Roses and Ruins
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez
 

 the night so black that the darkness hummed (juniper)

Aller en bas 
AuteurMessage
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyDim 17 Mar - 22:26



the night so black that the darkness hummed
juniper & aron

La Black Light Party avait battu son plein jusqu’au lever du jour, le samedi matin. Epuisé et tout de même un peu éméché — il avait bien fallu ça pour supporter la fin de soirée, Aron avait passé la majeure partie de son samedi à nettoyer le Black Sheep, aboyant sur toutes les personnes inconscientes qui avaient eu l’audace d’outrepasser la petite pancarte « FERMÉ JUSQU’À LUNDI » collée sur la porte du pub. D’ordinaire, il se serait réjouit de rejoindre sa petite maison à l’extérieur de la ville, le soir-même. Mais Norssken Fest oblige, il avait du revoir son programme et se préparait à passer le week-end à Visby. Il s’était engagé auprès d’une des associations de la ville à apporter son assistance pour la préparation de la nuit à la belle étoile. Dimanche matin, la tête encore lourde et les muscles courbaturés, il regrettait amèrement ce choix, et se promis à lui-même de ne plus jamais s’engager dans quoi que ce soit d’autre à l’avenir.

L’après-midi avait été rythmé par ses allers-retours entre le QG de l’association, le Black Sheep et le lieu du campement sur les falaises de Högeklint, le point le plus haut de l’île qui surplombait une mer agitée, ce jour-là. Le ciel était blanc et une des organisatrices avait répété à de nombreuses reprises qu’il ne devrait pas pleuvoir — plus pour se convaincre elle-même que pour rassurer ses collaborateurs. Le soir venu, le ciel était effectivement dégagé et on commençait à distinguer quelques étoiles tôt dans la soirée. Malgré tout, un vent glacial et belliqueux s’appliquait soigneusement à faire trembler les toiles de tentes, décoiffer les têtes et faire danser les flammes du feu de camp.

A son arrivée définitive sur place, vers 20h, Aron salua tour à tour — mais succinctement — les habitants déjà présents. La plupart des visages étaient familiers ; il en invectiva quelques uns, ébouriffa les cheveux de quelques jeunes têtes blondes et pris sur lui pour souhaiter la bienvenue aux inconnus. Il avait vu Juniper dès le départ et s’était contenté de la saluer brièvement, peu désireux de l’interrompre et un peu incertain, suite à leur dernière interaction.

La soirée était bien entamée et laissait place à la nuit : les odeurs de viande grillée avaient été chassées par les bourrasques mais plusieurs assiettes qui trainaient encore çà et là indiquaient que les habitants avaient profité d’un vrai petit festin à la belle étoile. L’évènement était un franc succès malgré la météo : familles, couples et groupes d’amis s’étaient rejoints, portant le nombre de participant à une soixantaine. Des petits groupes s’étaient formés, les conversations allaient bon train, certains s’éloignaient vers le bord de la falaise ou vers le bois pour discuter tranquillement. Aron avait passé les dernières heures à faire la conversation et à échanger des banalités avec toutes sortes de personnes : autant dire qu’il ne passait pas la meilleur des soirées. Ces interactions sociales sans importance l’avaient rendu impatient et irrité. Vers minuit, il attrapa une bière dans une des glacières (bien superflues) et il s’installa, enfin seul, sur un des fauteuils de camping pliables disséminés autour du feu. Il décapsula la bouteille d’une main, balança la tête en arrière en fermant les yeux pour se couper du monde, quelques secondes, tout en buvant le breuvage glacé. Lorsqu’il les rouvrit, ses yeux se perdirent pendant de longues minutes entre les flammes, le ciel étoilé et les petites grappes d’habitants.

Son regard se posa finalement sur une scène qui n’avait jusqu’ici pas retenu son intention. En face de lui, de l’autre côté du feu de camp, six ou sept jeunes enfants écoutaient une histoire qui leur était contée. Allongés sur le ventre dans leur sacs de couchages, des bonnets bien enfoncés sur leurs petites têtes blondes, perchés sur leurs coudes, ils écarquillaient les yeux. Aron était trop loin pour entendre l’histoire, mais suffisamment près pour voir certains d’entre eux lutter contre le sommeil. Il était tard, et en temps normal leur nuit aurait démarré depuis plusieurs heures déjà, dans le confort de leurs lits. Mais ce soir était une nuit spéciale. Les parents acceptaient de faire fi des règles le temps d’une nuit, discutant avec leurs amis tout en gardant un oeil sur leur progéniture, fascinée. Le regard d’Aron se posa enfin sur Juniper, objet de toute cette attention et de toute cette fascination. La jeune femme était assise en tailleur sur de grosses couvertures, emmitouflée dans un manteau et une énorme écharpe. D’une main, elle tenait fermement un grand livre illustré. Aron n’arriva pas à décrocher son regard de Juniper pendant un long moment : sa voix ne portait pas jusqu’à lui, mais il observa  ses changements d’expressions — la surprise, l’air sévère, l’excitation — ses gestes doux et théâtraux, sa difficulté à maintenir le livre ouvert avec le vent, ses mains qui cherchaient constamment à écarter ses longs cheveux décoiffés de son visage. Soudain, le regard de la jeune femme se pose sur lui. Il lève sa bouteille et lui adresse un petit signe de tête, à la fois gêné d’être pris sur le vif, embêté d’avoir interrompu sa petite performance, et… satisfait d’avoir été remarqué.


Dernière édition par Aron Strömquist le Sam 23 Mar - 12:51, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyMar 19 Mar - 20:58



Le froid est saisissant mais Juniper ne veut pas s’en plaindre : les gamins ont les yeux brillants, même si les paupières sont un peu lourdes. Ils sont allongés sur le ventre, menton dans les mains, l’air attentif malgré la fatigue et le sommeil qui les guette. Ils écoutent, plus sagement encore qu’à l’accoutumé, quand ils passent à la librairie. L’heure tardive doit certainement jouer, ou peut-être est-ce l’atmosphère qui aide les mots à envouter. L’histoire est simple bien que légèrement pimentée par une série de choix originaux - Juniper n’aime pas les histoires de princes et de princesses, encore moins quand ces dernières sont à sauver. Elle préfère les aventures de cape et d’épée, les grands espaces, voire l’espace tout court - elle leur raconte d’ailleurs comment les héros, un frère et une soeur incroyablement débrouillards et inventifs, ont réussi à réparer leur vaisseau spatial pour quitter une planète hostile, tout en se laissant guider par les magnifiques couleurs d’un système voisin. Tout le monde y trouve son compte, particulièrement Juniper qui a toujours eu un faible pour la science-fiction.

Le vent souffle et les gens passent et repassent, circulant autour du feu en de larges mouvements calmes, apaisés. Personne ne court, personne ne crie et tout le monde semble heureux malgré les températures qui n’ont cessé de chuter dans la soirée. Le feu brûle fort et éclaire largement la scène, si bien que la libraire n’a aucune mal à déchiffre les grandes lettres de l’album qu’elle tient entre les mains. Elle ne se rend pas compte qu’on l’observe, de l’autre côté des flammes. Pas tout de suite du moins. La lecture du compte, pendant un moment, accapare toute son attention : elle y met de drôle d’accents, ajoutent des mimiques tantôt terrifiantes, tantôt joyeuses, et ajoutent parfois quelques gestes. Son corps s’adapte, se penche en avant ou se redresse et elle module ses intonations pour rendre l’histoire la plus vivante possible. C’est qu’elle a des années de pratique, à lire des contes autour du feu, à la ferme, ou devant la cheminée, chez les Anderson - ils choisissaient à tour de rôle une lecture pour la semaine et en découvraient chaque soir quelques pages.

