sa main, son poignet.  « J’avais vraiment envie de passer cette soirée avec toi. C’est presque loin, la timidité des cimes. » Juniper esquisse un sourire, ayant l’impression de se tenir dans une pièce connue, familière, avec un vieil ami et, à la fois, d’être une adolescente à son premier rendez-vous.
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Aron Strömquist
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Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyDim 21 Juin - 13:51

Mais j’avais envie de t’embrasser. Juniper avec cette habitude de mettre en mots ce qui occupait ses pensées avec une facilité déconcertante. Etait-ce dû au fait qu’elle avait grandit dans un pays qui biberonnait ses enfants au be yourself et autres speak your truth? Ou parce qu’elle passait sa vie dans les livres? Une autre théorie consistait à penser que l’on développait plus facilement d’autres facettes de sa personnalité, lorsque l’on parlait une autre langue. Lui-même se sentait plus audacieux, désinhibé, en anglais. I thought about kissing you since the last time we kissed. Il se sentirait bien incapable de lui avouer tout ça dans sa langue natale ; les mots auraient paru grossiers, l’intention mièvre et tiède. Après tout, pour lui, l’anglais était la langue d’Hollywood, des disques de platine, de la comédie aux rires enregistrés aux des drames à plusieurs millions de dollars. La langue des grands sentiments, finalement. Rien de bien lagom là-dedans. Les anglophones trouvent-ils refuge dans d’autres langues de cette manière? Juniper est-elle la même personne en Suédois et en Anglais? Il se ravissait de ces petits instants, lorsqu’elle cherchait un mot dans sa langue d’adoption puis finissait par le remplacer par un mot anglais. Ses syntaxes étaient chaotiques mais pleines de vie, d’élans, de couleurs. Elle s’excusait régulièrement de ses fautes — bien que cela soit de moins en moins fréquent, et il aurait aimé savoir lui dire qu’il aurait pu l’écouter des heures durant, quoi qu’elle ait à dire.

Après une gorgée de vin, Aron fait distraitement danser le liquide dans son verre, puis le pose à son tour sur le comptoir. Juniper parle d’une voix douce pendant que son regard part se perdre par-delà la fenêtre, à travers les fleurs des champs et les quelques arbres qui ponctuent la ligne d’horizon. Il observe son profil sans plus chercher à s’en cacher. Le soleil s’apprête à prendre congé derrière la ligne de crête, au loin, et les iris vertes de June en captent les derniers rayons. Une fine mèche de cheveux blonds s’échappe de derrière son oreille, sans qu’elle s’en aperçoive. Aron approche instinctivement sa main de la pommette de la jeune femme, absorbé par ses paroles. Celle-ci tourne soudainement la tête vers lui, au détour d’une phrase. Comme pris sur le vif, il bat en retraite précipitamment en dissimulant un sourire. Ce n’était pas quelqu’un de très tactile, Aron, mais à cet instant, ce geste plein de tendresse avait semblé la chose la plus naturelle au monde.

Juniper lui avoue que elle non plus, elle n’a pas vécu ça depuis un moment, lui avoue Juniper, et ça a quelque chose de réconfortant. Il sentait qu’elle aussi était prudente, en parlant de tout ça. Comme si mettre des mots et définir les contours allait briser, faire faner, faire fuir. Ils avaient fait grandir timidement ce quelque-choses à la lueur de bougies et de feu de camp, au crépuscule ; il n’avait aucune envie de rallumer brusquement la lumière, et quelque chose lui disait que June non plus. « J’avais vraiment envie de passer cette soirée avec toi. » Ses doigts fins viennent à la rencontre des siens. Il lui répond d’un sourire doux, sincère. Ses mains lui paraissent brutes, en comparaison : épaisses, solides, rugueuses. Les mains de quelqu’un qui porte, tire, pousse, scie, presse, retient, serre. Il porte une cicatrice blanche sur la tranche de la main — une entaille qui date de ses années d’adolescence — et de petites callosités se sont installées à la naissance de chacun de ses doigts, comme des preuves de toutes ces heures passées à bricoler. Des mains inhospitalières, qui ne résistent toutefois pas à l’appel de Juniper. Ses doigts glissent avec douceur sur les phalanges, dans les creux, sur les parties osseuses, sur les parties de chair. Il écarte les doigts pour qu’elle y glisse les siens. « C’est presque loin, la timidité des cimes. » Il relève les yeux vers elle. « Parfois, j’ai l’impression d’avoir rêvé cette soirée. » Il laisse échapper un rire court, en repensant à cette veillée glaciale de début de printemps quelque peu surréaliste. Le feu, l’humidité de la forêt. Son manteau. Le bout rougit de son nez. Les cimes. Et leur baiser, bien sûr. Il pense ensuite aux semaines et aux mois qui s’en sont suivi. « Je sais pas ce qu’on a attendu, exactement. », il admet. Il sait un peu, quand même. Elle comme lui étaient à la tête de leur propre entreprise, et le début de la saison touristique était toujours chargée. Mais les vraies raisons étaient sans doute ailleurs. « On aime prendre notre temps, ici. Je sais que ça a tendance à te rendre folle… » il ajoute en se rapprochant à nouveau tout prêt de son visage, un sourire taquin collé au visage, comme une provocation. « Mais ça m’a donné l’impression d’être un ado, ces dernières semaines. » Il la toise. Qu’est-ce qu’il la trouve belle. Des ados n’auraient sans doute pas eu leur patience prudente.
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Juniper Anderson
Juniper Anderson