La fin approche tandis que les premiers yeux se ferment. Juniper voit bien qu’ils luttent pour rester éveillés, qu’ils veulent profiter de l’autorisation exceptionnelle de veiller, et leur détermination l’attendrit. Ils protestent, quand la dernière phrase est achevée et que l’album est refermé et June ne peut s’empêcher de rire, par-dessus le bruit du vent.  « Je vais faire une pause les enfants, sinon je pense que je vais perdre ma voix. » On tente de la séduire avec des promesses de câlins et de chocolat - face auxquelles elle peine à refuser - mais elle se redresse, étire sa nuque et son dos raidit et croise son regard de l’autre côté du feu. Aron est installé, confortablement, une bière à la main, semblant avoir enfin trouvé le temps de s’asseoir - il n’a cessé d’aller et venir une bonne partie de la soirée et ils n’ont guère eu le temps de discuter. Juniper lui adresse un sourire avant de se lever, bien décidée à profiter du calme qui semble entourer le gérant du Black Sheep. Il lui faut quelques minutes pour le rejoindre : on a de cesse de l’interpeller, de lui offrir à boire, de lui poser des questions ou de réclamer des câlins - ça, c’est pour les plus jeunes qui profitent de son statut d’américaine exilée. Ce n’est qu’au bout d’une dizaine de minutes qu’elle s’approche enfin du fauteuil, une main posée sur le dossier. Un sourire aux lèvres, elle baisse les yeux vers son voisin.  « Il paraît qu’on commence à manquer de bois. Ça t’ennuierait de me donner un coup de main ? » Ils pourraient aussi profiter de la chaleur du grand feu et de l’ambiance joyeuse de la fête : Juniper ne veut pas s’expliquer cette envie de calme, ni ce besoin d’intimité qu’elle n’avait plus ressenti depuis un long moment. Besoin qui lui semble à la fois étranger et drôlement familier, depuis les dernières heures passées dans la cuisine, dans une semi-clarté de fin de journée.
Revenir en haut Aller en bas
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptySam 23 Mar - 15:40

Après leur échange de regard, elle se lève doucement, malgré les protestations de la poignée d’enfants ensommeillés. Il lui faut un bon moment pour parcourir la vingtaine de mètre qui les séparent : la voilà sollicitée à droite, à gauche ; une fillette se colle à sa jambe, l’Américaine caresse sa tête blonde tout en discutant avec le père de celle-ci. Il ne faisait pas de doute que Juniper avait trouvé sa place dans la petite communauté de Visby : Aron n’était visiblement pas le seul a être sensible à sa douceur et sa spontanéité toute exotique. Juniper est une nouvelle fois interceptée, par Frida cette fois, une retraitée aux cheveux blancs et à l’oeil vif, à la tête de l’organisation de l’évènement. La vieille dame lance un regard discret dans la direction d’Aron pendant que l’Américaine a le dos tourné, puis dit quelque mots à celle-ci en faisant un geste vers le grand feu de camp. Le vent ne porte pas ces paroles jusqu’à Aron, mais il voit Juniper acquiescer avec sourire résolu, échanger encore quelque mot avec la retraitée et enfin, s’éloigner de l’agitation.

L’homme est toujours installé sur son fauteuil de camping, à la lisière du large cercle créé par les flammes. Il bois une nouvelle gorgée de sa bouteille alors que Juniper approche. Sa silhouette est emmitouflée dans plusieurs couches de vêtements, ses mains dans les poches de son manteau et ses cheveux décoiffés par des bourrasques, tentant par tous les moyens de s’extirper de son bonnet et de sa grosse écharpe en laine. Il ne détourne pas les yeux et se contente de la regarder marcher vers lui, sa pudeur habituelle vaincue par la soirée fatigante qu’il a passé. Lorsqu’elle se plante devant lui, il distingue à la lumière du feu son nez rougi par le froid, ses yeux brillants à cause du vent, ses cheveux blonds dorés par la lumière rougeoyante du brasier. Décidément, la lueur des flammes lui allait bien.

La jeune femme n’a pas l’air décidée à s’installer dans le fauteuil voisin ; elle baisse les yeux vers lui et commence : « Il paraît qu’on commence à manquer de bois. » Instinctivement, Aron tourne la tête en direction de la petite camionnette garée à une centaine de mètre de là. Les portes sont fermées, mais il sait très bien qu’à l’arrière est empilé bien plus de bois que nécessaire pour faire durer le feu de camp toute la nuit. Il le sait, parce qu’il a aidé le vieil Edvar à remplir sa fourgonnette cet après-midi encore. « Ça t’ennuierait de me donner un coup de main ? » Le regard d’Aron croise celui de Frida mais aussitôt la vieille dame fait mine de retourner à sa conversation. S’il y avait bien une chose qu’Aron détestait, c’était les gens qui se mêlaient de ce qui ne les regardaient pas, qui s’immisçaient dans la vie des autres ; Frida semblait une fois de plus vouloir jouer les entremetteuses mais ce soir, il ne réussit pas à lui en vouloir. Il lève les yeux vers Juniper et esquisse un sourire. « Let’s go. » Dans un mouvement, il termine le fond de sa bière et se lève du fauteuil, étirant ses épaules après ces quelques minutes de lâcher-prise. Il fait quelques pas vers la grande tente qui rassemble les provisions et le matériel de l’association et en émerge avec une hachette. « Viens, que je te montre les secrets de ma forêt. » il ajoute, d’une voix posée, avec un petit sourire. La vérité, c’est que la journée a été longue et que la perspective d’aller couper du petit bois en pleine nuit ne lui est pas particulièrement réjouissante — celle de passer du temps seul avec Juniper, loin de cette communauté étouffante, lui est en revanche beaucoup plus agréable. Il lui indique d’un signe la direction à prendre : celle du petit sentier de graviers qui s’enfonce tout droit dans le bois de sapins. Laissant la chaleur du brasier derrière eux, ils se mettent en marche, laissant le bruit du vent s’installer entre eux.

Ce n’est que lorsqu’ils franchissent l’orée du bois qu’Aron ouvre à nouveau la bouche. Comme si la distance qu’ils avaient établi entre eux et le groupe d’habitants lui permettait enfin de respirer. « Tu as du succès ce soir. » il dit simplement, en regardant où il met les pieds, la hachette se balançant à côté de sa cuisse au rythme de ses pas. « Les gamins t’adorent… » il poursuit, laissant sa phrase en suspend. Pour celui qui s’était toujours imaginé en père de famille, la vision de Juniper contant ses histoires à une flopée d’enfants allait s’infiltrer dans les recoins de son esprit — mais ça, il ne s’en rendrait compte que plus tard. Il pense alors à Rose, la fille de Juniper dont il a appris l’existence il y a quelques jours. Le silence s’installe furtivement. Chaque mot semble avoir été soupesé lorsqu’il conclu, sur un ton taquin, mais avec une certaine prudence : « …ils te laisseront jamais repartir. » Aron lui jète un regard discret, essaie de ne pas se départir de son air détaché mais bel et bien à l’affût d’une réaction de la jeune femme.  
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyLun 25 Mar - 12:35

June n’est pas bien certaine des intentions de Frida : elle ne connaît pas la vieille femme aussi bien qu’Aron et ne commence qu’à peine à comprendre le fonctionnement de cette petite communauté - fermée et parfois envahissante. Elle aime bien la vieille femme, autant qu’elle apprécie Madame Lindberg, et ne se doute pas qu’elle tente plus ou moins subtilement de la pousser vers Aron. Pour être honnête, elle n’aurait pas besoin de l’occasion, de l’histoire du feu de camps, du bois manquant alors que la brasier semble parfaitement brûler. Juniper comptait s’approcher, s’asseoir, parler un peu, peut-être, boire un thé, quelque chose de chaud et laisser passer la soirée. Elle comptait reprendre leur conversation où elle s’était arrêtée, remplaçant les bougies par la lumière vive du feu de bois. Elle comptait en apprendre plus sur Aron au lieu de parler d’elle, lui poser enfin des questions, lui demander de raconter des histoires. Les oreilles et les yeux curieux ne la gêne pas vraiment, pas autant qu’elles peuvent gêner les habitués de l’île, ceux qui sont partis puis revenus, ceux qui ont décidé de rester malgré tout. La libraire s’en veut un peu, toutefois, de tirer Aron de son fauteuil : elle l’a vu faire, toute la soirée, l’a vu s’affairer et sait qu’il y avait la soirée au Black Sheep, la veille, celle à laquelle elle a préféré ne pas assister. Il ne rechigne pas et se lève, la regardant comme il la regarde depuis quelques minutes, lui qui a pourtant l’habitude de détourner les yeux, de ne pas observer trop longtemps. C’est la fatigue, se dit Juniper, c’est la fatigue qui semble entamer sa réserve et lui donner une franchise différente dans le regarde.

 « Let’s go. » Il ne semble pas gêné pourtant, se lève sans rechigner, termine sa bière, s’étire un instant. Les yeux de Juniper s’attarde sur les épaule qu’il étire, sur les hanches à peine dévoilées par les couches de vêtements qui remontent. Ils sont si bien emmitouflés qu’on ne voit pas grand chose et c’est presque rassurant, cet effacement des corps. Plus naturel, peut-être, que ce qu’elle a connu jusque là, plus normal, plus intime également. Aron s’éloigne et ses yeux s’attardent sur la silhouette dans son ensemble - une récurrence, elle s’en rend compte, une habitude presque tant il est devenu une constante dans son univers. Plongée dans ses pensées, Juniper est presque surprise de le voir près d’elle. Esquissant un sourire en coin, elle hausse les sourcils et adresse un regard amusé à la hachette qu’Aron tient à la main :  « Tu sais que si je ne te connaissais pas, je me poserais des questions, surtout quand tu as ce truc à la main. » Elle le taquine, évidemment : il lui semble qu’Aron n’a rien d’un tueur en série et elle n’a aucune crainte à le suivre sur le chemin de graviers.

Le feu s’éloigne enfin et Juniper ne prend conscience du silence que lorsque son compagnon se remet enfin à parler. Les bruits de la fête lui semblent étrangement lointain : il n’y a les branches qui craquent sous leurs pieds et leurs respirations glacées, vaporeuses dans la nuit de Visby.  « « …ils te laisseront jamais repartir. » Il y a des pauses entre ses phrases, des silences plus longs que d’autres qu’elle n’a pas envie de briser tout de suite. Oui, les petits ont aimé l’histoire ; oui, elle les apprécie elle aussi, est incapable de le nier, même si, à chaque fois que l’un d’entre eux s’accroche à sa jambe, elle ne peut s’empêcher de penser à Rose et de se demander si elle ferait mieux d’appeler Jasper.  « Je ne compte pas repartir. » Elle n’a pas attendu, cette fois, n’a pas laissé le silence retomber, les craquements et bruissements et frottements envahir l’espace entre eux. Il n’y a pas d’hésitation dans sa phrase, pas de doutes non plus. Juniper tourne la tête, observe Aron un instant et finit par sourire.  « Évidemment, je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Je pourrais être obligée de rentrer, ou de partir, mais je n’en ai pas l’intention. » Ils avancent, et bien qu’elle aperçoive du petit bois à ses pieds, elle n’est pas encore décidée à le ramasser, préférant avancer encore un peu, profiter du calme, de l’éloignement du groupe, du bruit, du feu.  « Je ne pensais pas rester, quand je suis arrivée à Visby. Mais maintenant j’ai une maison, ici, et un travail qui me plaît. Il n’y a plus grand chose pour moi, là-bas. » À San Francisco, aux États-Unis, même dans le Colorado. À nouveau, elle pense à Rose, qu’on lui a retiré, et dont elle a décidé de s’éloigner - une forme de punition, peut-être, et de seconde chance, pour sa fille, pour elle aussi, quelque part. Mordue par le froid suédois, Juniper enfonce à nouveau ses mains dans ses poches, jetant un coup d’oeil à son compagnon qui lui semble bien moins sensible qu’elle aux températures de Götland.  « Ça a l’air toujours cruel, et un peu égoïste quand je dis ça. Mais je suis bien ici. Je comprends, quelque part, pourquoi tu as voulu rester.»
Revenir en haut Aller en bas
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptySam 30 Mar - 11:34

Une lune éclatante se détache sur le ciel d’encre. De minuscules étoiles l’accompagnent — mais toujours aucun signe d’aurore boréale. Aussi loin qu’il se souvienne, Aron n’avait jamais aperçu la moindre aurore pendant les soirées de Norrsken Fest ; en vérité, à part quelques touristes zélés, personne ne se formalisait vraiment de leur absence. Ces phénomènes étaient difficilement observables à cette latitude et la plupart des habitants de Visby en étaient bien conscients. Pourtant, chaque année, à la même date, la petite communauté se retrouvait pour partager cette drôle d’effervescence qui animait petits et grands. La définition de la folie, c’est de refaire toujours la même chose et d’attendre des résultats différents. Peut-être qu’il y avait un peu de folie, chez ces habitants. Ou peut-être juste un sens de la communauté, un besoin indicible de fraternité et de chaleur humaine, à la fin de ces hivers suédois interminables.

La lumière de la lune, donc, se faufilait entre les branches nues des feuillus et les épines des résineux pour atteindre le sol. Juniper et Aron pouvaient distinguer sans trop de mal le sentier sur lequel ils progressaient doucement. Même s’ils avaient du avancer dans le noir le plus total, Aron n’aurait eu aucun mal à retrouver son chemin ; après tout, il connaissait cette petite forêt comme sa poche. Chaque arbre, chaque rocher, chaque chemin avait, d’une façon ou d’une autre, été le décor d’une scène de son enfance, de son adolescence puis de sa vie d’adulte. Gamin taciturne mais casse-cou, il avait arpenté le bois en long, en large et en travers. Un oeil averti pourrait probablement retrouver les vestiges des cabanes qu’il y construisait avec son meilleur ami, ou un M + A gravé dans l’écorce d’un vieux chêne, empreinte d’un amour adolescent immémorial. Aujourd’hui encore, Aron aime venir y promener son chien, Oli, un dalmatien qui semble lui aussi chérir ce lieu. Cette forêt n’a pourtant rien de très intéressant à offrir : elle n’est ni très grande, ni particulièrement belle ; n’abrite que des essences communes et une faune éparse et ordinaire. Mais c’est sa forêt. Et le fait qu’il accepte de s’y perdre avec Juniper, ça signifiait quelque chose.

« Je ne compte pas repartir. » Elle avait prononcé ces mots d’une voix claire, assertive. Un poids minuscule, dont il n’avait jusque là pas réalisé la présence, se détacha de la poitrine d’Aron. Comme elle s’attache rapidement à le souligner, elle a trouvé sa maison, un emploi, sa place, après tout. Tout laissait à penser qu’elle était ici pour un moment ; mais l’entendre le confirmer à haute voix décrocha un sourire discret à l’homme, dissimulé par l’obscurité de la forêt. « Bien. » Le mot lui échappe, sans pour autant dépasser sa pensée. June ne réagit pas tout de suite, laissant cette réaction en suspend entre eux. Ils continuent d’avancer ; elle, enfonçant son menton dans son épaisse écharpe, les mains cherchant la chaleur dans les poches de son manteau ; lui, laissant le froid mordre son visage et sa nuque nue — il y avait quelque chose de revigorant dans cette sensation — balançant doucement la hachette le long de sa jambe. Bientôt, il faudra qu’ils fassent tous les deux semblant de prendre leur mission au sérieux ; il faudra couper du petit bois et le rapporter là-bas. Mais pas tout de suite, pas maintenant.