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Pseudo : Pauline
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Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

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MessageSujet: Re: in a blink of an eye (aron)   in a blink of an eye (aron) EmptyMar 23 Juin - 21:33


Juniper peut sentir des cales sous ses doigts. Des cales et ce qu’elle pense être des cicatrices. Des reliefs discrets, où la peau se fait plus douce, comme neuve, un peu plus jeune. Les phalanges sont robustes, les mains et les doigts musclées. Ce sont des mains de bricoleur, qu’elle est en train d’explorer, des mains qui n’ont pas grand chose à voir avec les siennes ou avec celles qu’elle a déjà rencontré. Les gens de San Francisco ne travaillent pas sur leurs maisons aussi fréquemment que le font les gens de Visby - ou du moins pas aussi fréquemment que le fait Aron. Il est rare de les entendre parler des travaux qu’ils ont fait, le week-end précédent, de la manière dont ils ont arrangé leur charpente, leur salle de bain ou leur installation électrique. Non pas que Juniper et lui en aient réellement parlé, mais elle l’a vu faire, ces derniers mois : passer des week-ends dans le jardin, pelle à la main, pour arranger un espace qu’elle n’avait pas encore remarqué, ou pour dégager l’allée après les pluies ; passer de l’huile sur la porte d’entrée et sur le chambranle ; réparer une vitre abimée. Sans parler de l’installation électrique de sa voisine, ou d’un bout de toit qui avait décidé de se faire la malle. Ce sont des mains robustes, qu’elle est en train d’explorer, des mains qui ont fait des choses réelles, concrètes, que l’on peut encore voir et admirer. June se dit un instant qu’elle aimerait avoir plus de cales sur ses mains. Qu’elle aimerait savoir construire des choses durables, solides, et que ces dernières années, tout a semblé lui glisser entre les doigts.

Aron écarte pourtant les siens et Juniper y glisse les phalanges, déglutissant rapidement. Sa paume est chaude et elle se demande si sa main sur sa joue aurait eu la même chaleur. Elle peut deviner pourquoi il l’a retiré, quelques minutes plus tôt : pris sur le fait d’un geste plus tendre que ce à quoi ils étaient habitués jusque là, d’une intimité qu’ils n’avaient pas vraiment eu le temps de construire mais dont Juniper avait envie. Elle ne s’en était pas rendue compte jusque là, mais ce simple contact lui avait manqué. La main d’Aron contre la sienne, qu’elle n’avait pas senti depuis cette nuit dans la forêt. Un geste si simple qu’il aurait pu passer inaperçu, peut-être, quelques années plus tôt, et qui aujourd’hui lui serrait agréablement l’estomac. « Parfois, j’ai l’impression d’avoir rêvé cette soirée. »  « I should be the one saying that, Mister McDreamy », répond Juniper avec un sourire amusé. Elle a entendu les jeune filles parler, en ville, évoquer leur crush de jeunes adultes, voire d’adolescentes, sur le gérant un peu bourru du Black Sheep. Juniper se garde bien de leur dire qu’il n’est pas si bourru que ça, et que bien d’autres hommes n’auraient pas remarqué la timidité des cimes. N’auraient pas pris même la peine de lever les yeux pour observer la canopée. « Je sais pas ce qu’on a attendu, exactement. » On a attendu d’être sûr ? Moi, j’étais sûre, je crois. Alors on a attendu pour le plaisir d’attendre, peut-être. Ou par peur ? Par crainte d’un dérapage, d’un mauvais virage ? Juniper n’en est pas bien sûre. Peut-être ont-ils simplement attendu pour faire durer le plaisir, pour éviter une autre déception, ou les deux à la fois.

« On aime prendre notre temps, ici. Je sais que ça a tendance à te rendre folle… » La libraire ouvre la bouche pour répondre, mais Aron s’approche et sa phrase semble s’évaporer. Elle cligne des yeux, reprendre contenance et se racle la gorge. Il se tient si près qu’elle pourrait sentir la chaleur de son corps irradier à travers le tissu fin de son tee-shirt, et Juniper se sent presque stupide d’être ainsi troublée. « Mais ça m’a donné l’impression d’être un ado, ces dernières semaines. » À qui le dis-tu, je suis à peu près sûre d’être en train de rougir… June porte sa main libre, celle qui a délaissé son verre, à ses joues, pour s’en assurer, détournant un bref instant le regard. Quand elle le porte à nouveau sur Aron, toutefois, un sourire léger, malicieux, étire le coin de ses lèvres.  « J’ai eu l’impression de…These past few weeks, I’ve felt like I was waiting for my highschool crush to invite me to prom. » Juniper entretient la distance entre eux, faible, très faible, qu’elle se retient avec difficulté de franchir. Sa main qui, un instant auparavant s’assurait que son visage n’était pas en train de s’enflammer, vient se poser sur la taille d’Aron. Après un bref silence - qu’elle n’a pas vraiment remarqué, car elle le regardait et que le temps parfois lui joue des tours - elle repense à la main qui a manqué de s’approcher de son visage et prononce doucement, dans sa langue :  « You know you can touch me, right ? »
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