Il n’y a plus grand chose pour moi, là-bas. Les mots de Juniper résonne encore dans le silence du bois. Rose. Il pense forcément à Rose, cette enfant dont il ne sait rien, si ce n’est qu’elle porte un nom de plante, comme sa mère. Si Juniper s’efforce d’être légère dans ses paroles, même Aron est en mesure de lire le poids qui pèse dans cette affirmation. Comme pour court-circuiter un éventuel jugement de la part de son compagnon de route, la jeune femme ajoute rapidement : « Ça a l’air toujours cruel, et un peu égoïste quand je dis ça. » Aron ouvre la bouche ; il aimerait lui dire qu’elle lui semble au contraire bien courageuse, mais quelque chose l’en empêche. La pudeur, peut-être. Il n’a aucune idée de ce que Juniper a pu traverser dans sa vie, dans son couple, avec sa fille. Il ne veut pas prétendre le contraire, ni lui balancer des banalités qu’elle a probablement déjà entendu de gens bien plus proches d’elle que lui, son voisin bricoleur. Il ne sait pas qui elle a été, ce qu’elle a fait et à vrai dire, ça ne l’intéresse pas vraiment. Ce qu’il sait, en revanche, c’est que cette femme est solaire. Spontanée. D’une douceur et d’une simplicité telle qu’elle est parvenue à lui faire parler de lui — un sacré défi. Il l’observe du coin de l’oeil, alors qu’elle parle, habitée et sincère. Il ne peut pas envisager que les choses ne finissent pas bien, pour elle. Pour Rose.

Juniper le sort subitement de ses considérations : « Je comprends, quelque part, pourquoi tu as voulu rester. » Il ne parvient pas à réprimer un sourire, et lui lance un regard entendu. Il commence doucement à la connaître, à présent. Elle a trouvé comment le faire s’ouvrir à elle, et elle ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. « La question de partir ne s’est jamais vraiment posée. » dit-il, dans un demi-mensonge. Evidemment qu’elle s’était posée. Il avait vu suffisamment de ses proches partir — parfois sans jamais revenir — pour se la poser. Cette île était chez lui, faisait partie de lui. Il n’avait jamais cru que l’herbe était plus verte ailleurs. Un souvenir s’infiltre soudainement et brutalement dans son esprit, comme savent si bien le faire les réminiscences douloureuses : Sara, ses deux énormes valises à côté de l’entrée de leur appartement. Qu’est-ce qui te retient ici, Aron, hein? De quoi t’as peur? La planète a plus de chose à offrir que ces putain 3000 km2 d’île. Pourquoi tu veux t’enterrer ici? Pourquoi tu veux pas me suivre? J’en vaut pas la peine, c’est ça? De quoi t’as peur, Aron? Il lève la tête vers le ciel, prend une profonde inspiration, un peu douloureuse, et espère chasser ses souvenirs pénibles. Il n’a pas la force de réouvrir de vieilles cicatrices ; pas l’envie de les faire voir à June. Son regard se repose sur la l’Américaine. Elle attend visiblement la suite, qu’il se livre un peu plus, sans doute. Il n’a pas vraiment envie de discuter, pourtant. Il a envie juste envie que la forêt les dévore, tous les deux. « Ça me fait plaisir que tu te sentes bien ici. » il se contente d’ajouter, brisant enfin le silence en cherchant son regard. On pourrait croire qu’il esquive, Aron. Et ce serait surement un peu de vrai. Ceux qui le connaissent savent pourtant qu’une telle déclaration n’est pas anodine.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyMar 9 Avr - 21:10

Homme de peu de mots, Aron laisse planer entre eux le silence et quelques paroles. Bien résonne comme une appréciation entre les sapins, comme un soulagement, peut-être, une question qu’on n’osait pas poser jusqu’alors. Juniper se demande un instant si elle se fait des films, si elle imagine le sourire léger qui tire sur les lèvres de son compagnon. L’atmosphère est étrange, délicatement tissée, mélange de la fête qu’ils ont laissé derrière eux et de ce qui s’est créé, quelques jours plus tôt, dans une cuisine mal éclairée. C’est un cocon chaleureux, malgré la nuit glaciale, quelque chose que la libraire assimile à l’île, à sa petite boutique décorées de bougies et de bois, à son canapé où elle se niche avec délice. Est-ce Visby, est-ce la forêt, est-ce Aron ? Est-ce que ce sont les trois combinés qui font de cette nuit quelque chose de particulier ?  « Tu ne parles pas beaucoup. » La remarque lui échappe avant qu’elle n’ait vraiment pu l’en empêcher, mais il y a un sourire dans sa voix, quelque chose de taquin malgré l’honnêteté de la réflexion. June lève les yeux vers son voisin qui, elle le sait, peut se montrer bien moins laconique quand il l’a décidé.  « Mais ce n’est pas un défaut. » Ou du moins par pour elle, devrait-elle ajouter. Ça ne me gêne pas, si tu ne parles pas, si tu dis les choses autrement, mais je poserai des questions, semble-t-elle vouloir lui dire. Le silence n’a jamais rebuté les Anderson qui, volubiles, joyeux, bruyants, ont toujours eu tendance à s’y heurter plutôt qu’à s’y arrêter. Juniper a toutefois appris, avec les années, à le respecter.

Alors qu’ils continuent à avancer, peu décidés, pour le moment, à couper le bois qui leur a été demandé, elle voit Aron hésiter du coin de l’oeil. Hésiter sur ce qu’il doit dire, sur ce qu’il peut dire. Il ouvre la bouche, semble réfléchir de longues secondes avant de se raviser. Elle ne lui en veut pas : il n’y a rien à dire et, après tout, il ne sait pas. Il ne sait pas ce qu’il s’est passé, le pourquoi du comment de toute cette affaire, ce qu’elle a fait, ce qu’elle a laissé derrière elle - comment elle a brûlé les derniers ponts qui la reliaient encore à son ancienne vie. Burning bridges. L’image lui vient en tête, immense feu se nourrissant de passé, de souvenirs et de moments que l’on préfère oublier. Non, Juniper ne lui en veut pas et préfère, d’elle-même, passer à autre chose. « La question de partir ne s’est jamais vraiment posée. »  « Vraiment ? Tu es le premier à me dire que Visby te suffit, je crois. » Elle soupçonne que ce n’est pas tout à fait la vérité, que c’est l’histoire qu’Aron veut bien raconter - pour le moment. Qu’il y a d’autres choses, dans le passé de son cher voisin, des choses que personnes, peut-être, ne connaît, qu’il préfère passer sous silence. Elle l’entend respirer, un peu plus fort, un peu plus profondément, et lève les yeux vers le visage qu’il a tourné vers le ciel, avant que les yeux sombres ne retombent sur les siens.

« Ça me fait plaisir que tu te sentes bien ici. » Le changement de sujet la surprend et lui fait hausser les sourcils. Il y a quelque chose de surprenant dans cette remarque, au premier abord anodine. June cligne des yeux une fois, deux fois et, cachée par la nuit, se sent comme rougir.  « Et ça me fait plaisir que tu me dises ça », même si elle ne saurait pas vraiment dire pourquoi - voudrait-elle l’admettre, si elle savait quelque chose de plus ? Elle réfléchit une seconde de plus, fronce les sourcils en tentant de formuler la phrase comme il faut, fidèle à la pensée d’origine, à ce qu’elle voudrait véhiculer.  « Tu n’es pas obligé de répondre, tu sais. » D’un geste vague de la main, qu’elle a tiré de sa poche, Juniper rappelle ce qu’il n’a pas dit, ce qu’il a laissé en suspens, ce qu’elle n’a pas demandé.  « Je serais toujours intéressée si tu veux me dire quelque chose, mais si tu n’as pas envie, ça me va aussi. » La nécessité de le dire se fait sentir, comme si elle craignait de le pousser, de le mettre mal à l’aise - d’en demander trop d’un coup, peut-être, avec sa curiosité naturelle. Un sourire malicieux étire ses lèvres alors qu’elle dégage une branche du chemin plus sauvage et plus dense.  « Le côté oversharer, c’est très américain. »

Les brindilles et les aiguilles craquent sous son talon et, bientôt, Juniper s’arrête, observant la forêt autour d’elle.  « Je ne suis jamais venue jusque là. Je me suis toujours arrêtée aux falaises. » Parce que la vue y est fantastique, impressionnante, presque vertigineuse et qu’il y avait tant d’autres endroits à voir, tant de travail à abattre, de choses à réparer, qu’elle n’a pas pris le temps d’explorer de fond en comble les recoins moins fréquentés. L’air glacé est saturé de l’odeur des arbres, de l’écorce, des aiguilles, alors qu’elle inspire profondément et laisse ses poumons s’emplir de senteurs devenues familières.  « Écoute », lâche-t-elle d’un air surpris,  « on entend plus rien. » Ont-ils marché si longtemps ? Les voix se sont estompées, tout comme les rires et les cris de joie.  « On dirait que la forêt nous a avalés. »
Revenir en haut Aller en bas
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyDim 21 Avr - 18:58

« Tu ne parles pas beaucoup. » La remarque le fait sourire dans l’obscurité, tellement elle lui est familière et résonne comme un refrain connu par coeur. Juniper s’empresse d’ajouter qu’elle n’y voit pas là un défaut, mais Aron ne s’en serait dans tous les cas pas incommodé. Il était comme ça, et avait depuis longtemps fait la paix avec sa personnalité taciturne. Elle avait rendu ses relations avec les femmes parfois difficiles par le passé — et continuerait à les rendre compliquées dans le futur, à n’en pas douter. Quelques unes, avaient rapidement compris que ce n’était pas parce qu’il parlait peu qu’il n’avait rien à dire ; ces personnes-là, il avait su les garder près de lui et chérir leur présence. On lui prêtait souvent des airs de misanthrope, mais l’homme était bien moins impassible et obtus que ce qu’il laissait paraître. Aron avait grandit au milieu de femmes bavardes, vives, intelligentes et déterminées qui le challengeaient quotidiennement : sa grand-mère, matriarche fière ; sa mère, artiste émancipée ; sa propre soeur, jeune femme ambitieuse. Il trouvait refuge auprès de son grand-père, un homme rieur mais discret, qui préférait le calme des sorties en mer aux aurores aux effusions de l’heure du déjeuner, dans le petit restaurant familial. Ses deux grands parents formaient un couple solide ; ils se complétaient, l’un et l’autre. Elle est la bouche, je suis les oreilles, lui avait un jour lancé son grand-père, alors qu’il n’était âgé que de six ou sept ans. Il avait naturellement grandit en pensant que c’était ainsi qu’il vieillirait à son tour : aux côtés d’une femme qu’il aurait plaisir à écouter raconter sa journée ou à parler de sa recette de saumon à l’aneth. Cette pensée lui réchauffe le coeur, alors que June peine un peu à laisser le silence s’installer entre eux. « I’m a better listener than a talker » il répond, sur un ton contrit mais avec un demi-sourire. Il ne sait pas trop ce qui le pousse à repasser à l’anglais ; l’idée de s’éloigner un peu de qui il est, probablement — et de se rapprocher de Juniper, sans aucun doute.

Lorsqu’il lui annonce qu’il est heureux de la savoir à l’aise à Visby, elle ne répond pas tout de suite. Il n’ose pas tourner la tête vers elle ou arrêter leur progression, mais il croit la sentir un peu déstabilisée, à ces côtés. Le doute s’immisce quelques secondes en lui : peut-être que c’était mal venu, peut-être que c’était trop rapide. Il est sur le point de corriger l’affirmation, de venir y greffer quelque chose, un petit rien qui permettra d’atténuer ce qu’elle pourrait y comprendre mais heureusement, la jeune femme l’en empêche. June se remet à parler, s’interrompant quelques fois, hésitante, anticipant une réponse d’Aron qui ne vient pas. La situation commencerait presque à l’amuser, le désir d’échange de la jeune femme lui collant un sourire en coin. Il aimerait juste continuer à l’écouter parler, dans cette forêt silencieuse et intimiste ; entendre sa voix résonner doucement vers la cime des arbres, laisser son accent rond glisser contre les écorces.

Elle conclue finalement, alors qu’il demeure désespérément muet, esquivant toutes les perches qu’elle lui tend : « Le côté oversharer, c’est très américain. » Il n’arrive pas à contenir un petit rire devant l’évidence de l’affirmation et s’empresse de lancer, moqueur : « Et t’es consciente de t’être installée dans un pays d’undersharers…? » Les Suédois n’étaient pas connus pour leur côté expansif ou pour leur goût pour l’épanchement. Aron s’amusait souvent à observer ses compatriotes échanger sobrement au bar, minimalistes de la conversation, là où les étrangers — et a fortiori, les Américains — aimaient faire savoir à chacune des personnes autour d’eux à quel point ils trouvaient la ville so charming. « Et t’es certainement en présence du plus Suédois des Suédois. » il ose ajouter, dans un rire, comme pour excuser son mutisme.

Les deux silhouettes continuent d’avancer dans le bois, le silence seulement troublé par le bruit de leurs pas sur l’humus frais, les quelques galets venus se perdre sur le sentier et les brindilles humides. Au bout de quelques secondes d’hésitation, l’homme dit simplement « Faut me laisser du temps, » pour ne pas dire Sois patiente avec moi, et s’empresse d’y ajouter « ou me faire boire » pour désamorcer cette soudaine vulnérabilité qui l’effraie. Le vent vient siffler entre les troncs et fait frémir les branchages. Cette partie de la forêt est plus dense, et la lune a plus de mal à se frayer un chemin jusqu’à eux. Malgré l’obscurité qui les enveloppe, Aron sait précisément où il emmène June, qui croit sans doute avancer à l’aveuglette. Ils s’arrêtent finalement dans une minuscule clairière — si petite que la désignation semble exagérée. « Je ne suis jamais venue jusque là. » L’affirmation ne le surprend pas, ils ont quitté le sentier balisé il y a quelques minutes déjà. L’endroit n’a rien de particulièrement intéressant, si ce n’est que les arbres, très rapprochés, forment un petit cercle aux contours réguliers, dénué de toute plantation. Le genre de détail anodin que seul un jeune garçon observateur et toujours fourré dans les bois ne peut relever.

Aron laisse doucement tomber la petite hachette à ses pieds et fait un pas pour franchir la distance qui le sépare de June. Il pose ses deux mains sur le haut de ses bras et la pousse doucement pour la faire reculer d’un mètre. Surprise par ce contact soudain et ne comprenant pas où il veut en venir, la jeune femme émet d’abord une résistance puis cède avec un regard suspicieux. Bien en place au centre d’un cercle dont elle l’a probablement pas conscience, Aron s’avance vers elle, leurs visages tout proches, et lui indique d’une main de lever les yeux vers le ciel. Au dessus d’eux, les cimes forment un curieux motif, chaque arbre s’appliquant à ne pas entrer en contact avec les branches des voisins. Le ciel clair, grâce à la lune, forme de petits sillons qui séparent chacune des couronnes de branchages. « On appelle ça la timidité des cimes. » Il baisse les yeux vers Juniper mais celle-ci contemple encore le ciel au-dessus de leurs têtes. A une vingtaine de centimètres de son visage, il observe ses yeux verts brillants, le bout de son nez rougit, sa bouche entrouverte dans un petit sourire de surprise. Son regard s’abaisse enfin pour rencontrer celui d’Aron, qui dans un réflexe, remonte vers le haut des arbres. I se racle la gorge pour retrouver une contenance, et précise : « Crown shyness, en anglais. » La précision est superflue, quelque peu ridicule, et il grimace aussitôt en fronçant les sourcils, l’air de dire : that’s what you get for hanging out with a dork. La gêne lui donne envie de faire un pas en arrière, mais tout son corps l'en empêche. Leurs regards se cherchent une nouvelle fois, se trouvent, se séparent. Ses pensées vont à toute allure et Aron a envie de rompre le silence, poursuivant sur le même registre botanique à défaut de mieux : « Il faudra que tu reviennes dans quelques semaines, en plein jour, quand il y aura de nouveau des feuilles… » il laisse la phrase en suspend, cherche comment l’achever. « Je t’accompagnerai. »
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyDim 28 Avr - 19:19


« I’m a better listener than a talker » Un instant, Juniper croit avoir fait un faux pas, mais le sourire sur le visage d’Aron la rassure et elle sent son visage se détendre dans l’obscurité.  « I know that », répond-t-elle avec un sourire, s’étant familiarisé étrangement rapidement avec la manière d’Aron.  « I’m not used to people listening as you do - quietly. We were really noisy, as kids. » Elle n’ose pas ajouter que Jasper n’était pas du même genre, qu’il a toujours parlé et ri assez fort, une sorte de pile électrique passant de scène en scène, à l’époque où il donnait encore des concerts. Et puis, quand il prit sa retraite des guitares, il y eut les répétitions à la maison, les heures de guitare sèche, dans un coin de l’appartement, la batterie dans la petite pièce où il avait entreposé ses instruments. L’harmonica, le soir, quand ils se mettaient sur le balcon, et les chansons pour calmer Rose lorsqu’elle n’arrivait pas à faire ses nuits. Il écoutait, lui aussi, certainement, à sa manière - Juniper en est sûre, bien qu’elle ne puisse se rappeler que des sons, des multiples sons et des très courts silences. Mais il écoutait différemment, avec ne attention changeante, volante, sautillante qui pouvait passer d’une idée à une autre, d’un sujet à un autre sans y accorder l’importance que l’on pouvait attendre. La libraire ne veut pas les comparer, ne veut pas mettre leurs images côte à côte, mais elle ne peut s’empêcher de penser qu’Aron et Jasper sont à l’opposé d’un même spectre, différemment de la pointe des cheveux au bout des orteils.  « I quite like it, you know », rajoute-t-elle avec un sourire, détournant un instant le nez pour ne pas admettre, sous couvert des branches, qu’elle vient de rougir.

À nouveau, Juniper parle, parle et parle sans qu’Aron ne répond - bien qu’elle voit son regard revenant vers elle, entre deux phrases, et le sourire qui étire encore ses lèvres. Elle ne se formalise pas, ne se vexe pas de ce silence, bien qu’elle ait certainement été frustrée, au tout début de son séjour, par ce calme national si différent de l’abondance et de la logorrhée américaine. A-t-elle changé ? La question la surprend, entre deux silences. Est-elle devenue un peu plus suédoise ? Certainement pas au niveau du discours, non, mais Juniper pourrait admettre que le calme de l’île à apaiser bien des démons, a chassé les bestioles qui tournaient en rond dans sa tête. Lui a également appris à être seule, à nouveau, sans famille, sans River, sans Rose ni Jasper pour lui tenir la main à chaque tournant. Sans colocataire, autre que Darcy, à qui raconter sa journée quand on rentre le soir, fatiguée mais heureuse.

La libraire laisse échapper un rire lorsqu’Aron la met face à cette étrange contradiction : une américaine volubile venue s’installer en terre de calme et de silence.  « Madame Lindberg ne doit pas être très suédoise, alors. Elle passe au moins vingt minutes tous les lundi à me raconter ses aventures du week-end et, crois-moi, elle ne me cache pas grand chose. » June appuie sa remarque d’un haussement de sourcils amusés : la vieille femme, brillante, colorée et vivante, habituée de la librairie, lui apporte aussi parfois des gourmandises et est d’une gentillesse à toute épreuve. La jeune femme ne peut s’empêcher de ressentir une forme de tendresse à son égard, tendresse qui s’étend, de plus en plus, à ces habitués qu’elle voit presque tous les jours de la semaine.

 « Faut me laisser du temps, ou me faire boire. » Alors qu’elle observer la forêt autour d’eux, Juniper tourne la tête pour observer le visage d’Aron plus attentivement. Est-ce que c’est un air gêné, qu’elle lui voit, là, autour des yeux, au coin des lèvres ?  « Je préfère l’idée du temps. Même si te regarder boire seul pour être drôle », ajoute-t-elle plus bas, doucement, la voix teintée d’un sourire léger bien que sincère. Elle aimerait bien lui dire qu’ils ont le temps, après tout, qu’elle ne compte pas partir, qu’elle est venue pour rester et que, s’il en a envie, ils pourraient réitérer cette promenade, our l’après-midi passée dans son salon. Mais Juniper lui a déjà proposé de venir dîner et n’a pas envie d’insister, pas cette fois, pas face à ce grand suédois fait de silences et de sourires discrets. Elle trouvera le bon moment, qu’elle se dit, le moment où il ne pourra pas vraiment dire non - bien qu’elle ne soit pas certaine, à ce moment précis, qu’il lui refuse une balade en forêt. Son train de pensée est interrompu, toutefois, par les mains sur ses épaules et non par le bruit de la hachette qui touche le sol. Elle avait oublié son existence. Juniper ne comprend pas et, finissant par se laisser faire, elle fronce légèrement les sourcils en regardant Aron. Ils s’arrêtent, pourtant, pas bien loin, au milieu des arbres, et il faut un instant à la jeune femme avant de lever les yeux vers le ciel. Les branches, quelque peu dépouillées, y dessinent des motifs légers sans jamais se toucher. Aron lui explique que le phénomène porte un nom et les mots lui parviennent sans vraiment s’enregistrer. Leurs regards se croisent mais Juniper est comme fascinée par la délicatesse du paysage et il lui faut un quelques secondes pour redescendre sur terre.

 « Ça me plairait beaucoup » finit-elle par répondre sans une once d’hésitation. Elle observe une nouvelle fois la timidité des cimes avant de revenir à son compagnon, émerveillée comme une enfant, hypnotisée par les écarts, les vides, les bouts de ciel qui séparent chaque branche.  « C’est un nom parfait, la timidité des cimes, tu ne trouves pas ? » Littéraire dans l’âme, les mots l’accrochent, lui plaisent. C’est pourtant sur le visage d’Aron qu’elle pose le regard, qu’elle laisse ses yeux se balader, après avoir observer les mouvements lents des arbres. Une pensée lui traverse l’esprit, ou plutôt une envie, un petit quelque chose auquel elle a déjà pensé mais qu’elle n’a pas encore osé mettre en oeuvre. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps, après tout, c’est peut-être déplacé. Va-t-il pensé que c’est déplacé ? Juniper n’en est pas certaine mais se hausse tout de même sur la pointe des pieds, venant déposer ses lèvres glacées sur celles d’Aron. Ça ne dure qu’un instant, léger comme les branches qui s’effleurent, froid comm la nuit de Visby, avec un petit quelque chose d’électrique.  « Désolé. Ça me trottait dans la tête ces derniers temps. » Alors que Juniper redescend sur la terre ferme, elle esquisse un sourire amusé, pas réellement gênée, ni réellement désolée.
Revenir en haut Aller en bas
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyVen 3 Mai - 15:21

Alors que Juniper a les yeux rivés vers le ciel, Aron s’octroie quelques secondes, peut-être moins, pour laisser les siens glisser sur le visage de la jeune femme. Sa bouche est entrouverte dans un sourire émerveillé, sincère ; pas un de ces sourires qu’il a déjà croisé sur les visages de femmes qui se savaient observées. June ne semble pas chercher sciemment à plaire, là, tout de suite, emmitouflée dans son épais manteau et son écharpe en laine, les joues rougies et les cheveux gonflés de l’électricité statique de l’air glacé. Elle ne cherche pas à séduire mais son aura solaire empêche Aron de défaire de sa bouche de ce petit sourire qu’elle lui colle, dès qu’elle est dans son champ de vision. Ses yeux viennent se poser sur la minuscule constellation de grains de beauté sur sa joue, effleurent ce nez en trompette qui lui donnent un air mutin, rejoignent ses iris vertes, dans lesquelles se reflètent les silhouettent sombres des cimes. « Ça me plairait beaucoup », elle finit par répondre, après avoir laissé un instant sa proposition en suspend dans l’air humide de la forêt. Elle ajoute, en baissant à nouveau les yeux vers lui : « C’est un nom parfait, la timidité des cimes, tu ne trouves pas ? » Il hausse les sourcils avec un petit air satisfait. Je savais que ça te plairait. Si le terme était capable d’émouvoir un ours comme Aron, quel effet pouvait-il avoir sur une amoureuse des mots comme June? L’image est douce, délicate ; la première fois qu’Aron a rencontré ce terme, il y a de cela presque vingt ans, il feuilletait un vieil herbier appartenant à sa grand-mère. Le garçon s’était alors imaginé avec amusement et fascination ces grands arbres centenaires, robustes et constants, sages et fiers, faire preuve d’un excès prudence, de délicatesse et de prévenance à l’encontre de leurs voisins. Le phénomène au nom poétique n’avait jamais quitté les recoins de son esprit depuis, et il se plaisait à l’observer lors de chacune de ses balades en forêt. Il savait que peu de gens prenaient le temps de vraiment regarder la forêt, et ceux qui pouvaient mettre des mots sur ce qu’ils voyaient étaient encore moins nombreux. Il gardait jalousement la timidité des cimes pour lui, comme un secret qui ne concernerait que les arbres et lui. Jusque là.

Aron veut faire un pas en avant, en profiter pour s’approcher d’elle et lui pointer du doigts les constellations visibles dans le ciel depuis leur poste d’observation. N’importe quel prétexte aurait fait l’affaire, tant qu’il lui permettait de réduire un peu l’espace entre elle et lui. Juniper le prend de court, pourtant, et se hisse à son niveau avant qu’il n’ait eu le temps de bouger. Ses lèvres froides viennent trouver les siennes, y déposant un baiser délicat et fugace ; si fugace qu’il n’a pas le temps de réaliser ce qu’il se passe que déjà elle écarte son visage du sien. Il rouvre les yeux — il n’avait pas réalisé non plus qu’il les avait fermé —, un goût d’inachevé sur les lèvres, un frisson descendant le long de sa colonne vertébrale. « Désolée, » elle murmure presque, « ça me trottait dans la tête ces derniers temps. » Puisqu’il ne réagit pas tout de suite, elle esquisse un pas en arrière ; dans un geste vif, il saisit son avant-bras pour interrompre son mouvement. Attends. Il n’arrive pas à croire qu’elle l’a embrassé, là, avec tellement d’aisance et de spontanéité, alors que l’envie le démangeait depuis l’instant où il avait croisé son regard de l’autre côté du feu, ce soir. Non, en réalité, il en avait sûrement eu envie depuis cet instant qu’ils avaient partagé dans sa cuisine, il y a de ça plusieurs jours. Ou peut-être même que ça remontait au jour où elle était venu toquer chez lui pour la toute première fois, qu’il avait quasiment aboyé sur elle à travers la porte mais que son sourire désolée et son accent incertain avait eu raison de sa mauvaise humeur. Il était presque jaloux qu’elle lui ait volé le premier pas — c’était plus facile à admettre que de reconnaître qu’il lui en était reconnaissant. Son autre main s’échappe de la poche de sa veste pour venir trouver la joue de Juniper : ses doigts glissent sur sa mâchoire et trouvent son menton, enfoui dans son épaisse écharpe. Il le relève doucement, s’approche du visage de Juniper avec un sourire discret, sa bouche toute proche, puis suspend le moment une fraction de seconde. Il veut être sûr d’être prêt, cette fois. Ses lèvres viennent enfin retrouver celles de June avec prudence, d’abord, à laquelle se mêle bien vite de l’humeur, de l’élan. La main qui saisissait son avant bras défait rapidement son emprise, descend vers son poignet et ses doigts se mettent à chercher les siens.

Au milieu de la forêt, noire et froide, il s’écarte légèrement. « La timidité des cimes, ça fonctionne toujours. » il chuchote avec un sourire narquois, feignant l’arrogance.
Revenir en haut Aller en bas
Juniper Anderson
Juniper Anderson

- ✢ -
Messages : 409
Pseudo : Pauline
Avatar : Elisabeth Olsen (jenesaispas)
Multinicks : Anya Larsen
Disponibilité : Fréquente
Âge : Trente ans
Adresse : Une petite baraque sur l'île de Götland, qu'elle a acheté avec ses économies et qu'elle retape, au fur et à mesure, tout en s'occupant de son jardin.
Occupation : Propriétaire de la librairie anglophone Austen&Co.
Réputation : La nouvelle venue, plus si nouvelle que ça, qui s'est décidée à reprendre la librairie sur le point de fermer. L'américaine qui semble sourire presque tout le temps et dont on ne sait pas grand chose, à vrai dire, si ce n'est qu'elle vit retirée sur l'île, qu'elle n'a pas de famille, qu'elle aime le thé, les biscuits, et bien sûr les livres.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyJeu 16 Mai - 19:50


Est-il surprit ? Juniper le serait certainement, à sa place. Non pas qu’elle n’ait pas pensé à cette possibilité, qu’elle ne l’ait pas envisagé les jours précédents, ou même lorsqu’il se tenait dans sa cuisine, au contraire. Elle avait passé quelques minutes à s’imaginer ce que cette intimité, transporter dans un autre cadre, dans quelque chose de confortable, de chaud et presque tendre, aurait pu donner. Et puis les questions avaient afflué, après quelques instants de rêve éveillé : et s’il n’était pas intéressé ? Et si, finalement, il préférait en rester là ? Et si elle avait compris les choses de travers, s’était fait des idées sur ce qui existait, ou pouvait exister entre eux ? Depuis son divorce, Juniper n’avait pas vraiment fréquenté les hommes et se plonger à nouveau dans cet univers de sourires et de peut-être lui semblait bien étrange. Il y avait l’incertitude du « si jamais », les choses que l’on ne connaissait pas sur l’autre, celles qu’on ne pouvait que deviner entre deux bouts de phrases - choses dont Aron était plutôt avare. Et puis il y avait tout le reste, toutes les questions liées à son départ, tout ce qui n’était jamais dévoilé et qu’elle gardait soigneusement couvert, jusque là. Il lui avait fallu un moment pour passer outre ses hésitations, quelques jours même, un bref laps de temps entre leur dernière rencontre et cette soirée glaciale. La libraire aurait été incapable de dire ce qui, à ce moment précis, l’avait poussé à se hisser sur la pointe des pieds pour embrasser ce géant délicat - elle ne le regrette pas, pourtant. Ni quand elle touche terre, ni quand il la retient par le bras. Son air quelque peu abasourdi n’a pas de prix et Juniper esquisse un sourire derrière sa grosse écharpe. Il n’a pas grogné, ne s’est pas énervé, ne semble pas trouver cela désagréable malgré le froid et l’absence d’écharper autour de son cou nu.

Le temps suspend un instant son vol tandis qu’ils restent là, attachés l’un à l’autre par une main, quelques doigts. Aron se rapproche, encore si cela est possible et ses doigts, presque aussi froids que la nuit, glissent sur sa mâchoire, déclenchant une cascade de frissons le long de son cou, de son dos, de ses bras. D’un geste doux, une incitation à peine, il la tire de son nid bien chaud, l’oblige à lever les yeux vers lui tandis qu’il se tient là, lui aussi suspendu. Juniper sait qu’elle pourrait attendre longtemps sans rechigner, détendue par sa chaleur proche, bien que discrète - remplie, également, d’appréhension et d’un « qu’est-ce que tu attends ? » qui lui brûle les lèvres. Aron ne lui laisse pas le temps d’ouvrir la bouche : ses lèvres sont sur les siennes - enfin. L’hésitation des premières secondes laisse place à autre chose de plus chaud, un emportement, une envie, peut-être, une sorte de libération. Ses doigts s’écartent pour laisser passer les siens qu’elle serre un peu fort peut-être. Il y a une sorte de ravissement à l’instant, quelque chose qu’elle n’attendait pas. Un petit bonheur, peut-être.

« La timidité des cimes, ça fonctionne toujours. » Il a à peine relevé la tête que Juniper hausse un sourcil faussement courroucé.  « Jackass. » La libraire ne peut toutefois retenir le sourire qui perce dans sa voix et que même le froid ne semble pas pouvoir attaquer.  « J’aurais dû me douter que c’était ton coin pour emballer les filles. » Et si l’idée est drôle, Juniper doute, quelque part, que ce n’est pas le cas. Que ce n’est pas le genre d’Aron, de parader avec des conquêtes, de dévoiler ses secrets, ses endroits secrets, à tout Visby. Du bout du nez, elle repousse le sien, faible vengeance avant de glisser ses doigts, froids, dans le cou dénudé. La peau lui semble, à cet endroit, presque brûlante, par contraste. Juniper se rend compte qu’elle aimerait s’y attarder, prendre le temps d’y repasser les doigts, doucement, assise sur son canapé.  « Tu crois qu’on est vraiment obligé d’y retourner ? » Sa voix est tombée, presque un murmure qui n’a pas lieu d’être - ils sont seuls au monde, dans les bois.  « Même si je pense qu’il fait un peu froid pour dormir à la belle étoile en ce moment », ajoute-t-elle avec un sourire, ayant malgré tout trahi cette envie qui la prend parfois de se couper du monde. De refuser ses obligations et de rentrer s’installer sur son canapé, une tasse de thé à la main, Darcy sur les genoux. Et puis il y a Visby et le regard des autres, bien que Juniper n’y ait jamais porté grande attention jusque là. Elle ne sait pas ce qu’il en est pour Aron mais elle a envie de garder, encore quelques minutes, ce moment là pour elle.  « Et si je te propose de prendre un dernier verre chez moi, est-ce que mes manières d’américaine sans pudeur te choque ? » Juniper hausse un sourcil, amusée. Elle ne pense pas à mal - à vrai dire, elle ne pense à rien de particulier, n’appréhende pas le reste de la soirée. Ses intentions sont ailleurs.  « En tout bien tout honneur, évidemment. C’est juste que… J’aimerais bien que tu restes un peu, cette fois. » Et que les barrières tombent encore un peu.
Revenir en haut Aller en bas
Aron Strömquist
Aron Strömquist
Administratör
- ✢ -
Messages : 540
Pseudo : patchulea
Avatar : josh Hartnett (ethereal)
Multinicks : fuckboi elis
Disponibilité : ABSENTE JUSQU'AU 22 AOÛT
Âge : trente-sept ans
Adresse : un appart exigu sur södra kyrkogatan la majorité du temps ; s'enfuit dans sa maison au sud de Gotland dès qu'il en a l'occasion.
Occupation : gérant du black sheep.
Réputation : l'ours mal léché de Visby. déteste les touristes. sait tout ce qu'il y a à savoir sur la ville. offre parfois une pinte aux âmes esseulées de la ville. te sourira jamais mais serait prêt à réparer ton installation électrique.

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) EmptyMar 21 Mai - 16:30

Juniper se prend au jeu, feint la vexation sans tout à fait parvenir à se défaire de son sourire. Son nez froncé vient taquiner le sien, alors qu’il sent les doigts engourdis de la jeune femme se démêler des siens. Ceux-ci cheminent au-dessus de son épaule avant de venir se poser sur sa nuque découverte, tentant de trouver refuge sous les quelques premières centimètres de laine de l’encolure de son pull. Le contact est glacial, presque douloureux, mais il a y quelque chose de savoureux dans cet effleurement qui vient faire le faire frémir du bout des oreilles au creux des reins. Elle se tient là, à quelques centimètres de son visage, suspendu à son cou, au milieu de la forêt, laissant la vapeur d’eau de sa respiration se mêler à la sienne. Il a envie de glisser sa main sur sa taille lui aussi, quelques part sous les couches de laine et de coton ; il a envie de l’embrasser à nouveau, mais se retient, sentant que de nouvelles préoccupations viennent peupler son regard. « Tu crois qu’on est vraiment obligé d’y retourner ? » Il soupire, tourne la tête vers le chemin qui les a amené dans la minuscule clairière, puis laissent ses yeux retomber sur la hachette au sol, à quelques mètres de là, tel un prétexte qui semble maintenant bien ridicule. Il pense à ses voisins, à Madame Linberg, à la fourgonnette du vieil Edvar, aux enfants endormis et au feu de camp qui doit sans aucun doute toujours brûler. Ils pensent aux oeillades qu’on leur adressera, lorsqu’ils reviendront tous les deux après trois quart d’heure d’absence, chargés chacun de quelques pauvres branches. Aron aimait son île plus que tout mais parfois, il se surprenait à envier l’anonymat des grandes villes. Pouvoir faire ce qu’il voulait, avec qui il voulait, sans l’indifférence la plus totale. Il savait pertinemment qu’il serait questionné dès le lendemain par des habitués du pub sur son excursion nocturne dans les bois avec la jolie libraire. Elle poursuit, le tirant de ces considérations : « Même si je pense qu’il fait un peu froid pour dormir à la belle étoile en ce moment. » Aron hausse les sourcils, sans chercher à dissimuler sa surprise quant à la proposition de June, avant même qu’une quelconque image se forme complètement dans son esprit. Je suis pas contre l’idée, cela dit. Il préfère répondre : « Personne nous attend, là-bas. » Les yeux de Juniper se décrochent des siens pour aller à leur tour se poser sur la petite hache, un peu plus loin, avec inquiétude. Il se frotte un sourcil et offre en guise de réponse, un rire mi-gêné mi-moqueur dans un voix : « Ils ont une réserve de bois qui pourrait garder le feu allumé pendant trois jours, » puis fini par confesser, retenant un sourire, devant le regard interrogateur de l’Américaine : « c’est moi qui m’en suis assuré personnellement. »

Il sent les doigts de Juniper effleurer une nouvelle fois sa nuque alors qu’elle poursuit, sans beaucoup d’hésitation : « Et si je te propose de prendre un dernier verre chez moi, est-ce que mes manières d’américaine sans pudeur te choquent ? » Il aimait l’assurance qu’elle avait dans la voix, l’audace qui pétillait dans ses yeux, l’arrogance au coin de ses lèvres. Peut-être était-ce parce qu’il avait grandit entouré de femmes déterminées ; Aron avait toujours naturellement été attiré par les filles — puis les femmes — entreprenantes. Son ego en était parfois malmené, mais les femmes qu’il avait connues jusqu’ici avaient été suffisamment malignes pour le laisser faire son numéro d’ours viril de temps à autre, et tout rentrait toujours dans l’ordre. « Il va m’en falloir un peu plus pour être choqué » il répond sur le même ton, laissant les sous-entendu se faufiler doucement entre chacun des mots. Elle s’empresse d’ajouter : « En tout bien tout honneur, évidemment. » Il recule son visage, accueille la précision avec une moue entendue. « C’est juste que… J’aimerais bien que tu restes un peu, cette fois. » L’espièglerie a quitté sa voix, laissant la place à une sincérité sans artifices. Une sorte de réflexe anime ses muscles, alors qu’il se retient de répondre sur le ton de la plaisanterie. Ne me dis pas que tu as encore des problèmes d’électricité? Pourtant, le regard qu’elle lui adresse le désarme, efface le sourire badin qu’il arborait, fait fourmiller quelque chose qui ressemble à de l’exaltation au creux de son ventre. Il recule d’un pas, s’arrachant à contre-coeur de l’emprise de June, retenant son autre main du bout des doigts jusqu’au dernier moment. Il va récupérer l’outil abandonné sur le sol et refait quelque pas en direction de la jeune femme. Enfin, il tend le bras vers elle et répond : « Alors allons-y. »
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé

- ✢ -

the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty
MessageSujet: Re: the night so black that the darkness hummed (juniper)   the night so black that the darkness hummed (juniper) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
the night so black that the darkness hummed (juniper)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» by the night (evan)
» i keep wondering at night, i keep looking at the dawn. (w/ aron)
» MINI-EVENT ✢ incendie au black sheep pub.
» TOPIC COMMUN ✢ black light party
» Flaws // juniper

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Roses and Ruins :: Falaises Högeklint-
Sauter vers: